Au cœur de la Provence, la belle ville d’Avignon a tout pour elle : la douceur du midi, une taille humaine, un joli centre-ville avec le mont Ventoux non loin, et surtout le Palais des Papes, plus grand palais gothique construit au Moyen-Âge. Ce trésor architectural est un palais hors normes, siège de la chrétienté en Occident au XIVe siècle, dont les pierres renferment des secrets : cette demeure papale a accueilli cinq conclaves, vu défiler les érudits de l’époque, entendu mille complots. Classé à l’Unesco, ce palais est une visite incontournable en Provence, autant pour admirer une architecture fabuleuse que pour prendre la mesure de l’incroyable pouvoir du catholicisme en France au Moyen-Âge. Vous commencez à me connaître, mon radar s’est enclenché dès que j’ai entendu « plus grand palais gothique« , il n’en fallait pas plus pour m’attirer à Avignon. Car oui, j’aime les ambiances gothiques, mais je raffole aussi de l’architecture gothique. Tous ces arcs brisés, toutes ces flèches… je frétille ! Si le cœur vous en dit, je vous invite à le visiter avec moi.
Le palais des Papes est assez difficile à rater à Avignon : tous les panneaux mènent à lui. Il suffit de suivre n’importe quel groupe de touristes et vous le trouverez. Je vous conseille évidemment de venir tôt le matin pour profiter d’une quiétude relative. La place du Palais, où se fait l’entrée, est monumentale avec cette façade qui domine tout le reste avec ses créneau et ses tours. Le palais a été construit justement pour être visible de loin, adossé au rocher des Doms, et on le voit depuis les Alpilles à une vingtaine de kilomètres, comme à Saint-Rémy-de-Provence. Véritable citadelle, elle servait de place-forte aux papes, et s’il est évident que ceux-ci avaient quand même un peu envie de rouler des mécaniques en la faisant construire, le bâtiment a aussi été conçu pour soutenir littéralement un siège.
Avec mon amie, nous arrivons tôt le matin. Seules quelques personnes font déjà la queue pour les billets, tout va assez vite. Avec notre billet, on nous remet une tablette appelée Histopad et des écouteurs, qui nous laissent un peu dubitatives. On nous explique que grâce à la tablette, on peut voir les pièces telles qu’elles étaient à l’époque. Soit, nous verrons à l’usage. Il y a un sens à la visite, même si on peut facilement revenir sur ses pas si on se perd. La visite commence par la monumentale Cour d’honneur, si belle qu’elle fut à l’origine du Festival d’Avignon.
La légende veut qu’en 1947, Jean Vilar, metteur en scène, cherchait un lieu à la fois clos mais ouvert pour y jouer une pièce de théâtre. C’est à Jeanne Laurent, chargée de décentralisation culturelle, qu’on doit l’idée de se servir du mur de la cour d’honneur du palais en guise de toile de fond. Une riche idée sans laquelle ce festival de théâtre n’aurait pas la même saveur. Je n’y ai jamais assisté, mais ce que j’en lis laisse entendre que cette « salle » formidable est l’un des rares lieux où les spectateurs s’autorisent des réactions bruyantes, virulentes et viscérales, loin des ambiances feutrées des théâtres clos, portés par le sentiment de communion d’un théâtre à ciel ouvert.
On voit d’ailleurs en bas à gauche quelques échafaudages, restes ou prémices d’une scène.
Après la cour d’honneur, on passe ensuite à une deuxième cour, plus étonnante avec sa pelouse et ses façades blanches : c’est la cour du cloître, minuscule havre de verdure, seul endroit du palais à ne pas être entièrement minéral. Je m’émerveille devant ses créneau et ses arcs en ogive. Le palais a été construit entre 1335 et 1352, sous les pontificats de Benoît XII et Clément VI. Ce cloître est d’ailleurs appelé « cloître de Benoît XII« , et fait partie du palais vieux.
Difficile de ne pas parler des papes en visitant ce palais. Pour une fois, il n’y aura guère de matrimoine ou de féminisme dans cette chronique : la papauté, c’est une histoire d’hommes. Si les papes se sont brièvement installés à Avignon, c’est sous l’impulsion de Clément V (de son vrai nom Bertrand de Goth) qui cherchait à déplacer le centre de gravité de la chrétienté au nord de Rome. La France étant alors la « fille aînée de l’Église », il chercha une nouvelle implantation dans le royaume de France, dont les frontières remontaient bien au nord qu’à présent. D’autres papes français lui succéderont entre 1305 et 1429, certains légitimes, et d’autres antipapes (j’adore ce nom !), dont Clément VII, alias Robert Comte de Genève, né à Annecy.
Le temps de monter l’escalier, nous voilà dans une coursive fort agréable, la galerie du cloître. Entrons donc dans les salles. La salle du Grand Tinel nous accueille avec des proportions incroyables : 48 mètres de long sur 10 mètres de haut ! C’était une salle de banquet, comme en témoignent la cuisine et sa cheminée exceptionnelle, où on imagine fort des boeufs en train de rôtir.
À ce stade, mon amie et moi nous emmêlons un peu les pinceaux : nous passons 20 bonnes minutes à chercher la suite de la visite dans la cour, redescendons vers la cour du cloître, débaroulons dans une réception privée… C’est que le palais est presque labyrinthique ! La solution : il faut aller au bout de la grande salle, tout à droite, pour profiter d’un passage vers une autre salle. C’est ici un de mes passages préférés : la visite de la salle d’étude et appartements privés de Clément VI. Ce carrelage ! Ces volumes ! Il vous faudra malheureusement imaginer le tout car les photos y étaient interdites. On appelle cette étude la Chambre du Cerf en raison d’une fresque dont il ne reste plus que la moitié, cachée par une cheminée. Ce n’est pas la seule fresque inestimable du Palais pour laquelle je vous demande de faire un effort d’imagination, mais vous pouvez les admirer ici.
Publier encore ce genre de photo en 2019, est-ce bien sérieux ? Mais admirez un peu ces vitraux et ce carrelage ! (salle du grand Tinel et chambre du cerf)
La visite monte, descend. Nous voici dans la sacristie, où nous attendent des gisants : Anne d’Auvergne et Louis II de Bourbon. Je n’ai pas vraiment d’informations qui expliqueraient pourquoi ces deux personnes-là et pas d’autres, si quelqu’un le sait ? Toujours est-il que nous nous amusons de la tête de Philippe-le-Hardi (tout à gauche). Ce brave homme est-il amer, jaloux, envieux, en colère, tout ça à la fois ? Il ne devait pas être commode !
Bonjour, je m’appelle Philippe, ceci est mon visage au repos.
Surprise incroyable, nous pénétrons ensuite dans… une cathédrale… ? Une cathédrale au premier étage du palais… c’est possible ça ? Non, ce n’est pas possible. C’est une chapelle, dite la Grande Chapelle, mais dont les proportions monumentales la rapprochent des plus belles églises gothiques. Voyez un peu ces voûtes #VoutesPorn. Je souligne aussi la belle rosace. On surnomme cette chapelle la « chapelle clémentine« , car elle fut elle aussi commanditée par Clément VI. Elle est vide désormais, et un peu triste, mais toujours propice à l’émerveillement, non pas devant le divin, mais devant les prouesses de l’architecture.
Grande Chapelle et voûtes de la salle de la Grande audience (en bas à droite)
Encore quelques étages à monter, et nous voici à l’extérieur, avec une vue imprenable au niveau des toits. Le passage amène à une tour et aussi à un café bienvenu. Cela fait deux heures qu’on marche ! J’ai beaucoup apprécié la surprise de pouvoir être au niveau des toits, en tête à tête avec les petits gargouilles des flèches des tourelles. Le café est très bien placé, et quel plaisir de prendre son petit café avec la vue sur tout Avignon, de la cathédrale Notre-Dame des Doms à la place du Palais…
La cathédrale Notre-Dame-des-Doms
Oh, ces ombres de créneaux !
Il est temps de redescendre. La visite nous fait terminer par la salle de la Grande Audience, une autre salle fabuleuse avec de nouveau du #VoûtesPorn. Cette salle inévitablement monumentale tenait lieu de tribunal au XIVe siècle : le « tribunal de la Rota« . Et c’est la fin, avec la boutique de souvenirs, toutefois fort intéressante avec son herboristerie et ses produits sur le thème du Moyen-Âge (dont des reproductions des carreaux des appartements de Clément VI !! Si seulement je ne voyageais pas léger, j’en aurais bien emporté avec moi !).
La boutique nous fait ressortir à l’arrière du château, comme pour prolonger un peu la visite. L’extérieur est tout aussi remarquable que l’intérieur, et nous passons dans une ruelle qui nous montre une autre facette de ce palais, celle d’une structure construite périlleusement sur un éperon rocheux. Ce petit passage secret fait une transition bienvenue entre l’ambiance presque solennelle du Palais, avec ses grandes salles vides qui portent à chuchoter, en signe de respect face au poids des siècles contenu dans ces murs, et le joyeux brouhaha de la place du palais un samedi après-midi d’avril.
Infos pratiques
Visiter le Palais des Papes
- ouvert 365 jours/an, de 9 h à 18-20 h selon la saison
- billetterie en ligne ici
- tarifs : 12 €/adulte pour le Palais seul, 14,5 € pour le palais et le pont d’Avignon. Le tarif comprend un « histopad« , tablette qui permet de voir à quoi ressemblait à l’époque la salle qu’on visite. C’est sûrement génial pour les enfants, pour ma part, je l’ai vite rangée. Je suis peut-être une vieille grincheuse mais je hais l’invasion des écrans même dans des lieux comme les musées. Mon amie et moi étions les seules à ne pas s’en servir, entourée d’une armée de zombies le nez dans leur écran.
Accéder à Avignon
Avignon est desservie par la SNCF. La gare d’Avignon-Centre est à 1 km à pied du palais des papes, selon un trajet en ligne parfaitement droite et très bien indiqué.
Où dormir à Avignon
Je séjournais à Arles mais voici quelques établissements repérés pour vous au centre-ville (sans les avoir essayés personnellement) :
- pour un hôtel de charme à Avignon pour une grande occasion, vous pouvez essayer l’Hôtel Cloître Saint Louis, l’hôtel d’Europe, les jardins de Baracane ou La Mirande.
- si vous préférez un hôtel boutique à Avignon : le Régina semble très mignon
- pour un hôtel pas cher à Avignon, pourquoi pas l’hôtel Ibis Budget Avignon Centre, l’ApartHôtel Sainte-Marthe ou l’hôtel Danieli.
Impossible de parler d’Avignon sans vous montrer le fameux pont !
Si cette visite du Palais des Papes vous a plu, voici d’autres idées à visiter en Provence :
- Gordes, Les Baux et Saint-Rémy de Provence, trois incontournables en Provence
- Découvrir Marseille en une journée
- L’espace Van Gogh à Arles
Cet article s’inscrit dans le rendez-vous mensuel #EnFranceAussi organisé par Sylvie du blog « Le coin des voyageurs ». Le thème du mois, proposé par Sarah du blog Soulier Vert, était « Belles Demeures / Beaux Châteaux ». Retrouvez toutes mes participations à ce rendez-vous ici. J’ai reconstitué ma visite avec l’aide de Wikipédia, n’hésitez pas à me signaler en cas de bourde – ma visite remonte à quelques mois déjà ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Cette forteresse une des plus grandes d’Europe, est impressionnante à voir ! Habitant à 20 km d’Avignon, j’ai souvent eu l’occasion de visiter le Palais des Papes, un incontournable de la région ! Merci pour ce bel article illustré !
Merci Martine ! Quelle chance d’habiter si près d’une telle merveille et de l’avoir visité plusieurs fois, tu dois en connaître les moindres recoins !
C’est superbe ! Un jour il faudra que je pense a aller dans ce secteur !
Je te le conseille vivement !
je ne me lasse pas ce de lieu, ni des spectacles dans la cour d’honneur!
côté bonnes adresses l’hôtel la Mirande fait aussi salon de thé, l’occasion d’entrer dans ce lieu magique sans trop débourser!
Merci pour ton commentaire et le bon conseil !
merci Audrey pr la balade , j suis passée à Avignon vite fait lors d’un we à Nîmes mais je n ai pas eu l occasion de visiter le Palais des papes j espère un jour
J’espère que tu auras vite l’occasion de revenir dans la douceur de la Provence 🙂
Très beau lieu que nous aimons redécouvrir à fois que nous sommes a Avignon.