Maintenant que ça fait trois ans que j’habite sur le continent américain, aucune fête ne provoque autant d’impatience en moi qu’Halloween. Mal aimée en France, décriée, ridiculisée, cette fête macabre est pourtant une ode à la joie de vivre. Halloween, c’est le sordide festif, le funeste enjoué, l’inéluctable guilleret. Halloween, un oxymore de fête, pour dédramatiser l’inévitable. Voici quelques instantanés de cette journée aux allures de Saturnales, où bien et mal se s’inversent autant que la vie et la mort.
Dépourvue du fardeau religieux des fêtes de fin d’année comme l’action de Grâce (Thanksgiving) et Noël, Halloween n’a aucun caractère obligatoire. Elle nous fait remonter dans le temps grâce à sa magie bien particulière : la magie noire des peurs de l’enfance, que l’on exorcise à grand renfort de décorations funèbres. Halloween est la fête de la catharsis, où l’on repousse la peur de la mort le temps d’une nuit plus vivante qu’effrayante, une nuit pour célébrer tout ce qui nous dépasse.
Ici la fête est bien suivie, même si à entendre certains, « c’était mieux avant ». Avant quoi ? Peut-être que maintenant, les fantômes et autres vampires sont devenus gentils, peut-être qu’on ne crépit plus les façades d’œufs crus ou de papier toilette… Mais selon les quartiers, les enfants vont toujours religieusement faire du porte-à-porte dans des maisons aux décorations de cinéma.
Tout comme on décore les maisons tout au long de l’Avent en prévision de Noël, le mois d’octobre voit fleurir des décorations qui vont crescendo dans l’horreur. Simples citrouilles au début du mois, on remarque les premiers crânes dans les haies vers le 15 octobre, puis s’ensuit une avalanche réjouissante de mauvais goût. Sorcières aux fenêtres, tombes dans les pelouses, fantômes gonflables et autres chats géants. L’important, c’est de mettre le paquet.
La première année, nous avons tout osé : le déguisement improvisé, la citrouille décorée à la va-vite et le porte-à-porte sans enfant-alibi, ce qui n’a pas empêché des riverains bienveillants de nous donner nos bonbons comme à n’importe quel bambin de 7 ans.
Avec en invitée spéciale Dora, la gentille chatte que personne ne voit jamais ici… L’aventure, pas son truc !
Quand je dis bonbons, il faut plutôt comprendre « monceaux de cochonneries trop grasses, salées, sucrées » : paquets de chips, bonbons à la gélatine du dollar store, barquettes choco-beurre d’arachide… Les enfants en ramènent littéralement des kilos, à grignoter pour tenir d’ici l’Halloween prochaine !
Si j’adore sculpter les citrouilles, j’ai découvert que simplement les peindre est un bon moyen de les faire tenir tout le mois sans moisir. Par contre, pas question de les manger après un mois dehors !
Toutes les folies sordides sont permises. J’adore.
L’un des grands moment pour moi est l’allumage de la citrouille, qui indique que nous avons des denrées à distribuer. Pas de bougie allumée, pas de bonbons. Un petit manège de « trick-or-treaters » s’ensuit alors, ballet savamment surveillé par les parents en retrait, parfois déguisés eux-mêmes. Cette année encore, j’allumerai mes bougies au crépuscule, attendant le passage des enfants avant d’aller m’immerger dans l’ambiance de ce jour unique, avec peut-être quelques sorts cachés dans ma robe de Morticia Addams.
La nuit tombée, les maisons s’illuminent et la magie devient palpable. La nuit est spéciale, comme une nuit de Noël noire. On sent l’effervescence jusque dans les lueurs de la nuit, les éclats de rire sardoniques au loin. On se prend à espérer que des fantômes (gentils, les fantômes, on a dit) se manifestent, que l’au-delà soit aussi riant que chez Jack Skelington. Une atmosphère païenne s’empare de la soirée et c’est toute une tradition de fête des morts qu’on perpétue la nuit d’Halloween, en attendant que vienne notre tour d’aller hanter les citrouilles et faire frémir le monde des vivants.
Et vous, vous aimez l’Halloween ? Vous aimeriez le fêter ? J’attends votre avis dans les commentaires !
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Halloween doit être tellement exceptionnel au Canada ! Ce n’est pas comme en France où malheureusement personne ne décore son chez soi … Très jolie déco au passage ! 🙂
Merci ! Beaucoup de personnes jouent le jeu à fond, avec véritable son et lumière le jour J, c’est à voir ! Et je ne parle même pas des soirées Halloween le week-end qui précède, un vrai florilège de zombies et vampires en tout genre. Sans oublier des citrouilles à la porte de la moitié des maisons. J’ai l’impression que beaucoup de gens préfèrent cette fête à Noël, plus commercial et avec plus d’obligations.
Écoute en France personne n’aime cette fête mais on ne va pas laisser les autres jouer les rabats-joies ! Je mettais quand même une citrouille à ma porte même si c’était la seule du quartier !
Super article qui définit bien ce qu’est Halloween 🙂 J’adore cette fête ! En France j’ai toujours essayé de me déguiser même si cette célébration ne prend pas trop là-bas… Mais après un Halloween aux US et deux ici au Canada, je ne me vois plus ne pas le fêter ! J’adore ce moment de l’année.
Bien d’accord, c’est ma fête préférée, je trouve même dommage que ce ne soit pas un jour férié. Une sorte d’apothéose macabre (mais festif, le macabre !) à l’automne, un grand pandémonium. Même si je retourne en France un jour, je mettrai toujours des citrouilles à ma porte en attendant les esprits du 31 octobre !
Ah mais quel bonheur cet article !!! tes mots me vont droit au coeur : ton amour pour Halloween, ton appréhension intelligente et sensible de cette fête injustement décriée chez nous, ça me parle tellement, je signe en dessous 😉
J’adore tes photos de citrouilles de toute beauté. Super article !
Awww merci pour ce gentil commentaire ! C’est un régal pour moi que de vivre dans un pays qui célèbre Halloween de tout son cœur, je pense qu’on a tous besoin de plus de monstres et de revenants dans notre vie à cette époque de l’année 🙂
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