Quand on vous dit « surf« , à quoi pensez-vous ? Des images d’Épinal de mers chaudes, de rouleaux immenses, les palmiers, des surfeurs à la peau cuivrée et aux cheveux blonds, peut-être. Des noms qui font rêver comme Honolulu, Venice Beach, Bondi Beach. Les Beach Boys, la chaleur de l’été tempérée par les vagues, un feu de camp sur la plage de sable fin. Soyons fous : vous avez peut-être même pensé à Point Break/Extrême Limite, Keanu Reeves et Lori Petty (moi oui !). Et pourtant, on peut faire du surf au Canada.
Saviez-vous qu’on peut pourtant aller surfer sur des plages de galets, entourés de sapins et de lupins, dans le brouillard, déguster une bonne poutine pour se remettre de ses émotions, sur un air de country ? N’allez pas plus loin, c’est en Nouvelle-Écosse que ça se passe. Car peu importe le flacon du moment qu’on a l’ivresse des vagues, et des vagues, il y en a en masse au parc provincial de Lawrencetown, près d’Halifax, l’un des rares endroits où on peut faire du surf au Canada, a fortiori sur la côte atlantique.
Quand mon amie Sabah m’a proposé d’aller surfer en Nouvelle-Écosse, est-ce que je pouvais refuser ? Non, bien évidemment. Impossible. Je gardais un bon souvenir des deux cours de surf pris en Nouvelle-Zélande il y a dix ans, où malgré des vagues géantes d’au moins quarante centimètres de haut, j’avais réussi à me lever. Et à rider la vague jusqu’au rivage dans le soleil couchant. Les débutants en surf savent à quel point les vagues semblent hautes quand on boit la tasse, inversement proportionnelles à notre maîtrise de la planche. Je voulais retrouver ce sentiment d’exaltation resté bien gravé après ma première chevauchée des vagues. Direction Lawrencetown, donc.
À l’arrivée, le temps est chagrin. Pas de soleil, pas de vent chaud qui balaie notre peau dorée, que du brouillard, du gris, de l’appréhension. Où est le mois de juillet ? Je ne vois qu’un temps de novembre. Mais on est là pour surfer, on ne va pas se laisser abattre, non ? Des dizaines d’autres apprentis surfeurs sont là, pas question de perdre la face.
On y va ? On n’y va pas ?
Sabah a un cours de surf tout récent en tête et dans les jambes, et nous, on se dit que faire du surf, c’est comme du vélo, ça ne s’oublie pas. Avec le recul, on aurait sûrement dû rafraîchir nos souvenirs vieux de dix ans avec une petite leçon : malgré toute notre bonne volonté, faire du surf, ça s’oublie. Surtout quand on totalise deux heures de pratique dans notre vie.
Il faut dire que l’exercice n’est pas de tout repos. Primo, rentrer dans la combi. Combi intégrale obligatoire, et on regrette même de ne pas avoir de gants ni de cagoule. Deuzio, rentrer dans l’eau. C’est que l’eau est à 10°C, voyez-vous. Si les Vikings avaient fait du surf, ils en auraient fait dans ces conditions-là. À 10°C, le corps se fatigue assez rapidement, les mains ont vite du mal à agripper la planche. Il faut être rapide et tout donner rapidement, car il sera impossible de recommencer encore et encore : en une heure, on peut être transi.
Sabah s’en sort comme une championne (c’est elle dans sa combi bleue de déesse des mers), Etienne pas trop mal, et moi… Il est l’heure d’avouer que je n’ai guère brillé. Telle une sirène hors de l’eau, je suis terrifiée par les vagues qui se sont muées en gros rouleaux d’un mètre de haut le temps qu’on enfile nos combinaisons (ce qui a pris une bonne demi-heure). Je n’arrive pas à les dépasser pour les regarder de derrière : les vagues sont faites pour être chevauchées, suivies, épousées. À la place, je me les prends dans le nez, dans les poumons et ce n’est pas une danse mais un combat qui s’engage – pas du tout le bon esprit pour rider.
J’ai quand même pris une ou deux vagues sur le ventre, mais pour paraphraser Brice, je sens que l’océan ne veut pas de moi. L’important, c’est de savoir renoncer : je file reposer ma planche au bout de trente minutes et vais m’ébattre dans les eaux, prendre le pouls des rouleaux, prendre des photos, admirer la technique de certains surfeurs au loin. Je mentirais en disant que je suis parfaitement satisfaite de mon expérience : j’aurais sans doute dû plus insister, aller voir un moniteur peut-être, mieux me renseigner avant – rien de tel que de penser à regarder des tutos après plutôt qu’avant, hein, grande maligne ! Bref, j’ai comme un arrière-goût d’inachevé, et si ce n’est pas cette année, j’y retournerai l’an prochain, pour enfin dompter les vagues canadiennes. Debout.
J’ai quand même pris des vagounettes, mais l’audace n’y était pas.
Mais que mon expérience mi-figue mi-raisin ne vous décourage pas : mes compagnons, eux, y ont parfaitement trouvé leur compte et ne serait-ce que pour le côté improbable de faire du surf en eaux fraîches, l’expérience vaut le déplacement. Et quelle paix une fois les planches reposées, les combinaisons séchées et le soleil presque couché… l’océan exerce un attrait magnétique et la plage apaise l’âme, que l’on soit dans les mers chaudes du sud ou ici même, au Canada.
Accéder à Lawrencetown, Nouvelle-Écosse
Depuis Moncton, prendre l’autoroute 2 vers l’est, puis la 14 vers le sud, direction Amherst-Truro, puis la 102 sud direction Halifax. À Halifax, prendre la 107-East direction Darmouth, puis la sortie 13E direction Lawrencetown.
Où louer du matériel de surf en Nouvelle-Écosse
Les loueurs de planches et combinaison abondent sur l’unique route du parc provincial de Lawrencetown. Nous sommes allés chez East Coast Surf School, qui est juste à côté du bâtiment sur le stationnement principal. Compter 40 $ pour la location de planche et combi à la journée, et de 65 à 95 $ le cours avec location de matériel (dégressif en fonction du nombre de personnes).
Où dormir à Lawrencetown en Nouvelle-Écosse
Nous avons passé une merveilleuse soirée au gîte Coastal Waters B&B, à trois kilomètres de la plage. Le gîte donne sur un lac, le petit-déjeuner est somptueux et les propriétaires très accommodants. À partir de 135 $ la nuit en chambre double.
B&B Coastal Waters, 12 Emerald Dr, Three Fathom Harbour, NS
Réservez votre séjour en Nouvelle-Écosse
Et vous, vous avez déjà surfé ? Vous avez apprécié ? Vous aimeriez essayer ? Racontez-moi tout dans les commentaires. Oyez, oyez. Cette chronique contient un lien affilié.
Je ne savais pas du tout qu’il y avait du surf dans cette région ! ce sport me fascine, j’ouvre toujours grand les oreilles quand on dit surf, je note 😉
Jusqu’à l’an dernier je le savais pas non plus ! Il y a peut-être de beaux rouleaux dans d’autres mers froides, en Alaska ou en Russie… mais encore faut-il oser les braver ! Tu s déjà essayé (aux Bahamas peut-être ?) ? 🙂
Ah cool… On a eu une période surf il y a quelques années, où on est allées au Portugal plusieurs fois pour apprendre, mais qu’est-ce que c’est dur!! Hélène achète des magazines de surf quand le métro parisien la déprime trop et il y a de temps en temps des reportages sur le surf en eaux froides… souvent des paysages superbes et pas beaucoup de monde à l’eau. Ca fait rêver aussi, pas comme Hawai, mais quand même. Bravo de vous être lancés!
J’espère qu’on persévérera ; j’aimerais aller dans des eaux plus chaudes pour passer une semaine ou deux à prendre des vagues, ce serait chouette d’arriver vraiment à quelque chose. J’admire que vous soyez allées au Portugal pour ça (pour surfer les vagues de Nazaré ?), même si la conclusion est la même : c’est du boulot si on n’est pas nées sur une planche ! Mon tort est d’avoir trouvé ça facile il y a dix ans, et d’avoir cru que ce serait la même en recommençant à 33 ans… C’est qu’on n’est plus tout jeunes.
[…] – Nouveau-Brunswick bien sûr, mais aussi les belles Maritimes (Île du Prince Édouard, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve), le Guatemala, Cuba et le Mexique, jusqu’à la côte Ouest des États-Unis. On […]