Bruges fait partie de ces petites villes qui semblent incarner l’esprit de Noël. Très touristique, elle n’en reste pas moins extrêmement charmante, avec ses ruelles médiévales et ses façades Renaissance, ses fameux canaux, son beffroi et sa Grand’Place majestueuse. En décembre, elle se transforme en féérie au son des carillons, des décorations à chaque coin de rue. Je vous emmène visiter Bruges, ville à taille humaine que j’ai eu la chance de découvrir pendant cinq jours en décembre 2022.
Faire un tour au marché de Noël
Pas d’Avent sans marché de Noël dans le nord de l’Europe ! L’odeur du vin chaud ou des jus de fruits épicés, la musique, la chaleur qui se dégage des petits chalets à la nuit tombée sont désormais indissociables de la période de l’Avent à mes yeux. À Bruges, le marché de Noël se tient principalement sur la Grand’Place qui lui offre un décor sublime, entre la rangée de façades à pignons colorés d’un côté, les palais gothiques de l’autre et le beffroi qui écrase tout de sa présence. Bien sûr, tous les chalets ne donnent pas dans l’authenticité et par ce mois de décembre 2022 frigorifique, ce sont surtout les vendeurs de gants et de bonnets qui faisaient fortune, mais flâner entre les échoppes ou se faire plaisir avec une tartiflette ou une saucisse en guise de déjeuner est très agréable.
Bon à savoir : lors de ma venue, le marché de Noël se divisait entre la Grand’Place et la place Simon Stevin non loin, une bonne idée pour ne pas engorger un même endroit.
Le marché de Noël de Bruges depuis le beffroi
Flâner dans la vieille ville
La vieille ville de Bruges a un cachet mémorable et elle est bien plus grande qu’on pourrait le penser. Ne vous contentez pas des grandes artères ! Chaque ruelle est l’occasion de découvrir une façade merveilleuse, des bas-reliefs vieux de plusieurs siècles, un motif de briques fabuleux. J’ai aimé me perdre dans ce petit dédale, jamais bien loin d’une rue passante ou d’un canal qui me ramenait à bon port. De jour, ce sont les détails qui se révèlent : les couleurs des façades, les vitraux d’anciens hôtels particuliers, les pigeons qui nichent au ras de l’eau ou la finesse de vieilles fenêtres. De la Grand’Place au béguinage, je n’ai jamais pris le même chemin, découvrant à chaque fois une allée, un passage, un raccourci me donnant l’impression de me confier un secret.
La ville ne manque pas de surprises et il faut parfois oser s’approcher des façades pour découvrir qu’il est possible de visiter leur intérieur. C’est ainsi que sur la place de l’hôtel de ville (place du bourg), la plus vieille façade, celle cachée tout au coin, cache en fait la cathédrale du Saint-Sang de Bruges du XIIe siècle, accessible gratuitement hors des messes.
Visiter les canaux
Si Bruges a piqué votre curiosité, c’est sans doute grâce à ses canaux, je me trompe ? Moi qui pensais découvrir une petite Venise du Nord, je suis restée un peu sur ma faim : certes, la ville a des canaux, mais j’ai trouvé que c’était loin d’être son atout principal, largement derrière les façades splendides. Peut-être l’ambiance est-elle différente en été, quand la végétation se fond avec l’eau et crée des canaux de verdure. Mais en décembre, l’eau grise et triste n’était pas propice à la rêverie. Cela n’empêchait pas les touristes de sillonner les canaux par bateaux entiers entre les cygnes. Même si je suis sûre que cette visite montre la ville d’une toute autre perspective, je ne me suis pas pliée à ce petit rituel touristique. J’avais une excellente raison : alors que la ville était sous une chape de froid, les canaux recouvert d’une pellicule de glace par -4°C, je n’avais aucune envie de faire ce qui aurait été une balade frigorifique au ras de l’eau.
Bon à savoir : plusieurs agences proposent des balades bateau pour 12 euros par personne.
Le pont Saint-Boniface, voyage vers la Renaissance
Se balader de nuit
Après avoir apprécié tous les détails de la ville de jour, j’ai adoré me balader de nuit à Bruges pour l’ambiance. Oh, cette ambiance ! À la faveur des jours très courts qui précèdent le solstice, la nuit s’anime dès 17 heures, la ville s’illumine, et l’ambiance bat son plein. Une ambiance médiévale, où je m’imaginais revenue plusieurs siècles en arrière. Imaginez un peu les lumières du marché de Noël toisées par l’immense beffroi. Au loin, les flèches d’église se dressent illuminées d’orange, comme à la lumière de torches. Les petites ruelles sont sans éclairage public, avec pour tout guide les lueurs qu’on aperçoit au bout de la rue, se reflétant faiblement sur les pavés humides. Quelques vieilles maisons ont conservé des vitres de couleur à travers lesquelles on imagine des bougies. Les canaux sont d’huile, les cygnes dorment. Quel siècle sommes-nous, déjà ?
Féérie de Noël sur la place de l’Hôtel de ville
Notre-Dame de Bruges, illuminée comme par des torches
Se régaler dans la capitale de la gourmandise
Bruges compte une quantité ahurissante de chocolatiers et je ne serais pas surprise qu’il s’agisse de l’une des densités de chocolatiers plus élevées au monde (le paradis, non ?). Impossible de tous les essayer à moins de rester plusieurs semaines : il faut faire des choix. The Chocolate Line, sur la place Simon Stevinplein, a été meilleur chocolatier 2023 par le Gault et Millau ET m’a été recommandé chaudement par mon amie bruxelloise Mélissa, deux conseils de poids. Si vous préférez vous en remettre au hasard, fuyez les chocolatiers touristiques des grandes artères et visez plutôt les petites boutiques intimes cachées au détour d’une venelle. Si comme moi, vous cherchez des Brugsch Swaentje (ne me demandez pas comment ça se prononce), à savoir les pralinés officiels en forme de cygne, vous en trouverez notamment chez Sukerbuyc, au Katelijnestraat 5.
Froid oblige, je me suis fait un plaisir de tester plusieurs cafés, et voici quelques bonnes adresses à Bruges, ville malheureusement très chère :
- Véro Caffé, Sint-Jansplein 9 : un café où déjeuner de bagels pour environ 10-15 euros
- Soup Plus, Cordoeanierstraat 4 : un café spécialisé dans les soupes qui propose une formule soupe, pain, café et pâtisserie à 15 euros (le meilleur plan de la ville selon moi, ce qui en dit long sur la cherté de la vie).
- Postbar : un café qui fait aussi papèterie, l’accord parfait. On y trouve une soupe du jour mais la carte est surtout sucrée avec des cheesecakes et des cookies.
Hormis le chocolat, l’un des autres plaisirs de la Belgique, ce sont les gaufres. Ma préférence va aux gaufres de Liège dont les morceaux de sucre croustillent encore sous un extérieur caramélisé. J’ai essayé celles du Waffle Bar (Braambergstraat 4) et elles étaient très bonnes (3 euros).
Soup Plus, gaufre et Postbar
Même les statues mangent des frites à Bruges ! (statue juste devant le beffroi)
Monter au sommet du beffroi
Difficile de passer à côté du beffroi. Du haut de ses 88 mètres, on le voit quasiment depuis la gare. Avec la flèche de Notre-Dame de Bruges, c’est l’un des deux points de repère en hauteur dans la vieille ville. Mais ce qu’on aperçoit de loin n’est que la partie émergée de l’iceberg : la Halle aux draps, qu’il couronne, est monumentale et je ne me suis pas remise de ses proportions. C’est peut-être en l’observant depuis la Grand’Place de nuit que j’ai eu mes émotions les plus vives à Bruges. Rien que le nom beffroi m’évoque une émotion sublime, d’admiration mêlé d’effroi. Je me voyais transportée en 1240, à l’époque de la construction de la première tour, qui sera détruite par le feu par la suite. L’actuel beffroi date majoritairement du XVe siècle, même si différents éléments ont été ajoutés jusqu’au XIXe siècle.
Monter au sommet du beffroi est possible, mais pas nécessairement facile : il faut déjà trouver un créneau disponible, et je vous conseille de réserver au moins la veille : je n’ai jamais réussi à réserver pour le jour même. On peut réserver en ligne, à une borne dans la Halle aux draps ou encore au guichet.
Une fois votre créneau en poche, la deuxième difficulté consiste à parvenir au sommet : pour cela, il faudra gravir 366 marches usées par les siècles, qui se font plus raides de niveaux en niveaux, jusqu’à s’apparenter quasiment à une échelle tout en haut. De la plateforme finale, on ne voit pas vraiment la Grand’Place : nous sommes trop haut ! Mais le regard porte loin et offre une vue ravissante sur la vieille ville, qui vaut bien les efforts. Et avec un peu de chance, peut-être profiterez-vous du carillon qui tinte depuis les cloches en dessous de la plateforme d’observation…
Infos pratiques : l’accès au beffroi coûte 12 euros par personne, ou est compris dans la carte Musea Brugge (voir plus bas).
Aller au béguinage
J’ai beaucoup de tendresse pour les béguinages, ces communautés de femmes qui vivaient ensemble en gagnant leur vie, sans être mariées ni dans les ordres : autant dire qu’elles défrisaient au Moyen-Âge. Le béguinage de Bruges a été fondé en 1225 et profita de différentes périodes de prospérité aux XVe, XVIIe et XVIIIe siècles. Il est désormais inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO et même s’il ne compte plus de béguines, on peut encore y croiser des religieuses.
Le béguinage de Bruges compte une trentaine de maisons béguinales dans une enceinte qui en fait une parenthèse de quiétude en ville. Des panneaux rappellent d’ailleurs que le silence y est de mise, même s’il est difficile de le faire comprendre aux hordes de touristes qui s’y déversent à la mi-journée.
Venue au petit matin, j’ai aimé le grand calme de ce domaine où flotte encore l’esprit de ces femmes qui ont voulu se serrer les coudes, ne comptant que sur elles-mêmes dans une société qui ne devait pas leur faire de cadeau.
Infos pratiques : accès gratuit
Profiter de la carte Musea Brugge
Si vous aimez l’art et les musées, la carte Musea Brugge est un bon plan. Pour 32 euros, elle donne accès à plusieurs sites et est globalement rentabilisée en trois visites. Voici ceux que j’ai visités :
- le beffroi (12 euros) : j’en parle en détail ci-dessus.
- le musée Groeninge (14 euros) : pour prolonger par l’art l’atmosphère médiévale et Renaissance qui flotte sur Bruges, le musée Groeninge est un excellent musée qui retrace six cents ans de peinture flamande. Une vraie merveille à taille humaine qui recèle quelques trésors malgré ses dimensions modestes. Les textures des tissus peintes par les primitifs flamands vers 1450 m’ont laissée bouche bée par leur réalisme.
- le musée Gruuthuse (14 euros) : dans un ancien hôtel particulier, le musée Gruuthuse présente une belle collection d’objets des arts décoratifs du XIIIe au XIXe siècle. Si les arts décoratifs ne vous passionnent pas mais que vous avez la carte Musea Brugge, profitez-en pour monter au premier et savourer l’une des plus belles vues sur Bruges : nez-à-nez avec la nef de Notre-Dame de Bruges et ses gargouilles, au-dessus du pont Boniface. La cour du musée, accessible gratuitement, est un endroit impressionnant qui devient féérique au son des carillons à la nuit tombée [pas de photo pour vous laisser la surprise !]
- Notre-Dame de Bruges (7 euros) : outre quelques beaux objets religieux et deux gisants impressionnants, Notre-Dame de Bruges attire surtout pour la Madone de Michel-Ange, la seule statue de l’artiste à avoir quitté l’Italie de son vivant. Son cordon de protection la maintient à bonne distance des visiteurs, malheureusement trop loin pour savourer toute la finesse de la sculpture. Heureusement, elle demeure assez près pour voir toute la mélancolie de l’expression de Marie, d’une grande subtilité.
La Madone au centre et une « Marie » moderne à droite. « Marie », oui.
Infos pratiques
Aller à Bruges
Le train est le meilleur moyen d’accéder à Bruges. Depuis l’aéroport de Bruxelles International, vous pourrez aller à Bruges en train direct. Il m’en a coûté 21 euros en 2022. Depuis le centre-ville de Bruxelles, il vous en coûtera 14 euros.
Se déplacer à Bruges
Bruges n’est pas minuscule mais tout est possible à pied. D’un bout à l’autre du centre-ville, il n’y a guère plus de 3 km. Des bus permettent d’accéder facilement à la gare.
Combien de temps rester à Bruges
Je suis restée cinq jours à Bruges, travaillant le matin et visitant l’après-midi. Pour une escapade où toutes vos journées vous appartiennent, je dirais que trois jours est une bonne durée si vous aimez visiter des musées ; si vous ne recherchez que l’ivresse de belles façades, alors deux jours suffiront. Au-delà, prévoyez des escapades en bord de mer tout proche, par exemple à Ostende.
Où dormir à Bruges
Saint Christopher’s Inn Hostel at the Bauhaus : une auberge de jeunesse un peu vieillissante mais qui plaira à ceux qui n’ont pas l’intention de faire autre chose qu’y dormir. J’ai aimé le lit entouré de rideaux pour plus d’intimité. Option de petit-déjeuner buffet à bas prix (5 euros). Attention, cette auberge n’a pas de cuisine.
Si ce billet sur les fêtes vous a plu, en voici d’autres :
Et vous, connaissez-vous Bruges ? Avez-vous d’autres bonnes adresses ou secrets à me conseiller ? Je vous attends dans les commentaires. Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés.
Et voilà, j’ai envie de frites, de chocolats, d’architecture flamande et même de béguinage. La Belgique me manque un peu, on dirait surtout que je ne connais pas Bruges et que je n’aurai pas du tout penser à ce pays pour avoir de belles illuminations et une ambiance de Noël.
Bruges à cette période me fait rêver depuis très longtemps et tu renforces mon désir ! Tu as raison, ce sont les façades qui me fascinent sur tes photos, majestueuses… et cette photo de la façade illuminée de bougies, merveilleuse ! Quelle beauté… Cette année, j’ai revu Munich et Salzbourg à la période de l’avent, quel bonheur…