Le Split Rock Trail, le secret le mieux gardé du Nouveau-Brunswick… J’aurais aimé commencé ce billet de cette façon, mais il semble que dans le microcosme des randonneurs, tout le monde était dans la confidence sauf moi ! Mais en découvrant l’existence de ce sentier non loin de Saint-John cette année, je n’ai qu’une obsession : aller le découvrir à mon tour. Le Split Rock Trail fait partie de ces heureuses rencontres de l’année 2020, une sorte de petite perle pour égayer la fin de l’été. Si vous rêvez de falaises et de phoques, d’une randonnée globalement facile et de la baie de Fundy, si vous rêvez de Grand Manan sans pouvoir vous y rendre, ne cherchez plus loin et mettez le cap sur Lorneville.
Saint-Jean et sa région, ce n’est pas vraiment un endroit où je mets les pieds souvent. Il faut dire que je ne suis pas grande amatrice de voiture que faire deux heures de voiture pour une randonnée… il faut vraiment que la randonnée en vaille la peine. Et bien laissez-moi vous dire que cette randonnée est LA rando qui vaudrait bien quatre heures de route dans la journée (et tout compte, elle n’est qu’à 1 h 30 de Moncton). Cet été, je me suis inscrite à tous les groupes facebook sur la rando au Nouveau-Brunswick qui soient (comme celui-ci, ou celui-là), et les randonneurs n’avaient qu’un sentier ou presque en ligne de mire : le Split Rock Trail. Il m’aura fallu attendre la mi-septembre pour y aller mais mes amis, quelle découverte. Je vous raconte.
En arrivant depuis Moncton, il faut dépasser Saint-Jean et poursuivre encore dix minutes en direction de l’est avant de sortir de l’autoroute. Je vous mets les directions précises en fin d’article, mais le stationnement au départ du sentier est très facile à trouver. C’est une drôle de sentinelle qui nous accueille : la centrale de Coleson Cove, immanquable avec ses deux cheminées. Cette centrale électrique fait un bon point de repère pour trouver la route d’accès et le stationnement, mais disons que pour l’ambiance bucolique, on repassera. Heureusement, on la laisse assez vite derrière nous.
Le sentier commence dans les hautes herbes, tout en étant bien tracé. Aulnes par ci, solidagos par-là, c’est très champêtre. Après un « belvédère » sur la centrale, le sentier s’enfonce dans la forêt et enfin, nous sommes dans l’ambiance qu’on est venus chercher : falaises et rochers en bord de mer, option phoques.
Le sentier est bien tracé et marqué avec des balises rondes mais comporte une foule de petits sentiers qui s’approchent de la falaise. En cas de bifurcation, dans le doute, allez doucement si vous choisissez le sentier qui longe la falaise. Nous sommes à quelques mètres au-dessus de l’eau par endroits, et à une dizaine de mètres à d’autres. C’est un peu déroutant au début, mais on comprend que la vue est si belle que les randonneurs qui sont passés avant nous aient voulu créer des points de vue. Parmi les points de vue, on notera celui à proximité d’un arbre peint d’un oeil. À cet endroit, le sentier fait une fourche. Le sentier de gauche va à un très beau point de vue, mais pour poursuivre, il faudra poursuivre par le sentier de droite.
Et crac, première fracture de la rétine.
Peu après, en revanche, le sentier propose deux options : descendre une pente courte mais raide par une corde, ou prendre dans la forêt. J’ai pris la pente et cette option est la bonne. Ouvrez l’oeil au niveau de la crique au pied de cette descente (ou montée, si vous arrivez de l’autre côté : j’y ai observé deux phoques et des cétacés au loin [il faudra me croire sur parole, mes photos étant d’une médiocrité rare].
Peu après la descente en corde, on arrive à une vaste crique qui laisse entrevoir le point final : le phare de Musquash Head. Ne craignez rien, la rando est loin d’être finie : à ce stade, nous sommes à mi-parcours environ. J’ai trouvé la vue très belle depuis ce point, avec une enfilade de falaises qui n’est pas rappeler l’ambiance sur l’île de Grand Manan ou le sentier des Caps près de Yarmouth.
Comme un petit air de Grand Manan… le paysage typique de la baie de Fundy.
On aperçoit un gros rocher : est-ce le fameux « Split Rock » qui donne son nom au sentier ? Patientez encore un peu, il arrive d’ici 10-15 minutes : c’est un rocher fissuré que vous rencontrerez au détour d’un sentier. Étant seule, je passe mon tour pour la descente dans cette cavité sombre et peu rassurante. Je préfère dix fois rester à la lumière du jour ! Autre rocher notable, un gros bloc sur une plage accessible à marée basse. Pour trouver où descendre, cherchez les bouées suspendues aux arbres. Une corde a été installée mais j’éviterais ce détour si vous avez des enfants : ça descend raide et accessoirement, il faut faire un peu de voltige puisqu’une partie du sentier est dans un enchevêtrement de troncs. Sur la plage, pas de verre de mer mais un petit museau de phoque qui me regarde à quelques brasses de la plage.
À partir de là, le sentier s’enfonce un peu plus dans la forêt, l’eau visible seulement à travers les arbres. Cela n’empêche pas d’entendre le souffle des phoques et de les apercevoir de temps en temps. Je vous parlais « d’ouvrir l’oeil » pour les phoques tout à l’heure, mais il faudrait plutôt « tendre l’oreille », car c’est souvent leur souffle qui va trahir leur présence.
Je vous ordonne rarement quoi que ce soit dans mes chroniques mais pour une fois, je vais user de mon autorité bloguesque et vous ordonner une chose : à ce stade de la rando (soit environ 4 km après votre point de départ), dès que vous voyez le phare de près à travers les arbres, prenez le premier sentier qui part du côté de la falaise. Et posez-vous. Sortez votre pique-nique, faites une pause. Vous ne trouverez pas de meilleure vue. Je passe une demi-heure ébahie à grignoter mes tomates cerise, à me dire que j’aurais dû venir faire cette balade plus tôt. Disons, des années plus tôt.
La meilleure vue de la rando du Split Rock Trail, selon moi.
Le phare n’est plus qu’à 5 minutes de marche. Il est étrangement peu impressionnant. Construit dans les années 1950, il est longtemps resté en mauvais état jusqu’à ce qu’un groupe de conservation ne se saisisse de son dossier, en partie parce qu’il se trouvé dans la zone protégée de l’estuaire du Musquash, en partie grâce à la popularité du sentier. Même si j’ai vu de plus beaux phares, il est certain que la balade serait moins intéressante sans ce point de repère qu’on voit au loin. Lors de ma visite en septembre 2020, il semblait avoir été repeint de neuf.
De là, plusieurs options s’offrent à vous :
- poursuivre par le Troy’s Trail : 2 km le long de la falaise qui mènent à Black Beach. De là, il faudra rentrer par la route en gravier (2 km).
- prendre la route d’accès au phare qui se trouve derrière celui-ci, puis la route en gravier jusqu’au stationnement (3,5 km)
- rentrer par le chemin où vous êtes venus (4,5 km)
À votre avis, quelle option ai-je choisie ?
Le Troy’s Trail ne semble pas offrir de vue plus belle que celles que j’ai croisées en venant. rentrer par la route en gravier… bof, si j’étais pressée par le temps pourquoi pas, mais j’ai toute la journée devant moi. Il ne me reste qu’une solution, vraiment. Sourire aux lèvres, je fais demi-tour et je ne sens pas les kilomètres. Le chemin est facile, je me régale à voir les endroits traversés ce matin me montrer un autre visage à marée haute. La marée monte si vite dans la baie de Fundy que la plage où j’ai salué par un phoque est déjà complètement submergée. Je croise davantage de randonneurs à partir de midi, les familles sont de sortie. Constat : si vous voulez donner le sourire à quelqu’un, dites-lui que vous avez vu un phoque, et où. Sourire garanti !
La marée monte vite le long du Split Rock Trail… et dans la baie de Fundy en général.
Globalement, j’ai trouvé le sentier facile et extrêmement agréable. Il y a de petites montées, de petites descentes. On avance la plupart du temps sur du faux plat et la vue est si belle qu’on ne se rend pas compte qu’on avance bien. Le sentier est sous les arbres, la fraîcheur est là dans la mousse et les fougères. Le rapport difficulté/satisfaction est incomparable. Une de mes plus belles randonnées dans la baie de Fundy !
Infos pratiques
Fiche technique
- Longueur : 9 km aller-retour. Possibilité de ne faire que 6 ou 7,5 km (voir paragraphe suivant)
- Durée : 3 h
- Type : linéaire, forêt
- Difficulté : facile à modéré selon votre degré de forme
- Dénivelé : 73 m
Accéder au Split Rock Trail
- Depuis Moncton, compter 1 h 30 de route. Depuis Saint-John, prenez l’autoroute 1 en direction de l’ouest pendant 10 minutes. Prenez la sortie 112 vers Lorneville. Suivez ensuite King William Road vers le sud. Quand vous arrivez à la centrale électrique, prenez la route en gravier sur la droite. Le stationnement est à 500 m sur la gauche.
- Si vous voulez raccourcir la promenade, vous pouvez venir à deux véhicules et en garer un plus loin sur cette route en gravier : dans ce cas, il faudra le garer au niveau du portail de la route d’accès au phare. Ne vous garez pas devant le portail mais le long de la route.
- Pour les coordonnées GPS du Split Rock Trail, voir la fiche technique sur Rando NB (dont j’ai eu le plaisir d’assurer la traduction).
Inscrivez-vous sur AllTrails pour plus d’infos sur ce sentier !
Et vous, connaissez-vous cette randonnée ? Est-elle dans vos projets cet automne ou l’été prochain ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
J’ai toujours tendance à lire davantage tes articles français, chauvine que je suis… mais j’avoue que cette rando sublime m’a donné envie de traverser l’Atlantique 🙂 Grandioses ces paysages !