Connaissez-vous Halifax ? La plus grande ville de la façade atlantique du Canada est une cité historique tournée vers l’océan. L’un des plus grands ports au monde, elle est aussi l’une des plus vieilles villes du pays, avec une histoire qui n’a pas grand chose à envier à celle de sa plus illustre cousine Québec. Les pierres de ses docks réaménagés en ont, des anecdotes à raconter, et par temps de brume, qui sait si on ne pourrait pas croiser quelques flibustiers des mers froides en quête de rififi. Par grand soleil, c’est une autre affaire : plus longue promenade en bois au monde où flâner le nez au vent, location de kayak urbain pour aller visiter l’île George toute pimpante avec son phare à quelques encablures des quais, colline verdoyante qui surplombe la ville et jolies terrasses… Halifax est radieuse. Si vous vous cherchez une escapade au départ du Canada et que le Sud et les Caraïbes sont trop loin pour vous, venez passer un week-end à Halifax pour une tranche de vie à la sauce maritime, vous m’en direz des nouvelles.
En janvier 2018, Etienne et moi sommes allés nous changer les idées à Halifax, après deux mois enfermés après notre voyage en Corée et au Japon. Je suis toujours étonnée de la scène culinaire à Halifax et à quel point on y mange bien ! Si le sujet vous intéresse, retrouvez les infos pratiques en fin de chronique, mais aussi dans un billet complet consacré à un week-end gourmand à Halifax.
L’heure du brunch
De Moncton, il nous faut 3 heures pour arriver au centre-ville. Sitôt arrivés, c’est l’heure de prendre un brunch. Cela faisait longtemps que je voulais aller chez Edna, mais celle-ci n’en fait qu’à sa tête… Edna ? C’est la grosse tête du brunch à Halifax, le lieu de rendez-vous de la jeunesse branchée qui vient siroter des mimosas à 10 h du matin. Mais comme Edna a un peu la grosse tête, elle ne prend pas de réservations. En arrivant à midi, nous attendons une vingtaine de minutes. Heureusement, l’établissement nous appelle quand c’est notre tour, ce qui nous laisse le loisir d’aller aux boutiques de comics ou de déco voisines. Etienne et moi avons pris tous deux des œufs bénédictine et un pancake à la ricotta en dessert. Un vrai délice ! Je comprends mieux pourquoi Edna fait tourner autant de têtes.
Après manger, un rituel qui ne manque jamais, c’est d’aller faire du lèche-vitrine. Moncton a beau avoir l’essentiel et même plus encore, disons que notre ville ne comble pas absolument tous nos besoins. À Halifax, on trouve plusieurs magasins de comics, plusieurs magasins féministes et même une vraie rue commerçante, la rue Spring Garden. Même si la carte bleue ne chauffe pas et si une heure nous suffit à voir ce dont nous avons envie, c’est malgré tout agréable de flâner en se croyant presque de retour en Europe. Mes adresses préférées (vaguement représentatives de mes intérêts… très vaguement !) se trouvent entre les rues Spring Garden, Argyle et Barrington :
- Strange Adventures, 5110 rue Prince. Un magasin de comics qui a aussi une bonne sélection de mangas, quelques bandes dessinées et de nombreux comics reliés.
- Venus Envy, 1598 rue Barrington. Un magasin que j’adore : une librairie féministe intersectionnelle. On y trouve énormément d’essais féministes et LGBTQ+. J’en suis repartie avec un essai sur les librairies féministes et leur rôle dans la communauté lesbienne aux États-Unis au XXe siècle, que je me fais une joie de lire. Oh, et la boutique comporte un coin sex-shop positif, aussi.
- Neighbourhood Witch, 1526 rue Queen. Un magasin d’ésotérisme qu’on croirait sorti d’un film de Tim Burton avec sa déco noire et blanche Je suis sous le charme. On y trouve des cristaux, des bijoux, des livres, des tenues et probablement des sortilèges… Un incontournable en mode #VoyageGothique !
- Biscuit General Store, 1661 rue Argyle. Cette boutique un peu fourre-tout contient à la fois des chaussures véganes, des livres féministes, de la déco et des vêtements… C’est là que j’ai acheté ma besace en cuir végétal Matt & Nat et un fameux recueil : Bad Girls throughout History.
L’adorable rue Queen et ses façades de bonbons acidulés
J’avais justement avec moi mon cabas préféré « All of us feminist witches » !!
Pour une pause au chaud, les cafés ne manquent pas. Nous jetons notre dévolu sur The Daily Grind, ambiance bois et fauteuils en cuir, dans la rue Birmingham juste au coin de la rue Spring Garden, mais il y a énormément d’options sur les rues Spring Garden, Barrington, Lower Water, comme The Wired Monk (5147 rue Morris) ou Uncommon Grounds (5665 Spring Garden)… La « culture café » a frappé Halifax de plein fouet, pour mon plus grand plaisir. À chaque nouvelle visite, les cafés semblent se multiplier et insuffler de la vie au centre-ville.
Les façades historiques de la rue Barrington
Une visite historique : la citadelle de Halifax
À deux pas de la rue Spring Garden se trouve une colline immanquable : le lieu historique de la citadelle de Halifax. Ce lieu fortifié en forme d’étoile date de 1749, construit par Edward Cornwallis et ses colons britanniques. La citadelle est reconstruite par deux fois par la suite afin de protéger le port de Halifax, lieu éminemment stratégique car ses eaux ne gèlent jamais. La citadelle actuelle date de 1828, alors que les Britanniques craignent une invasion américaine par voie terrestre à cause de tensions entre les deux pays. Pour l’anecdote, malgré toutes ses reconstructions… la citadelle n’aura pas été attaquée une seule fois ! Heureusement, sans doute…
Les baraquements depuis les remparts
J’avoue, je ne suis jamais allée dans les baraquements. J’ai grand-peine à me passionner pour les mises en scène historiques s’il fait grand beau à l’extérieur, et je préfère les panoramas aux dioramas. Ça tombe bien, depuis les remparts de la citadelle, on a une vue imprenable sur la ville, la baie et ses îles, et Dartmouth sur l’autre rive. Avec la tour de l’horloge, c’est une vraie carte postale. Il faut la mériter car elle domine la ville, mais une fois en haut, quelle récompense ! La route monte dur depuis l’hôtel de ville, et plus doucement depuis la rue Spring Garden.
Cette photo n’a pas été prise en hiver ! Mais la tour de l’horloge, en réparation, n’était pas photogénique début 2019.
Infos pratiques :
- 5425 rue Sackville
- l’intérieur est ouvert du 7 mai au 31 octobre, l’extérieur se visite toute l’année
- inclus dans le passe annuel de Parcs Canada. Si vous ne l’avez pas, comptez 11,8 $/adulte pour accéder à l’intérieur.
Pour finir la journée en douceur, direction la bibliothèque. Un vrai incontournable pour moi, tant j’adore l’ambiance de ce vrai lieu de vie haligonien [le nom des habitants de Halifax]. Il y a toujours du monde qui lit, qui travaille, qui discute, qui brasse, et même si je préfère les ambiances de cathédrale, je dois dire que la voir si fréquentée remplit de joie mon petit cœur de rat de bibliothèque. S’il fait un peu froid dehors, on peut sans problème y lire une heure ou deux. Le meilleur endroit, c’est au troisième étage, côté sud, dans les fauteuils moelleux… Mais chut, ne le répétez pas !
Et l’architecture incroyable, on en parle ?
Halifax est aussi une ville remplie d’art urbain, ce qui ne manque pas de me réjouir. Je vois les fresques comme la cerise sur le gâteau d’une belle ville, la petite touche en plus qui la rendra unique et inoubliable. Les fresques forment un jeu de pistes rempli de surprises à chaque coin de rue ou presque. Je suis gâtée à Halifax, qui aime visiblement l’art urbain autant que moi. Les plus belles fresques sont au centre-ville, toujours dans les rues phare que sont Barrington et Argyle, mais aussi dans les petites rues perpendiculaires.
À l’angle de la rue Duke et Barrington
Sur la rue Market
Sur Grafton Street
Le soir, c’est sur la rue Grafton que nous trouvons notre bonheur pour le dîner. Cette rue est bordée de restaurants en pubs en tout genre, et doit grouiller d’activité en été, à en juger par le nombre de terrasses, d’ampoules de guinguette et le fait que la rue soit piétonnisable. Nous jetons notre dévolu sur le bistro East of Grafton, lui aussi décoré en bois/métal/récup (est-ce la tendance du moment ? On dirait bien…) et surtout pas trop bruyant à cette heure tardive. C’est qu’il est déjà 20 h, soit l’heure du digestif pour les Canadiens. Le restau se vide d’ailleurs sous nos yeux alors que nous attendons notre commande. Mon Bouddha Bowl (bol végétalien avec edamame, courgettes, sésame et chou-fleur) est un délice mais bien trop petit à mon goût, hélas.
La rue Grafton, un peu vide en journée, très animée le soir
Une promenade les pieds dans l’eau
Le lendemain matin, le soleil est toujours de la partie et nous nous lançons dans une promenade une fois le petit-déjeuner avalé. Halifax abrite aussi la plus longue promenade en bois au monde : trois kilomètres incroyablement agréables qui relient les propriétés historiques au marché en passant par des marinas et autres marchands de glace.
Les « propriétés historiques » sont un reliquat de l’époque des pirates, lorsque toute la ville vivait à l’heure du port, des goélettes, des navires venus décharger leurs marchandises avant de mettre les voiles vers d’autres destinations. L’époque du commerce maritime sur des navires à voile est à son apogée au XVIIIe et XIXe siècle, et entre 1800 et 1875, ce sont pas moins de sept entrepôts qui sont construits dans la vieille ville. On imagine sans peine les matelots et les vieux loups de mer sillonner la ville à la recherche de ratafia entre deux voyages… Au XXe siècle, les entrepôts tombent en désuétude, et il faudra attendre 1960 que la Commission des sites et monuments historiques du Canada les rachète pour qu’ils soient réhabilités, ayant échappé de peu à la démolition. Ils abritent désormais des boutiques, cafés, restaurants fort agréables quand le soleil est de la partie.
Un peu plus loin, une marina avec des bateaux didactiques, comme l’Acadia et son quai consacré à une exposition sur les guerres mondiales. Halifax est étroitement liée à la guerre, marquée jusque dans sa physionomie par les conflits mondiaux. En décembre 1917, le navire français Le Mont-Blanc, chargé de munitions à destination de l’Europe, entre en collision avec l’Imo, un navire norvégien. Le feu se déclare à bord. La quantité d’explosifs est phénoménale et vingt minutes plus tard, le Mont-Blanc se volatilise dans ce qui reste la plus grosse explosion humaine jusqu’à la bombe de Hiroshima. Plus de deux mille victimes, une explosion entendue à des centaines de kilomètres à la ronde, et surtout la ville presque rasée. On retrouva même l’ancre du Mont-Blanc à 4 kilomètres dans les terres. Ce traumatisme fait partie intégrante de l’histoire de la ville et impossible de ne pas y penser en se promenant paisiblement sur les quais.
Un peu plus loin, bien loin du tumulte des navires de guerre, une portion que j’adore : un quai doté de hamacs. Je ne suis pas la seule à adorer ces hamacs colorés sur lesquels il fait bon faire la sieste au soleil, même par 0°C. Le balancement du hamac associé au bruit de l’eau, avec seulement un faible brouhaha en provenance de la ville… C’est l’un de mes endroits préférés dans cette ville.
Mais pour la meilleure vue de Halifax, rien ne vaut un petit tour sur le traversier pour Dartmouth. Pour la modique somme de 2,5 $, embarquez à bord d’un petit traversier qui vous donnera une vue imprenable sur la baie. La traversée est très courte, mais le spectacle est grandiose !
Nous concluons le week-end sur un déjeuner tardif avec une balade jusqu’à Relish, une chaîne de burgers gourmets que j’adore. Autrefois implantés à Moncton, ils sont partis en 2015, laissant un trou béant dans mon cœur. Leur burger végétarien au quinoa sur relish de betterave est un délice.
Notre court week-end est déjà fini… nous devons partir tôt et la route nous attend. Nous sommes loin d’avoir épuisé les possibilités de Halifax, qui propose notamment un autre quartier en vogue, l’Hydrostone Market, ainsi que plusieurs musées illustres que nous n’avons pas encore visité : Pier 21, le musée de l’immigration canadienne, et le musée du Titanic, puisque c’est de Halifax que sont partis les secours pour le célèbre naufrage. Des centaines de victimes sont d’ailleurs inhumées au cimetière Fairview, et je me promets de leur rendre visite la prochaine fois.
Où manger à Halifax
- Edna, 2053 rue Gottingen : les pontes du brunch à Halifax. Attention : les techniques du personnel sont parfois déloyales : le café servi à brûle-pourpoint n’est pas inclus dans le brunch et les serveuses n’hésitent pas à agiter des assiettes de pancakes fumants sous notre nez pour nous inciter à commander… Compter 20-25 $ par personne pour un plat, un dessert et un café.
- East of Grafton, 1580 rue Grafton : compter 17 $ pour une énorme assiette de nachos ou un petit bol végétalien.
- Relish, 6024 rue Quinpool : cette chaîne de burgers gourmets est un délice ! J’adore les frites croustillantes préparées à la demande et plongent de la friteuse à l’assiette. L’établissement est un peu excentrée mais la balade est agréable. Environ 10 $ le burger, 3 $ les frites.
- Talay Thai, 5164 rue Morris : excellent restaurant thaï avec de bonnes portions, du goût et des desserts fabuleux
- The Foggy Goggle, 2057 rue Gottingen : pour un bon burger
Où dormir à Halifax
- The Halliburton, 5184 rue Morris : un hôtel de charme à deux pas de la rue Spring Garden. Notre chambre était spacieuse, calme et nous avons apprécié le professionnalisme du personnel. Le petit-déjeuner continental est compris, le parking aussi. À partir de 189 $ la chambre double. Testé en octobre 2016.
- Marriott Harbourfront, rue 1919 Upper Water : un hotel plus orienté affaires, mais irréprochable au niveau propreté et emplacement. Nous avions une chambre avec vue sur la baie, sublime pour traîner avec le petit-déjeuner au lit. À partir de 179 $ la chambre double. Compter 25 $ pour le parking (ark ! Je m’en étouffe encore !). Testé en janvier 2018.
- L’auberge de jeunesse HI Halifax, rue 1253 Barrington : à deux pas du marché, un établissement basique à moindre coût. Testé en mars 2017.
Notre chambre au Marriott, cadeau d’Etienne pour Noël 🙂
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Et vous, connaissez-vous Halifax ? Aimez-vous cette ville et ses histoires ? Racontez-moi tout dans les commentaires. Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Je crois que j’avais déjà lu une de tes chroniques sur cette ville, mais à chaque fois ça a l’air super agréable. Ca nous plairait bien ! Ah, et j’apprécie l’anecdote Première guerre mondiale, ainsi que ta liste de shopping. Et je veux ce sac, witch !
Le sac vient de Salem, peut-être que la boutique Haus Witch vend en ligne ! J’adore la figure de la sorcière pour plein de raisons et aussi pour son importance grandissante en tant que symbole féministe – je viens de lire « Slut, Feminist, Witch », un essai qui déconstruit les « sorcières » (finalement, les femmes qui savaient des choses que les hommes ignoraient, comme les sage-femmes, les herboristes…), c’était passionnant.
Sinon oui, Halifax est très agréable, et puis avoir un peu d’Histoire à se mettre, même quelques centaines d’années, ça fait toujours plaisir 🙂