Sept livres qui font voyager

Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous proposer mon tout premier article collaboratif, écrit avec la participation d’autres blogueurs de voyage. Et quoi de mieux pour solliciter l’avis de mes confrères qu’une chronique sur un sujet qui me tient à cœur : la littérature de voyage.

Parce que les livres ont toujours été un moteur puissant de mes voyages et de l’imaginaire du voyage. Parce que je me souviens avec émotion de ma lecture du Lion de Kessel, des fabuleuses chroniques La marche dans le ciel et On a roulé sur la Terre de Sylvain Tesson et Alexandre Poussin qui ont largement alimenté mes rêves de voyage au lycée. Parce qu’on peut aussi voyager sans quitter son fauteuil grâce à un bon roman ou un récit bien ficelé… J’ai donc demandé à des blogueurs de voyage quel était le livre pour voyager à coup sûr, et voici sept ouvrages qui vous donneront envie de faire vos valises.

Sauvage par nature, Sarah Marquis

J’ai découvert le livre Sauvage par Nature de Sarah Marquis tout à fait par hasard. C’était en août 2016, après notre road-trip de 3 mois entre le Canada et les USA, M. était déjà rentré en France une semaine plus tôt et je m’apprêtais à le rejoindre. Dans l’aéroport de Montréal, je cherchais donc un livre pour m’occuper durant les prochaines heures de vol à bord de l’avion.

Je regardais les magazines de voyage et livres sur le même sujet quand mes yeux se portèrent sur la couverture. Un paysage hostile de montagne désertique et une femme, seule, marchant en poussant devant elle un drôle d’engin sur roues. J’ai alors saisi le livre afin de regarder de plus près, pour découvrir qu’elle poussait devant elle un genre de chariot vertical sur lequel devait se trouver du matériel, en plus du sac qu’elle portait sur le dos. En plus du titre, à mon sens très accrocheur, se trouvait les mots suivants : « De Sibérie en Australie, 3 ans de marche extrême en solitaire ».

Waow, ce fut là les premiers mots qui me vinrent à l’esprit. Une femme seule qui marche sur une si longue distance et pendant si longtemps dans des contrées peu hospitalières, il ne m’en fallait pas plus pour passer à la caisse. Je peux vous dire que ce livre, je l’ai dévoré !

Le style d’écriture fait penser à un journal de bord qu’on écrirait une fois rentré, reprenant ses notes de voyage. On vit intensément chaque passage de son aventure, du Sud de la Sibérie à l’Australie où elle avait déjà effectué une traversée à pied en solitaire, accompagnée de son chien. Au cours des pages, on s’inquiète pour elle, on rit avec elle, on pleure avec elle… un voyage incroyable et courageux qui nous donne envie de partir à l’aventure à l’autre bout du monde.

Charlotte, Traces de Voyages

Sauvage par Nature de Sarah Marquis-Charlotte du blog Traces de Voyages


Indian Creek, Pete Fromm

C’est l’histoire de Pete Fromm, jeune étudiant à l’Université de Missoula, dans le Montana. L’Amérique profonde, les grands espaces. Il se retrouve un peu par hasard à répondre à une offre d’emploi, qui consiste à passer un hiver dans une cabane, seul, pour surveiller des œufs de saumon. Expliqué de cette manière, je ne vous envoie peut-être pas du rêve. Et pourtant.

Le jeune Pete va devoir se préparer, sans trop savoir à quoi. Se préparer à affronter le froid, se préparer à la solitude. Petit à petit, le jour J va arriver, et les gardes forestiers vont enfin aller le déposer dans sa cabane. Qui est en réalité une tente. On lui demande de couper des stères de bois rapidement, afin de passer l’hiver au chaud. Mais qu’est-ce qu’une stère ? Pete se rend compte, une fois sur place, qu’il n’est en fait pas préparé du tout. C’est avec beaucoup d’humour que l’auteur raconte son expérience (car il s’agit réellement de son histoire), et on le voit petit à petit grandir dans ce voyage initiatique.

J’adore le froid, l’hiver, et les histoires de solitude dans des cabanes perdues. Tout en étant des récits initiatiques, en quelque sorte des voyages intérieurs, ce type de récit apporte souvent une connaissance d’un nouveau milieu, d’un nouvel endroit. Avec Indian Creek, j’ai découvert le Montana. On l’imagine remplit de cowboys, de grandes plaines à perte de vue, il s’agit plutôt dans Indian Creek de grandes forêts et montagnes dans lesquelles se perdre, de territoires où il est possible de ne croiser personne durant des semaines, où le retour aux sources est le maître mot. Je n’avais jamais pensé au Montana comme destination touristique, Pete Fromm m’a donné envie de découvrir ce territoire, sorte de Grand Nord dans les États-Unis.

Laponico, The Good Troll


Voyage d’une Parisienne à Lhassa, Alexandra David Néel

Comment ne pas parler d’Alexandra David Néel et de son écrit Voyage d’une Parisienne à Lhassa ? S’il ne devait exister qu’une personne  inspiratrice de voyages, ce serait elle, Alexandra David Néel. Cette femme au destin exceptionnel, à l’âge où ses consœurs se résignent à devenir grand-mère, s’en va explorer le monde. Elle devient la première étrangère à pénétrer à Lhassa quand tous les étrangers y sont farouchement interdits. Après avoir appris les langues locales, elle va marcher, mendier, attentive à ne jamais se faire repérer et huit mois après son départ, enfin atteindre son but.

Son épopée, bien loin des facilités de voyage actuelles, captive par la force de caractère et la persévérance indispensables à sa réussite. Ce récit ajoute la dimension spirituelle et le regard fasciné de l’auteur face à la civilisation tibétaine. Elle sera l’occidentale qui permettrait l’expansion du bouddhisme. Elle aura été, tour à tour, orientaliste et tibétologue, chanteuse d’opéra et féministe, journaliste et anarchiste, écrivaine et exploratrice, franc-maçonne et bouddhiste. Elle reste un modèle. Commencez par Voyage d’une Parisienne à Lhassa et continuez avec le reste de son œuvre. Enfin, allez visiter son nid d’aigle à Digne, en visite guidée. 

Solange, Seniors en Vadrouille


L’enfant et la rivière, Henri Bosco

Je me souviens avoir découvert ce livre avec émerveillement quand j’étais enfant. Peut-être pour un adulte, est-ce un livre qui peut sembler un peu naïf ? Je ne l’ai pas relu depuis longtemps. Mais il m’a marqué et je l’ai choisi, parce que, certes, il ne fait pas découvrir des contrées lointaines, du moins si l’on est Français puisqu’il se déroule en Provence, mais il m’a donné, enfant, un certain goût de la liberté et de l’aventure, symboliques des voyages pour moi. Et c’est une sorte de voyage initiatique qu’effectue d’ailleurs Pascalet, le personnage principal. Je me souviens aussi de la poésie de cet ouvrage, de la très forte amitié entre les enfants qui sont les personnages principaux du livre, malgré leur différence. Ce livre m’évoque aussi les longues marches des personnages de Jean Giono dans les magnifiques paysages de la même région.
Ce qui est amusant, c’est que l’autre titre pour lequel j’ai hésité pour cet article, est Huckleberry Finn, de Mark Twain, où il s’agit aussi d’un enfant qui part le long d’un cours d’eau. Mais j’ai choisi L’enfant et la rivière, parce que justement, cela se passe plus près et que cela montre que l’ailleurs, le dépaysement, les rencontres, belles ou dangereuses, ne sont pas une question de distance géographique. Il s’agit de l’histoire du jeune Pascalet, très tenté de partir à la découverte de la rivière proche, dont lui parle un braconnier qui le fascine, malgré les interdictions familiales qui veulent le protéger. Effectivement, il sera tout de suite en danger, emporté par la rivière, jusqu’à une île sauvage, où il va sauver un autre jeune garçon (des bohémiens, cliché d’un autre temps, j’en conviens) et ils vont continuer leurs aventures dans la nature sauvage ensemble jusqu’à une fin heureuse.

Le Monde en Stop, Ludovic Hubler

Après un Master en école de commerce, Ludovic a décidé de partir découvrir le monde pour obtenir un « doctorat de la route ». Son voyage a finalement duré 5 ans, pendant lesquels il a partagé des bouts de route avec un grand nombre d’automobilistes et aussi fait l’expérience du « bateau-stop » et du « brise-glace-stop ». Son histoire est remplie de belles leçons de vie et de merveilleuses rencontres, y compris une avec le Dalaï-lama.

Au cours de son voyage, Ludovic a découvert 59 pays aux 4 coins du monde. Il nous emmène avec lui rencontrer des gens de tous horizons et découvrir leurs cultures. Je vous préviens, la lecture de ses récits va faire grandir votre soif de voyages !  Sa capacité à connecter avec toutes les personnes qu’il rencontre et réfléchir sur le sens de la vie vous transporte dans un état d’euphorie et de curiosité. Ce que j’aime par dessus tout, c’est que j’ai l’impression d’être avec lui sur la route.

Ce livre, bien que très réaliste, vous laisse avec le sentiment que rien n’est impossible et que l’aventure vous attend. Il vous donne envie de rencontrer le monde entier… et aussi de préparer votre sac et de lever le pouce !

Claire, ZigZag Voyages


L’homme qui marche, Jean Béliveau

En 2000, l’entreprise de Jean Béliveau déclare faillite. Désabusé, le Québécois de 45 ans quitte alors Montréal et entreprend un voyage, à pied, sans but précis. Il reviendra à Montréal 11 ans plus tard, après avoir effectué la plus longue marche ininterrompue autour du monde homologuée à ce jour.

Béliveau, en collaboration avec Géraldine Woessner, raconte ce périple dans L’homme qui marche. Or Béliveau n’est ni un écrivain, comme un Nicolas Bouvier, ni un voyageur de « carrière », comme un Sylvain Tesson. Béliveau est un homme ordinaire qui a accompli un voyage extraordinaire. Fort de son expérience de vie, il offre une perspective rafraîchissante, mais surtout, différente des livres écrits par des vingtenaires/trentenaires, livres qui, trop souvent, présentent le récit d’un « voyage initiatique d’un-e jeune qui va à la rencontre de l’Autre via des expériences authentiques hors des sentiers battus », avec tous les clichés imaginables.
Béliveau décrit ses rencontres, ses états d’âme avec transparence : son choc culturel majeur en Australie, sa stupéfaction d’apprendre qu’au Mozambique, coucher avec une fillette est considéré comme un « traitement » par des hommes atteints du VIH, son étreinte mémorable avec une inconnue au Japon, etc. Il explique aussi l’impact de son âge dans ses rapports avec les gens croisés. La barbe grisonnante comme passe-partout. Mes sections préférées : le Soudan, le Mozambique, l’Iran et l’Australie.
La principale faiblesse de L’homme qui marche réside dans l’impossibilité de résumer 11 ans de voyage en seulement 256 pages. Même 2560 pages n’auraient pas suffi pour distiller une telle aventure. Néanmoins, de tous les récits de voyage que je connaisse, c’est celui de Béliveau que je préfère. Onze ans autour du monde à pied… le summum du voyage lent. Plus lent que ça, tu fais un tour du monde en marchant sur les mains.

Chronique japonaise, Nicolas Bouvier

Nicolas Bouvier est pour moi le roi des écrivains voyageurs. Une plume qui capte des sensations, des images, parfois même le cœur des gens avec seulement quelques mots. Avec son livre Chronique Japonaise, il offre à ses lecteurs plusieurs histoires imbriquées : la grande histoire du Japon, des mythes originels jusqu’à la modernité et des bribes de trois longs voyages personnels, en solitaire ou avec sa famille, dans les années 1950, 60 puis 70.

Dès le premier chapitre, évoquant son retour dans un Japon qu’il n’a pas revu depuis de nombreuses années, le ton est donné : « je suis curieux de voir qui du pays ou de moi aura le plus changé ». On peut se poser la même question, est-ce qu’on reconnait aujourd’hui le Japon de Nicolas Bouvier ? Peut-être avons-nous réussi à l’apercevoir par bribes dans une procession villageoise à Kamakura, dans un onsen à Shushen-zi ou dans les forêts d’érables rouges autour de Nikko.

Mon passage préféré parle de cosmogonie japonaise, c’est à dire la création du pays par Inazami et Inazagi ainsi que la naissance des différents esprits de la nature, les kami. J’ai également beaucoup aimé la description de la fête des fleurs dans le village de Tsukimura où l’on retrouve un Japon des campagnes, traditionnel et festif bien loin des clichés habituels. Enfin les explications de l’auteur sur le théâtre traditionnel No avec ses codes, sa lenteur et sa poésie m’ont incité à aller voir un spectacle lors de mon dernier séjour à Tokyo !

Partir au japon avec Chronique Japonaise dans sa poche, c’est percevoir un écho, la voix d’un grand voyageur qui vous accompagne à chacun de vos pas et qui sublime le voyage !

Solène, My little road

Et un huitième livre pour la route 🙂

Les chemins de Katmandou, René Barjavel

Les chemins de Katmandou, c’est l’histoire d’Olivier. C’est la grande histoire de mai 68 et des hippies, d’un insoumis avant l’heure. C’est aussi la petite histoire d’un voyageur, qui, 50 ans avant nous, rêvait d’un monde meilleur et pensait le trouver au Népal. Son « chemin », tour à tour idéaliste, ambitieux et pragmatique, le fera grandir.
Déjà, dans les années 1960, la ville de Katmandou et l’Himalaya attiraient des milliers de personnes en quête de liberté. Si le voyage d’Olivier n’est pas tout rose, c’est quand même ce livre qui m’a donné envie, adolescent, de découvrir le Népal, et plus globalement de voyager. Je l’ai relu deux fois depuis, et je me laisse toujours emporter par la plume de René Barjavel.
Lorsque j’ai enfin découvert le Népal en 2010, je n’ai pu m’empêcher de repenser à ce texte. Katmandou est très différente de la description qui en est faite dans le livre, mais ces changements découlent en grande partie d’éléments abordés par l’intrigue des Chemins de Katmandou. Surtout, j’ai pu faire mon propre « chemin » au Népal. À Katmandou, mais aussi sur les sentiers de randonnée de l’Himalaya, j’ai pensé durant de longues heures de marche. J’ai refait le monde, réimaginé mon monde, ma vie, mon quotidien, au fur et à mesure du chemin.
Et au bout, j’ai l’impression que je me suis trouvé moi-même. 

Christopher, Tour Monde.fr

Merci à tous pour ces critiques qui me donnent plusieurs envies pas forcément contradictoires ; celle de me précipiter à la bibliothèque et celle de boucler mes valises ! Après tout, certains de mes meilleurs souvenirs littéraires sont aussi liés au voyage, car on prend davantage le temps pour lire.

Et vous, quels sont vos livres pour voyager préférés ? Ceux qui vous transportent à coup sûr ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez. Ce billet contient des liens affiliés.

Source des photos : titre : Unsplash / Les photos fournies par les blogueurs restent leur propriété.

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8 thoughts on “Sept livres qui font voyager”

  1. Très heureuse d’avoir participé à cet article! J’avais bien aimé aussi « L’Enfant et la rivière » quand j’étais plus jeune, pour les autres, jamais lu! J’avais déjà vu le livre « L’homme qui marche » sur les étagères de la librairie, hésitant à l’acheter (maintenant j’ai envie de le lire!) et j’aimerais beaucoup compléter ma collection avec les autres ouvrages, à commencer par « Le Monde en Stop » 🙂

    1. Audrey

      Merci à toi ! Tu me crois si je te dis n’avoir lu aucun livre présenté ici ? Mais je compte bien me rattraper rapidement et puisque tu es la deuxième à me conseiller L’enfant et la rivière, pourquoi ne pas commencer par celui-ci ? 🙂

      1. Tu me diras si tu as aimé 🙂 ?
        ?

  2. Merci pour cette belle liste ! Ça donne des idées, je ne les connaissais pas tous. Moi j’ai découvert récemment Ella Maillart, qui est rééditée dans la petite Biblio Payot Voyageurs et ça a été un vrai coup de coeur. Une grande aventurière, pourtant moins connue qu’Alexandra David-Neel par exemple, alors qu’elle a fait des trucs au moins aussi cool, comme traverser la Chine à pied ou aller de la Suisse à Kaboul en voiture (tout ça dans les années 1930) ou encore passer trois ans en Inde avec son petit chat (cool ET mignon). On a fait une petite chronique sur elle, d’ailleurs ;-), si ça en intéresse certain(e)s : https://1916kilometres.wordpress.com/ella-maillart-voyager-double/

    1. Audrey

      Merci pour la recommandation ! C’est la honte mais je n’ai lu absolument aucun des livres conseillés, mon travel cred’ est en train de baisser. . Je file ajouter ton livre sur ma liste de livres à acheter. Aller de la Suisse à Kaboul, respect immense, j’ai hâte de lire ça.

  3. J’ai bien aimé cette liste de lecture hétéroclite. Cela m’a donnée envie de lire Indian Creek dont j’ignorais l’existence. Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié into the wild. Classique mais indémodable.

    1. Audrey

      Tu me redonnes envie de relire Into the Wild, d’ailleurs ! Dire que je ne l’avais pas apprécié du tout à sa sortie (trop de tapage médiatique, sans doute…). Je suis sûre que je l’apprécierais mieux désormais. Bonne lecture d’Indian Creek !

      1. Le film est beau mais le livre a une profondeur et une mélancolie étrange. Sa soeur a publié un livre sur amazon aussi pour expliquer le geste de son frère.

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