De mon passage en Aveyron en avril 2018, je garde un souvenir émerveillé. Je découvrais alors une région de France qui ne ressemblait à rien de ce que je connaissais : des causses imposants et des vallées fleuries, une végétation aussi méridionale que l’accent des Aveyronnais, la certitude d’avoir franchi une frontière géographique et culturelle en s’aventurant aussi au sud.
En traversant les causses entre Montpellier et Millau, j’ai été frappée à la fois par l’aspect désertique de la végétation, et par la présence de moutons. Comment ces animaux pouvaient-ils s’abreuver dans de telles conditions ? La réponse tient à un nom qui fleure bon le midi : les lavognes. Puisque le thème du rendez-vous interblogueur #EnFranceAussi, créé par Sylvie du blog Le Coin des voyageurs de ce mois-ci est les zones humides, à l’initiative de Mitchka de Fish and child, j’avais envie de vous parler de ces petites retenues d’eau si typiques des Causses et du Larzac.
Les causses sont des plateaux karstiques où l’eau se fait rare. Dès lors, tous les moyens sont bons pour retenir l’eau. Les bergers d’antan ont trouvé une solution ingénieuse : ils ont tapissé d’argile des creux naturels dans le sol, créant ainsi des mares artificielles prêtes à recueillir les eaux de pluie. Leur nom, « lavogne« , vient de l’occitan lavanhas : une dépression dans le sol.
Avec le temps, les lavognes ont évolué : d’argile, elles ont été recouvertes de dalles, puis de ciments pour résister au piétinement des animaux qui viennent y boire. Rares oasis dans les hauts plateaux de l’Aveyron et du Larzac, elles attirent les moutons, évidemment, mais aussi d’autres animaux. Chaque lavogne est son propre univers avec des insectes, des amphibiens, des oiseaux et les troupeaux qui viennent boire en rentrant à la bergerie. Les lavognes, en plus d’être un élément du paysage culturel et du patrimoine des Causses, sont aussi un milieu humide indispensable à tout un micro-écosystème.
On peut encore croiser des lavognes aujourd’hui au détour des petites routes de l’Aveyron et du Larzac. J’ai manqué de chance : aucune n’était entourée de moutons, une scène bucolique que j’aurais aimé voir par-dessus tout. Pour cela, mieux vaut sans doute compter sur des lavognes croisées au hasard des sentiers, qui permettraient d’approche un troupeau en silence. Les lavognes de bord de route, près d’engins vrombissant et malodorants, ne doivent plus avoir les faveurs des moutons…
La lavogne présente sur toutes les photos de ce billet est celle visible au belvédère de la Baume Auriol, d’où on peut admirer le majestueux cirque de Navacelles. Je recommande d’ailleurs le détour si vous êtes dans la région : en plus de proposer un point de vue de toute beauté sur un méandre de la Vis (encore une « zone humide » !), son restaurant est fameux. D’en haut, le cirque ressemble à une vallée secrète que rien ne laisse deviner, et le spectacle est fabuleux.
Comme un petit air de Grand Canyon occitan…
Pour revenir (littéralement !) à nos moutons, vous pouvez aussi admirer une lavogne remarquable au village de La Couvertoirade. Je parle plus longuement dde ce village dans un billet sur les plus beaux villages historiques autour de Millau. On en trouve aussi sur le causse Méjean en Aveyron, et dans de nombreux villages et plateaux. Parfois tombées à l’abandon, nombreuses sont les lavognes à être désormais réhabilitées par les municipalités ou les habitants soucieux de préserver leur héritage culturel. Ici, nature et culture vont main dans la main et en restant attachés à leurs traditions, les habitants des Causses font perdurer des traditions séculaires, et de petits univers humides.
Où dormir près des Causses et du Larzac
- À Millau, un bon camp de base : le domaine Saint-Estève, avenue de Millau Plage. Un domaine de petits chalets avec une vue phénoménale sur la ville et le viaduc. Et que dire de la piscine à débordements… À 20 minutes à pied du centre-ville.
- Au Caylar, au Gîte du Caylar. Un joli gîte dans une belle propriété, à deux pas du centre du village. L’endroit est très calme. Nous avons loué un petit studio avec deux lits et une cuisinette, parfait pour nos besoins !
Si cette chronique écrite dans le cadre du rendez-vous #EnFranceAussi vous a plu, vous pouvez lire mes autres contributions sur notre belle France ici. Et si vous avez envie de voir davantage l’Aveyron, voici d’autres billets sur cette superbe région ici.
Connaissiez-vous les lavognes, l’Aveyron ou le Larzac ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Bonjour je viens de lire votre article sur les lavognes, il faut que j’ aille voir çà, j’habite en Aveyron depuis 2005 et je suis loin d’avoir tout vu. J’ai fait une rando au départ de Millau vers les Causses en trottinette électrique mais j’ ignorais l’ existence de ces lavognes. Là nous partons à Nouméa puis dans le Nord de Madagascar mais à notre retour nous retournerons à La Couvertoirade voir tout ça. Continuez à nous faire rêver.
Merci Michel pour votre commentaire. Connaître sa région d’adoption prend souvent du temps ! L’Aveyron vous cache sans doute encore de belles surprises… Je me réjouis de voir que de belles découvertes vous attendent de retour de votre périple à Nouméa et Madagascar !
Toujours un bon choix, l’Aveyron ! C’est joli comme tout ces lavognes (et on adore ce mot), et puis le cirque de Navacelle c’est juste wow !
Les lavognes sont très bucoliques ! J’imagine que vous avez dû en croiser plus d’une sur les plateaux du Cantal…
Je n’avais jamais entendu parler du cirque de Navacelles, quelle claque !
Je ne connaissais pas du tout les lavognes, c’est très intéressant et le rendu visuel est atypique ! 🙂
Imagine un peu avec des moutons ! Une vraie image d’Épinal…
Je ne suis jamais allée jusqu’au Causse Méjean, mais j’en ai très envie!
Je t’y encourage vivement !
Pour ma part, j’ai vu celle de la couvertoirade, et ça m’a donné envie d’y rester camper pour voir la vie sauvage qui s’organise autour 🙂
Ce serait fabuleux ! J’ai vu une vidéo d’une « caméra cachée » près d’un arbre lambda d’une forêt lambda, et c’est incroyable le nombre d’animaux qui ont été immortalisés. Alors, autour d’un plan d’eau… (moi plus que des moutons, je rêve de voir des renards !!)
Même sans mouton, c’est très agréable!
L’Aveyron est très paisible… j’adore ce côté bucolique !
Même sans mouton, cela vaut le coup d’oeil!
je ne sais pas si mon commentaire est passé, je disais que même sans mouton, c’était très photogénique!
Mes excuses, c’est moi qui ai été longue à approuver ton commentaire !
Je connaissais l’existence des lavognes mais je n’en ai jamais vu « en vrai ». J’adorerais, surtout avec des moutons autour ! Peut-être un jour, avec un peu de chance, au hasard d’une rando,.. En tout cas c’est une région qu’il va me falloir découvrir ! Merci beaucoup pour ce très chouette partage !
Je t’encourage à aller en Aveyron, en plus des paysages fabuleux, l’accueil y était formidable !
Superbe! Quel endroit magnifique. Merci Audrey.
Merci Sabrina !
Le Larzac est unique et magnifique, je connaissais ces lavognes mais je les nommais abreuvoirs à moutons, maintenant ça sera Lavognes.
Vivement qu’on puisse y retourner.
Merci Audrey.