En 2018, je découvrais avec un grand émerveillement l’Aveyron, une région de France dont je n’aurais pas pu soupçonner toute la beauté. C’était la première fois de ma vie d’adulte que je m’aventurais dans cette partie de la France et j’en avais tiré un petit compte-rendu poétique à chaud, que je vous invite à lire ici. Aujourd’hui, je vais revenir sur cette semaine entre Aveyron et Hérault avec moins de lyrisme mais plus de détails pratiques, pour vous donner un peu d’évasion virtuelle dans ces temps étranges. Il y a fort à parier pour que vous qui me lisez depuis la France n’ayez de liberté de mouvement qu’à l’intérieur de nos frontières cet été, et que vos voyages se cantonnent à redécouvrir notre beau pays. Heureusement que la France est l’un des plus beaux pays du monde ! Voici des sites à voir et des bonnes adresses entre Millau et Montpellier, à visiter à la belle saison.
Attention les yeux : vous aurez le plaisir de retrouver ma coupe de cheveux à la garçonne d’il y a deux ans ! (je l’adorais mais c’est ÉNORMÉMENT d’entretien ! Je suis revenue aux cheveux longs de feignasse).
Jour 1 : Montpellier et arrivée à Millau
Après une escale de 24 heures à Londres, je commence ce séjour par une demi-journée à Montpellier. Une amie vient me chercher à l’aéroport et c’est parti pour quelques heures à Montpellier… que je vais surtout passer dans un café à travailler. La vie de travailleuse nomade, ça a du bon et puis des fois, c’est frustrant quand le travail doit absolument passer en premier. Mon amie me fait malgré tout visiter le vieux Montpellier, la Place de la Comédie et quelques ruelles sympathiques.
Le bon plan pour les travailleurs numériques : pour travailler tranquillement, le centre d’art MO.CO et son café la Panacée offrent une ambiance calme dans un bâtiment historique autour d’une cour intérieure.
J’arrive tard le soir à Millau, en navette ambiance « les Bronzés font du ski » avec les rigolos du #WAT18, alias le Salon des blogueurs de voyage. Ce n’est pas un mystère, avant de parcourir à la découverte de l’Occitanie aux côtés de ma mère, j’ai passé les trois premiers jours à Millau pour des conférences professionnelles en compagnie de gais lurons. Comme j’ai déjà parlé du salon des blogueurs de voyage dans cette chronique et que ce n’est pas forcément pertinent pour vous, chères lectrices qui cherchez à organiser vos vacances en Occitanie, je vais me concentrer sur le récit de nos visites touristiques.
Où dormir à Millau
- au domaine Saint-Estève, avenue de Millau Plage. Un domaine de petits chalets avec une vue phénoménale sur la ville et le viaduc. Et que dire de la piscine à débordements ! À 20 minutes à pied/3 minutes en voiture du centre-ville.
Jour 2 : Longuiers, Montpellier-le-Vieux, Peyreleau, Entre-Deux-Monts (boucle de 50 km)
Levés tôt, partis tôt, une journée chargée nous attend : une boucle au départ de Millau, direction les grands causses, dans un décor grandiose classé à l’UNESCO dont je ne soupçonnais pas l’existence, moi qui ne jure que par les Alpes et leurs sommets acérés. La route D110 monte rapidement en lacets depuis Millau et nous poussons des cris d’émerveillements à tous les virages. C’est que la vue sur le viaduc est assez imprenable, vous comprenez ?
Premier arrêt : Longuiers (prononcez « longuière »), minuscule hameau sur le causse, où le temps semble s’être arrêté, comme souvent en Aveyron… et c’est tant mieux. Petite balade entre les murets de pierres sèches, où poussent des fleurs de rocaille. Je suis charmée par les toits en citerne, dont la courbure permettait de recueillir l’eau de pluie. Ici tout est en pierre, murs, toits, chemins, comme pour mieux mettre en valeur les fleurs du printemps.
Longuiers, minuscule hameau entre Millau et Montpellier-le-Vieux
Le temps fort de la journée, c’est Montpellier-le-Vieux et son chaos rocheux, alias La cité de Pierres. Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais vous le connaissez sûrement de vue… c’est ici qu’a été tournée la Grande Vadrouille, avec Bourvil et de Funès. Alors oui ça date, mais c’est un grand classique, non ? Je ne suis pas très cinéphile et si je ne ressens pas vraiment de nostalgie à la vue de la célèbre arche immortalisée dans le film, je suis soufflée par le côté « Badlands aveyronnais« , par cette vision apocalyptique de rochers sens dessus dessous, avec juste une touche de flore méridionale pour ne pas devenir fou. Après tout, un « chaos », ça ne pouvait pas susciter des émotions paisibles.
Le site se visite de plusieurs façons : acro-roc, via ferrata, petit train ou sentiers de rando. Nous choisissons de marcher au milieu du dédale rocheux, à espérer apercevoir des animaux (nous verrons d’ailleurs des rapaces depuis les belvédères non loin de l’accueil), avant de nous payer le luxe d’un retour en petit train, explications du chauffeur comprises pour tenter de voir des formes dans les roches [psst… ça s’appelle de la paréidolie]. Mon image de blogueuse travel trendy trop hype en prend un coup quand je parle du petit train ? Vous savez, le genre de petit train touristique pour enfants ? Sachez que c’est le bon plan de la flemme : rando facile en descente et remontée en petit train. Même pas honte ! Quoi qu’il en soit, c’est l’un des sites les plus impressionnants autour de Millau. Voir ici pour les infos pratiques sur la Cité de Pierres de Montpellier-le-Vieux.
Nous restons toute la matinée à la Cité de Pierres, avant de mettre le cap vers le joli village de Peyreleau. Ou peut-être est-ce Le Rozier ? Les deux sont séparés par le Tarn et la Jonte, mais aussi unis que des jumeaux qui ne seraient pas dans le même département (Lozère pour Le Rozier, Aveyron pour Peyreleau). Peu importe ces tracas géographiques : nous avons FAIM. Le restaurant l’Alicanta offre un cadre enchanteur les pieds dans l’eau, avec une terrasse de fou parfaite pour prendre l’apéro. J’ai apprécié que le restaurant ait des options végétariennes disponibles à la demande, car si la cuisine aveyronnaise est fort réputée, elle n’est pas exactement riche en plats végéta*iens. En guise de promenade digestive, nous grimpons au sommet de la colline, à l’assaut de l’église perchée, en prenant au hasard des escaliers et des ruelles fleuries. La récompense : une vue magique, inoubliable, sur le Causse noir.
Douce terrasse du restaurant l’Alicanta, au Rozier
Peyreleau au fond des gorges du Tarn, qui veille sur les Grands Causses
Pour finir cette journée-marathon (rassurez-vous, les autres sont globalement plus tranquilles !), nous nous arrêtons à Entre-Deux-Monts, un village restauré par la volonté de bénévoles. Attention, lieu unique ! On y apprend que la région était autrefois couvert de vignes, et que les villages de caves y abondaient, surtout au XVIII et XIXe siècle. D’ailleurs, certaines caves encore debout aujourd’hui datent des années 1750. On y entreposait les bouteilles et on venait y passer le dimanche en famille ou en bonne compagnie. Particularité du lieu, les « caves » sont en fait des structures troglodytiques, installées à flanc de coteau pour garder une fraîcheur constante. Je leur trouve un petit air de Hobbiton, pas vous ?
Comme souvent, les lieux sont peu à peu désertés avec l’évolution de l’économie, les bâtiments tombent en ruines et puis un jour… Un jour, des passionnés, des acharnés, des bénévoles se battent et redonnent vie aux caves, petit à petit. Aujourd’hui, il est toujours possible de les visiter avec un guide, soit en groupe toute l’année, soit à l’occasion de visites gourmandes organisées par l’office du tourisme. Plus d’infos ici.
Le village de caves d’Entre-Deux-Monts… Comme un petit air de Hobbiton
Pour finir, si vous venez au printemps, sachez que la vallée du Tarn est surnommée « la Vallée blanche ». Rien à voir avec les montagnes enneigées de Haute-Savoie : on la surnomme ainsi pour ses milliers de cerisiers, qui se couvrent de fleurs l’espace de deux semaines. J’avais l’espoir de voir ce spectacle de mes propres yeux mais il était déjà fini.
Jour 3 : le viaduc de Millau, Peyre et un bon aligot (boucle de 20 km)
Le matin, direction Peyre. En route, impossible de ne pas s’arrêter au viaduc de Millau : de un, c’est littéralement sur le chemin, et de deux, bon… pourquoi se prier d’aller admirer le viaduc de Millau de très près ? Il est quasi-impossible d’avoir une meilleure vue que depuis l’aire d’observation. Le matin, nous sommes quasi seules sur le site. Il fait encore un peu frais en cette matinée d’avril mais on apprécie d’avoir cette merveille architecturale sous les yeux. Treize ans de conception, un tablier de 2 400 mètres et 343 mètres pour la pile la plus haute. Depuis l’aire d’autoroute qui lui est consacrée ou depuis le fond de la vallée du Tarn, on ne peut que se sentir infiniment petit, et infiniment ébahis devant l’infini savoir-faire de tous ceux et celles qui ont donné vie à ce géant. Un petit chemin fait une boucle à partir du centre d’interprétation, où on peut voir une expo sur la construction de ce géant. Je vous conseille vivement de vous approcher !
Ensuite, c’est parti pour Peyre. Ah, Peyre… Tu te seras faite désirer ! Une des blagues récurrentes, quand je voyage avec ma mère et sa voiture, c’est que nous sommes incapables de régler le GPS sur le paramètre « trajet le plus rapide ». À la place, le GPS insiste pour nous emmener sur le trajet le plus court. Et un trajet court, sachez que c’est invariablement un trajet sur des routes improbables, souvent à peine assez large pour laisser passer une voiture ou, comme ici, sur une route si étroite et pentue qu’un panneau la déconseille aux campings-cars. Si ce n’est pas de la #microaventure, ça ! On maudit autant qu’on remercie ce GPS farfelu et amateur de chemins de traverse.
Peyre, c’est un minuscule village troglodytique aux couleurs de la Toscane : pierres dorées et figuiers vert tendre, le tout avec le Tarn couleur menthe à l’eau au fond de la vallée. Quand on arrive par la route du haut, comme nous, on se croirait littéralement au pays de Cocagne :
La visite du village ne démérite pas, entre son église creusée à flanc de roche et ses vitraux enchanteurs, les petites rues piétonnes où des chats se prélassent au soleil, entre le ballet des oiseaux qui nichent dans la falaise et l’ingéniosité des jardins qui s’obstinent à pousser sur les terrasses… Peyre est l’un des plus beaux villages de France et il reste l’un de mes plus beaux souvenirs en Aveyron. Le fait que sa date de création reste un mystère suite à la destruction de documents cadastraux au XVe siècle, ne rend le lieu que plus envoûtant. Nous y passons une très belle matinée. Pour voir plus de photos, je vous invite à lire ma chronique spéciale « beaux villages historiques autour de Millau ».
En repartant, nous longeons le Tarn et passons sous le viaduc même : rien de tel pour se sentir comme une petite fourmi. Mais l’heure n’est plus à la contemplation, comme bien souvent, quand on a faim, on a FAIM [Oui, encore. Que celui qui a dit « ventre à pattes » se dénonce !]. Impossible d’être en Aveyron et de faire l’impasse sur un bon aligot, non ? C’est exactement le programme de ce midi, et nous nous mettons en chasse. Sérieuse, la chasse : la veille au soir, on a passé les critiques de restos aveyronnais au peigne fin pour trouver LE bon aligot, celui qui nous laissera non seulement un poids sur l’estomac, mais aussi des souvenirs impérissables. On le trouve à Millau, au restaurant La Mangeoire. L’assiette est sobre (de l’aligot, c’est tout… même pas une feuille de salade) mais le plat est goûtu. Si certaines d’entre vous se demandent encore de quoi je parle, l’aligot est une sorte de purée à la tomme fraîche de l’Aubrac, qui file agréablement sous la fourchette.
Regardez-moi cette merveille d’aligot qui file à la perfection.
Le viaduc de Millau depuis le niveau du Tarn… Impression d’être une fourmi.
Et Millau, au fait ? Je dois dire que je n’ai pas été très emballée par la ville. Le centre-ville médiéval est certes mignon mais je lui ai trouvé peu de charme, contrairement à tous les villages alentour. Je vous mets quand même quelques photos mais si Millau fera un bon camp de base central, je vous conseille de vous concentrer sur les merveilles de l’arrière-pays.
Le soir, nous prenons nos quartiers un peu à l’est de Millau, au village du Caylar, dans l’Hérault. Un joli petit village-étape bien placé, avec des ruines perchées qui donnent une vue imprenable sur les environs. Ne vous laissez pas berner par son allure de mouchoir de poche : derrière la place centrale et son tronc sculpté, de vieilles ruelles médiévales épousent la colline, avec de nombreux panneaux d’interprétation pour mieux s’y retrouver. On peut s’y facilement perdre une heure ou deux et si le village ne vous occupera pas une journée entière, il sera parfait pour les fins de journée paresseuses, à l’heure où on commence à avoir des fourmis dans les jambes.
Où dormir au Caylar
- au Gîte du Caylar. Un joli gîte dans une belle propriété, à deux pas du centre du village. L’endroit est très calme, avec une belle pelouse ombragée et une piscine. Nous avions loué un petit studio avec deux lits et une cuisinette, tout était parfait.
Jour 4 : La Couvertoirade et le cirque de Navacelles (boucle de 90 km)
On reste dans l’Hérault aujourd’hui. À deux pas du Caylar, on file vers La Couvertoirade, un village templier du XIe siècle aux remparts préservés. Voyage dans le temps garanti ! Nous sommes les premières à entrer dans le village ou presque, rien n’est ouvert, nous avons les rues pour nous seules. Seules les cardabelles (carlines à feuilles d’acanthe) nous saluent de leurs grandes feuilles séchées. Ce sont les grosses fleurs accrochées aux portes des maisons d’Occitanie, en guise de porte-bonheur et de baromètres : leurs feuilles se replient à l’approche du mauvais temps.
Le village est dominé par un château malheureusement non ouvert aux visites, mais les remparts, eux, sont accessibles… certaines heures, et évidemment, en arrivant si tôt, nous trouvons porte close. Nous sommes un peu déçues mais c’est normal que les employés de l’office du tourisme ne soient pas sur le pont dès potron-minet. Le village offre d’autres manières d’admirer les toits de pierre aveyronnais, notamment depuis le parvis de l’élise Saint-Christophe. Je m’aperçois en reprenant une carte pour écrire ce billet qu’à venir trop tôt, on peut rater des merveilles : nous avons complètement manqué L’herboristerie du Larzac et Les Gourmandises de l’Aveyron, deux boutiques prometteuses !
Derrière le village, une surprise : un moulin à la Don Quichotte, le moulin du Redounel, à quelques minutes à pied des remparts. En plus de présenter un joli point de vue sur le village, il nous montre ce qui se cacher derrière : les vastes étendues désertes des causses. À les voir, je m’imagine déjà en train de parcourir à pied l’un des chemins de Compostelle ou le GR71, qui fait le tour du causse du Larzac et passe à La Couvertoirade.
Cliquez ici pour en voir plus de La Couvertoirade.
Nous reprenons la route pour partir dans la direction opposée. Notre objectif : le belvédère de la Baume Auriol, qui donne sur le cirque de Navacelles. Et c’est tout. Et oui, on n’a pas toujours envie de marcher partout, que voulez-vous, aujourd’hui c’est mi-relâche (on a quand même quadrillé La Couvertoirade ce matin !). À une petite heure de route, un paysage comme un petit Grand Canyon : vallée encaissée et méandres d’une rivière, inaccessible loin, loin de nous. Le vent nous décorne, accrochées à la falaise, et nous filons nous abriter au restaurant du belvédère. On pourrait redouter l’attrape-touriste dans un lieu aussi reculé mais en 2018, nous avons mangé comme des reines : c’était fameux, et à côté de la baie vitrée, la vue l’est tout autant (fameuse).
Le temps de manger, le vent retombe un peu et nous nous mettons en route pour… une sieste à l’ombre des arbres, au bord d’une lavogne. Les lavognes sont traditionnellement des abreuvoirs à moutons, mais celle-ci a probablement été reconstituée. En plus du restaurant, le belvédère comporte un centre d’information et d’interprétation, où on trouve autant des cartes postales que des savons que des infos sur la région. Nous rentrons ensuite nous poser pour lire à l’ombre sur la pelouse du gîte au Caylar… C’est ça aussi, les vacances ! Même si « voyage » rime toujours avec activité, je prends de plus en plus plaisir à laisser filer des demi-journées de vadrouille au profit de moments de vrai repos, à savourer l’ombre d’un arbre ou une lecture dans un bel endroit.
Cliquez ici pour lire ma chronique sur les lavognes et le belvédère de la Baume Auriol.
jour 5 : Sainte-Eulalie-de-Cernon et Roquefort-sur-Soulzon (boucle de 90 km)
Sainte-Eulalie-de-Cernon, je l’ai découverte grâce au salon des blogueurs de voyage, où la place du village a carrément été privatisée pour nos beaux yeux le temps d’une soirée, avec animations médiévales à la clé. Comme je voulais découvrir ce petit village à mon rythme et surtout de jour, c’est l’une des étapes de la journée.
Ce village fortifié était autrefois une commanderie templière et hospitalière, dont le statut politique et militaire d’alors semble inversement proportionnel à sa taille : Sainte-Eulalie de Cernon est un mouchoir de poche : une place, trois rues, et c’est tout. Tout est adorable et remarquablement préservé. L’été, le village prend vie avec des animations médiévales et si j’ai un peu de mal à trouver des infos concrètes à vous mettre sous la dent en ce moment [à cause de VOLDEM… VOUS-SAVEZ-QUOI], je vous invite à consulter des infos pratiques ici.
Si vous avez des enfants (ou pas, d’ailleurs !!), le Vélorail du Larzac est amusant : depuis la gare de Sainte-Eulalie-de-Cernon, sur un tronçon de chemin de fer délaissé, plusieurs parcours sont disponibles en vélo ou petit train (on y revient !!). On découvre de beaux paysages avec un peu d’efforts ludiques, qui dit mieux ? Vous ne visualisez pas un vélorail ? Je vous rassure, je ne connaissais pas du tout avant d’essayer :
Consultez plus d’infos sur le Vélorail de l’Aveyron ici.
Bonus : avant-goût d’une animation médiévale à Sainte-Eulalie-de-Cernon
Comme la journée n’est pas exactement au beau fixe et que de la pluie est prévue pour l’après-midi, nous filons à Roquefort-sur-Soulzon. Oui, ce Roquefort-là. La ville est étonnamment modeste compte tenu de la célébrité du fromage, mais la visite des caves du roquefort Société rattrape le reste.
Avant d’en parler, un aveu : je n’aime pas le roquefort, je n’aime pas les fromages à pâte persillée, je suis dévouée corps et âme aux fromage à pâte dure cuite comme la plupart des fromages savoyards (à tel point que j’en ai fait un road-trip sur la route des fromages de Savoie, à lire ici). Il n’empêche que la visite est passionnante, une vraie curiosité. Et ma mère s’est régalée de roquefort pour deux lors de la dégustation !
La visite se fait en groupe, pas de visites individuelles ici. Je ne le savais pas, mais c’est la topographie même de Roquefort-sur-Soulzon qui a donné naissance au roquefort. La légende veut qu’un petit berger étourdi ait laissé son fromage de brebis frais dans une « fleurine », grotte calcaire parfaitement ventilée. Le fromage a évidemment changé d’aspect, et le gamin, en revenant quelques mois plus tard, s’est dit que mordre dans un frometon moisi était une bonne idée, car on crevait de faim en ce temps-là, probablement, et pire encore, il a aimé. Bref, je vous laisse juger de la véracité de la légende mais toujours est-il que la nature fait un travail remarquable dans les fleurines, et que la main humaine s’est contentée d’organiser un peu les lieux.
La visite nous emmène à travers les caves aménagées et des boyaux sculptés dans la roche. Un son et lumière dans une cave aux hauts piliers me fait forte impression ; j’ai l’impression d’être dans une cathédrale consacrée au dieu fromage, c’est superbe. Le moment qu’on attend tous, celui de la vue de milliers de roqueforts alignés, arrive à la fin, juste avant la dégustation, et même sans être sensible aux charmes du roquefort, je suis émue à la vue de ces petites meules alignées comme on le fait depuis des siècles.
Plus d’informations ici pour les visites. Attention, si la visite des caves est possible toute l’année, vous ne verrez pas les fromages de juillet à décembre !
Attenant aux caves, le restaurant La Cave des saveurs, où tout ou presque est à base de roquefort Société. Nous y prenons un déjeuner tardif après toutes ces visites. Ce que nous commandons est frais et savoureux. Ici aussi, on trouve un plat végétarien, et j’adore le fait que la carte propose des desserts locaux, comme de la flaune (un délice !) Autre point remarquable : vous avez vu cette architecture ? Nous sommes dans des caves probablement plus vieilles que toute la ville de Moncton, avec des voûtes superbes… Je mets 15/10 pour l’ambiance. Retrouvez la carte actuelle et les horaires ici.
Jour 6 : l’abbaye de Sylvanès et le rougier de Camarès (boucle de 160 km)
Si vous aviez l’impression que les villages et visites que je vous présente étaient très bucoliques, voire assez paumées, jusqu’à présent, attendez un peu. L’Abbaye de Sylvanès, c’est un autre niveau. Les moines sont bien connus pour leur capacité à trouver les endroits les plus contemplatifs (comme l’Abbaye de Saint-Jean-d’Aulps, en Haute-Savoie) et là, on est servis. La route qui serpente depuis le Caylar traverse de grandes étendues quasi-vides, faites de champs où paissent les moutons et de petits bois. Pas une station service en vue, prévoyez-bien avant de vous lancer ! On trouve toutefois une supérette à Sylvanès, c’est d’ailleurs chez elle que nous avons pris notre déjeuner sur le pouce.
Je m’autocite sans complexe : « Nous nous perdons en contemplation. Ce n’est pas pour rien que l’abbaye de Sylvanès fut longtemps un ermitage, séparée du monde au fond de sa vallée, îlot tranquille où l’on venait chercher silence et méditation. Au cœur de l’Aveyron, ce sont les brebis qui règnent, paisibles gardiennes des vallées et des coteaux. J’aurais envie de ne jamais quitter ce silence seulement rompu par le vent de printemps, m’installer en ermite sur un causse ou un pâturage, en bergère sous un ciel infini. »
Oh, et l’abbaye ? On ne l’a pas visitée. On préfère souvent le cadre des lieux religieux aux édifices eux-mêmes. Et là, on a trouvé que ça valait carrément la distance depuis notre camp de base. À vous de voir !
Abbaye de Sylvanès, le calme absolu, rompu seulement par des vocalises d’un autre temps
Non loin, en direction de Montlaur, une curiosité pour laquelle j’ai encore des regrets : ceux de ne pas avoir pu la contempler sous un soleil radieux. Le rougier de Camarès, site géologique fait de roche tendre riche en oxyde de fer, promettait des couleurs surnaturelles, un rouge digne du Colorado (américain ou provençal) sur fond de printemps verdoyant. La réalité, sous le ciel blafard d’une journée de grisaille, c’est une roche certes hors du commun, mais pas renversante. Le site se visite bien en suivant au hasard des sentiers dessinés par le passage des touristes, mais je vous conseille de garder cette visite pour un jour de grand ciel bleu (et de m’envoyer les photos, pour me faire rager).
Même la végétation est rouge !
Jour 7 : Saint-Guilhem-le-Désert (40 km)
Il est temps de faire nos valises pour retourner lentement à une vie normale… En chemin, nous nous arrêtons à Saint-Guilhem-le-Désert, village dans l’Hérault, niché dans un vallon sur le chemin de Compostelle. J’en parle déjà longuement ici, mais je vous le conseille vivement : l’architecture médiévale est remarquable et le décor l’est tout autant. Ambiance magique garantie quand on arrive tôt !
Lire ma chronique complète sur Saint-Guilhem-le-Désert.
Et pour poursuivre le voyage… direction la Provence ?
Je ne résiste pas à l’envie de vous ajouter des suggestions : si vous avez envie d’aller encore un peu plus loin dans le Midi, la Provence et la Camargue vous attendent non loin :
- Trois villages à croquer en Provence
- Escapades en Camargue
- Mon guide complet sur Arles
- Le Palais des Papes à Avignon
- La belle Marseille
Une partie des visites décrites ici a été rendue possible grâce à une journée organisée par l’office de tourisme de Millau dans le cadre du salon des blogueurs de voyage #WAT18 : Montpellier-le-Vieux, le déjeuner au restaurant l’Alicanta, la visite de Peyreleau et des caves d’Entre-Deux-Monts. Les autres activités et visites ont été réalisées de manière indépendante.
Et vous, connaissez-vous l’Occitanie, en particulier l’Aveyron, l’Hérault ? Quels sont vos endroits préférés dans ces beaux départements ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Comme toujours, c’est une lecture agréable sur une très belle région, la pierre et la nourriture les deux points forts. Je ne connais pas Millau, juste son viaduc, mais le Vieux-Rodez est une bien jolie ville à visiter. Et puis à la fin mai, c’est habituellement le moment de la Transhumance vers les estives de l’Aubrac. Cela me laisse tant de beaux souvenirs, merci de les avoir ravivés.
J’aime tellement tes articles sur mon sud adoré. Petite émotion dans celui ci car je connais tous les lieux que tu cites, même souvent les hôtels et restos (l’Alicanta), j’ai vraiment eu l’impression qu’on avait voyagé ensemble sans le savoir 😉 Magnifique ! Je me suis régalée à te lire, comme d’habitude.
C’est vraiment sympa de nous (re)faire découvrir des coins paumés et si beaux au milieu de la France pour nos balades estivales, si tant est qu’il y en ait…
Surtout que j’ai vraiment envie d’aller me promener davantage par là-bas depuis que j’ai parcouru le Chemin de Stevenson à travers les Cévennes…
Je ne connais pas du tout cette région, on m’a conseillé Saint-Guilhem-le-Désert. J’aimerai bien voir le viaduc de Millau et je me suis également noté le Rougier de Camarès et Peyre ! 😀