En 2019, j’ai eu le bonheur de redécouvrir Lille, capitale du nord de la France, Lille aux mille façades dont la réputation de convivialité a fini par surpasser son climat peu amène. Quand je vais à Lille, je n’ai plus vraiment l’impression d’être en France : ces façades colorées, cet accueil franc, ces ruelles inattendues me transportent, moi la petite montagnarde-exilée-au-Canada, dans un interstice entre France et Belgique, à mi-chemin sur les frontières du nord du pays. C’est que la Belgique n’est pas loin, et la métropole lilloise ne cesse de l’effleurer… Ici, je reviens sur le centre-ville de Lille, que j’ai eu la chance de visiter sous le soleil d’avril, et je vous propose une balade urbaine à Lille pour découvrir plusieurs sites qui m’ont parus dépaysants, presque exotiques à leur façon. « Exotique« , c’était le mot d’ordre du mois du côté du collectif interblogueurs #EnFranceAussi organisé par Le coin des voyageurs, mot d’ordre choisi par Caro d’Évasions nantaises. OUI, tout ce qui est au nord de Lyon est exotique pour moi !! Je vous emmène découvrir Lille à travers mes yeux ébahis.
La Grand’Place
La place du Général de Gaulle est universellement connue sous le nom de Grand’Place. C’est souvent le premier arrêt d’une visite à Lille et c’est amplement mérité. Vous l’avez probablement déjà vue en photo, cette immense place qui semble sortie tout droit des Pays-Bas, entièrement minérale avec ses façades néo-flamandes et sa colonne de la Déesse – allégorie de la ville même, entourée de trois Grâces qui symbolisent les provinces de l’Artois, la Flandre et le Hainaut. Malgré la présence fâcheuse d’une rue qui la traverse, elle est en grande majorité piétonne et les terrasses y sont fort agréables (et fréquentées) dès que le soleil montre le bout de son nez. Ce qui arrive plus souvent que ne le veulent les esprits chagrins : mi-avril 2019, il faisait largement assez beau pour s’installer en terrasse, croyez-le ou non !
De tous les côtés, l’architecture est ravissante. Style flamand comme la Vieille bourse, néoclassique comme l’hôtel d’Avelin, néo-flamand comme l’immeuble de la Voix du Nord… Les styles et les époques se côtoient et si en plus, on se met à étudier les frontons, linteaux et bas-reliefs, on peut facilement y passer la journée ! J’ai adoré étudier ces belles décorations, sans malheureusement m’y connaître assez en architecture pour déchiffrer la symbolique de ces sculptures. Vous aussi, par beau temps, attablez-vous à une terrasse et prenez un moment pour lever le nez et observer ces façades grandioses et repeintes de frais.
Les belles façades de Lille
Grandiose, ce n’est pas un vain, et entre les briques de teinte différentes, les façades aux tons crème, les frontons décorés, on se sent comme dans la palette d’un peintre fou d’architecture. La rumeur veut que la Grand’Place soit classée au patrimoine mondial de l’Unesco, mais aussi incompréhensible que cela puisse l’être, ce n’est pas le cas. Seul le beffroi de l’hôtel de ville, aux côtés de 22 autres dans le nord de la France et en Belgique, est classé. Est-ce qu’on ne lancerait pas une pétition pour que ce petit bijou soit considéré comme partie intégrante du patrimoine de l’humanité ?!
Où manger sur la Grand’Place
Avec Charlotte du blog Traces de voyages, on a complètement craqué pour les frites de la Friterie Meunier. Une option abordable et ô combien typique, qui joue sur la carte rétro avec les serveur.se.s en béret ! Choisissez entre trois tailles de cornets de frites selon votre appétit (j’ai pris la moyenne, à 3,90 € : imbattable !). Moi qui ne mange plus que frites en poutine, j’ai été agréablement dépaysée par la simplicité de ces frites tout simplement salées, juste comme il faut. Vous trouverez cette friterie est au 56 place Charles de Gaulle.
Friterie pittoresque à Lille
La vieille bourse
Juste à un coin de la Grand’Place, un bâtiment attire peut-être plus l’œil que les autres, ne serait-ce parce qu’il y a du mouvement : des gens entrent et sortent d’une façade dorée particulièrement décorée. Allez-y, entrez, ne soyez pas timides : c’est la Vieille Bourse, désormais transformée en marché aux bouquinistes pour notre plus grand plaisir. N’hésitez pas et rentrez-y pour fouiller dans les bacs des bouquinistes, tomber sur un vieux Spirou, un vieux 33 tours ou simplement regarder jouer des joueurs d’échecs ou admirer la façade néo-flamande repeinte de frais.
La façade de ce bâtiment de 1652 cache un secret comme je les adore, impossible à deviner : si de l’extérieur, on dirait une structure unique, il s’agit en fait de 24 demeures identiques accolées ! Vingt-quatre logements pour 24 riches marchands, véritable monument au commerce florissant du XVIIe siècle comme en témoigne la façade richement décorée. Les affaires devaient y aller bon train… En haut du campanile, la statue de Mercure, dieu du commerce, veille au grain.
Elle restera en activité jusqu’en 1921, date qui coïncide avec l’inauguration de la « nouvelle bourse » et avec son classement sur la liste des monuments historiques. Depuis, c’est un lieu où flâner sous les arcades, admirer des détails architecturaux d’une finesse inouïe et surtout, un incontournable sur la Grand’Place !
Oh et si vous ne trouvez pas votre bonheur chez les bouquinistes, vous pouvez toujours aller à la librairie le Furet du Nord, sur la Grand’Place : c’est la plus grande librairie de Lille.
La chambre de commerce et son beffroi
Traversez la vieille Bourse et sortez du côté opposé à la Grand’Place, impossible de les manquer : l’opéra de Lille et la Chambre de commerce toisent la Place du théâtre. Encore une de ces places dont Lille a le secret, somptueuse et exubérante.
La chambre de commerce, c’est la « nouvelle bourse » qui mit fin à l’activité de l’ancienne bourse en 1921. Son beffroi n’est pas classé au patrimoine mondial, mais n’en reste pas moins splendide. On dirait qu’il le sait, il s’invite sur toutes mes photos ! Avec ses 76 mètres de haut, difficile de le rater… Ici aussi, il est emblématique du style néo-flamand, presque un symbole de la ville de Lille et de ses attaches avec ses voisins du Nord.
La place du Théâtre à Lille : Vieille Bourse, Chambre de commerce et Opéra, que du beau monde
Une curiosité de la Place du Théâtre et des rues adjacentes, notamment la sublime Rue de la Bourse, m’a complètement échappée, mais je me dois de vous en faire profiter. En faisant des recherches pour ce billet, j’ai découvert l’existence de boulets de canon fichés dans les façades. Vestiges de combats d’antan ? Non, des boulets commémoratifs en l’honneur de la résistance de Lille face au siège mené par les autrichiens en 1792. Si vous avez l’oeil, peut-être verrez-vous ces boulets sur certaines façades… Pour plus d’infos, je vous renvoie à Nord-Découverte blog très détaillé, une vraie mine d’or sur l’histoire de Lille.
Pour me faire pardonner d’avoir raté ça, voici le beffroi de la chambre de commerce sous toutes les coutures.
Le vieux Lille
Poursuivez sur la gauche de l’hôtel de ville, au fil de la rue de la Bourse, vous finirez invariablement par tomber dans le vieux Lille. Pour le plaisir des yeux, je vous conseille la rue de la Grande Chaussée et la rue des Chats Bossus, qui débouchent sur la place Louise de Bettignies et la rue de la Monnaie, l’une des plus jolies et animées de la vieille ville. Je me dois de revenir sur la rue des Chats Bossus pour vous expliquer l’origine de ce nom incongru : il s’agit tout simplement d’une enseigne qui a donné son nom à la rue. On ne peut que supposer des talents d’artiste de la personne qui a peint les chats de l’enseigne ! Sur cette rue, ne manquez pas la façade Art Déco de l’Huitrière.
Et tant qu’on y est, je n’allais pas non plus rester silencieuse à propos de Louise de Bettignies, pour une fois qu’une femme a l’honneur d’un toponyme : cette Française morte en 1918 fut une agente secrète polyglotte et espionne pour le compte de l’armée britannique pendant la première guerre mondiale. Son réseau, le réseau Alice (de son pseudonyme d’espionne, Alice Dubois), mobilisa plus d’une centaine de personnes et signala la préparation de l’assaut de Verdun, auquel le commandement français ne crut malheureusement pas.
Revenons à la place qui porte son nom. Vous vous croyez toujours en France, vous ? Moi je vois la Belgique, les Pays-Bas, la culture flamande sur ces façades. Plusieurs bâtiments sont évidemment classés monuments historiques et malgré la présence de boutiques modernes au rez-de-chaussée, je me sens transportée ailleurs en les regardant. Lors de mon passage en avril 2019, la place étant en pleine réfection, et j’ose espérer que l’atroce parking qui entachait la beauté de la place sera transformé en un plus bel écrin.
Place Louise de Bettignies à Lille
Nous voici à l’entrée de la rue de la Monnaie, l’une des plus vieilles de la vieille ville. Ce n’est pas peu dire ! Nombreuses des habitations que vous voyez ici datent du XVIIe siècle, reconstruites sur la vieille fortifiée du XIe siècle. L’Hospice Comtesse, avec sa façade orangée, est un lieu très agréable où prendre le soleil sur un banc ou la pelouse. J’étais tombée dessus par le plus grand des hasards lors de la fin de mon tour d’Europe et déjà à l’époque, j’avais beaucoup apprécié ce petit îlot de verdure dans Lille la minérale. Ancien hôpital fondé par Jeanne de Flandre en 1237, il abrite aujourd’hui la médiathèque du vieux Lille, le musée de l’Hospice Comtesse évidemment, mais aussi le bar Le Petit Barbue d’Anvers et sa terrasse.
L’Hospice Comtesse à Lille
Ambiance de la rue de la Monnaie, emblème du Vieux Lille
Lèche-vitrines ou balade architecturale, je vous laisse donner le ton à votre déambulation dans la rue de la Monnaie… Mais restez vigilants, deux monuments de Lille se profilent. Le premier, c’est la boutique Aux Merveilleux de Fred : une boutique élégante pour les becs sucrés, qui vend des « merveilleux« , gourmandises belges faites de meringues soudées par de la chantilly, recouvertes de chantilly, saupoudrées de copeaux de chocolat… je continue ou vous en salivez déjà ? Une gourmandise belge ? Oui, mais revisitée au goût du chef pâtissier Frédéric Vaucamps, c’est désormais un gâteau typique du nord de la France au même titre que la gaufre fourrée lilloise (que je lui préfère, mais que voulez-vous, je n’aime pas trop la chantilly…)
La boutique des Merveilleux de Fred marque aussi un tournant littéral : tournez sur la minuscule rue de Pétérinck, vous ne le regretterez pas. Vous arriverez à l’un de mes endroits préférés à Lille : la Place aux oignons. Une petite merveille de place (aux p’tits oignons… pardon) cachée entre deux rues passantes, à laquelle on accède par une ruelle aux allures de passage secret… Regardez-moi ces façades en briques, ces enseignes, ces fleurs… À nouveau, pour moi qui viens de Haute-Savoie, c’est comme être dans un autre monde !
La Place aux Oignons à Lille
Si vous aimez les passages secrets, retournez sur la rue de la Monnaie, revenez légèrement sur vos pas et empruntez le Passage de Notre-Dame de la Treille. Il vous mènera à l’arrière de la cathédrale de Lille, que j’ai gardée pour la fin. Bienvenue sur la place Gilleson, qui done l’impression de voir l’envers du décor de la rue de la Monnaie ! On est aussi au cœur originel de la ville, son noyau médiéval. Les façades visibles aujourd’hui datent toutefois du XVIIe siècle qui bordent une jolie promenade. Ne ratez pas la maison étroite de couleur orange et sa figure grimaçante.
Place Gilleson, juste derrière Notre-Dame de la Treille
La cathédrale néo-gothique Notre-Dame-de-la-Treille
Les vieilles villes médiévales sont souvent bâties autour d’une église ancienne. Le cœur du Vieux Lille, lui, est articulé autour de la cathédrale néo-gothique Notre-Dame-de-la-Treille. « Néo-gothique », il fallait forcément que j’aille voir ça de mes propres yeux ! Construite sur l’ancienne motte castrale de Lille, c’est-à-dire son coeur historique, elle a connu une construction étalée sur plus de 150 ans et offre un contraste insolite entre vieux Lille médiéval et architecture moderniste et néo-gothique.
Lors de l’appel à projets en 1854, le cahier des charges est clair : on veut une cathédrale inspirée du gothique de la première moitié du XIIIe siècle [plutôt précis !], dont les proportions répondraient à des idéaux médiévaux. On veut un plan en croix latine, des voussures, des tours surmontées de flèches, des arcs brisés, des gargouilles [je ne suis pas certaine que les gargouilles figuraient au cahier des charges !]. On veut refaire du gothique, mais mythifié, le gothique.
Je vous passe les problèmes et délais, la première guerre mondiale, la deuxième mondiale… On revient sur la hauteur des voûtes, on sacrifie aux plans d’origine et les tours seront même abandonnées en 1971. C’est un lent naufrage et dans les années 1970, on envisage même de la raser. La façade actuelle, oeuvre de Pierre-Louis Carlier, surprend par son dépouillement extérieur, et son caractère translucide de l’intérieur. Dans la nef et le chœur, les voûtes anciennes sont d’une exquise finesse. Au final, on retrouve à l’intérieur comme à l’extérieur une mosaïque de styles révélateurs des 150 ans qu’auront duré la construction de cette cathédrale, le style gothique pour fil rouge.
Cela va sans dire, le parvis est un lieu fort agréable par beau temps avec ses terrasses. De là, je vous invite à rejoindre la Grand’Place pour boucler la boucle, mais faites-moi plaisir : perdez-vous dans les petites rues adjacentes. Je ne vous dirai pas comment rentrer à bon port, vous n’êtes qu’à quelques pâtés de maison. Le plaisir de se perdre très brièvement, d’aller de friperies en façades déco, de boutiques de créateurs en frontons décorés, est un trop grand plaisir pour que je m’arroge le droit de vous en priver. Bonne balade !
Où dormir à Lille
- au Novotel Centre Grand Place, 116 rue de l’hôpital militaire. À 5 minutes de la Grand’Place et de Notre-Dame de la Treille, j’ai beaucoup aimé son emplacement. C’est un hôtel d’affaires avec des chambres propres et fonctionnelles, un accueil excellent et un lit gigantesque ! À partir de 109 € la nuit et 16,50 le gros buffet du petit-déjeuner. J’ai été invitée dans cet hôtel dans le cadre du salon des blogueurs de voyage 2019.
- à l’auberge de jeunesse Gastama, 109 rue de Saint-André, Vieux-Lille. Déco sympa et tarif très abordable dans le Vieux Lille. À partir de 22 € le lit en dortoir.
- Ibis Centre Grand’Place, 21 rue Lepelletier : hôtel très central avec une belle vue sur les bâtiments de la Grand’Place.
Fourre-tout de belles façades croisées à Lille
Si cette escapade vous a plu, voici d’autres idées de villes en France, à découvrir sans voiture l’espace d’une journée ou plus :
- Annecy, perle des Alpes
- Marseille, la surprise du sud
- Avignon et son palais des Papes
- Lyon, capitale des Gaules
- Et n’oublions pas Armentières Comines et Wattrelos, aux portes de Lille !
Et vous, connaissez-vous Lille ? Que pensez-vous de ses façades ? Vous sentez-vous dépaysé.e dans le nord de la France ? Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés. Cette chronique a indirectement été rendue possible par ma participation au salon des blogueurs de voyage WAT19, en arpentant la ville en autonomie entre deux conférences. J’ai été invitée par l’hôtel Novotel Centre Grand Place pendant la durée du salon.
Quelle belle idée ! Bien sûr que l’exotisme peut se trouver partout si on part du sens « inhabituel ». Pour moi qui suis du Sud Ouest, Lille est tout à fait exotique, et vos photos la subliment. Merci, merci, merci. (en plus, je ne connais pas la ville… honte à moi !)
Ah MERCI ! Je me demandais si j’allais être la seule à la trouver dépaysante, cette belle Lille 😀
Superbe, j’y suis allée en décembre dernier, j’ai beaucoup aimé, on a fait pas mal de choses en commun, j’ai été suprise par Notre-Dame de la Treille, j’ai aussi adoré toutes ces jolies façades du vieux Lille. J’ai fait un tour chez Meert, avec ses gaufres délicieuses, j’ai pris un petit déjà exquis à Gastama, pour l’hébergement, c’était du Airbnb tout à fait correct ! 🙂
Meert et ses gaufres, j’ai failli les oublier ! Sans parler de la beauté de la boutique… Je ne savais pas qu’on pouvait simplement prendre le petit déj chez Gastama.
J’aime beaucoup cette ville : la Grand’Place avec son Beffroi, la Vieille Bourse, les façades colorées… J’y ai beaucoup de souvenirs car nous avions l’habitude d’y venir chaque année pour le fameux week-end de la Braderie. Le premier week-end de septembre, la ville devient un gigantesque marché aux puces où l’on trouve des trésors (pour les amateurs de « vieilleries »!). Et puis j’ai toujours trouvé les Chti’s très sympathiques. Merci de m’avoir rappelé cette époque, pourtant pas si lointaine !
Je rêve d’aller voir cette braderie. Il paraît que l’ambiance est géniale !
Merci beaucoup pour cet article et pour toutes ces superbes photos, moi quand je passe mes vacances à Lille je passe toujours sur bailti pour trouver un logement c’est très pratique.
En tout cas j’ai hâte d »y revenir