Un peu à l’écart de Québec se trouve un lieu qui mérite tous les détours, un lieu que je vous invite à inscrire à tout prix sur votre itinéraire : le musée huron-wendat de Wendake. L’histoire du Canada est celle d’une colonisation, c’est un fait, et si j’aime ce que le Canada est aujourd’hui, au point d’être devenue à mon tour Canadienne, il me semble essentiel d’être conscient des bases sur lesquelles cette société s’est construite. Visitez Québec, son centre-ville historique à l’européenne où vit encore un peu l’esprit des colons venus de France, mais pour voir l’autre version de l’Histoire, rien de quel que d’aller visiter la réserve autochtone de Wendake, sur le territoire coutumier de la nation huronne-wendat.
Comme je le disais dans mon billet sur comment fêter Noël autour de Québec, qui évoquait déjà le musée huron-wendat :
« J’ai tendance à penser qu’il est impératif d’inclure une visite sur les Premières Nations à tout voyage en Amérique du Nord, tant le Canada et les États-Unis se sont construits au détriment des peuples autochtones. La plupart des sites, sinon tous, que nous visitons, traversons, sur lesquels nous vivons, se trouvent sur des terres qui ont été obtenues au mépris des traités avec les peuples autochtones. »
La crise liée au gazoduc Coastal GasLink en Colombie-Britannique, dont la construction est rejetée par les Wet’
Car l’Histoire, j’espère que vous n’en doutez pas, est le récit des gagnants. Notre époque est celle d’une prise de parole par les minorités. À Wendake, réserve d’un kilomètre carré, nous pouvons lire et écouter les récits des Wendats (anciennement dénommés par l’exonyme Hurons) qui s’est vu dépossédé de ses terres par les Jésuites qui en avaient la gestion, mais qui a aussi combattu aux côtés des Français au XIVe siècle, dans une alliance militaire et commerciale.
On entre dans le lobby de l’hôtel, qui fait aussi boutique et a une atmosphère chaleureuse avec sa grande cheminée. Les objets de la boutique sont de l’artisanat wendat, dont on verra de superbes exemples au musée. Parlons-en, du musée. Je ne peux malheureusement pas vous le montrer (interdiction de prendre des photos ou oubli de ma part ?Nous ne le saurons sans doute jamais…) mais je peux vous le décrire. Je vous conseille vivement de suivre la visite commentée, qui donne toute sa dimension à cette visite qui remonte le temps, des origines mythiques des Wendat jusqu’à aujourd’hui.
Notre guide est autochtone, évidemment. Elle parle avec émotion, elle nous fait prononcer des mots en wendate. Elle nous raconte les alliances entre son peuple et les Français, elle remet du panache, de l’honneur et de l’héroïsme dans le récit colonial, où les peuples colonisés sont bien souvent misérabilisés. Elle nous montre comment les Wendat ont adopté certains vêtements occidentaux pour les intégrer à leur tenue traditionnelle, elle nous montre l’ingéniosité de l’artisanat, la finesse des paniers et des broderies. Elle nous parle aussi des pensionnats et personne ne sait où regarder. La blessure est si vive, elle ne cicatrisera jamais. Elle nous raconte que trois graines d’une variété de courge ancestrale ont été retrouvées conservées depuis des siècles dans une poterie, et que deux d’entre germé. Et nous voyons son espoir, qui dépasse ses graines, l’espoir de voir revivre ses traditions. Elle a sans doute raison, d’avoir de l’espoir : les Wendat sont désormais plus de 3 000 là où ils n’étaient plus que 180 au XVIIIe siècle. Wendake est une communauté propsère.
Nous la suivons à l’extérieur pour la visite de la maison longue nationale Ekionkiestha’. La visite de cet habitat traditionnel n’est d’ailleurs possible qu’avec la visite commentée du musée. Notre guide nous y raconte le quotidien, les détails d’ingéniosité pour se tenir au chaud, évacuer la fumée. La structure est évidemment tout en longueur, bordée de couchettes, nous découvrons qui dormait en haut, en bas, où on cuisinait. Si vous avez le budget, on peut même dormir sur place (voir les infos au pied du billet) !
Nous en profitons pour découvrir des saveurs autochtones au restaurant La Traite. De 11 h 30 à 14, il est possible de déjeuner au restaurant attenant au musée. Le pain bannique est évidemment au rendez-vous : ce pain plat sans levain est un incontournable de la cuisine autochtone. Je prends une salade de maïs et fèves et un dessert somptueux. Le tout est savoureux et c’est une expérience unique. Chaque dollar dépensé dans la réserve contribue au développement de la communauté wendat et si nous n’avons pas passé la nuit sur place, l’entrée au musée et le repas au restaurant sont aussi des contributions.
Nous finissons la journée tout simplement au coin du feu, à lire autour de la grande cheminée en digérant, à attendre le thé du Labrador servi dans le lobby à 15 heures. Contrairement à son nom, le thé du Labrador est en fait une tisane faite en infusant des feuilles d’une plante locale, et je vous le conseille vivement (cela peut faire un bon souvenir comestible à ramener !).
Nous n’avons fait qu’effleurer les possibilités de visites autochtones sur la réserve de Wendake, et voici d’autres idées. Retrouvez-les plus en détail chez Matante A, qui a aussi le bonheur de dormir à l’hôtel des Premières Nations :
- Si vous disposez de plus de temps que nous, vous pouvez aussi aller visiter le site traditionnel huron Onhoüa Chetek8e, où visiter une autre maison longue, un fumoir, une hutte de sudation… le tout avec des guides en costumes traditionnels et spectacles. J’avais visité ce site pendant mon tout premier voyage au Canada, à 15 ans (ça ne me rajeunit pas !) et j’en garde le souvenir d’un site plus axé sur les spectacles folkloriques que la mémoire, ce qui en fait une visite sans doute plus adaptée aux enfants. Vous trouverez plus d’infos ici.
- l’église Notre-Dame-de-Lorette, construite en 1730, me semble intéressante pour son sanctuaire à Sainte Kateri Tekakwita, première autochtone à avoir été canonisée.
- la Maison Tsawenhohi, habitée par des chefs jusqu’en 1993. C’est désormais un bien patrimonial.
- en juin, Wendake organise le Powwow international de Wendake, et c’est une expérience que je vous conseille vivement. Vous pouvez lire ici le récit de la première fois où j’ai assisté à un powwow.
Infos pratiques pour le musée huron-wendat
- 5 place de la rencontre, Wendake (banlieue nord de Québec).
- Accès avec votre propre véhicule ou par une navette (10 CAD/adulte, 5 CAD de 6 à 12 ans, gratuit en-dessous de 5 ans) au départ de la Maison du tourisme de juin à octobre.Billets à acheter à la Maison du Tourisme, 12 rue Sainte-Anne.
- Musée : 14,5 $/adulte pour la visite commentée. Plus d’infos ici.
Où dormir à Wendake
- Hôtel des Premières Nations. Je n’ai pas essayé cette option mais je garde cette adresse pour une prochaine visite à Québec tant l’établissement est unique : avec son esthétique qui s’inspire de l’habitat traditionnel huron-wendat, ses deux spas et bien sûr, la proximité du musée, j’y séjournerais volontiers. À partir de 86 CAD/chambre. Réservez ici votre chambre à l’hôtel des Premières Nations.
- Il est aussi possible de dormir dans la maison longue nationale. Il s’agit ici d’une expérience intégrale, avec hébergement dans la maison longue et mise à disposition d’une chambre de l’hôtel des Premières nations pour les sanitaires, dégustations, contes et légendes et même un gardien du feu (ça me rappelle mon calvaire avec le feu au Ridgeback Lodge !). À partir de 750 $ pour deux adultes et deux enfants (plus d’infos ici).
Où dormir à Québec
Voici des établissements repérés pour vous. Cliquez sur le nom pour réserver votre hébergement à Québec :
- pour les petits budgets à Québec, le plus simple reste encore l’Auberge internationale de Québec ou l’auberge La belle planète
- au niveau des gîtes, j’ai repéré le B&b Maison historique James Thompson ou le B&B des Grisons
- pour une expérience insolite, pourquoi ne pas essayer le Monastère des Augustines, un ancien couvent transformé en hôtel ? Charme garanti !
- Si vous voulez craquer la banque pour une occasion spéciale (ou juste parce que vous avez les moyens !!), je ne vois rien de mieux que l’hôtel Fairmont Le Château Frontenac, tout simplement.
Celui-là même !
Infos pratiques
- Comment s’habiller au Canada en hiver : vous êtes beaucoup à vous demander comment s’habiller pour aller au Canada en hiver. Je vous ai fait un topo ultra-complet dans cet article, avec des conseils pour choisir quelles chaussures et quel manteau mettre dans votre valise.
- Conduire au Canada en hiver : un conseil, allez lentement. Vraiment. Vous trouvez plus de conseils dans ce billet consacré à la conduite au Canada.
- Venir à Québec : depuis l’Europe, le plus direct reste d’atterrir à Montréal et prendre ensuite le train ou un car longue distance. Vous pouvez aussi atterrir directement à Québec, probablement avec une escale à Montréal. Réservez votre vol vers le Canada avec Air Transat
- Avez-vous pensé à souscrire une assurance voyage pour le Canada ?
Et vous, connaissez-vous ce lieu historique et culturel ? Avez-vous déjà visité d’autres réserves autochtones ? J’ai fait de mon mieux pour écrire cette chronique avec respect et exactitude, mais si certaines phrases sont à revoir, je serai heureuse de les corriger. Oyez, oyez. Cette chronique contient des liens affiliés.
Ma fille et moi sommes allées à Wendake l’été dernier et, effectivement, c’est un must. La visite du site traditionnel est aussi très intéressante. Quant au resto La Traite, c’est vrai qu’on y mange très bien.
Ça a dû être une visite vraiment intéressante. Quand on était au Québec en 2014, on a eu une journée de pluie interminable, on dormait sous la tente aux Escoumins et du coup on a écumé tous les centres dinterprétation du coin. On a fini dans un petit musée autochtone où une femme faisait une conférence / performances sur son vécu de femme amérindienne. C’était vraiment bouleversant. Ensuite on a partagé une soupe de maïs et poursuivi la discussion. C’est un souvenir vraiment unique. Après j’ai lu un super bouquin sur le sujet, « L’Indien malcommode ». Il est très accessible, je te le recommande si tu ne le connais pas déjà.
Merci pour la recommandation, je ne connais pas. Cette rencontre a dû vous marquer, ce n’est pas tous les jours qu’on peut entendre de vive voix ce genre d’histoire, si triste/rageante soit-elle.
Belle découverte ! Je viens d’apprendre que les hurons ont changé de nom, je vais donc me mettre à la page !
Disons plutôt qu’ils ont réaffirmé leur nom, « Hurons » leur ayant été donné par les colonisateurs 😉
Coucou,
Je trouve ça extrêmement important et intéressant comme visite !
C’est un pays qui a une histoire forte, il ne faut pas l’occulter et en être conscient.
Quand j’arriverais enfin sur place, j’irais le visiter avec mon mari et notre fils.
Belle journée,
Laura – Bambins, Beauté et Futilité
Merci Laura ! Les problématiques sont extrêmement complexes et en tant qu’immigrant, il ne faut oublier que nous profitons d’un système qui oppresse les Premières Nations. S’informer, c’est le minimum syndical pour nous et je suis heureuse que tu y sois sensible.
Ce lieu a l’air extraordinaire. Je n’ai jamais eu l’occasion de visiter un site associé aux Premières Nations au Canada (car cela fait 15 ans que je n’y suis plus retournée), mais lors de plus récentes visites aux USA, j’ai vu deux musées qui m’ont beaucoup marquée, celui de Washington dédié aux cultures amérindiennes, ainsi qu’à l’histoire de la colonisation américaine et des massacres et déportations qui l’ont accompagnée, et celui de Phoenix, dédié à l’art amérindien, le plus grand musée du monde d’art « native ». Cela m’avait énormément touchée et cela avait transformé ma vision de la « conquête de l’Ouest »… J’ai d’ailleurs écrit un grand article sur les Native Americans lors de mon séjour en Arizona, je ne voulais pas oublier la pusisance de ces impressions. Je note Wendake pour un retour au Québec, car l’architecture du lieu, le type d’expositions, le resto au style extraordinaire, tout cela me tente énormément.