FRANCE // L’Aveyron, terre de tradition et d’émotion

La semaine que je viens de passer en Aveyron a laissé son empreinte dans ma géographie personnelle. Le soleil est encore bien présent dans mon humeur, tant cette escapade touchait à la perfection. Météo irréprochable, bonne compagnie, richesse des visites et gastronomie succulente…. Je reviens dans la grisaille de mon printemps canadien avec l’impression d’avoir découvert un vrai beau pan de France, entre accent chantant et canyons occitans, villages templiers et beautés bien gardées. Voici toute la palette des émotions de cette semaine dans l’Aveyron.

La démesure, devant le viaduc de Millau. Depuis 2004, ce spectaculaire ouvrage d’art est indissociable de Millau, et sa silhouette de voiliers blancs est d’ailleurs sûrement plus connue que la ville elle-même. Cette renommée est méritée, et il faut l’approcher au plus près pour mesurer l’échelle de ce projet titanesque. Treize ans de conception, un tablier de 2 400 mètres et 343 mètres pour la pile la plus haute. Depuis l’aire d’autoroute qui lui est consacrée ou depuis le fond de la vallée du Tarn, on ne peut que se sentir infiniment petit, et infiniment ébahis devant l’infini savoir-faire de tous ceux et celles qui ont donné vie à ce géant. Gardien des grands causses, phare qui s’élève au-dessus de la vallée les jours de brouillard, le viaduc de Millau est désormais l’emblème de l’empreinte humaine en Aveyron, bien présente tout en sublimant la Nature.

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La tendresse, devant les hameaux croisés au hasard des routes. Ces vieilles pierres en ont vu beaucoup et se balader dans des hameaux restaurés, leurs toits de lauzes bien entretenus et leurs cours fleuries, donne l’espoir que la mondialisation ait ici suspendu sa marche inexorable. L’Aveyron est une terre de tradition, où on a cœur à conserver son accent et son patrimoine. À Longuiers, les toits en citerne et les murets couverts de mousse offrent une petite oasis au milieu du Causse noir, un répit dans les terres sèches et rudes de ces hauts plateaux consacrés par l’UNESCO. À Entre-Deux-Monts, ce sont des caves à vin semi-troglodytiques vieilles de quatre siècles que l’on peut visiter, restaurées grâce aux efforts infatigables de bénévoles bien décidés à ne pas laisser leur héritage partir en éboulis. Autrefois lieu de rendez-vous dominical en toute convivialité au temps où la vallée du Tarn abritait des vignobles, les caves ont retrouvé vie et on peut à nouveau trinquer à leur santé lors de visites gourmandes guidées en été.

Longuiers, minuscule hameau entre Millau et Montpellier-le-Vieux

Les caves de Montpellier-le-Vieux… Comme un petit air de Hobbiton

Le sublime, devant le chaos de Montpellier-le-Vieux. Ce labyrinthe rocheux dépasse le beau, émotion pétrie d’apaisement et de sérénité. Le chaos ruiniforme touche au sublime cher à Kant, à cette impression de beauté teintée d’infini, d’un grandiose qui nous dépasse. Arpenter les sentiers qui tentent de donner un peu d’ordre au chaos de Montpellier-le-Vieux, c’est comme aller dans les Badlands américains, dans le paysage dérangé d’un artiste géologique qui manie les formes à sa guise et semble faire fi des lois minérales. Ne vous perdez pas entre les rocher, qui sait ce que vous pourriez y rencontrer… On raconte qu’on y croise ours et chameaux, ogres et lutins… tous pétrifiés, bien sûr.

Chaos ruiniforme Montpellier le vieux Millau Aveyron blog voyage Arpenter le chemin

Un grand merci à Seb des Globe-blogueurs pour la photo de gauche 🙂

La délectation avec les spécialités régionales. Les Aveyronnais nous avaient prévenus : ici, on mange bien. Je ne sais pas s’il existe un seul endroit en France où on mange mal, mais je dois admettre qu’en Aveyron, on mange bien et surtout en quantités généreuses. L’aligot a un statut de super-star et y goûter est une expérience initiatique. Quant au roquefort, la visite des caves où on le fabrique touche presque au pèlerinage ; autant les fleurines creusées dans la roche par le temps que les voûtes construites de main humaine ont des allures de cathédrales. Si certains plats ont gardé des dehors bruts, légèrement rustiques, des restaurateurs aiment apporter une touche de modernité aux produits du terroir. Le restaurant L’Alicanta, au Rozier, juste en face de Peyreleau, en font partie. Récompensé par un bib Michelin, il renouvelle les saveurs aveyronnaises et n’hésite pas, sur demande, à s’aventurer dans la cuisine végétarienne. Encore un petit joyau bien caché au fond d’une vallée – pour apprécier l’Aveyron, il faut aussi s’aventurer loin des grandes villes et s’ouvrir aux surprises.

Cadre idyllique au restaurant l’Alicanta

Un aligot qui file à la perfection

Les présente-t-on encore ? Les caves du roquefort Société, dans le village de Roquefort-sur-Soulzon

L’émerveillement, devant des villages historiques tous plus beaux les uns que les autres. L’Aveyron compte pas moins de dix villages adhérents à l’association des plus beaux villages de France, en tête du classement avec la Dordogne. Rien d’étonnant, avec une telle concentration de villages médiévaux conservés en l’état, qui nous transportent immédiatement dix siècles en arrière. Sainte-Eulalie-de-Cernon et La Couvertoirade, villages templiers et capsules temporelles, invitent à une rêverie historique. Peyreleau, village perché au fond des gorges du Tarn, peut se vanter d’une vue sans pareille, point de convergence entre Causse noir et Causse Méjean. Et Peyre, Peyre la belle, accrochée à flanc de falaise, un village d’oiseaux et de pierres dorées, Peyre où on a du mal à ne pas se croire en Sicile avec ses figuiers et le Tarn couleur turquoise. J’y reviens d’ailleurs plus en détails dans une chronique sur les villages historiques autour de Millau, à lire ici.

Peyreleau au fond des gorges du Tarn, qui veille sur les Grands Causses

La Couvertoirade, village templier entouré de remparts, où le temps s’est arrêté

Sainte-Eulalie-de-Cernon, dont la place principale est un havre de paix 

 Peyre, minuscule village à flanc de falaise, qui ne démérite pas son titre de plus beau village de France

La béatitude, devant les grands espaces et le silence. Un voyage en Aveyron, c’est une plongée dans un univers rude mais jamais austère. Les températures extrêmes et l’isolement des villages, séparés par une géographie capricieuse, faite de causses et de vallées, de gorges et de rougiers, font des territoires entre Rodez et Millau des havres de paix. Ici, on peut conduire longtemps avant de croiser quiconque, et les kilomètres s’étirent au gré des virages des routes de montagne. Ce n’est pas pour rien que l’abbaye de Sylvanès fut longtemps un ermitage, séparée du monde au fond de sa vallée, îlot tranquille où l’on venait chercher silence et méditation. Au cœur de l’Aveyron, ce sont les brebis qui règnent, paisibles gardiennes des vallées et des coteaux. J’aurais envie de ne jamais quitter ce silence seulement rompu par le vent de printemps, m’installer en ermite sur un causse ou un pâturage, en bergère sous un ciel infini.

Abbaye de Sylvanès, le calme absolu, rompu seulement par des vocalises d’un autre temps

Les brebis font partie intégrante du patrimoine aveyronnais, notamment pour la confection du roquefort AOP

La gratitude, devant la générosité des Aveyronnais. Toujours le sourire aux lèvres, toujours une plaisanterie entre deux services. La décontraction tranquille d’habitants qui ont tout le temps devant eux, car on est bien dans le Sud ici, pas pressés, pas stressés. La générosité d’un verre partagé, d’un sourire sans raison, d’une bonne humeur à toute épreuve. L’Aveyron, c’est la chaleur du sud et la chaleur des sourires, la chaleur du soleil et des cœurs. Merci l’Aveyron pour cette parenthèse apaisante et ce calme à toute épreuve, pour cette bouffée de générosité.

Blogtrip Millau WAT18 Arpenter le chemin blog voyage

 

Une partie des visites décrites ici a été rendue possible grâce à une journée organisée par l’office de tourisme de Millau dans le cadre du salon des blogueurs de voyage #WAT18 : Montpellier-le-Vieux, le déjeuner au restaurant l’Alicanta, la visite de Peyreleau et des caves d’Entre-Deux-Monts. Merci à Laetitia de l’office de tourisme de Millay (#StyleMillau) pour sa bonne humeur et à mes comparses blogueurs sans qui la journée n’aurait pas eu la même saveur : Laura et Xavier de Swyder, Alexandra et Mathieu de Petit parc autour du monde, Vanessa du Blog Cash Pistache, et Seb des Globe-blogueurs 🙂 Les autres activités et visites ont été réalisées de manière indépendante.

Et vous, connaissez-vous l’Aveyron (si tu es blogueur : connaissais-tu avant le WAT ??) ? Quels sont vos endroits préférés dans ce beau département ? Je n’ai évidemment pas fini de vous en parler : pour connaître mes bonnes adresses et découvrir mes coups de cœur comme Peyre, inscrivez-vous à ma newsletter !

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11 thoughts on “FRANCE // L’Aveyron, terre de tradition et d’émotion”

  1. Quel bel article, qui donne tellement envie de prolonger les vacances encore et encore… Je crois que tu as bien su saisir l’âme de cette région !!

    1. Audrey

      Prolonger les vacances en Aveyron de quelques jours fut sûrement une des meilleures décisions de l’année ! Quelle belle région… Mais le Cantal et ses faux airs de Mongolie n’avait pas l’air mal non plus !

  2. Franchement quand on voit tes photos, ça n’est pas difficile de deviner pourquoi tu as aimé l’Aveyron 😉 Je crois que beaucoup de blogueurs ont eu la même sensation, et lorsqu’en plus tu découvres aux côtés de gens qui aiment profondément leur coin, et bien c’est… contagieux !

    1. Audrey

      Oui c’est exactement ça ! Laetitia, la guide de notre blogtrip était incroyable ! Un tel amour pour sa région, elle en parlait avec tendresse, émotion… elle a failli me convaincre de venir m’installer 😀

  3. Quel bel article, tu parles bien de ma région natale 🙂 Ça fait plaisir de voir de si jolis mots sur des lieux que je connais tellement par cœur.
    Vous avez eu de chance d’avoir beau temps 🙂

    1. Audrey

      Merci pour ton commentaire qui me va droit au cœur 🙂 Ta région est une vraie merveille ! On dit que les rêves des enfants sont aussi vastes que le ciel sous lequel ils grandissent…

  4. Après t’avoir lue, je regrette de ne pas avoir prolongé mon séjour en Aveyron!

    1. Audrey

      Noooon ! La montagne Sainte-Victoire, tu ne peux pas regretter ça ! 😉 Je suis sûre que tu as vu autant d’endroits extraordinaires depuis ton départ de l’Aveyron 🙂

  5. Je suis tellement d’accord avec toi… cette région est si belle, variée, authentique, chaleureuse, je l’adore…

    1. Audrey

      Une vraie découverte ! Je savais à quel point tu aimes cette région mais j’ai pu le vivre par moi-même ! Et tant de gentillesse… Notre retour à Montpellier et au Grau-du-Roi a été une vraie douche froide, face à tant de gens et un accueil assez sec 😀

  6. […] des aspects qui m’a le plus étonnés lors de mon voyage en Aveyron, ce fut la profusion de beaux villages. des villages historiques conservés à la perfection ou […]

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