Les 48 heures que j’ai passées à Londres au mois d’avril ont été plutôt studieuses, « la faute » à un superbe projet de traduction colossal auquel je ne pouvais pas dire non, à réaliser de toute urgence avant mon départ pour la France. J’ai dû rogner sur mes heures de visite à Londres, même si le temps passé à travailler à l’hôtel était loin d’être désagréable.
Mais ce serait bien mal me connaître que de penser que j’allais rester enfermée pendant toute mon escale. Je n’avais pas fait le détour par Londres pour rien, qu’on se le dise. L’exaltation d’être dans cette ville fantastique où je n’avais pas remis les pieds depuis dix ans, le soleil généreux, l’appel de cette mégalopole polyglotte, où j’ai entendu plus d’accents indiens, français ou chinois qu’anglais… Le cœur de Londres bat fort et je voulais aller prendre son pouls. En voyage, je dois battre le pavé, me perdre dans les rues, me gorger d’images et de sensations.
Alors, que faire quand on a deux heures devant soi, qu’il fait un temps radieux et qu’on est dans les parages de King’s Cross ? Je vous emmène dans une balade de rat de bibliothèque, sur les traces de la littérature britannique.
Harry Potter à la gare de King’s Cross
Parlons tout de suite des choses qui fâchent : NON, je ne suis pas allée aux studios d’Harry Potter. J’en verse encore une petite larme car c’était une des raisons de ma visite, mais trop de travail + des studios excentrés + pas de créneau pratique, font que j’ai dû y renoncer.
À la place, je suis allée au quai 9 3/4. Pour Depuis le raz-de-marée Harry Potter, la gare de King’s Cross a dû faire des aménagements pour répondre aux hordes de fans qui ne voulaient qu’une chose : voir le fameux quai 9 3/4. Au lieu de nous envoyer directement sur un authentique quai de gare – on doit être en possession d’un titre de transport valide et composté pour accéder aux quais – la gare a installé un chariot, sur un mur en peu en retrait.
Si le cœur nous en dit, on peut aller s’y faire prendre en photo, moyennant une grosse demi-heure d’attente dans le meilleur des cas. J’ai passé mon tour et je me suis contentée d’admirer les gens défiler tout sourire, avant un petit tour dans la boutique voisine, qui vendait les mêmes produits officiels qu’aux studios Universal de Los Angeles.
À défaut d’apprécier réellement ce quai 9 3/4 symbolique, on peut admirer l’architecture de la gare et se rappeler du moment où Harry cherche pour la première fois la Voie 9 3/4 :
« La voie 9 est ici, la voie 10 juste à côté. J’imagine que la tienne doit se trouver quelque part entre les deux, mais j’ai bien peur qu’elle ne soit pas encore construite. » – Vernon Dursley
C’est maintenant chose faite, Vernon ! Et si la mémoire nous fait défaut, il nous suffira d’aller racheter toute la collection dans la boutique… J’ai dû me faire violence pour ne pas craquer devant cette édition sublime avec les armoiries des maisons !
Depuis le parvis de la gare, on prend à droite le long d’Euston Road. Le profil gothique de la gare Saint-Pancras offre une vision majestueuse. Tout au long de la route, on croise les fameuses cabines téléphoniques londoniennes. Objets d’histoire, elles sont désormais rarement utilisées pour téléphoner, mais font le bonheur des touristes et… des bibliophiles ! Certaines sont en effet reclassées en mini-bibliothèques gratuites, par et pour la collectivité. Une idée que j’adore, qui donne une deuxième vie à ces éléments cultes du paysage urbain londonien.
La British Library
Mon deuxième arrêt n’est pas loin : la British Library est juste au coin de St Pancras. L’endroit est étonnamment fréquenté et dès 9 heures du matin, la file pour entrer fait le tour du pâté de maison. Savoir que ce lieu renferme 14 millions de livres me donne des vertiges. Quatorze millions de livres, ce sont autant d’univers, et dire qu’il faudrait des milliers de vies pour tous les lire n’est pas un euphémisme.
Loin d’un musée poussiéreux, l’endroit semble très fréquenté par des étudiants ou travailleurs assidus et les salles de lecture bourdonnent d’une ambiance studieuse. Les bibliothèques sont un incontournable de ma routine de travailleuse nomade et celle-ci ne fait pas exception : on peut s’y installer comme bon nous semble, avec accès wifi, que ce soit dans les salles de lecture ou dans les cafés. Ce sont d’ailleurs plus d’un million de personnes qui viennent chaque année fréquenter la British Library, lieu universel pour accéder à tous les livres publiés au Royaume-Uni.
Sous vitre, impossible de manquer la King’s Library, d’une beauté merveilleuse. Peut-on faire plus charmant qu’un livre ancien ? A fortiori que plusieurs milliers de livres anciens ? Ces reliures à dorure, ces pages vieilles de plusieurs siècles… Heureusement que la collection est sous verre, car on n’aurait pas pu m’empêcher d’aller y plonger mon nez !
Détail à la fois surprenant, à la fois logique : la bibliothèque est dotée d’une boutique, telle un musée. On y fait la part belle à Harry Potter, désormais incontournable du paysage littéraire britannique. Mais c’est aussi le lieu de référence pour de bons classiques dans de superbes éditions contemporaines comme Jane Eyre ou Sherlock Holmes, évidemment. Je conseille cette boutique pour des souvenirs littéraires pour soi ou sa famille, sous forme de livres ou d’objets liés à la littérature britannique (carnets, sacs, affiches… ).
Les jardins sont un lieu apaisant, avec un café où prendre une citronnade en terrasse, en admirant St Pancras qu’on devine un peu plus loin. Un peu à l’écart du brouhaha de la rue grâce à leur enceinte, ils sont un petit îlot de calme dans un quartier ultra-fréquenté.
Je poursuis mon chemin. Toujours le long d’Euston Road, je découvre avec bonheur que les cerisiers sont en fleurs. Rien de tel pour me donner encore plus le sourire ! J’ai toujours aimé les petites oasis inattendues en ville, ces arbres qui poussent vaillamment sur des mouchoirs de poche entre béton et goudron. Je les remercie souvent intérieurement d’être là, d’apporter un peu de poésie dans un univers si humain.
Mrs Dalloway à Regent’s Park
Un peu plus loin, on tourne à droite sur Park Square et nous voici à Regent’s Park. On le croise souvent dans Mrs Dalloway, de Virginia Woolf, source de mélancolie pour les protagonistes.
Je suis seule ; je suis seule ! s’écria-t-elle, près de la fontaine de Regent’s Park (regardant l’Indien avec sa croix), comme peut-être à minuit, lorsque toutes les frontières sont abolies, et que le pays retrouve son aspect ancien, tel qu’il apparut aux Romains, aplati sous les nuages, lorsqu’ils débarquèrent, à l’époque où les collines n’avaient pas de nom, et où les rivières s’éloignaient en méandres vers on ne savait où (…) ~Virginia Woolf
Pour moi, pas de nostalgie, pas de solitude. Impossible d’être mal en point sous un cerisier quand les allées du parc frémissent avec le printemps. Cette ville a les couleurs de l’été, les habitants semblent avoir investi chaque centimètre carré de pelouse, chaque terrasse, chaque banc.
Non loin, les façades immaculées de Park Crescent rutilent sous le soleil, éblouissantes et pimpantes. Derrière moi, une petite ado française demande à ses parents quand est-ce qu’ils achètent une maison ici. Je leur souhaite intérieurement bon courage pour financer un tel achat immobilier avant d’acquiescer, malgré tout, avec le bon goût de cette ado : quel bel endroit pour vivre, au cœur de Londres.
Sherlock Holmes au 221B Baket Street
Je prends la deuxième sortie du parc sur ma gauche et me voici à deux pas d’une adresse fort célèbre : 221B Baker Street. C’est l’adresse du détective de fiction le plus célèbre au monde, le grand Sherlock Holmes. J’ai toujours aimé ces romans à la charnière du XXe siècle, avec leur écriture désuète mais un personnage tellement moderne (certains diront follement moderne…), leur ambiance gothique… Et je suis évidemment ultra-fan de la série télé (enfin, jusqu’à la saison 3… ne me lancez pas sur le gâchis de la saison 4 !!). J’ai été un peu déçue de ne pas trouver la statue du célèbre limier, apparemment sur Marylebone Road ? Je ne l’ai jamais vue – la rue était en travaux, noyée sous les échafaudages, ceci explique peut-être cela…
Au 221B, on trouve une boutique de souvenirs déclinant les portraits de Jeremy Brett et Benedict Cumberbatch. On pouvait monter au 221B pour un musée reproduisant un intérieur victorien, des objets anciens et des modèles de cire représentant les protagonistes. Hélas, à nouveau, une file d’attente longue comme un jour sans pain, et l’horloge qui tournait de mon côté… Je me suis contentée d’admirer la boutique et ses employés en costume d’époque. L’ambiance trop radieuse ne se prêtait pas à l’imagination – pour me plonger en pensée dans l’univers de Sherlock Holmes, j’aurais préféré du brouillard et des lampadaires à demi-visibles, une calèche peut-être…
Astuce : le 221B Baker Street n’est pas à un endroit logique. Depuis le métro, remontez la rue en direction de Regent’s Park : c’est l’un des derniers numéros sur votre gauche, vers le 240.
Avec Sherlock Holmes, cette remontée dans le temps littéraire est terminée. J.K. Rowlings, Virginia Woolfe, Sir Arthur Conan Doyle… tous ont façonné le paysage londonien à leur façon, en laissant leur empreinte dans de beaux livres que je meurs d’envie de relire.
Bonnes adresses à Londres
- On trouve quelques jolis cafés autour de la British Library, notamment Origin Coffee, sur Euston Road. Un endroit minuscule où il faudra se battre pour s’installer dès le matin, mais plus calme l’après-midi. J’adore l’agencement, avec sa grande tablette sous une baie vitrée, pour travailler avec vue sur le petit théâtre de la rue.
- Londres semble raffoler des salades à emporter de tout poil et j’ai donc testé à plusieurs reprises. Rien de glamour ni de très bloguesque là-dedans, mais une option saine à petit prix (5-7 £ la salade – oui, je SAIS, on dépasse allègrement les 10 €/15 CAD, mais que voulez-vous, nous sommes dans l’une des villes les plus chères du monde !). De bonnes options chez Prêt à manger et MS Simply Food qui sont partout. Par contre, pour le zéro déchet, on repassera…
Où dormir à Londres
- Pas forcément une « excellente » adresse, mais une adresse correcte et pratique : l’auberge de jeunesse Clink 261, à deux pas de la gare King’s Cross. Les dortoirs n’étaient pas foufous (un peu petits et sombres) mais ils étaient propres, et j’ai apprécié les prises et lampes individuelles, ainsi que les casiers sous le lit. Petit-déjeuner à 2 £, imbattable ! Allez-y si vous devez prendre le métro à King’s Cross tôt le matin, par exemple pour prendre l’avion à Heathrow comme c’était mon cas. 26 CAD/personne en dortoir de 10 lits.
- En revanche, l’hôtel citizenM Tower of London est incontournable, bien sûr ! Un hôtel extraordinaire avec une vue de dingue sur la Tamise. Voir ma chronique ici. Sinon, pour prendre l’avion tôt le matin à Gatwick, l’hôtel-capsule YotelAIR, testé et approuvé par mes soins.
- Si vous arrivez de l’aéroport, vous pouvez réserver votre transfert en Gatwick express ici, ou encore en Heathrow Express ici.
Si vous avez apprécié, n’hésitez pas à m’épingler sur Pinterest ! Ces liens sont affiliés : en réservant par ces liens, vous me donnez un coup de pouce financier qui soutient mes efforts avec ce blog sans débourser un centime de plus de votre côté. Merci !
Quelle chouette balade !! J’adore ces quartiers et Londres a vraiment le pouvoir de nous emmener dans un imaginaire littéraire (et télévisuel / cinématographique) sans pareil ! Pour info, j’ai craqué pour la réédition de « L’Ecole des sorciers » à l’effigie de Serdaigle. Oui madame.
Serdaigle, la meilleure des maisons ! Avec une amie, on prévoit déjà de revenir à Londres pour aller aux studios, je craquerai peut-être à ce moment-là 😉 Après cette balade littéraire urbaine, je rêve d’aller dans la campagne anglais à la recherche de Jane Eyre, Elizabeth Bennet et Emma Woodhouse.
Ouiii nous aussi on rêve d’un roadtrip littéraire en Angleterre, en mode Hurlevent et Baskerville, les moors balayées par le vent, tout ça …
Tres chouette article! J’adore ce genre de balade! Je la mets de côté pour notre prochain we à Londres!
J’espère que tu auras une météo aussi radieuse que moi ! SI tu aimes les balades, reste dans les parages, j’ai un autre itinéraire de promenade en préparation (un peu plus classique, celui-là).
Quelle belle virée à Londres! Et surtout très originale. Ça me donne encore plus envie d’y être!
Un saut de puce avec Easyjet et tu pourrais y être pour moins de 50 $ !! Mais je crains que tu ne puisses pas y déguster de bouillabaisse au soleil… 😉
[…] Résultat des courses : j’ai eu des fourmis dans les jambes, et après avoir été chercher Harry Potter et Sherlock Holmes autour de King’s Cross, je suis allée à la rencontre des touristes et de la Reine lors […]
Yeah! ça donne envie! décidément, il faut que je me refasse une petite escapade londonienne! 😉
C’est l’occasion de relire ces grands classiques avant d’y retourner !
[…] de mes premières virées entre amies, direction Londres. Nous craquons la banque et allons assister à une comédie musicale toute récente : We Will Rock […]
[…] : une virée en France à l’occasion du Salon des blogueurs de voyage (avec 48 heures à Londres, je suis ravie de retrouver cette ville chérie de mes études d’angliciste), et une escapade […]
[…] créneau, ce sont les dessins animés en avion (j’ai d’ailleurs vu Coco en direction de Londres et l’Aveyron, je vous le conseille !) et ce n’est pas le catalogue le plus […]
[…] qu’après une nuit blanche dans l’avion et une journée bien remplie à travailler et visiter Londres, je n’ai pas cédé aux sirènes du bar, qui passe en mode lounge une fois le soir […]