Dans l’ouest canadien, le parc national de Banff a des proportions mythiques : tout premier parc national du pays, des dimensions dantesques, des paysages phénoménaux qui attirent chaque année une foule invraisemblable… Ce parc est souvent une destination en soi, et les voyageurs qui traversent les continents pour voir de leurs propres yeux ses lacs glaciaires sont légion. Pour moi, il a toujours incarné les Rocheuses canadiennes et j’en rêvais depuis que j’ai été en âge de vouloir voyager. Si tout n’est pas parfait, j’ai été plus que comblée de traverser à mon tour ces paysages mythiques, et je me fais une joie de partager avec vous quelques idées de courtes randonnées faciles pour s’immerger encore plus dans cette nature immense. En prime, j’ajoute aussi la seule petite randonnée que nous avons faite dans le parc national de Jasper, contigu de celui de Banff. Ce billet est à lire en complément du compte-rendu de mon road-trip dans l’ouest canadien, de Vancouver à Calgary, à relire ici.
Secteur du lac Louise
Bord du Lac Louise
Plus qu’une randonnée, c’est une promenade dont on parle ici. On se trouve sur les rives du lac Louise, au niveau de l’hôtel Fairmont Château Lake Louise, un bâtiment qui m’inspire beaucoup de sentiments ambigus – tant impre
Cette promenade est très courue et la plupart des touristes passent à un moment ou un autre par le lac Louise, qui mérite absolument le détour. Malgré la foule, elle est un passage obligé si vous souhaitez faire l’une des randonnées qui s’élèvent au-dessus du parc, comme celles du lac Agnès ou des deux Beehives.
Les bars et restaurants de l’hôtel Fairmont sont remplis du matin au soir et y trouver une table demandera de la patience. En revanche, le bon plan, c’est le glacier au sous-sol du bâtiment, pour prendre un jus de fruits ou une glace artisanale à manger ensuite sur un banc. Par contre, rien ici n’est bon marché, vous êtes prévenues !
- Niveau : facile
- Distance : 1 km
Lac Agnès
La randonnée du lac Agnès est sûrement la moins facile de celles que je présente ici, mais elle reste tout à fait à la portée de quiconque un peu en forme. Au départ du lac Louise, elle conduit au lac Agnès moyennant une grosse heure de montée. Le sentier grimpe relativement raide pendant le premier kilomètre avant de s’aplanir légèrement. Profitez des abords de Mirror Lake pour prendre une petite pause. Le sentier croise une cascade juste avant l’ultime raidillon, puis c’est l’arrivée spectaculaire au lac Agnès. Celui-ci semble un mini clone plus sauvage du lac Louise, à cela près que ses eaux sont émeraude et non d’un turquoise laiteux.
La randonnée est populaire en raison de sa proximité avec le lac Louise, mais aussi de la présence d’un salon de thé « à la suisse » (c’est eux qui le disent) au bord du lac, où se restaurer et reprendre des forces… en théorie, car il y a tellement de monde que vous seriez vraiment chanceux de décrocher une table en pleine saison. Nous avons suivi le sentier menant au Big Beehive le temps de nous trouver un coin pour pique-niquer au bord du lac : bien mieux que d’être entassées sur une terrasse bondé !
Le lac Agnès est aussi une étape sur la route des monts Big Beehive et Little Beehive, deux sommets proches (« la grande ruche » et « la petite ruche »). Big Beehive est le mont à gauche du lac. Il donne une vue à pic sur le lac Louise mais il nous semblait bien trop achalandé à notre goût. Nous avons préféré prendre la route du Little Beehive, plus calme.
- Niveau : modéré
- Distance : 7,5 km aller-retour
- Dénivelé positif : 385 mètres
Big Beehive à gauche. Vous ne trouvez pas qu’on dirait effectivement une ruche ?
Little Beehive
Le lac Agnès est magnifique mais la randonnée pour y accéder n’offre pas de point de vue sur le lac Louise : dommage, non ? La solution : monter encore un peu, soit côté Big Beehive, soit côté Little Beehive, pour s’avancer sur des promontoires plus dégagés et apprécier la vue.
La montée vers Little Beehive n’a rien de difficile, à peine une petite côte un peu raide sur la fin. Le sentier se conclut sur un promontoire dégagé doté d’une table d’orientation et de bancs. De là, on a une vue à plus de 180 ° sur la vallée glaciaire et je dois dire que je ne m’en suis pas remise. L’immensité des vallées canadiennes, quasiment intactes, est incroyablement émouvante.
- Niveau : Modéré
- Distance : 2 km aller-retour depuis le lac Agnès, 10 km aller-retour depuis le lac Louise
- Dénivelé positif : 105 mètres depuis le lac Agnès, 495 mètres depuis le lac Louise
Secteur du lac Moraine
Sentier de l’éboulement, la fracture à la rétine
Si vous allez au parc national de Banff, il y a des chances pour que vous ayez été appâtées par le lac Moraine et ses couleurs surnaturelles. Laissez-moi vous dire que les couleurs que vous voyez sont encore plus impressionnantes en vrai. En photo, on pourrait toujours croire à des retouches, mais en vrai ? On n’en croit pas ses yeux, tout simplement.
Il est possible de faire le tour du lac mais les couleurs sont moins vives au bord de l’eau. Pour les voir réellement, il faut prendre un peu de hauteur à la faveur du sentier de l’éboulement. En 500 mètres qui grimpent un peu, c’est plié : vous voici à l’un des plus beaux belvédères du parc de Banff. Il est temps de rester bouche bée. Les sommets qui encadrent le lac, les épinettes élancées, l’eau transparente, les canots qui semblent en suspension, tout est matière à émerveillement.
De grâce : le belvédère est parfaitement délimité et il est INTERDIT de passer les barrières. Ne le faites pas. Houspillez ceux qui le font.
- Niveau : facile
- Distance : 500 mètres
Si vous êtes au lac Moraine en automne, je vous conseille la randonnée de la vallée Larch (vallée des mélèzes) et des lacs Minnestimma pour voir de belles couleurs. Celle-ci part du bout du lac.
Lacs de la Consolation
J’ai pris l’habitude surnommer les lacs de la Consolation les « lacs de la Déception », car après le lac Moraine, ils nous ont semblé un peu ordinaires. C’est qu’on est tellement gâtées au parc national Banff qu’on en devient blasées. Un bon plan de route, si vous arrivez assez tôt au lac Moraine, serait d’abord d’aller aux lacs de la Consolation, puis de vous récompenser avec le lac Moraine (mais attention : une fois dans l’ombre des pics environnants, le lac perd un peu de son bleuté).
Le sentier monte tout doucement dans la forêt l’espace d’une heure. On croise des champignons éperviers, de la mousse, les prémices de l’automne sur les myrtillers roux. Au sommet, un lac et surtout un glacier suspendu d’une épaisseur incroyable au loin. Rares sont les randonneurs à nous avoir suivi et notre pause déjeuner se fait dans le silence le plus total, avec juste le bruit du vent et du ruisseau qui coule. Et ça, c’est vraiment précieux.
- Niveau : facile
- Distance : 6 km aller-retour
- Dénivelé positif : 65 mètres
Promenade des glaciers
Belvédère du lac Peyto
Nous avons eu de la chance : à une semaine près en 2019, nous n’aurions pas pu accéder à ce qui est l’un des temps forts de la promenade des Glaciers. Coup de chance alors que je publie ce billet en août 2021 : le belvédère du lac Peyto devrait rouvrir sous peu. Je ne peux pas vous dire s’il renaîtra sous la forme que je l’ai connu, mais quoi qu’il en soit, prenez absolument le temps d’aller voir le lac Peyto de haut.
La photo ci-dessous n’a pas été prise au premier belvédère mais le long d’un sentier dont je ne retrouve pas le nom. Celui-ci part de la gauche du belvédère et emmène à une plateforme rocheuse quelque 500 mètres plus loin. La vue y est plus dégagée sur le lac à tête de loup (à ce qu’il paraît… vous la voyez, vous ?). Tout comme au sommet de Little Beehive, la vue va loin, très loin dans la vallée glaciaire. L’absence quasi-totale de traces humaines à fond de vallée me donne le vertige. Le lac propose encore un autre bleu turquoise hallucinant.
- Niveau : facile
- Distance : 2 km aller-retour
Randonnée au Canyon Mistaya
Un arrêt impromptu que nous n’avons pas regretté le long de la route des Glaciers ! Du stationnement du Canyon Mistaya, le sentier descend raide avant d’arriver sur un replat d’où le fracas de l’eau est déjà assourdissant. On traverse un pont avant d’emprunter un court sentier qui s’approche de l’eau. La vue la plus impressionnante reste au niveau du pont, avec une vue plongeante sur les marmites de sorcières et autres formations rocheuses creusées patiemment par le cours d’eau depuis bien longtemps. Du niveau de l’eau, on peut admirer des glaciers sur les sommets des environs – après tout, nous sommes en plein sur la route des Glaciers.
Attention : aucune rambarde ! Tenez vos enfants et vos chiens et ne vous approchez pas trop près du bord, sous peine de chute fatale.
- Niveau : facile
- Distance : 3 km aller-retour
Parc national de Jasper, Alberta
Glacier Athabasca
Je ne sais pas si j’ai aimé cette randonnée, mais je vous en parle pour que vous puissiez vous faire votre idée. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut s’approcher d’un glacier, et il est certain que le glacier Athabasca a de la prestance ; l’imaginer se déployer sur des dizaines de kilomètres au-delà du col où il apparaît envoie dans des mondes glacés et inhospitaliers, dans une nature sauvage dont les proportions nous dépassent.
Le sentier monte jusqu’au bord de la langue de glace. Il est ponctué de repères indiquant le recul du glacier. Il est évidemment essentiel de souligner que la fonte des glaciers est une réalité, même au Canada : le glacier Athabasca a perdu 1,5 kilomètre depuis la création du parc national Banff. Voir ce recul de ses propres yeux a quelque chose d’horriblement concret, et ces tristes jalons m’ont fendu le cœur. Pas de magie, pas d’émerveillement pour moi sur ce sentier, que la chronique annoncée d’un inexorable réchauffement. Peut-être appréhenderez-vous le sentier différemment ? Sachez que le centre des glaciers, où l’on trouve cafés, magasins de souvenirs, cinéma et centre d’excursions à la pelle, m’a également laissée dubitative, tout comme la gestion de cette langue de glace sur laquelle circulent autocars et buggys à la pelle.
- Niveau : facile
- Distance : 3 km aller-retour
C’est tout pour mes idées de petites randonnées ! Il y en a plein d’autres à faire évidemment : le canyon Johnston, les lacs Vermillion, la plaine des six glaciers… Il faudrait sans doute tout un été pour arpenter tous les sentiers du parc national Banff !
Infos pratiques
Parcs Canada
Tous les parcs nationaux cités dans ce billet dépendent de Parcs Canada. Pour y accéder, deux solutions :
- un passe d’accès à la journée : 10 $/adulte, gratuit pour les moins de 17 ans
- le passe annuel Découverte, qui permet d’accéder à volonté à tous les parcs gérés par Parcs Canada : comptez 70 $/adulte ou 140 $ par véhicules jusqu’à sept passagers. Le calcul est vite fait !
- Vérifier l’état des sentiers ici.
Inscrivez-vous sur AllTrails pour plus d’infos sur tous ces sentiers
Où dormir près du parc national Banff
Au motel Rundle Mountain Lodge, à Canmore, petite ville à 40 km du secteur du lac Louise. C’est bien simple, six mois avant le voyage, je n’ai rien trouvé d’abordable avec deux lits à Banff, complètement hors de prix. Je vous conseille donc de prévoir vos hébergements bien à l’avance, même si une chambre double “simple” sera sans doute plus facile à trouver qu’une chambre à deux lits. Bonne surprise à Canmore : ce motel a des lits très confortables dans une chambre toute neuve, une vue imprenable, un jacuzzi et même des lapins dans la pelouse (très nombreux à Canmore) ! Vous pouvez utiliser ce lien pour réserver votre hébergement à Canmore.
Et vous, avez-vous d’autres randonnées faciles à me conseiller dans l’ouest canadien ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés. Voyage réalisé en septembre 2019.
Si vous avez aimé ce billet sur les Rocheuses canadiennes, voici d’autres suggestions de lecture :
- Randonnée facile au lac Emerald (parc de Yoho)
- Randonnées au parc national du Mont-Revelstoke
- Randonnée vertigineuse à Vancouver : le Grouse Grind
Un grand merci pour ce superbe reportage, des photos magnifiques, des lieux qui font envie, vraiment généreux quand one ne peut plus que voyager par le rêve et les images.
Toutes mes amitiés d’un coin de France, en Eure et Loir à 60 km e Versailles.
Les lacs sont tous plus beaux les uns que les autres ! C’est triste pour le glacier mais ça permet aussi de se rendre compte. 🙂