Ce blog n’a guère plus d’un an mais je suis déjà certaine d’une chose : il est incroyablement saisonnier. Difficile pour moi d’écrire hors saison, de parler de la beauté du blizzard en plein mois d’août, d’évoquer la douceur du printemps au moment du réveillon. J’ai besoin de baigner dans une atmosphère pour réveiller mon écriture, et il me sera d’ailleurs difficile de coucher des souvenirs de voyage sur papier hormis à leur date anniversaire.
C’est pour cela que je décrète officiellement l’automne ouvert sur le blog : à quelques rares souvenirs estivaux près, il est temps de déchaîner les feuilles ocre, de faire déferler une tempête de citrouilles et de parler d’activités qu’on ne trouve à cette belle saison. C’est parti pour l’automne au Canada.
J’en profite pour déclarer mon amour à l’automne, ici et maintenant. Fille de l’automne, née début novembre au milieu des châtaignes et des feuilles mortes (sur un plan métaphorique, on est d’accord… je suis née à l’hôpital comme tout le monde), j’ai toujours porté en moi l’amour de cette saison charnière où rien n’est constant et tout est flamboyant.
L’été est une saison facile à aimer. Qui n’aime pas l’été ? Tout est magnifié par la chaleur et l’intensité des couleurs. Comment ne pas aimer cette saison qui nous donne à nous, habitants de terres grisâtres une bonne partie de l’année, un aperçu de la vie sous l’Équateur, dans ces pays perpétuellement dans un tableau de Gauguin, où rien n’est fade, où la vie est plus simple quand on la vit en sandales et peau offerte au soleil ? L’été est facile d’accès.
Mais l’automne… L’automne, c’est l’ambiguïté. Début septembre, les interrogations commencent. Est-ce un reflet roux que je vois ? Et si l’été était fini ? L’automne nous maintient sur la sellette. Les couleurs n’ont rien rien de franc, mélange de vert aux reflets fauve au début, puis palette vert-jaune-rouge par la suite, pour finir dans un éclat ocre une fois l’automne sur la pente descendante. L’automne n’aime pas la constance et le prouve souvent par une météo capricieuse, à souffler le chaud et le froid pour mieux dérouter. L’été indien, chant du cygne de l’été, nous rappelle que ce sont six à huit mois de froid et de rigueur qui nous attendent.
L’automne, c’est un feu d’artifice sur trois semaines, une montée crescendo vers un final éclatant. Chaque paysage traversé est différent chaque jour, chaque heure, sous la lumière du midi ou du crépuscule. C’est faire un immense et long « oooooh la belle rouge » dans un ralenti délicieux.
L’automne, c’est aussi la saison qui passe trop vite. Sur les trois mois officiels du calendrier, seules quelques semaines, tout au plus, sont flamboyantes. Le reste n’est que grisaille et bascule dans l’hiver européen, gris et face, ou sert de préambule à l’hiver canadien, plus riche en émotions. L’automne n’accepte pas l’inattention, il impose l’émerveillement de chaque instant, il impose d’être là, et bien conscient ; un clin d’œil, un peu trop de travail et d’obligations qui nous empêchent de lever la tête, et tout est fini.
L’automne, c’est aussi la saison de l’âme. Débarrassés de l’obligation de profiter de l’été et d’être partout à la fois sous le soleil, on peut enfin lever le pied. L’automne, c’est la saison des balades tranquilles qui crissent sous le pied et des cafés à la citrouilles, des châtaignes sucrées à savoureux lentement comme des bonbons.
Nietsche disait que l’automne est plus un état d’esprit qu’une saison. L’automne au Canada, c’est le voyage de l’âme, la saison où la Nature en appelle directement à notre âme en lui offrant un cocon douillet qui lui montre le temps qui passe, et nous rappelle en beauté de profiter de la beauté autour de nous, si éphémère.
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