Le Canadian Dream a remplacé l’American Dream auprès de nombreux Européens et si vous rêvez de venir vivre au Canada, sachez que vous n’êtes pas seuls. Le succès fou du PVT Canada en est un témoin : chaque année, 7 000 Français chanceux viennent vivre et travailler au Canada et pour 7 000 reçus, bien d’autres aimeraient venir outre-Atlantique. Pour autant, le PVT est un visa temporaire, qui ne répond pas forcément à tous les besoins, ne serait-ce parce qu’il s’adresse aux moins de 35 ans et a une durée limitée. Comment faire quand on a plus de 35 ans, ou qu’on souhaite s’installer au Canada à long terme ? La solution, c’est d’obtenir la résidence permanente, sésame qui fera de vous d’authentiques immigrants. J’ai demandé à d’autres blogueuses qui ont immigré au Canada de témoigner ici pour vous donner un aperçu des différents moyens de décocher sa résidence permanente.
Alors oui, en ce moment, c’est un peu plus compliqué d’immigrer au Canada, ne serait-ce parce que Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) ne peut plus tenir les délais normaux et que les personnes titulaires d’une confirmation de résidence permanente ne peuvent pas se rendre au Canada pour la valider. Mais l’espoir reste permis puisque CIC accepte toujours les dossiers d’immigration. Je serais tentée de dire que c’est une épreuve de patience de plus… mais c’est un bon entraînement puisque s’il ne fait retenir qu’une qualité du bon candidat à l’immigration, c’est une patience à toute épreuve.
Une note importante avant de commencer : il existe des « agences d’immigration » privées qui vous font miroiter monts et merveilles, vous promettent la résidence permanente, voire un emploi. Ce sont SANS EXCEPTION des arnaques. Ces voleurs ne feront qu’une chose, c’est vous délester de centaines, voire de milliers d’euros en profitant de votre envie dévorante d’immigrer. Ne tombez pas dans le piège. La seule voie pour immigrer doit être de passer par les formulaires du site officiel de ministère Citoyenneté et immigration Canada.
Les portraits m’ont été envoyés par les contributrices ; les autres photos sont de moi sauf mention contraire.
Montréal, le point de chute de nombreux immigrants
La résidence permanente au Canada
Avant toute chose, voici quelques précisions sur la résidence permanente. Il s’agit d’un permis de séjour et de travail valable 5 ans et renouvelable indéfiniment, qui donne aux immigrants les mêmes droits que les Canadiens, hormis :
- le droit de vote
- le droit d’occuper certains postes à risque pour le gouvernement ou l’armée.
La résidence permanente est octroyée par le gouvernement fédéral via le ministère Citoyenneté et Immigration Canada et soumise à certaines conditions, notamment une obligation de présence sur le territoire : à tout moment, vous devez avoir passé 730 jours sur le sol canadien durant les 5 années précédentes. Il y a certaines exceptions, notamment si votre employeur canadien vous envoie à l’étranger.
La résidence permanente est matérialisée par la carte de résident permanent. Ne pas avoir de carte ne révoque pas le statut mais vous en avez besoin pour revenir au Canada si jamais vous quittez le territoire. Au bout de 5 ans, il faut renouveler cette carte de façon assez simple, en prouvant que vous avez bien passé les 730 jours fatidiques à l’aide de votre passeport, et moyennant des frais modiques (50 $ en 2021).
Dans 80 % des cas, les résidents permanents deviennent des citoyens canadiens (c’est mon cas depuis 2020 !) car il est possible de demander la citoyenneté canadienne au bout de 1081 jours passés sur le sol canadien en tant que résident permanent. En théorie, il est possible de de devenir citoyen canadien avant même d’avoir à renouveler sa carte de résident permanent, mais tout dépend des délais de traitement de votre demande. J’y reviendrai dans une autre chronique.
Pour devenir résident permanent, plusieurs parcours sont possibles :
- l’Entrée express
- le permis de travail fermé qui mène à une résidence permanente
- le parrainage par une province (ce que j’ai fait)
- demander une résidence permanente en tant qu’entrepreneur
- et sûrement d’autres parcours dont je n’ai pas connaissance. N’hésitez pas à les signaler pour que je les ajoute !
Vancouver, une option agréable mais coûteuse pour immigrer au Canada
Le budget pour obtenir la résidence permanente au Canada
Vous vous en doutez, cette démarche est loin d’être gratuite. Entre les frais de dossier et l’épargne minimale pour avoir un dossier recevable, obtenir la résidence permanente au Canada est un sport de privilégiés, ne nous voilons pas la face. Comptez :
- 1325 $ de frais de dossier fédéral par adulte
- 225 $ par enfant mineur
- des frais pour obtenir des données biométriques
- des frais de visite médicale (parfois assortis de frais de transports et hébergement puisque bien évidemment, toutes les villes n’offrent pas de médecins agréés par le Canada. En 2014, bien qu’habitant à Lyon, nous avions dû aller à Nîmes pour la visite médicale).
En termes de fonds, s’il ne faut pas justifier d’un salaire minimum, le dossier demande malgré tout de posséder un certain montant d’épargne disponible. L’argent ne doit pas être coincé sur un fonds inaccessible, et encore moins en capital immobilier. Ces fonds sont réellement nécessaires pour s’installer, car même en partant à deux, sans enfant, sans animaux, sans meubles… à l’arrivée, la note est salée. En plus de l’achat quasi-obligatoire d’une voiture, sauf à habiter dans une grande ville, faute d’antécédents et d’historique de crédit, tout le monde va vous demander des dépôts de garantie : logement bien sûr, mais aussi pour ouvrir un compte chez le fournisseur d’énergie, d’eau, de téléphone… Soyez-y préparés. En 2021, les exigences sont les suivantes :
- 13 000 $ si vous immigrez seule
- 16 000 $ à deux
- 19 000 $ à trois, et ainsi de suite pour chaque membre de la famille supplémentaire.
Immigrer au Canada anglophone : Toronto
Voici quelques témoignages pour vous donner un aperçu des démarches possibles :
Demander la résidence permanente depuis le Canada
Un PVT et le CSQ au Québec pour Caroline
- Peux-tu te présenter brièvement ?
- Quel parcours as-tu suivi pour obtenir la résidence permanente au Canada ?
- 2013-2014 : Permis vacances-travail (PVT) : 12 mois
- 2014-2016 : Jeune professionnel : 18 mois
- Été 2015 : envoi du dossier de Résidence permanente (le processus aura pris 20 mois au total)
- 2016-2017 : Permis de travail fermé obtenu via le Certificat de sélection du Québec (CSQ)
- 2017 : obtention de la résidence permanente
- Juin 2019 : demande de citoyenneté
- Septembre 2019 : accusé de réception
- Fin novembre 2019 : Test et entrevue de citoyenneté
- Février 2020 : en attente de la cérémonie
- Quels conseils donnes-tu aux personnes qui souhaitent immigrer au Canada ?
Demander la résidence permanente depuis l’étranger
Le parrainage par le conjoint pour Ferdy
- Peux-tu te présenter brièvement ?
- Quel parcours as-tu suivi pour obtenir la résidence permanente au Canada ?
- Quels conseils donnes-tu aux personnes qui souhaitent immigrer au Canada ?
Le programme Entrée Express pour Agnès et Geoffroy
- Peux-tu te présenter brièvement ?
Dans la famille K, il y a Geoffroy (39 ans), Agnès (38 ans) et Antoine (presque 7 ans). Nous sommes originaires de la région de Mons, en Belgique. Amoureux de nature et de plein-air, nous sommes installés à Moncton (Nouveau-Brunswick) depuis l’été 2019.
Avant cela, j’exerçais comme avocat. Pour moi, ce changement de pays signifiait automatiquement une réorientation professionnelle. Si je voulais continuer à exercer comme avocat, je n’avais d’autre choix que de repasser par les bancs de l’université et de refaire un stage. Or, après 13 ans d’activité en Belgique, je n’imaginais pas repasser par toutes ces étapes. Comme j’avais également un diplôme de criminologie en poche ainsi que de l’expérience comme formateur en droit et dans le domaine de la vulgarisation, j’ai axé mes recherches d’emploi dans ce secteur. Et j’ai été chanceux puisque je travaille aujourd’hui au sein d’un organisme communautaire francophone comme responsable de la formation et de la réécriture en langage clair.
De son côté, Agnès était traductrice en Belgique. Après quelques hésitations, elle a finalement décidé de se réorienter, souhaitant avoir davantage de contacts sociaux. Elle a été engagée comme réceptionniste dans un spa et, après un peu plus de 5 mois, elle se retrouve aujourd’hui Directrice de l’expérience de la clientèle du spa.
Finalement, nous avons été tous les deux chanceux puisque notre premier entretien pour un emploi canadien aura été concluant, sans avoir à passer par des postes dits « alimentaires ».
- Quel parcours as-tu suivi pour obtenir la résidence permanente au Canada ?
Quand nous avons commencé à envisager d’immigrer, notre choix naturel s’est porté sur le Québec. J’avais un bon souvenir d’un échange universitaire de 5 mois passés à l’Université de Montréal et Agnès y a de la famille. Nous nous sommes donc renseignés sur les procédures d’immigration vers le Québec mais avons été assez vite découragés. C’était l’époque du programme « Mon projet Québec », rien ne semblait fonctionner et les délais semblaient interminables. Or, nous avions envie de traverser l’océan avant que notre fils ne soit trop grand et que ses attaches soient trop grandes avec la Belgique.
Nous nous sommes alors renseignés sur les autres provinces, en nous rendant au salon Destination Canada à Bruxelles en novembre 2017. Nous avons été convaincus par ce que le Nouveau-Brunswick avait à nous offrir, en termes de qualité de vie, d’opportunités d’emploi et de vie en français notamment.
C’est certain qu’en termes de qualité de vie, le Nouveau-Brunswick est une option sérieuse !
Nous avons commencé par remplir un dossier dans le cadre du programme Initiative Stratégique de la province. Nous avons passé les tests de langue et fait l’équivalence de nos diplômes. Ce programme impliquant une visite exploratoire, nous avons planifié un séjour d’un mois durant l’été 2018 pour faire le tour de la province. Ce n’est toutefois que quelques jours avant le départ que nous avons eu un retour de ce programme, nous invitant à passer directement par Entrée Express, où la visite exploratoire n’est pas obligatoire. Nous avons malgré tout maintenu notre voyage, l’objectif étant de faire connaissance avec le Nouveau-Brunswick et de voir dans quelle région nous souhaitions nous établir. Cela nous a également permis de nouer certains contacts, que ce soit avec des personnes déjà installées ou avec certains organismes du domaine de l’immigration. Nous avons aussi pu avoir un contact avec un agent d’immigration, qui nous a confirmé qu’il était préférable, dans notre situation, de passer par Entrée Express, puisque nous avions les points nécessaires pour être extraits de bassin.
Nous avons donc complété notre profil Entrée Express dès notre retour en Belgique. Nous avons été extraits du bassin début septembre et au mois de janvier 2019, nous recevions finalement le fameux « Golden mail ». Cela a donc été très rapide puisque 4 mois se sont écoulés entre le moment où nous avons créé notre profil et celui où nous avons eu le feu vert de l’immigration. Cela nous a laissé le temps nécessaire pour préparer notre départ puisque nous souhaitions qu’Antoine puisse terminer son année scolaire. Nous avons finalement validé notre résidence permanente le 20 juillet 2019.
Résidence permanente Canada : pourquoi pas le Nouveau-Brunswick ?
- Quels conseils donnes-tu aux personnes qui souhaitent immigrer au Canada ?
L’essentiel est de bien préparer son projet d’immigration. De savoir ce que l’on cherche en quittant son pays et ce que l’on peut trouver là où l’on compte s’installer. Le Canada est immense et chaque région à ses particularités. Et même au sein d’une seule province, les régions sont différentes. En ce qui nous concerne, faire le tour du Nouveau-Brunswick nous a permis de savoir exactement dans quelle région nous souhaitions nous installer. Vivre à Moncton, à Edmundston ou à Caraquet, ce n’est pas la même chose ! Il est donc important de bien cibler ses besoins et ses attentes. Pour cela, il y a de nombreux sites Internet qui regorgent d’informations, des forums, des salons comme Destination Canada. Mais si vous pouvez vous le permettre, rien ne vaut un voyage sur place pour se rendre compte de la réalité et de nouer les premiers contacts.
Un autre point à ne pas négliger est l’aspect financier. Le montant minimum prévu par les autorités canadiennes nous parait vraiment minime par rapport aux besoins des nouveaux arrivants. Les premières semaines, les dépenses sont nombreuses, que ce soit pour se meubler, pour prendre ses marques à l’épicerie, pour s’équiper pour l’hiver mais aussi en raison des nombreux dépôts qui sont demandés aux nouveaux arrivants (que ce soit pour la garderie scolaire, l’ouverture d’une ligne téléphonique, l’électricité,…). Il ne faut pas non plus oublier les dépenses qui se font avant le départ (coûts liés à la procédure d’immigration et à l’équivalence des diplômes, les examens de langues, les examens médicaux, les frais liés au déménagement, les billets d’avion,…).
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Le programme Entrée Express et Mobilité francophone pour Julie
- Peux-tu te présenter brièvement ?
Je m’appelle Julie, je suis Belge, j’ai 35 ans. Journaliste de formation, je me suis assez rapidement orientée vers le féminisme et les mouvements sociaux et j’ai travaillé pendant plus de huit ans en Belgique dans ces domaines. Avec Séraphin, mon compagnon, nous avons décidé de quitter notre Belgique natale et de nous envoler pour le Canada en 2017.
- Quel parcours as-tu suivi pour obtenir la résidence permanente au Canada ?
Nous voulions quitter l’Europe, explorer de nouveaux horizons et améliorer notre anglais. Le Canada s’est vite imposé comme une destination de choix : les démarches pour y immigrer sont en effet grandement simplifiées par le fait qu’elles peuvent se faire en français. Pour nous, c’était un point de départ idéal, un atterrissage en douceur loin de chez nous. En 2017, nous commençons donc les démarches pour obtenir nos résidences permanentes, depuis la Belgique. Je suis en effet trop vieille pour un PVT, et j’ai suffisamment de points pour demander la RP directement, via Entrée Express et le Programme des travailleurs qualifiés (hors Québec). Après quelques mois de paperasseries en tous genres, notre demande est envoyée, nous achetons donc nos billets d’avion.
Le 9 septembre 2018, après de longs mois de préparatifs, nous posons le pied pour la première fois sur le sol canadien. Le défi est de taille : nous n’avons ni appartement, ni boulot, ni même de plan bien précis. Mais nous sommes déterminés à transformer ce projet un peu fou en une expérience enrichissante.
N’ayant pas de permis de travail en arrivant au Canada (ma demande de résidence permanente étant en cours), c’est en tant que touriste que je commence à chercher mon premier boulot. Ce qui n’est probablement pas la meilleure façon de faire ! Mais malgré cet “handicap”, il me faut moins d’un mois pour trouver un job plus ou moins dans ma branche, intéressant et… en français ! L’entreprise accepte de faire les démarches pour un permis de travail via la mobilité francophone, c’est donc sous ce statut que je commence à travailler, en attendant la RP (qui arrivera en février 2019, soit six mois après avoir déposé ma demande). Revers de la médaille : je travaille à un niveau bien en-dessous de celui que j’avais en Belgique, et mon salaire dégringole de près de 30%, alors que le coût de la vie est bien plus élevé.
Mon compagnon, quant à lui, peine à trouver un travail à Vancouver et continue à travailler à distance pour la Belgique. Pourtant, il travaille dans l’IT, LE secteur à la mode à Vancouver. Mais la réalité est loin d’être l’eldorado qu’on nous vendu : si les boulots dans l’Horeca [hôtellerie, restauration, cafés] et le bâtiment sont très demandés, il n’en est pas de même pour les postes qualifiés. Finalement, il lui faudra plus de neuf mois pour trouver un poste à la hauteur de ses qualifications.
Choisirez-vous la Colombie-Britannique pour votre immigration au Canada anglophone ?
Après un an à Vancouver, nous avions donc vraiment besoin de changer d’air. J’ai donc commencé à postuler activement un peu partout, me voyant offrir plusieurs postes, dont un d’agente des communications à Whitehorse, au Yukon. Une petite ville complétement perdue dans le Nord, avec des températures avoisinantes les – 40° en hiver, dans une province où l’on compte dix fois plus de caribous que d’habitants. Nous avons foncé, bien entendu !
Bien que nous ayons tous deux adoré notre expérience au Yukon, nous avons choisi de déménager à nouveau, à l’été 2020. Pourquoi ? Parce que l’immobilier est bien trop cher sur la côte Ouest, et que nous avions envie de plus de confort, tout d’abord. Ensuite, parce que nous voulions explorer l’Est du canada. Enfin, parce que nous avions besoin de nouveaux défis professionnels. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au Nouveau-Brunswick, à Moncton, en septembre 2020.
- Quels conseils donnes-tu aux personnes qui souhaitent immigrer au Canada ?
Allez-y, foncez. Ce ne sera jamais comme vous l’aviez imaginé. Ce sera probablement difficile. Mais c’est ça qui rendra l’expérience unique et belle. Ne partez pas avec trop d’attentes, il vous faudra accepter des boulots sous-qualifiés, votre expertise ne sera pas reconnue, mais vous serez en vacances chaque week-end dans des paysages somptueux. Ne pensez pas qu’au Québec, envisagez tout le Canada ! Prévoyez suffisamment de budget pour ne pas être en permanence dans le stress et ne pas pouvoir profiter des attraits de votre ville. Renseignez-vous auprès des organismes francophones de chaque territoire et province. Ils sont là pour vous aider dans votre installation. Posez des questions. Soyez curieux. Soyez ouvert. Ah oui, et lisez mon blog !
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Le programme des candidats des provinces pour Audrey (c’est moi !)
- Peux-tu te présenter brièvement ?
Même si j’ai parlé de mon émigration en long, en large, en travers, en diagonale, dans la quatrième dimension… sur mon blog Les Néo-Brunswickois de 2013 à 2017 [attention si vous vous y aventurez… il y a de vieux écrits qui piquent les yeux sur le fond et la forme, ne m’en tenez pas rigueur], je ne crois pas en avoir déjà parlé ici. Voici un résumé de mon parcours :
Bonjour, je m’appelle Audrey, c’est moi la tenancière d’Arpenter le chemin, et je vis à Moncton depuis 2014 😀 Après avoir grandi en Haute-Savoie, je mets les voiles vers Lyon pour mes études, où je passerai plus de 12 ans, moins un séjour d’un an en Nouvelle-Zélande et de six mois à Paris. Je vis avec Etienne depuis 2005. En décembre 2012, Etienne et moi nous marions et littéralement deux jours plus tard, nous décidons d’aller vivre à l’étranger. Le PVT Canada nous fait de l’œil, mais à cette époque, il s’obtenait toujours au premier arrivé, premier servi. Lors de l’ouverture des inscriptions fin décembre 2012, les 7000 places s’envolent en quatre minutes. Pas revanchards pour un sou, nous décidons d’oublier le PVT et de venir nous installer au Canada définitivement ! NA !! (pas un instant l’idée de faire un autre PVT ne nous a traversé l’esprit… J’ai le cœur toujours un peu serré à tous ces PVT manqués)
Ces photos datent de notre voyage exploratoire au Nouveau-Brunswick en 2013.
- Quel parcours as-tu suivi pour obtenir la résidence permanente au Canada ?
Le lendemain, littéralement, un encart dans le 20 minutes nous informe que le Nouveau-Brunswick recrute des immigrants francophones et tient une réunion d’information à Lyon. Franchement, si ce n’est pas un signe… Une réunion d’information plus tard, nous sommes sous le charme. La province propose d’immigrer selon le programme des « candidats des provinces » : ce sont les provinces qui sélectionnent les candidats à l’immigration les plus susceptibles de répondre à ses besoins. À l’époque, elle cherchait des jeunes francophones diplômés, ce qui nous correspondait.
Une des conditions pour ce programme : venir faire un « voyage exploratoire » au Nouveau-Brunswick : loin d’un voyage d’agrément, il s’agit de venir constater par nous-même à quoi ressemble la province, de rencontrer des associations d’aide à l’immigration, des employeurs potentiels, de se renseigner sur les perspectives économiques dans notre domaine, le coût de la vie (et sûrement de donner un coup de pouce au tourisme dans la province, si on veut être cynique).
Le voyage se déroule bien, on voit que cela va nous changer un peu la vie par rapport à Lyon mais on est partants. Ça tombe bien, les agents d’immigration semblent partants aussi. Quand on postule en couple, il faut un « demandeur principal » qui porte le dossier et la perspective que je vienne en tant que traductrice indépendante avec déjà une base de clients fait de moi la demandeuse principale.
L’immigration par parrainage de la province (selon le programme dit « Initiative stratégique des candidats des provinces du Nouveau-Brunswick » se passe en deux temps : d’abord un dossier au niveau provincial, puis fédéral. Dans ce système, nous émigrons selon le volet « travailleurs qualifiés ». D’ordinaire, il faut une promesse d’embauche pour que le dossier soit accepté. Avec le parrainage des provinces, la province nous envoyait une « lettre d’invitation » officielle qui remplaçait la promesse d’embauche [note en 2021 : je ne connais pas les exigences du programme CPNB à l’heure actuelle].
Pour le déroulement, nous déposons notre dossier provincial et fédéral à l’agent d’immigration lors du voyage exploratoire. Une fois la « lettre d’invitation » du NB reçue en retour, le dossier est transmis au gouvernement fédéral et il nous faut passer une visite médicale. Si tout est nickel, le fédéral nous envoie une lettre d’invitation (« la Brune ») à venir valider notre statut de résident permanent au Canada. C’est comme ça que nous recevons la Brune en mai 2014, près d’un an après le dépôt de notre dossier. Le 18 octobre 2014, nous devenons résidents permanents et nous nous installons à Moncton.
Et on ne regrette pas d’avoir obtenu la résidence permanente Canada !
Mon parcours d’immigration :
- juin 2013 : voyage exploratoire, dépôt de la candidature provinciale et fédérale
- 23 janvier 2014 : certificat de nomination de la province
- 14 avril 2014 : nous passons notre visite médicale
- 9 mai 2014 : notre dossier en ligne nous annonce que nos résultats ont été reçus
- 12 mai 2014 : notre dossier en ligne nous annonce qu’une décision a été prise, on nous prévient que la Brune nous parviendra d’ici une quinzaine de jours.
- 12 mai 2014 : nous recevons la Brune dans notre boîte à lettres. L’intensité du moment… inoubliable.
- 18 octobre 2014 : nous devenons résidents permanents
- 21 janvier 2020 : nous devenons Franco-Canadiens
Quels conseils donnes-tu aux personnes qui souhaitent immigrer au Canada ?
S’armer de patience. Même quand les délais pour partir semblent relativement courts sur le papier, même s’ils peuvent se compter en mois dans le cadre de l’entrée Express, voire en semaines dans le cadre du PVT… le temps se dilate quand on attend ardemment quelque chose, et la vie qu’on mène alors peut perdre de sa saveur. Suspendus dans les limbes de l’attente, il est facile de tout délaisser dans la seule perspective du départ, mais c’est une erreur qui fait peser trop de choses sur l’arrivée. Accessoirement, profitez de l’attente pour bien vous avancer car tout s’accélère dans les dernières semaines. Perso, le stress m’a fait perdre cinq kilos le mois précédant le départ, c’était une période épouvantable.
Parlons-en, de l’arrivée. Tout tendus vers le départ, il est facile d’oublier l’arrivée. Un paradoxe ? Pas vraiment. C’est aussi un effet de cette longue attente, on ne pense plus qu’à la délivrance, au moment où on montera dans l’avion… Mais après ? Pensez à l’arrivée, aux formalités, au fait qu’il faudra trouver un numéro d’assurance sociale une banque une assurance habitation un appartement des meubles de la vaisselle des vêtements des chaussures une assurance auto une voiture un emploi une mutuelle une garderie pour vos enfants des loisirs des amis… Je me revois dans l’avion entre Lyon à Montréal, dans un vertige atroce, entre deux eaux, à me dire : « Qu’avons-nous fait ? Et maintenant ? Que va-t-on faire ? ». Le départ est intense, l’arrivée aussi, malgré l’euphorie. Et je ne parle que des formalités. Pour trouver un travail, renseignez-vous bien en amont, on ne trouve pas vraiment un travail de la même façon qu’en France. Ce n’est pas parce que votre cousin a trouvé un boulot en deux semaines dans la branche que vous visez que vous y arriverez aussi, malheureusement. Cela demanderait presque un billet entier, d’ailleurs. Un jour, peut-être.
Une fois arrivées et installées, je vous conseillerais de vous défaire le plus vite possible de votre étiquette auto-imposée d’immigrant. Bien sûr qu’avec votre accent, il n’y aura pas d’ambiguïté. Mais je veux dire que dans vos relations sociales, pour vous intégrer plus vite, inutile de tout ramener au fait que vous venez d’ailleurs. Inutile que toutes vos conversations mentionnent le fait qu’en France ci, qu’en Belgique ça, que vous n’avez pas l’habitude de ci, de ça [j’ajoute que ça vaut à peu près partout, au Canada ou non… si votre seule contribution à la conversation est de tout ramener à ce que vous avez vécu en Colombie ou à Bali, au fait que vous êtes TELLEMENT INTÉRESSANT parce que vous êtes allés AILLEURS, posez-vous des questions sur ce que vous attendez d’un échange avec d’autres humains] [affliction malheureusement trop répandue chez les voyageurs, c’était un de mes rares coups de gueule]. Observez et écoutez. Ne coupez pas la parole. Vraiment. Apprenez à parler moins vite, à écouter davantage. Je précise que je suis toujours en train d’apprendre à me comporter en société ; peut-être serez-vous plus rapide que moi mais connaître les codes des interactions sociales me semble essentiel, faute de quoi vous serez toujours le Français ou le Suisse aux gros sabots.
Opérer une mue, se couler du mieux qu’on peut dans le moule canadien, sans se renier évidemment, permet aussi de se poser la question : avons-nous envie d’embrasser la mentalité canadienne pour éventuellement devenir des citoyens canadiens, ou souhaitons-nous rester 100 % Français/Belge/etc. ?
Immigrer au Canada anglophone : la Nouvelle-Écosse, une possibilité à ne pas négliger.
Infos pratiques pour devenir résidents permanents, en bref
- Commencez par consulter le site web de Citoyenneté et Immigration Canada pour voir si un programme peut vous convenir
- Ne négligez les possibilités offertes par les programmes des candidats des provinces
- Renseignez-vous en ligne sur des forums comme immigrer.com, certes souvent axés sur le Québec, mais qui comportent aussi des infos sur les autres provinces
- Les groupes Facebook sont aussi un bon endroit pour glaner des infos, comme le groupe « Les Français au Canada »
- Une fois qu’un programme semble vous convenir, vérifiez que vous répondez aux critères et contactez CIC pour leur demander plus d’infos sur la marche à suivre. Les agents d’immigration sont là pour vous aider et en cas de doute, leur avis vaut bien plus que celui de Jean-Mi sur Facebook.
Si ce billet vous a plu, je vous invite à lire mon billet sur la vie à Moncton, Nouveau-Brunswick. Qui sait, peut-être vous donnera-t-il envie de vous installer chez nous ?
C’est tout pour ce topo qui, je l’espère, vous aura donné des pistes pour immigrer. Certaines formalités ont sans doute changé depuis notre parcours d’immigration mais cela vous donne un point de départ. Si vous avez suivi un autre parcours pour obtenir votre résidence permanente (via un permis de travail fermé, après des études, en tant qu’entrepreneur, en passant par un autre programme…) et qu’il vous plairait de témoigner, faites-moi signe dans les commentaires !
Je ne m’imaginais pas les frais de dossiers si élevés, c’est une petite sommes à réunir avant de se lancer dans l’aventure ! Merci pour tous ces témoignages en tout cas ! 😀
Je n’envisage pas d’immigrer, au Canada ou ailleurs, mais j’ai malgré tout lu avec intérêt le billet en entier! Très intéressant de lire les différents parcours et de voir les frais à engager!
Chère Audrey,
Tout cela m’a rappelé les longs mois de préparation, l’ascenseur émotionnel et les kilos de paperasseries que nous avons dû fournir pour obtenir la résidence au Nicaragua voilà quelques années… J’ai l’impression que ce n’est jamais simple nulle part !