Que faire en Corée du Sud ? Beaucoup de voyageurs semblent privilégier le nord de la Corée du Sud, avec des excursions à partir de Séoul, des randonnées dans le Seoraksan, parfois une excursion jusqu’à Gyeongju, ancienne capitale du royaume de Silla. Au contraire, certains filent droit au sud et font une boucle par l’île de Jeju, perle volcanique au sud du pays. Peu sont ceux à parler de Busan, ou alors en passant, comme port de départ pour le Japon qu’il est très facile de rallier en ferry. Nous avons fait le choix de passer dix jours à Busan en nomades numériques. Alors, selon nous, faut-il aller à Busan ? Que voir à Busan ?
Busan en bref
Busan, aussi orthographiée Pusan (plus proche de la prononciation coréenne), est la deuxième ville de Corée du Sud. Comme Séoul concentre littéralement la moitié de la population du pays, l’écart de taille est flagrant. Busan n’a d’ailleurs pas une topologie facile d’accès, écartelée en plusieurs quartiers séparés par des montagnes, qui la rendent un peu austère. Où aller ? À Haeundae avec sa plage de sable blond, qui a les faveurs des touristes étrangers ? À Seomyon et ses cliniques, championne du tourisme médical pour les Asiatiques en mal de lifting ? Non loin de la gare et du marché au poisson, pour les quartiers plus populaires et authentiques ? Difficile de choisir tant ces quartiers sont loin les uns des autres… il faut près de 45 minutes pour rallier Haeundae depuis la gare, par exemple. On circule facilement, mais les distances sont grandes.
Busan souffre aussi d’une image un peu fruste par rapport à la belle et éclatante Séoul. Ici, ça sent dans la rue, on voit des déchets, de la pauvreté, la ville semble être une succession de marchés où ça jacasse, ça crie, ça harangue. Je comprends qu’on ait envie de rester à Séoul, plus occidentalisée, plus lisse et abordable, surtout pour un premier voyage. Et depuis Busan, disons-le, on n’a pas trouvé grand chose à se mettre sous la dent en matière d’excursion. Vous me détromperez peut-être, mais hormis Gyeongju, rien ne semblait valoir le déplacement à moins de trois-quatre heures de transports en commun, clairement trop pour nous donner envie de bouger sur une journée.
Je n’ai peut-être pas l’air convaincue par Busan. Si, au contraire !! Mais je pense qu’il ne faut pas du tout l’aborder comme Séoul, en pensant que tout sera facile. Si c’est votre première visite en Corée ou pire, en Asie, commencez par Séoul, le choc sera plus facile à digérer. Mais si vous êtes déjà allé.e.s en Chine ou ailleurs, commencer votre voyage par Busan peut être une bonne idée pour éviter l’inévitable comparaison avec la capitale coréenne. Le dépaysement et l’émerveillement sera là, sans comparaison en défaveur de Busan qui a pourtant beaucoup à offrir.
Ceci étant dit, je pense que certaines activités méritent que vous inscriviez Busan à votre itinéraire en Corée du Sud.
Le quartier culturel de Gamcheon est un incontournable
Que voir à Busan
Le quartier de Gamcheon
Ce quartier est une sorte d’ovni qui change de tout ce qu’on a vu en Corée. Ici, pas vraiment de toit ancestraux ni d’histoire millénaire, mais un quartier investi par des artistes qui se sont efforcés de le transformer en destination touristique à l’aide du street art. Le tout est présenté comme le « Macchu-Piccu-Santorin » coréen (pourquoi se limiter à une comparaison ?!) et faute d’avoir été au Macchu Piccu, je peux confirmer qu’à certains égards, on peut retrouver un petit air de Grèce aux escaliers vertigineux et aux façades blanches.
Je vous conseille de prendre la carte des installations artistiques pour 2 000 won (2€/$) à la descente du bus : en plus de vous aider à vous orienter, elle permet aussi de financer des infrastructures pour les habitants. J’aime l’idée que notre visite contribue directement à améliorer la vie des habitants du quartier.
Le pavé dans la mare : j’ai trouvé les fresques et installations artistiques assez… particulières. Beaucoup de blogueurs semblent avoir apprécié mais même si je salue l’effort… non… tout était atrocement naïf et daté. C’est ça d’avoir la crème de l’art urbain en visite à Moncton, j’imagine ! Et il faudra qu’on m’explique la fascination asiatique pour le Petit Prince, qu’on croise un peu partout (non, je ne l’ai pas pris en photo !).
L’entrée du village culturel de Gamcheon
Si je ne vous conseille pas d’aller à Gamcheon sur un plan artistique, en revanche, la vue est à tomber et l’ambiance qui se dégage de ce quartier unique vaut le détour. Il faut se perdre dans les escaliers, passer dans des ruelles incroyablement étroites où la frontière entre rue et palier est totalement brouillée, suivre des chats entre deux immeubles et prendre un thé sur une terrasse avec une vue sublime. L’architecture nous a fascinés : ça monte, ça descend, ici une entrée de maison ? Non, une ruelle ! Et là des escaliers dans tous les sens… On croirait un quartier créé par un urbaniste fou cherchant à défier les perspectives. On y a passé une matinée très agréable.
La plus belle vue de Gamcheon, du haut d’un petit café…
Le Macchu-Piccu-Santorin de Corée ! Vous en pensez quoi ?
Accéder à Gamcheon : métro ligne 1, arrêt Toseong. Prendre la sortie 6, tourner au carrefour à droite et prendre le bus 2 ou 2-2 devant l’hôpital. Descendre à Gamcheon Culture Village. L’office du tourisme est légèrement derrière vous.
Le marché Gugkje
On accède au marché Gukje par le square BIFF, dédié au cinéma (Busan International Film Festival), avec ses grandes enseignes de cosmétiques qui déversent leur K-pop à tout va et ses échoppes de cuisine de rue, où grignoter des châtaignes grillées, des saucisses sur un bâton ou des beignets fourrés à on ne sait quoi. Jusque là, tout va bien.
BIFF Square et ses vendeurs de rue
Mais dirigez-vous quelques rues plus en profondeur, vers le marché Gukje, pour une plongée dans un Busan populaire, dans la Corée d’en bas, dans un dédale d’échoppes à n’en plus finir. J’ai été agréablement surprise par ce « marché », qui est en fait un immense quartier commerçant dont les boutiques dégueulent leurs marchandises dans la rue, sous des auvents. Pas facile de s’orienter : les auvents cachent le soleil et pas question de trouver de la mousse pour trouver le nord… Tant pis, on se perdra encore et encore, et qui sait où on ressortira.
Dans les faits, on s’oriente malgré tout assez vite si on garde une trajectoire rectiligne, sans chercher à multiplie les détours. Vous cherchez quelque chose ? Vous le trouverez forcément à Gukje, que ce soit des chaussures, des coussins en forme de shiba-inu (chiens asiatiques trop mignons), des fripes, à manger, de la moquette vendue au mètre… Et pour faciliter encore les choses, les commerçants se regroupent en cliques vendant peu ou prou les mêmes affaires, afin de pouvoir comparer facilement les prix.
Vous sentez toute la frénésie du marché dans ce flou artistique ?
J’aimerais vous dire où se trouve le coin des friperies, aux tarifs plus qu’intéressants, mais impossible de le savoir avec précision… En sortant du métro, prenez plutôt en diagonale à droite, et croisez les doigts, ou marchez longtemps. Ouvrez l’œil, il y a aussi un jjimjilbang extraordinairement banal et fabuleux quelque part dans le coin,…
Accéder au marché Gukje : métro Jachalchi, puis suivre BIFF Square.
Le mont Gobangbong, dans le petit massif du Geumjeongsan
Après toute l’agitation du marché Gukje, on voulait retrouver un semblant de calme. Direction le temple Beomeosa (prononcez « pomossa ») et le mont Gobandong. Du haut de ses 801 mètres, ce mont domine la ville, même s’il n’est pas facile à voir depuis en bas, sous les gratte-ciel. Le temple vaut le détour à lui seul : ses premiers bâtiments datent de 678 et si l’ensemble est relativement modeste, son emplacement est somptueux. On comprend bien pourquoi des moines ont choisi de se placer ainsi face aux collines et à la vallée.
Le temple de Beomeosa, loin du tumulte de Busan…
Pour tout dire, j’ai tant aimé cette excursion que je l’ai faite deux fois. Le temple au milieu des montagnes, où l’on croise des moines et moniales… Le sentier de rando dans une forêt calme… La mini-muraille une fois arrivés au col, surprise totale car je savais qu’il y avait des remparts, mais je m’attendais à des ruines… Les randonneurs coréens suréquipés qui rigolaient bien de notre équipement de randonneurs du dimanche en aspirant leurs ramen au bord du chemin… et puis la vue au sommet, qui faisait oublier qu’on était en plein Busan.
Du temple de Beomeosa au sommet du mont Gobangbong
Que son altitude modeste ne vous trompe pas : l’ascension du mont Gobangbong, ce n’est pas de la randonnée du dimanche. Vous avez déjà gravi une montagne faite en escaliers, vous ?! Le sentier est très bien entretenu mais se compose uniquement de marches de roche. Ou de marches en bois. Bref, de marches. On a grimpé un long escalier de 801 mètres de haut ! Mes mollets protestent vivement ! Mais quelle belle vue sur les montagnes qui entourent Busan… Nous qui avions envie d’un bol d’air, on a été servis. Une belle excursion qui valait bien l’heure de métro depuis notre hôtel. On oubliera le fait qu’on a un peu raté le retour – en voulant faire une boucle le long de la crête, on a marché un peu… beaucoup… trop… avant de trouver enfin une station de métro (mais pourquoi sont-elles si éloignées ?!).
Comme une envie de chanter « Sois plus violent que le court du torrent / Sois plus puissant que les ouragans… »
Oui nous on randonne en jeans, parfaitement, c’est ça aussi, le voyage minimaliste
Ça valait le sentier avec 25 000 marches et les courbatures de malade.
Accéder au temple Beomeosa et au mont Gobangbong : métro Beomeosa. Prenez la sortie 5 ou 7, et prenez la petite rue en diagonale par rapport à la grande artère. Remontez cent mètres et attendez à l’arrêt de bus en face de la boulangerie, à côté du supermarché. Prenez ensuite le bus marqué Beomeosa Temple (dans le doute… suivez les randonneurs. Il y aura toujours des gens avec un matos insensé) et descendez à Beomeosa. C’est très bien indiqué. Pour le sentier, montez tout en haut du temple monastique et obliquez sur la gauche. Vous verrez des panneaux. Prenez le sentier direction » porte du nord » (ou du moins, le sentier qui monte le plus. La muraille est à environ 30 minutes de marche, et le sommet, à 1 h/1 h 30.
Haeundae et le parc de Gongbaek
Encore une ambiance différente : Busan-sur-Mer. Incorrigible marcheuse que je suis, je voulais aller voir le parc de Dongbaek, qui promettait une belle vue sur la ville. Le parc est minuscule mais je confirme, la vue est imprenable. Mais le plus intéressant, c’est encore le bâtiment construit pour le sommet de l’APEC (communauté économique de l’Asie-Pacifique), qui semble tout droit sorti d’un James Bond. Imaginez un bâtiment cylindrique à l’architecture moderne, avec des éléments traditionnels, caché dans une forêt d’arbres sempervirens. Le tout avec un petit pavillon à croquer et même un phare.
Le Dr No se cache-t-il dans le pavillon de l’APEC à Busan ?
De ce pavillon, on peut facilement rallier la plage de Haeundae grâce à des passerelles, et enfin, c’est le sable blanc et chaud. Personne ne se baignait en novembre 2018, mais il faisait largement assez chaud pour être pieds nus dans le sable. Le même jour, à Moncton, la première tempête de l’hiver faisait rage. Et parce que j’ai bon cœur, j’en ai profité pour envoyer une photo de réconfort à mes amis de Moncton.
Bon courage, hein !!
Le quartier de Haeundae semble être construit pour les touristes, pour la plupart asiatiques. Je l’ai trouvé assez fade, sans âme, avec ses pubs irlandais bondés de mecs occidentaux avinés dès 16 h. Une ambiance comme on en trouve dans les quartiers d’expats, que ce soit ici ou à Hong Kong… Pas mon quartier préféré, clairement.
Accéder à Haeundae : pour le parc, métro Dongbaek, sortie 3, puis marchez tout droit environ 1 km. Pour la plage, métro Haeundae, sortie 3.
À voir aussi à Busan
- Seomyon, le quartier avec plein d’enseignes qui clignotent, plein de restaurants, de boutiques et un centre commercial souterrain gigantesque et tout en longueur. Prenez de bonnes chaussures ! On a trouvé l’agencement du centre souterrain très amusant : d’un côté, des boutiques très tendance et de l’autre, les boutiques de mode pour personnes âgées !
- le temple de Yonggungsa : un temple de toute beauté mais situé à 1 h 30 de transports en commun du centre-ville. À ce stade du voyage, j’avais vu assez de temples pour ne pas avoir envie de m’infliger autant de transport. Je le garde pour une prochaine visite, car il a l’air sublime !
- le centre commercial Shinsegae et son jjimjilbang de luxe
Seomyon, ses boutiques et son street art
Vous l’aurez compris, j’ai aimé Busan mais je n’ai pas eu le coup de foudre comme à Séoul. Il y a des souvenirs impérissables comme le mont Gobangbong, le temple Beomeosa et le marché, et puis il y a d’autres expériences qui nous ont moins enthousiasmées. Peut-être était la fatigue du voyage, peut-être un mauvais calcul de notre part d’être restés dix jours sur place – c’était trop, c’est certain. Si vous souhaitez passer par Busan, je vous conseille de rester un maximum de 5 jours, ce qui vous permettra d’en voir assez sans courir.
Où dormir à Busan
- Au Vovtel, un love hotel très pratique. Un love hotel ?? Oui, farpaitement. C’est le meilleur secret de la Corée et du Japon : les love hotels comptent parmi les meilleurs rapports qualité/prix pour les voyageurs économes. S’ils ont pignon sur rue et un site Internet, il y a des chances pour qu’ils soient irréprochables (méfiez-vous des hôtels borgnes, mais si vous ne parlez pas coréen, peu de chance pour que vous les trouviez de toute façon). Nous avions une grande chambre avec baignoire olympique, douche, toilettes hi-tech et un très grand lit au confort tout asiatique (entendre par là : très ferme). Le petit-déjeuner était suffisant bien qu’il soit servi en plein milieu de l’entrée, mais à 50 $ la nuit, on ne va pas se plaindre. Et puis, c’est toujours rigolo de croiser des couples coréens illégitimes qui se cachent le visage quand on rentre dans l’ascenseur 😀 Métro Munhyeon à 20 mètres ou Beomil à 1 km
- Si vous souhaitez faire une retraite dans un temple bouddhiste, c’est possible au temple Beomeosa. L’expérience doit être magique car le temps est vraiment hors de la ville. Pour lire le compte-rendu de notre nuit au temple de Bulguksa à Gyeongju, c’est par ici.
Ce collage n’a pas beaucoup de sens !
Infos pratiques
- pour aller à Busan depuis Séoul, il suffit de prendre le KTX, le TGV coréen. Il nous en a coûté une cinquantaine d’euros par tête de pipe en aller simple, pour trois heures de voyage.
- le métro est assez simple à comprendre mais les distances peuvent être longues. En logeant vers Seomyon, vous êtes à mi-chemin entre Gamcheon, Gukje et Haeundae. Sauf si vous tenez à être au bord de la plage, je ne conseille pas vraiment Haeundae comme base, car c’est loin de tout.
- la carte T-money fonctionne aussi à Busan. Si vous repartez de l’aéroport de Busan, vous pouvez vous faire rembourser le solde au combini au rez-de-chaussée de l’aéroport.
- En Corée, on parle majoritairement coréen… Nous n’avons trouvé que de rares personnes parlant anglais. Si évoluer en milieu linguistique hostile vous rend nerveux, vous pouvez commencer par une visite guidée de Busan en français. Mais rassurez-vous, on s’en est très bien sortis sans parler coréen ! (sans parler tout court haha !)
- Après Séoul et Gyeongju, Busan était notre dernière étape en Corée du Sud. Nous avons ensuite pris un avion pour Osaka, où nous attendait la suite de notre périple. Nous avons voyagé avec Peach Airlines, pour 60 $/personne l’aller simple. Attention, le personnel au sol était cordial mais scrupuleux pour la franchise de bagages. Pas de chance… on avait un excédent de 12 kilos !! Oups.
- avez-vous pensé à souscrire une assurance voyage pour la Corée du Sud ?
Et vous, avez-vous visité Busan ? Qu’en avez-vous pensé ? Est-ce que mon billet vous donne envie d’y aller ou vous décourage ? Je vous attends dans les commentaires. Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Le quartier de Gamcheon a l’air vraiment unique en son genre. On ne croirait pas du tout que c’est en Corée du sud ! Pour ma part, je passerais bien par Busan si j’ai l’occasion d’aller visiter ce pays. Il y a l’air d’avoir pas mal de choses à voir quand même 🙂
Gamcheon était différent de tout ce qu’on a vu en Asie pendant ce séjour (Chine, Corée et Japon) ! Rien que pour ce quartier si particulier, Busan vaut le détour.
D’après les photos, ça a l’air très joli et diversifié ! J’aime bien la vue dans le quartier Macchu Pikachu (oh c’est très mauvais), en fait ça me fait penser aux photos de certaines favelas au Brésil.
Pareil, mais tu comprendras que le service RP n’ait pas validé l’analogie « favelas à la coréenne » ! Mais je t’invite à leur soumettre Macchu Pikachu, je suis sûre qu’ils adoreraient !!