NOUVELLE-ÉCOSSE // Visiter Lunenburg

Au Canada, la Nouvelle-Écosse est souvent ignorée au profit de provinces comme le Québec, cette Nouvelle-France si chaleureuse, ou les Rocheuses entre Colombie-Britannique et Alberta aux paysages grandioses. Mais la façade atlantique n’est pas en reste, comme j’essaie de vous en convaincre depuis 2014 ! Au sud du Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, province anglophone, offre des paysages à taille humaine, des villages de pêcheurs à croquer et des phares blancs qui toisent l’horizon. Lunenburg, petite ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco, fait une escapade idéale depuis Halifax avec ses façades pimpantes et son ambiance de bord de mer. Venez, je vous fais visiter.

Lunenburg, ville classée à l’Unesco

Si énormément de sites du patrimoine mondial de l’Unesco se concentrent en Europe, il en existe également quelques-uns en Amérique du Nord. La Nouvelle-Écosse en compte trois : les falaises fossilifères de Joggins, le paysage culturel de Grand-Pré (dont je parle brièvement dans ce billet) et le vieux Lunenburg, classé en 1995. C’est d’ailleurs l’un des deux seuls sites urbains classés en Amérique du Nord, l’autre étant le centre-ville historique de Québec.

Voici ce qu’en dit le site officiel de l’Unesco :

Le Vieux Lunenburg offre le meilleur exemple encore existant d’un établissement colonial britannique planifié en Amérique du Nord. Fondé en 1753, il conserve intacts sa structure d’origine, obéissant à un plan en damier conçu en métropole, ainsi que son aspect général. La population a su préserver l’identité de la ville au cours des siècles en sauvegardant l’architecture de bois de ses maisons, dont certaines datent du XVII^e siècle.

Si on peut tiquer un peu à l’idée que le patrimoine mondial porte aux nues une ville coloniale sans célébrer la culture autochtone locale par ailleurs, il est vrai que Lunenburg offre l’exemple rare d’une ville historique avec des édifices datant du XVIIIe siècle. Bien sûr, il n’est pas toujours facile de distinguer les édifices anciens des autres, sans parler que certains vieux bâtiments historiques sont parfois bien moins clinquants que leurs homologues plus récents, mais j’ai trouvé agréable de déambuler dans cette petite ville, à m’imaginer la vie qui devait y grouiller à la fin du XVIIIe siècle, l’ambiance du port à la nuit tombée…

Les belles façades de Lunenburg

Si le plan de ville de Lunenburg date du XVIIIe siècle, rares sont les bâtiments à avoir traversé le temps. Pour autant, beaucoup de façades sont victoriennes ou édouardiennes et si vous aimez ce style d’architecture, Lunenburg est un régal. Ma préférée ? Elle se trouve quelque part sur une rue parallèle à la rue Montague. Avec ses bardeaux bleu clair et blanc, ses accents orange et surtout sa porte violette, elle m’a fait chavirer. Je crois vous l’avoir déjà dit, mais on raconte de ce côté de l’Atlantique que derrière une porte violette se cache la demeure d’une sorcière, alors je vous laisse tirer vos conclusions…

Si les commerces du petit centre ont des façades sublimes et souvent repeintes de frais, à l’image de celle de l’hôtel Mariner King Inn, j’ai aussi aimé me promener dans les ruelles plus résidentielles globalement située entre la rue Kaulbach à l’ouest et la rue Kempt à l’est. De l’autre côté du vieux cimetière français, on trouve aussi quelques belles demeures dont je vous reparle un peu plus bas. Les façades historiques ne sont pas forcément rares au Canada, loin de là : ce qui change aussi, c’est le degré d’entretien accordé à ces belles dames, sans aucun doute favorisé par le statut de Lunenburg au patrimoine mondial. Nul doute que les propriétaires sont fortement incités (pour ne pas dire contraints ?) à garder leur belle bâtisse en état. En tant que touriste, je ne peux que me réjouir de voir ce patrimoine architectural chouchouté de cette manière.

Pour l’anecdote, le jardin que vous voyez au milieu ci-dessous comportait un panneau indiquant « Grandma’s Garden ». La propriétaire est sortie alors que je prenais ma photo et j’ai pu bavarder un peu. Grandma n’est évidemment pas enterrée en pleine ville mais sa famille a conservé un petit morceau de jardin avec ses fleurs préférées. Un bel hommage, si vous voulez mon avis.

Petit itinéraire de balade à Lunenburg

Lunenburg est minuscule est il fait bon y flâner au hasard des belles façades, mais voici une idée de petit itinéraire.

On commence à la distillerie Ironworks. Je ne suis pas amatrice de whisky mais je jette un oeil à l’intérieur quand même, histoire de trouver quelques cadeaux. Juste à côté, le long de Montague Street, en direction du centre, je m’arrête au Dory Shop. Si « dory » n’évoque pour vous qu’un poisson oublieux et attachant dans Le monde de Némo, sachez qu’il s’agit aussi du nom d’une petite barque, et l’atelier qui se trouve aussi continue de perpétuer cette tradition. Dans un budget plus raisonnable (et plus simple à ramener dans une valise), on trouve aussi des bouées aux magasins d’en face. Les bouées décorent souvent les façades des maisons en bord de mer et c’est un incontournable de l’ambiance maritime. Je ne saurais vous dire si celles-ci sont neuves ou récupérées au gré des marées, mais elles ne manquent jamais de m’évoquer une plage de galets et une odeur de varech.

Je poursuis sur la promenade Bluenose, en restant au bord de l’eau. Des jetées permettent d’aller admirer de plus près les embarcations amarrées ou de prendre un peu de recul sur les façades en front de mer. Très colorées, elles sont indissociables de l’identité de Lunenburg et font sa renommée. Il y a curieusement peu d’établissements au bord de l’eau : la plupart des bars, restaurants, glaciers se trouvent sur la rue Montague, légèrement en hauteur – nous y reviendrons. Un monument aux pêcheurs disparus en mer est l’occasion d’un instant d recueillement à la pensée de ces pêcheurs qui prenaient la mer et ne revenaient pas forcément. Le grand bâtiment rouge est le musée de la pêche. Il est bordé de nombreuses compagnies offrant des visites guidées, croisières aux baleines et compagnie : Lunenburg étant très touristiques, les activités destinées aux touristes ne manquent pas.

Après être passées devant le Fisheries Museum, il est temps de se livrer à un peu de taphophilie : l’Old French Cemetery est au bord du sentier, il serait dommage de s’en priver ? On peut y trouver des tombes datant du XIXe siècle et des panneaux expliquant la présence française dans les environs. Je suis le sentier qui débouche sur la rue Falkland et ses jolies façades comme le Bluenose Lodge ou le Ashley House B&B. À droite, je vais vite jeter un oeil au beau Knot Pub avant de retourner sur la gauche. L’itinéraire est moins charmant l’espace de quelques pâtés de maison mais redevient vite bucolique sur Tannery Street. Mon objectif : le golf de Lunenburg, duquel on a une belle vue sur le front de mer du centre-ville.

La plupart des photos de Lunenburg dans les catalogues, voire sur Instagram, font la part belle à des vues aériennes qui mettent terriblement bien en valeur les façades colorées de la ville, mais il n’y a pas d’endroit en hauteur d’où on pourrait admirer une vue équivalente [il y aurait beaucoup à dire sur les campagnes de communications qui montrent des choses inaccessibles au commun des mortels]. Ce qui s’en approche le plus, c’est ce point de vue depuis le golfe. Un belvédère est aménagé au bord de la route mais à la faveur de la marée basse, je vais faire un tour sur la plage. En rédigeant ce billet, je vois avec plaisir qu’une brasserie semble avoir ouvert à cet endroit : si vous allez à Lightsip Brewery, vous m’en direz des nouvelles ?

Pour rentrer, je prends le même chemin, à cela près qu’au niveau du cimetière, je prends sur Montague Street. Les façades sont toutes colorées et pimpantes, remplies de petits détails, c’est un régal. J’ai quadrillé la ville dans tous les sens ce jour-là pour en dénicher tous les recoins ! Je suis même allée jusqu’à la rue Lincoln, un peu en hauteur sur la ville, où on trouve d’autres boutiques et cafés. Non loin, l’église anglicane St John’s et la mairie marquent le terminus de ma balade. De là, il ne faut que quelques minutes pour rejoindre la rue Montague et son glacier pour reprendre des forces après cette balade qui m’a pris environ deux heures.

Lunenburg et le Bluenose

Lunenburg est également le port d’attache du célèbre Bluenose, une goélette dont la silhouette vous dira peut-être quelque chose : c’est elle qui décore les pièces de 10 cents. Plus précisément, la goélette qui décore les pièces est le Bluenose originel, tandis que celle qu’on peut parfois apercevoir à Lunenburg est le Bluenose II (même si tout le monde l’appelle Bluenose).

Le premier Bluenose datait de 1921 ; cette goélette servait surtout à la pêche à la morue et à la course entre pêcheurs. Bien qu’elle ait fait des étincelles lors de plusieurs courses, elle a été vendue en 1942 et a fini par couler près d’Haïti. Il est peut-être difficile d’appréhender la popularité d’une goélette mais il semblerait qu’elle ait marqué son époque en restant invaincue pendant près de 17 ans à la course entre les pêcheurs des Maritimes et de Nouvelle-Angleterre. Un palmarès si impressionnant et une sorte de monument qui ont conduit à la construction du Bluenose II en 1963 d’après des plans originaux. Certains ouvriers ont même participé à la construction des deux goélettes !

Le Bluenose II est désormais un symbole de la Nouvelle-Écosse et tout le monde vous demandera si vous l’avez vu en étant de passage à Lunenburg. Pour l’anecdote, le Bluenose II ne participe à aucune course pour garder intacte la mémoire légendaire de son prédécesseur. Autre anecdote : le Bluenose tire son nom d’un surnom donné aux Néo-Écossais depuis le XVIIIe siècle. Pourquoi un « nez bleu » ? Ces origines ne sont pas claires, et on ne peut que de perdre en suppositions… J’ai lu qu’il se pourrait que ce nez bleu renvoie au nez bleui par le froid des marins ou, plus amusant, au fait que les femmes de pêcheurs avaient l’habitude d’utiliser de la laine bleue bon marché pour leur tricoter des mitaines, laine qui avait l’habitude de déteindre avec l’humidité… À vous d’imaginer votre explications !

À défaut de l’avoir vu pendant mon escapade (à mon grand regret), voici quelques photos de la baie de Lunenburg :

Quelques bonnes adresses à Lunenburg

• Sweet Treasures Confectionery : remontez la piste des gens munis d’un cornet de glace géant, et vous trouverez ce glacier délicieux au coin des rues King Street et Montague
• Fish Shack : je n’y ai pas mangé mais je vous le conseille pour sa terrasse dégagée
• Librairies : Lunenburg compte pas moins de trois librairies : Lunenburg Bound, Block Shop Books et Elizabeth’s Books. Toutes sont à visiter, évidemment !
• En termes de cafés, la ville n’a pas à rougir de son choix : Moontown Market, Laughing Whale, No9 Coffee Bar, Lamprai & Spice Café sont des options tentantes. de mémoire, nous avions joué de malchance avec les horaires, vérifiez-les avant de vous déplacer !
• Rascal Runs Burrito Bar : un samedi soir d’été sans réservation, nous avons eu du mal à trouver un resto qui nous accepte… Nous nous sommes rabattus sur les burritos à emporter de Rascal Runs que nous avons mangé avec plaisir sur le front de mer
• La distillerie IronWorks est une valeur sûre pour qui aime le whisky !

Infos pratiques

Se rendre à Lunenburg

• Depuis Halifax : compter environ une heure pour rejoindre Lunenburg en passant par la route 103.
• Depuis Moncton : compter environ 3 h 30 de route pour rejoindre Lunenburg via Halifax
• Si vous venez de l’Europe, Visez Halifax pour destination finale de votre vol.

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Circuler à Lunenburg

Trouvez un stationnement, et le tour est joué. Lunenburg est un mouchoir de poche qui se parcourt très facilement à pied. Le seul écueil : si votre hébergement n’a pas de stationnement, il vous faudra payer le stationnement (salé) dans la rue. Heureusement, de mémoire, le stationnement est gratuit le week-end… à vérifier quand même.

Où dormir à Lunenburg

• Lors de mon séjour, je suis descendue au Smugglers Cove Inn, un hôtel relativement bon marché on ne peut plus central. La chambre aurait besoin d’un rafraîchissement mais on a adoré pouvoir circuler à pied dans Lunenburg. J’avais payé 130 $ pour une chambre double, et c’était l’option la moins chère pour un hôtel en ville à ce moment-là.
• Une autre option que j’avais réservée avant de devoir l’annuler pour cause d’un changement de dates : le Rum Runner Inn, avec certaines chambres qui donnent sur la baie. La chambre avec un lit king était à moins de 100 $, une aubaine !

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Pour aller plus loin :

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Oui j’ai mis trois fois la photo du Mariner King Inn ! Je ne regrette rien.

Si ce billet sur la Nouvelle-Écosse vous a plu, voici d’autres lectures :

• Road-trip dans l’ouest de la Nouvelle-Écosse
• Un week-end à Halifax
• Que faire autour de Yarmouth
• Rencontre avec l’Acadie du sud-ouest
• Escapade à Tatamagouche
• Road-trip sur l’île du Cap-Breton
• Skyline trail, randonnée dans le ciel
• Week-end gourmand à Wolfville

Et vous, connaissez-vous Lunenburg ? Que me conseillez-vous pour ma prochaine visite ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés. Voyage réalisé fin août 2020.