Lors de mon récit d’une escapade provençale voilà quelques mois, j’ai omis de parler d’une attraction majeure de la région : les Carrières de lumières. Lieu onirique magnifiquement mis en scène, caché dans les entrailles des Alpilles, il est un incontournable en Provence et une excellente occupation dans les rares occasions où il pleut. Ce spectacle de son et lumière change chaque année, mettant en valeur un peintre différent au fil des éditions. Aujourd’hui, je vous fais découvrir l’édition 2019 des Carrières de lumières, consacrée à Van Gogh.
Je n’ai pas vraiment l’habitude d’aller voir des spectacles en voyage, je préfère marcher au hasard des ruelles ou des sentiers plutôt que m’enfermer dans une salle obscure. Mais le côté unique de ce lieu, et la projections d’images animées qui promettait de me rappeler les meilleures heures de ma chère Fête des Lumières à Lyon, m’ont irrésistiblement attirée vers les Carrières de lumières.
Il faut dire que le lieu s’annonçait aussi grandiose. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une ancienne carrière, où l’on extrayait la « pierre des Baux » au XIXe siècle : une roche calcaire blanche. Elle est dite « légèrement coquillée », j’imagine à cause de la présence éparse de coquillages fossilisés. Peut-être est-ce de là que lui vient son ancien nom, la carrière des Grands Fonds ? Ou put-être vient-il du fait que cette carrière, loin d’être à ciel ouvert, descend dans les entrailles de la Terre, bien cachée dans les vallons qui entourent les Baux de Provence. Si l’espace où se déroulent les projections est plongé dans l’obscurité, le café, à moitié en extérieur, montre bien la taille monumentale des blocs de pierre découpés à même les parois.
En 1935, les carrières ferment, le calcaire étant détrôné par des matériaux plus novateurs. Elles restent inexploitées jusqu’en 1959. Cette date est à marquer d’un calcaire légèrement coquillé (une pierre blanche, donc !) : c’est la rencontre entre Jean Cocteau et ce lieu unique. Une rencontre qui va permettre au réalisateur de tourner Le testament d’Orphée, et aux carrières de trouver un second souffle. Dès 1977, on y organise des spectacles en son et lumière, projetés sur les immenses toiles de fond des parois des carrières.
Depuis 2012, les Carrières se présentent telles que je vous les montre dans ce billet : un espace entièrement consacré à un spectacle en immersion, où le public pénètre dans les toiles d’artistes de renom. Gauguin, Monet, Renoir, Chagall, Klimt et les grands de la Renaissance, Picasso… La programmation met à l’honneur des peintres classiques, des toiles chéries du grand public – même si je regrette, évidemment, l’absence flagrante de peintresses. Ce n’est pas un lieu où découvrir de nouveaux artistes, mais où redécouvrir des chefs-d’oeuvre d’un autre œil, et s’immerger dans les détails magnifiés de toiles qu’on pensait connaître par cœur.
J’ai eu la chance de venir en Provence lors de l’année consacrée à Van Gogh, et de voir les paysages provençaux à la fois en vrai et sur ces toiles projetées puissance mille. Amoureux de la lumière de la Provence, Van Gogh a donné une dimension mythique à ses champs, ses oliviers, ses nuits étoilées. Je ne sais pas si j’aurais ressenti la même émotion face à des toiles de Picasso ou de Chagall, mais ici, j’ai été émue par ce spectacle où la musique gronde comme un tonnerre et où les coups de pinceaux rageurs de Van Gogh s’animent sous nos yeux.
Autre détail que j’ai apprécié : la musique et l’ambiance lumineuse réduisent non seulement le public au silence, mais aussi à de simples silhouettes qui ne gâchent en rien le spectacle. La dimension des lieux fait qu’où que l’on se trouve, on voit parfaitement les projections. Le côté fantomatique du public n’est pas pour me déplaire, évidemment. La plupart des visiteurs respectent d’ailleurs l’interdiction d’utiliser un flash, et se rendent vite compte que leur téléphone ne leur donnera que des photos floues, ce qui permet d’apprécier le spectacle sans mitraillage intempestif.
La deuxième partie du spectacle d’intitule « Japon rêvé, images du monde flottant« . Les images nous plongent dans un monde onirique spectaculaire, composé d’images traditionnelles japonaises animées. Ici des yokai, là des lucioles qui s’élèvent vers le ciel. Ici des vagues qui déferlent sur la salle, là des créatures marines gigantesques qui passent paisiblement au-dessus de nos têtes. Et en final, des milliers de lanternes qui s’envolent.
Si le spectacle consacré à Van Gogh vise à nous immerger dans des oeuvres, je pense que le spectacle sur le Japon tend plus vers une ambiance. Il s’appuie lui aussi sur des images existantes, celle des estampes japonaises du XIXe siècle, mais puisque nous les connaissons moins que les peintures de Van Gogh, l’attente est différente. On n’espère pas voir une peinture en particulier, on espère simplement se laisser surprendre, et le pari est réussi.
Déferlante de vagues dans les carrières… le moment fort du spectacle pour moi !
L’édition 2019 des Carrières lumière se tiendra jusqu’au 5 janvier 2020. Je sais que j’ai tardé à vous en parler mais ce lieu ferait une sortie parfaite pour les fêtes, non ? Si vous n’avez pas l’occasion de voir cette exposition, les Carrières de lumière ont d’ors et déjà annoncé leur programmation à partir de mars 2020 : « Dali, l’énigme sans fin » en vedette, et « Gaudi, architecte de l’imaginaire » en programme court.
Infos pratiques
- Tarifs pour les Carrières de lumières seules : 13 €/adulte, 11 €/tarif réduit, 37 €/famille
- Le site est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite.
- Horaires : de 10 h à 18 h 30 en hiver, de 9 h 30 à 19 h 30 en été. Consultez le site pour les horaires précis au moment de votre visite.
- L’entrée au site se fait à heure fixe, au début du spectacle. En revanche, aucune obligation de ressortir une fois le spectacle terminé : c’est ainsi que j’ai assisté deux fois au spectacle dans son intégralité (une fois pour m’imprégner de l’ambiance, et une autre pour prendre des photos) ! Prévoir une heure pour le spectacle entier.
- Il est possible de combiner les Carrières de lumières et le château (ce que je vous conseille !)
- Toutes les infos sont sur le site ici
- Stationnement aux Carrières de lumières : les Baux de Provence proposent plusieurs parkings payants mais si marcher un peu ne vous fait pas peur, rien ne vous empêche de vous garer gratuitement le long de la route (de façon sécuritaire, évidemment !)
- Quand se rendre aux Carrières de lumières : plus on avance dans la journée, plus la file d’attente sera longue. Essayez de venir le plus tôt possible : en plus d’attendre moins longtemps, le spectacle n’en sera que plus agréable. J’ai assisté à deux représentations et clairement, le brouhaha de la foule grossissante nuit un peu à l’expérience.
Que voir près des Carrières de Lumières
Quitte à venir aux Carrières de lumières, il serait dommage de ne pas visiter le village des Baux et son château qui donne une vue imprenable sur les environs. Non loin, le village de Saint-Rémy de Provence offre un petit centre-ville où il fait bon flâner. Je vous parle de ces deux villages et de Gordes dans ce billet sur une escapade provençale. Dans la région au sens large, je vous conseille d’aller visiter Avignon, mais aussi Arles et Marseille.
Où dormir près des Carrières de Lumières
- Au Baux de Provence : Le Mas d’Aigret, un hébergement de charme que vous ne manquerez pas de croiser en arrivant de Saint-Rémy. Piscine, oliviers, le tout à 5 minutes à pied du village.
- Maison de la Fontaine, une maison de vacances en plein cœur du village
- un peu plus loin, au Domaine de Manville, un mas de charme avec piscine et spa
- À 15-20 minutes de voiture, Canto Cigalo, 8A chemin Canto Cigalo, 13210 Saint-Rémy-de-Provence. Une belle surprise : un hôtel deux étoiles avec une piscine, une grand jardin, des transats, une chambre propre et lumineuse… On adoré l’emplacement à 10-15 minutes à pied du centre-ville, parfait pour aller dîner. L’hôtel est un peu bruyant le week-end mais d’un calme olympien la semaine. À partir de 90 € la chambre double/jumelle, et 10 € le petit-déjeuner.
Cet article s’inscrit dans le rendez-vous mensuel #EnFranceAussi organisé par Sylvie du blog « Le coin des voyageurs ». Le thème du mois, proposé par Pierre du blog Mon Grand Est, était « Lumières ». Pour un autre point de vue, je vous invite à lire ce billet sur le blog d’En France Aussi. Retrouvez toutes mes participations à ce rendez-vous ici. J’ai reconstitué ma visite avec l’aide de Wikipédia, n’hésitez pas à me signaler en cas de bourde – ma visite remonte à quelques mois déjà ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
C’est vraiment un site fantastique ! J’ai visité la région des Alpilles à plusieurs reprises et à chaque fois j’ai zappé sur les Carrières de Lumières… La prochaine fois, j’y entrerai ! Merci beaucoup pour ce beau reportage 🙂
C’est le 2ème article que je lis dessus mais c’est toujours aussi beau ! 🙂 Cela me donne envie d’y aller quand je serai dans le coin un jour, le résultat est vraiment top ! 🙂
Ce lieu doit être très impressionnant et c’est une bonne idée de le reconvertir avec ce genre de spectacle. Tes photos rendent très bien l’atmosphère et ça devait être vraiment sympa avec la projection de Van Gogh. Merci pour la découverte !
vous donnez vraiment envie d’y aller!
Tient c’est marrant on dirait qu’il passe le même programme qu’aux Ateliers de Lumières à Paris (c’est un site géré par la même structure je crois et qui est assez nouveau). J’avais vu une expo il y a déjà pas mal d’années et j’avais beaucoup aimé ! (L’atelier des lumières à Paris est bien aussi mais il y a beaucoup beaucoup plus de monde)
Je ne connaissais pas du tout les Ateliers de Lumière mais c’est génial si le spectacle voyage et touche d’autres personnes. J’imagine que le lieu doit être autrement bondé que les Carrières, par contre.