Une des choses auxquelles il faut se faire quand on vit au Canada, c’est que chaque hiver apporte son lot de tempêtes. Les tempêtes, c’est comme l’attente de la résidence permanente et la recherche d’emploi, ça fait partie de l’expérience de l’immigration au Canada, il faut y passer en gardant le sourire. Si en Europe, une « tempête » désigne la colère d’Éole, ici les tempêtes sont le courroux des dieux arctiques, faites de flocons gros comme des plumes ou acérés comme du verre, de vent tonitruant, de verglas insidieux et parfois de tout ça à la fois. À force, on s’habitude, on apprend à gérer et si les tempêtes me semblaient bien effrayantes voilà cinq ans, elles sont aujourd’hui l’occasion de se reposer en restant bien au chaud chez moi. Mais quand on voyage, que faire ? Si vous prévoyez un road-trip hivernal au Canada, peut-être vous demandez-vous avec une certaine inquiétude comment y faire face. Je vous dis tout ce que je sais sur les tempêtes en voyage au Canada. À noter, ce billet s’adresse plus aux voyageurs en visite au Canada qu’aux nouveaux arrivants, que je redirige vers mon vieux blog d’immigration.
Qu’est-ce qu’une tempête de neige, au juste ?
Il y a tempête et tempête. Une « tempête » au sens large, ça peut être une chute de neige abondante, de la poudrerie, du blizzard… tout ce qui va entraîner la fermeture des administrations, des écoles et des commerces et gêner sérieusement la circulation sur les routes. Si l’on s’en réfère à Météo Canada, voici quelques définitions des conditions possibles :
- Blizzard : quand on s’attend à ce que des vents d’au moins 40 km/h entraînent des réductions généralisées de la visibilité jusqu’à 400 mètres ou moins, en cas de poudrerie, ou de poudrerie avec des chutes de neige, pendant au moins quatre heures.
- Neige : lorsque 15 cm ou plus de neige sont prévus dans un délai de 12 heures.
- Poudrerie : lorsqu’il est prévu que la poudrerie, causée par des vents d’au moins 30 km/h réduira la visibilité à des valeurs de 800 mètres ou moins pendant au moins 3 heures. Cette définition un peu circulaire désigne des chutes de neige qui réduisent la visibilité.
- Tempête hivernale : lorsque des conditions météorologiques hivernales extrêmes et potentiellement dangereuses sont prévues, y compris :
- une importante chute de neige (25 cm ou plus en moins de 24 heures);
- une importante chute de neige (valeur du critère d’avertissement de neige) combinée à d’autres types de conditions hivernales, comme : la pluie verglaçante, les vents forts, la poudrerie et le froid extrême.
- Pluie verglaçante : lorsqu’il est prévu que la pluie verglaçante représentera une menace pour les transports ou les propriétés ou lorsque la durée prévue de la pluie verglaçante est d’au moins deux à quatre heures (selon les provinces). Selon moi, la pire menace.
Stricto sensu, une grosse chute de neige n’est donc pas une « tempête hivernale » mais pour simplifier ce billet, je parlerai de « tempête » pour désigner toutes intempéries susceptibles de perturber la bonne marche du quotidien et les déplacements. Pour le plaisir, je vous ajoute les avis de froid extrême : émis lorsqu’on prévoit que la température ou le refroidissement éolien atteindra -38°C pendant au moins deux heures (Québec). À noter, au Nunavut, le seuil de froid extrême est tout simplement de -55°C !!
Que faire avant une tempête de neige
La première chose à faire si vous venez en voyage au Canada en hiver, c’est de vérifier la météo tous les jours. Bien évidemment, les conséquences ne sont pas les mêmes selon que votre voyage sera sédentaire dans une ville ou bien en road-trip à la campagne. Si de mauvaises conditions sont prévues, Météo Canada émet un « avis de veille de tempête« , puis un « avertissement de tempête » si les conditions se précisent. Et savoir qu’une tempête arrive, cela permet de prendre ses précautions.
En premier lieu, je vous conseille de prendre la température (ha !) autour de vous. Allez voir la réception de votre hôtel, envoyez un courriel à la personne qui vous loue un logement, expliquez que c’est votre première tempête, que vous ne savez pas à quoi vous attendre. Demandez-leur ce qu’ils préconisent, si la réception sera ouverte ou fermée, qui contacter en cas de problème, si la chambre que vous deviez peut-être libérer le lendemain sera toujours disponible si vous ne pouvez pas prendre la route, si les routes seront dégagées tout court… Bref, les conseils des personnes qui ont vu passer des tempêtes toute leur vie sont votre meilleur allié.
Prochaine étape : filez vous concocter des réserves spéciales tempête, car il y a des chances pour que les épiceries soient fermées pendant la tempête. Prévoyez de quoi manger pour 24-36 heures si votre frigo était vide. À la campagne, pensez aussi à prévoir des réserves d’eau potable, voire à remplir votre baignoire histoire d’avoir de quoi tirer la chasse si jamais l’eau était coupée.
Chargez vos appareils électroniques en prévision d’une coupure de courant. Je disais un peu plus haut que le pire cas de figure, ce sont les tempête de verglas : si des vents violents d’un blizzard peuvent effectivement faire tomber des lignes électriques, une pluie verglaçante abondante, elle, les fera tomber presque à coup sûr. L’Acadie se souvint d’ailleurs avec émotion de la fin janvier 2017, quand la pluie verglaçante a plongé une bonne partie du Nouveau-Brunswick dans le noir. Je voyais les transformateurs électriques disjoncter au loin sous le poids de la glace, c’était quelque chose (heureusement, à Moncton, l’électricité est vite revenue).
Au niveau de la voiture, je vous conseille de faire le plein d’essence et de vous munir d’un balai-raclette et d’une petite pelle à neige, faciles à trouver dans n’importe quelle station-service. Annabelle du blog Matante A conseille même des plaques d’adhérence, utile pour se désembourber du verglas ou d’une couche épaisse de neige. Les routes auront beau être dégagées assez rapidement, les déneigeuses ne font pas dans le détail et il faudra quand même donner de l’huile de coude pour dégager votre voiture si elle n’était pas dans un garage.
Si vous voyez ce que je veux dire…
Que faire pendant une tempête de neige
Restez au chaud ou à la rigueur, allez vous balader pas loin. En ville, Isa du blog Let’s Go prévient que les transports en commun extérieurs ne fonctionneront pas, mais vous pouvez évidemment vous rabattre sur le métro. À la campagne, périmètre autorisé en cas de blizzard : restez toujours en contact visuel avec votre logement pour ne pas vous perdre, c’est très sérieux, surtout si vous ne connaissez pas bien les environs. S’il ne s’agit que d’une grosse chute de neige sans perte de visibilité, rien n’empêche d’aller se promener. C’est même fortement conseillé !
En plein blizzard…
…et sous une grosse chute de neige. La différence de visibilité est flagrante.
Gardez vos appareils électroniques sur secteur.
Envoyez des photos aux amis en Europe pour les épouvanter et vous faire une réputation de dur.e à cuire.
Ce genre de photo a le chic pour terroriser les foules.
Moquez-vous (gentiment) du voisin dont la voiture est encore plus ensevelie que les autres suite à un mauvais placement vis-à-vis du vent, du type qui passe en voiture la fenêtre ouverte, des acharnés qui font leur footing en plein blizzard (si, si, ça existe…).
Si vous devez prendre la route (sur de petites distances), Mélanie du blog Et si on jasait vous donne les conseils suivants : « roulez moins vite, prenez plus de distance pour freiner, évitez les dépassements inutiles, soyez patient avec les charrues et les déneigeurs, faites attention aux piétons ». Sages conseils : on n’est jamais trop prudents. Il m’est déjà arrivé de prendre la route sur des artères non déneigées, et l’allure prudente s’impose d’elle-même de toute façon.
Regardez par la fenêtre en sirotant un bon chai latte et en frissonnant intérieurement à chaque bourrasque, en vous disant que vous n’aviez probablement jamais vu ça. Et que c’est génial. Des flocons gigantesques qui tombent mollement mais sûrement, des flocons minuscules qui filent en bancs serrés, une perte de visibilité soudaine, le hurlement du blizzard qui fait frémir même au coin de la cheminée… Tout ça, ce sont des moments uniques : profitez-en !
Rester au chaud reste le meilleur programme en cas de tempête de neige.
Que faire après une tempête de neige
Prévoyez largement une demi-heure de mou le lendemain pour exhumer votre voiture de sa gangue de neige de glace et de verglas, en repensant aux raisons qui vous ont amené.es à voyager au Canada en hiver.
« Je regrette mes choix de voyage. » (la voiture bleue est bien ma voiture)
En road-trip, appelez votre prochain hébergement pour vérifier les conditions à votre destination. Vérifiez les conditions sur la route auprès des médias : le simple fait qu’il fasse soleil après une tempête n’est pas gage de routes dégagées. Certaines portions de route et autoroute peuvent être tout simplement fermées à cause de l’accumulation de neige ou du verglas. Prévoyez beaucoup de marge de manœuvre sur la route et ne cherchez pas à faire un chrono.
Ça, c’est une autoroute ! J’ai mis cinq heures pour faire un trajet qui en prend trois d’habitude.
Il fait souvent soleil après une tempête et si je ne peux absolument pas garantir les conditions du ciel, je peux vous assurer qu’après une bonne chute de neige, c’est un régal d’aller se promener sur les sentiers ou en ville, d’apprécier le paysage sous son proverbial manteau blanc et la neige moelleuse sous les pieds quand on est les premiers à ouvrir la trace. C’est littéralement le meilleur moment pour profiter de l’hiver.
Que faire si je dois me déplacer pendant une tempête de neige ?
- En voiture : rien. Il y a fort à parier que la circulation soit fortement déconseillée et en prenant la route, que vous vous mettiez en danger et pire encore, que vous empêchiez les équipes de voirie de faire leur travail. Personne, personne ne s’attend à ce que vous prenez la route en cas de tempête, même en road-trip, même si vous deviez arriver à votre nouvel hébergement ce soir. Mieux vaut perdre une nuit d’hôtel qu’aller se mettre dans le fossé. Vous trouverez plus d’infos sur la conduite au Canada dans ce billet, avec des précisions sur la conduite en hiver.
- En train : contactez ViaRail pour savoir si les trains circulent et quelles sont leurs éventuelles dispositions pour vous prendre en charge s’ils ne circulent pas.
- En avion : votre compagnie aérienne vous contactera si votre vol est annulé ou décalé. Certaines compagnies sont meilleures que d’autres pour ce qui est de prendre les voyageurs en charge (Air Canada vous remboursera les frais mais vous laissera trouver votre hébergement, Air Transat vous trouvera parfois un logement…).
Comment m’habiller pendant une tempête de neige ?
Globalement, vous l’aurez compris, je préfère sortir après que pendant une tempête, ne serait-ce parce qu’il est difficile de prévoir l’évolution des conditions. Et puis honnêtement, le combo neige + vent, ce n’est pas très agréable quand on se le prend dans la face. Prenez de bonnes chaussettes chaudes, un bon plaid et vous l’avez, votre équipement de tempête de neige !
Mais si vous sortez, alors une tenue imperméable, comme une tenue de ski, est une bonne idée. Un bon manteau chaud, un pantalon imperméable et des bottes fourrées et imperméables sont le meilleur équipement qui soit. Enfilez une bonne tuque et profitez… c’est le conseil de Katell du blog Cap de mule Pour un topo complet, je vous invite à lire mon billet sur comment s’habiller au Canada.
Moncton, début 2020
Combien de temps dure une tempête de neige ?
La plupart des tempêtes durent moins de 24 heures. Je crois que le pire a été le mois de février 2015, avec trois tempêtes en une semaine, la dernière ayant paralysé la région deux jours. Normalement, en moins de 24 heures après la fin des intempéries, tout retourne à la normale, et vous pourrez continuer votre voyage au Canada, avec ce qui vous a sûrement motivé à venir en cette saison : de la neige en masse, des paysages de contes de fées, l’hiver à l’état pur. Enfilez votre tuque, chaussez vos bottes, et sortez profiter !
Ajout : on me reproche le ton alarmiste de ce billet, et quand je dis « on », je parle évidemment de Canadiens habitués aux tempêtes de neige. Pour l’écrire, j’ai pioché dans mes souvenirs de nouvelle arrivante au Canada complètement prise au dépourvu devant les tempêtes, mais aussi dans mon expérience d’immigrante dans une petite ville qui a vu assez de tempêtes pour ne plus paniquer. Je n’oublie pas qu’à de rares exceptions, quand on vient d’Europe francophone, la neige est angoissante, on ne sait pas forcément conduire sur les routes enneigées et on n’imagine pas qu’une chute de neige puisse provoquer des coupures électriques. Mais, une tempête de neige, c’est un moment exceptionnel, magique… surtout qu’on ne risque pas de le revivre de sitôt (sauf si vous restez tout l’hiver). La conclusion, c’est : préparez-vous bien et tout ira bien.
Si ce billet vous a plu, voici d’autres articles pour découvrir le Canada en hiver :
- Passer Noël autour de Québec
- Escapade hivernale dans le nord du Nouveau-Brunswick
- Comment c’est, l’hiver au Canada ?
- Road-trip d’hiver au Nouveau-Brunswick
- La cascade de glace de Parlee Brook
- Découvrir l’hôtel de glace près de Québec
- Aventure en traîneau à chien près de Québec
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Et vous, avez-vous déjà vécu une tempête de neige au Canada ? Avez-vous d’autres conseils à donner ? Je vous attends dans les commentaires ! Pour plus de conseils et voir ce qu’en dit Twitter, rendez-vous par ici. Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Oui mais… c’est beau ! (vu d’ici, où à 0° on ne sait plus où se mettre 😉 ).
Très belle nouvelle année, merci pour vos articles.
Difficile vu de mon sud-ouest français d’imaginer ces quantités de neige… j’avoue que là, je ne sais plus si j’ai envie d’aller voir ça ou pas ??? Mais quand même, ça a l’air tellement beau ces paysages sous la neige. J’ai eu un petit aperçu du Mont Royal à Montréal et du parc national du Mont-Orford sous la neige. C’était très chouette.
Le paysage après la tempête est tellement beau qu’on oublie vite les désagréments !
toujours pas eu de tempête nous ici à Montréal c’est d’ailleurs étonnant (effrayant !)
Est-ce que je te souhaite d’en vivre une quand même ? Au moins une petite ? 😉
Coucou,
Wow, c’est magnifique ! Je dois être bizarre, mais moi toute cette neige, j’adore, ça me rend dingue !
Après, c’est certain que les 1res tempêtes de neige, quand on n’y est pas habituée peuvent être effrayantes et le seront sûrement pour nous. Mais purée ce que j’aime ce paysage blanc !
Petite question, comment cela se passe-t-il au niveau du travail lors d’une tempête ? Parce que s’il est conseillé de ne pas sortir, il va être difficile de se rendre au travail. Donc, télétravail si c’est possible, mais si ce n’est pas le cas, ça se passe comment ?
Merci pour ce beau témoignage !
Belle journée,
Laura – Bambins, Beauté et Futilité
Pour le travail, sauf à être infirmière, employée de déneigement ou autres professions qui ne connaissent pas de répit, ce sont des journées en télétravail ou chômées en fonction du poste. Par exemple, dans l’informatique, Etienne était en télétravail mais quelqu’un qui serait disons, vendeuse ou serveuse, on lui dira simplement de rester chez elle. Ça fait partie de la vie, il y a plein de gens qui restent chez eux quand les écoles sont fermées faute de moyens de garde… les employeurs ont l’habitude.
Nous avons parcouru les routes canadiennes en été, bien contents de pas les avoir tentées en hiver 😉 Nous nous sommes quand même fait une frayeur sous un orage titanesque sur l’autoroute… Effectivement mieux vaut avoir souvent l’œil sur la météo au Canada. En tout cas cet article donne envie de se mettre sous un plaid avec un bon chocolat chaud ! 🙂
Brrr, j’ai déjà froid avec 7 degrés et un peu d’humidité, tu as fini de me refroidir complètement ! :p Mais c’est tellement beau, et je vois tout à fait le genre de sensations que procure une balade dans la neige et en plein soleil, et c’est top ! 😀
J’ai une peur un peu irrationnelle du froid et la lecture de ton article me suffit amplement en termes de sensations fortes ! Il y a longtemps, j’ai vu une tempête de glace à Boston avec les arbres et les fils électriques enrobés de glace… Je me souviens du bruit des arbres qui craquaient, c’était très impressionnant ! Mais je suis faite pour des latitudes plus tempérées je crois !
Les fils électriques enrobés de glace, un de mes pires cauchemars… Surtout quand ils s’approchent dangereusement du sol. À vrai dire, je ne détesterai pas vivre dans un endroit où l’hiver est neigeux mais un poil moins long 😀
J’ai vécu une tempête lors de mon voyage en Islande … ben j’ai pas trop rigolé. J’étais sur la route dans l’est … donc la où les villes sont éloignées de 100km … j’avais trop peur de m’arrêter de rouler, de ne pas être visible pour les autre voitures car on ne voyait rien à 2m (j’exagère pas!) et de ne plus pouvoir repartir si la neige recouvrait ma voiture. Le stress. Ce qui m’a sauvé c’est qu’il y avait une voiture juste devant moi, qui faisait le passage et que j’ai collé pendant les 2 ou 3h de route à 10km/h 😀 ça laisse des souvenirs !