Pour notre première virée dans la Péninsule acadienne, nous avons choisi une période délicieuse : le mois de mars. Il évoque ici l’odeur sucrée et la saveur sirupeuse de l’érable, les balades dans les érablières et les brunchs aux pancakes.
Et nous lui avons fait honneur : sirop, bonbons, tire, partie de sucre, brunch, et même… bière. On vous donne cinq bonnes raisons d’aller passer une fin de semaine aux saveurs de l’érable et aux couleurs de l’Acadie à Paquetville, village proche de Caraquet qui cumule les atouts sucrés.
Le brunch à la sucrerie Chiasson
Le brunch du temps des sucres, c’est une institution, et je ne manquerais ça pour rien au monde. Chaque année, j’attends cette période avec impatience et pas un week-end ne se passe sans que je fasse un tour dans une sucrerie.
À la sucrerie Chiasson, la sève d’érable coule depuis 1910, d’abord sous les auspices de la famille Thériault, puis Chiasson. Les 4 500 érables entaillés donnent la précieuse sève juste en ce moment, entre la mi-mars et la fin avril, pour réjouir tous les gourmands alléchés par le fumet de l’érable au retour des beaux jours.
En faisant la queue pour le brunch, au son des pics-verts, nous avons pu admirer les beaux érables bien harnachés de leurs tuyaux qui récoltent la sève. Savez-vous comment distinguer une exploitation commerciale d’une exploitation à titre personnel ? Il y a de fortes chances pour que le particulier ait seulement des seaux accrochés à ses arbres, tandis que l’entreprise aura déployé des tuyaux.
Le brunch est à volonté, avec saucisses, haricots, œufs brouillés, muffins anglais, patates rissolées et petites crêpes. J’adore l’ambiance des sucreries, avec leurs lambris qui rappellent un autre temps, et où on prend tous place sur de grandes tablées qui gomme les origines sociales, tous réunis par la grâce du sirop d’érable.
La distillerie Fils du Roy
Mais le sirop d’érable de la sucrerie Chiasson ne sert pas qu’à ravir les becs sucrés : il parfume aussi une bière artisanale produite par Sébastien Roy de la Distillerie Fils du Roy : la Grand Vicaire Paquet. Nous sommes donc allés enquêter. Direction Petit-Paquetville, à cinq minutes de la sucrerie. Les propriétaires Sébastien et Diane Roy nous y accueillent chaleureusement, et c’est parti pour une visite des lieux. Mais avant cela, une petite dégustation ? Sébastien fait volontiers découvrir ses produits aux visiteurs de passage comme aux locaux qui viennent troquer leur cruchon vide (le growler) contre un plein. Une belle manière de fidéliser les clients tout en faisant un geste pour l’environnement !
Etienne n’est pas aussi porté sur le sucre que moi, mais pour une bonne bière, il est toujours là. Puisqu’il fallait que l’un de nous se sacrifie et ne conduise pas, il s’est vaillamment dévoué pour goûter tout ce que Sébastien a bien voulu lui verser. Gin, bagosse, bières, le choix est là !
Créée en 2012 par de vrais passionnés, la distillerie brasse de superbes bières artisanales aux noms ancrés dans le terroir de la péninsule acadienne, comme la Stella Maris, à l’étiquette en français, anglais et chiac, ou la Caraquet Flyer en l’hommage d’un train emblématique de la péninsule acadienne. Quant à la Grand Vicaire Paquet, elle rend hommage à Joseph-Marie Paquet, figure fondatrice du village de Paquetville qui porte son nom. Une visite incontournable pour les férus de bière !
Le village historique acadien et Caraquet
Vous connaissez surement le Village historique acadien, haut lieu touristique au Nouveau-Brunswick : musée vivant qui reconstitue la vie d’autrefois en Acadie, avec son magasin général, son hôtel, son moulin à farine… Une belle plongée dans l’histoire des Acadiens. Mais saviez-vous qu’il est ouvert en hiver ? Les interprètes et comédiens ne sont pas là, évidemment, mais les sentiers sont ouverts et on peut très bien se promener entre les bâtiments d’époque, histoire d’avoir un aperçu du Village avec un goût de reviens-y.
Impossible aussi de repartir sans être allés voir Caraquet de plus près. Le village est pris dans les glaces de la baie des Chaleurs, et nous avions fait une croix sur une promenade au bord de l’eau… C’était sans compter la détermination d’Etienne, qui a trouvé un passage et nous a emmenés… sur la banquise. Enfin, sur une digue près d’un phare (n’allez pas sur la banquise au printemps les enfants). Le phare est une île, nous sommes entourés de flots blancs, on se croirait presque pour une expédition polaire. Le spectacle vaut le détour et nous rappelle la rigueur de l’hiver, bientôt derrière nous.
Quel rapport avec le temps des sucres ? Aucun, mais il faut bien éliminer un peu pour pouvoir reprendre un peu de tire au moment du goûter, et ces lieux sont tellement emblématiques de l’Acadie qu’il serait dommage de s’en priver !
Le restaurant Nouvo Caveau à Paquetville
Pour finir la journée, direction le Nouvo Caveau. Fondé lui aussi en 2012, ce restaurant évoque une bulle urbaine en pleine région acéricole, et nous transporte immédiatement à Montréal. Dépaysement des papilles garanti ! Sonia Jalbert, qui reçoit avec une chaleur contagieuse, servira la bière à l’érable en exclusivité pendant toute la saison des sucres… jusqu’à épuisement des stocks.
Nous avons eu la chance de goûter en avant-première au menu du lancement de la Grand Vicaire Paquet, qui se tiendra le mercredi 22 mars, en compagnie de Philippe Basque, historien du Village acadien, excusez du peu.
Mais même si vous ne pouvez pas assister au lancement, n’hésitez à faire un tour au Nouvo Caveau pour poursuivre la découverte des produits locaux et vous sucrer le bec subtilement avec la salade tiède de betteraves aux noix caramélisées à l’érable et le clou du repas, la divine crème brûlée à l’érable. Le tout arrosé de Grand Vicaire Paquet, évidemment ! Sinon, optez pour les arancini au parmesan ou le feuilleté de champignons et oignons gratiné au Gaulois de Portneuf… un régal. Je ne crois pas exagérer en disant que c’est l’une des meilleures tables où nous ayons mangé depuis notre arrivée au Canada !
La partie de sucre
Le temps des sucres, c’est un peu comme à Noël : on sait que ça ne dure pas, alors on en profite au maximum ! Savourez le sirop d’érable jusqu’à la dernière goutte avec les produits de la licherie. Une licherie, c’est un lieu où on déguste l’érable réduit à sa plus pure essence, simplement sur de la neige.
Ce jour-là, en compagnie de Hugues Thériault de la sucrerie, on a découvert une nouvelle facette de la licherie, que je ne suis pas prête d’oublier. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis une personne assez dépourvue de vices dans la vraie vie : je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue même pas. Par contre, je me sucre le bec à toutes les occasions. Les sucreries, c’est un peu un paradis pour moi : l’ambiance, les produits, l’effervescence, le… l’odeur !
Et donc, ce jour-là, j’ai découvert le paradis sucré : la partie de sucre. Un gros bâton, une raclette, un chaudron d’érable fumant qui répand un fumet irrésistible. Ce jour-là, j’aurais voulu être Obélix et tomber dans la potion magique. Voyez un peu :
(évidemment, un tel ustensile ne pouvait que se prêter à des facéties)
Et on n’oublie pas la tire de rigueur ! J’ai adoré le mélange de partie de sucre fumante et de tire gelée, qui réveille bien les papilles !
Bon appétit ! J’espère qu’après tout ça, vous n’avez plus qu’une envie, courir déguster les merveilles de Paquetville ou ressortir votre bouteille de sirop du placard !
**Cette chronique est le fruit d’un partenariat rémunérés avec Tourisme NB. Nous avons été les invités de la sucrerie Chiasson, de la distillerie Fils du Roy et du restaurant le Nouvo Caveau et les en remercions.***
Où dormir dans la péninsule acadienne
Gîte l’Heureux Hasard, 791 boulevard des Acadiens, Bertrand. Une jolie petite pension à Bertrand, à 3 km du Village acadien et une dizaine de Paquetville. À partir de 110 $ la nuit pour une chambre double avec salle de bains, wifi parfait, deux chiens affectueux et un beau petit-déjeuner.
Accéder à la péninsule acadienne
Depuis Moncton, prendre la route 11 jusqu’à Miramichi, puis la route 8 jusqu’à Caraquet, qui est aussi la route panoramique du littoral acadien. Plein de drapeaux acadiens en perspective !
Et vous, vous aimez l’érable et ses produits ? Vous avez déjà fait une partie de sucre ? Vous rêvez de vivre le temps des sucres au Canada ? Racontez-moi tout dans les commentaires !
belle article!
merci d’avoir choisi la région de Paquetville et les environs. 😉
Luc Robichaud
Maire de Paquetville
Merci, je suis honorée ! Nous avons passé une excellente fin de semaine dans votre beau village, avec un accueil en or.
Votre article est très intéressant et vos photos sont magnifiques et elles représentent bien notre beau coin de pays qu’est l’Acadie. Que de belles découvertes à faire connaître aux gens locaux et aux touristes!
Merci Pauline ! J’espère qu’il donnera le goût à plusieurs de venir à Paquetville, même après le temps des sucres.
Tres beau reportage. Bravo. Il faudrait revenir l automne pour voir le magnifique decor au couleur variee.
Merci Murielle ! Je suis sûre que la région doit être somptueuse en toutes saisons.
J’ai beaucoup aimé suivre votre épopée sucrée sur Instagram, et je suis contente d’en avoir le détail dans cet article (mais pourquoi on a pas ça en France ??) 🙂
Tu touches à une vraie question ! J’imagine que les érables producteurs de sève comestible ne sont pas présents en assez grand nombre… Mais par contre du sirop d’érable, on en a, de la neige aussi (parfois), donc pas d’excuses pour ne pas faire de la tire (ou une partie de sucre… il suffit d’un chaudron !).
Pour le déjeuner vous avez pas de bacon ,jambon et oreilles de christ.
Je suis végétarienne et je n’ai pas prêté attention à tous les plats de viande. Je suis sûre qu’il y a du jambon, mais pour le bacon et les oreilles de Christ, mieux vaut demander directement à la sucrerie 🙂
Ca a l’air super! Je n’ai aucune idée du goût que ça peut avoir !
Quoi quoi quoi tu ne connais pas le sirop d’érable ? Ou la tire ? Je t’invite à aller acheter une bouteille illico au supermarché et à découvrir ce délice ! 🙂
[…] : un week-end sportif au parc provincial de Sugarloaf, un week-end gourmand dans la Péninsule acadienne et un week-end le long de la Miramichi. Sans oublier le partenariat Tourisme NB/Petit Futé, qui […]