Une promenade à vélo dans le soleil couchant. Une voiture passe à ma hauteur. Une chanson orientale s’échappe de la fenêtre, quelques notes de guitare, une langue inconnue. Le ciel jaune, les rythmes d’ailleurs, l’air presque chaud du printemps. L’espace d’un instant, au carrefour, me revoilà en Égypte, au Liban, à Dubai…
On a tous des madeleines de Proust, non ? Des parfums, des sons, des couleurs qui nous ramènent délicieusement en arrière. Même si les fées qui se sont penchées sur mon berceau ont totalement oublié l’oreille musicale dans leur package, j’associe souvent voyage et musique. Peut-être qu’il est plus simple de retrouver un morceau qu’une odeur, ou qu’on peut souvent réécouter un morceau à l’envi, je cristallise bien souvent des impressions sur une chanson. Voici quelques madeleines éminemment subjectives pour retracer quelques voyages en musique.
Australie, 2002 : Californication, Red Hot Chili Peppers
Nous sommes en 2002, j’ai 18 ans et je ne suis pas souvent sortie de ma campagne. Dans cette colo pour ados, nous enchaînons les heures de route et il se trouve que j’ai ce CD dans mon mange-disques (hé oui… j’ai connu l’époque des lecteurs CD ma p’tite dame. Et même que mes photos d’Australie, je les ai prises sur une vraie pellicule argentique). Cette chanson m’évoque depuis les grandes étendues rouges de l’outback et les routes droites à perte de vue, le ciel si étoilé et si proche qu’on pourrait le toucher. Et les farces des coyotes lors des nuits à la belle étoile, aussi. Allez savoir.
Angleterre, 2003 : Killer Queen, Queen
Une de mes premières virées entre amies, direction Londres. Nous craquons la banque et allons assister à une comédie musicale toute récente : We Will Rock You, qui réussit l’exploit de tirer une histoire presque cohérente des plus grands succès de Queen. Je ne m’avancerai pas sur la qualité de cette histoire, mais l’enchaînement d’ultra-tubes de Queen est assez jouissif et j’y découvre des incontournables comme I Want to Break Free et Killer Queen. Et c’est ainsi que la voix de Freddy Mercury est devenue indissociable de cette soirée glam-rock-punk qui nous a exaltées au point de nous faire perdre le nord sur le chemin du retour (nous avons beaucoup marché ce soir-là). L’ivresse de la jeunesse, Londres by night, la Tamise éclairée, les kilomètres à pied et les ampoules dans nos Doc parées de chaussettes multicolores rayées (tu sais que tu avais 19 ans en 2003 si…), voilà ce qui revient quand cette chanson surgit sur ma station de radio préférée.
Nouvelle-Zélande, 2006 : Fuji, Minuit
En 2006, je passe une année d’échange en Nouvelle-Zélande. J’y découvre plusieurs artistes absolument inconnus aux antipodes (c’est-à-dire, aux antipodes de la Nouvelle-Zélande) (donc l’Europe, faut suivre un peu ho), comme Bic Runga, Elemeno P, The Exponents, et Minuit. Minuit, c’est un groupe d’électro bien loin de mes sensibilités métal-folk de l’époque, et pourtant j’adore la voix de la chanteuse et son léger zozotement. Le groupe sortira par la suite Aotearoa, une chanson fédératrice, dont certains ont suggéré qu’elle devienne le nouvel hymne national ! Ma chanson-doudou, c’est Fuji. Depuis 2006, elle me rappelle mes tout premiers voyages en solo, des virées en car à travers l’île du Sud à la découverte de sources chaudes et de fjords gigantesques, de plaines esseulées et de paysages du Terre du Milieu.
Japon, 2010 : Boom Boom Pow, Black Eyed Peas
Avez-vous déjà eu l’impression d’être dans un film en écoutant un morceau pêchu et/ou émouvant tout en étant en voiture ou en train ? Oui, hein. Moi aussi. Le film de ma vie avec cette chanson, c’est être l’arrière de la voiture de mes amis Machiko et Masao à Tokyo, lors d’un voyage coup-de-tête, à regarder défiler la démesure de la capitale japonaise de nuit après une soirée passée au O-edo-monogatari-Onsen, à me dire que j’étais quand même bien, là, tout en écoutant un album des Black Eyed Peas à fond les ballons tandis que Masao faisait un excès de vitesse monumental roulait un peu vite.
Égypte, 2011 : Bora-Bora, Arash
Ce que j’adore dès qu’on sort du monde occidental, c’est ce monde musical quasi-infini qui s’ouvre à nous, loin de Rihanna et de Coldplay. Dès lors, il parfois difficile de retrouver les morceaux qu’on a aimés, mais pas impossible. En Égypte, nous avons séjourné une semaine dans un hôtel-club dont le DJ aimait manifestement cette chanson, puisqu’il la passait tous les soirs au moment du repas. Il n’en fallait pas plus pour que ce morceau reste à jamais lié à l’Égypte, ses belles plages et ses coraux, ses soirées longues et douces, le ciel jaune de chaleur et les palmiers sous le vent.
Tour d’Europe, 2014 : Moon Trance, Lindsey Stirling
Pendant mon tour d’Europe, après les 47 heures de train jusqu’à Moscou, j’ai fait beaucoup de car longue distance. Beaucoup. Je venais de découvrir le dubstep violoneux de Lindsey Stirling. Ses morceaux empreints de fantastique aux envolées lyriques m’évoquent désormais les longues forêts de bouleau des pays baltes, les champs bruns et les ciels gris de l’Europe de l’Est, et l’exaltation d’un long voyage qui commence. Je vous avais dit que c’était éminemment subjectif !!
Rénovation de mon van, 2017 : Awesome Mix Vol. 1, Gardiens de la Galaxie
Je n’ai pas tenu un décompte précis du nombre d’heures passées à réparer ce cher van, mais on avoisine probablement les centaines. Pendant ces soirées printanières et ces beaux dimanches ensoleillées, j’ai pu faire profiter mes voisins du Awesome Mix Vol. 1, du film Gardiens de la Galaxie. Un mélange parfait de vieux classiques qui sentent bon les années 1970 et 1980, parfaits pour un vantrip. Dommage que je n’aie pas de sono dans le van, j’aurais sûrement passé ces morceaux en boucle sur la route ! Je trouve que les classiques rock et soul de ces décennies passées ont dans leur ADN un peu de van miteux, ce qui les rend parfaits pour des escapades au gré du soleil. Voir aussi : Listen to the Music, des Doobie Brothers.
Québec, 2017 : The Christmas Album, Andy Williams
Quitte à aller au Québec à Noël avec ma mère, nous n’avons pas fait les choses à moitié : loin de demander grâce face à Andy Williams, crooner de Noël par excellence, dont les ballades tournent en boucle littéralement partout dès la mi-novembre, nous avons sauté à pieds joints dans cet esprit de Noël à la Nord-Américaine… et avons écouté son Album de Noël en boucle littéralement tout le temps de notre séjour à la Station Duchesnay. Si sa voix veloutée n’évoquait déjà pas la neige qu’on admire depuis son canapé et la belle nuit de Noël, maintenant, c’est fait à tout jamais ! Comme je suis sympa, je vous mets tout l’album.
Et vous, vous avez des chansons qui vous évoquent des voyages ? Ou une playlist que vous aimez vous passer une fois loin de chez vous ? J’attends vos anecdotes dans les commentaires !
Huuum… Voyons… La musique que j’écoutais au moment où j’ai découvert pour la première fois de mes yeux Brice Canyon (j’avais à peine 18 ans) c’était Fallen Leaves de Billy Talent par exemple. L’Arizona c’est Pocketful of the sunshine de Natasha Bedingfield (18 ans aussi) L’Irlande j’avais une quinzaine d’année et c’est quand j’étais là-bas que j’ai appris le madison et le madison country donc.. Cotton eyed Joe bien sûr ahah :p Bon il y en a sûrement d’autres mais je vais m’arrêter là ^^
Super ! J’adore ça les anecdotes liées aux morceaux, savoir quelles chansons rappellent quoi à qui ! Parce qu’on a tous un socle de chansons communes mais des expériences de vie tellement différentes, je trouve ça fascinant de voir les réalités qu’on rattache à quelques notes de musique 🙂
Oui, je suis d’accord ! Tu vois, il y a certaine chansons nulles ou ridicules mais qu’on continue d’aimer justement parce qu’elles renvoient à un souvenir positif. Et comme tu dis, c’est rigolo de comparer et avoir les explications du pourquoi des autres ^^
Andy Williams pour Noël, j’adore !!
Je n’ai pas encore dégainé ma playlist mais ça ne saurait tarder !!