Difficile d’aller dans le Chablais et aux bords du lac Léman sans apercevoir la Dent d’Oche, cette montagne qui domine la rive française du Léman du haut de ses 2222 mètres. Si ce sommet offre une randonnée somptueuse, il n’en est pas moins difficile et hors de portée des randonneurs peu aguerris. En revanche, il est tout à fait possible de s’approcher de la dent d’Oche et de profiter d’une vue splendide à la fois sur « la Bec » (son surnom local) et sur le Léman. Pour cela, direction les chalets d’Oche, un alpage à 1600 mètres d’altitude, à partir duquel il est possible d’explorer un joli petit plateau riche en surprises. Je vous raconte une belle journée à l’alpage d’Oche !
De la Fétuière aux chalets d’Oche (1630 mètres)
Nous stationnons au niveau du restaurant La Fétuière (prononcer « la fétière »), à quelques kilomètres au-dessus du chef-lieu de Bernex. En passant, c’est une excellente adresse pour goûter à des beignets de patate à la savoyarde dans un cadre traditionnel, je vous la conseille vivement. Le sentier part de la gauche du chalet et monte pendant deux kilomètres environ. Cette partie du sentier dans la forêt n’est pas ma préférée en raison des nombreuses pierres souvent humides et glissantes, mais je me distrais en pensant à l’alpage qui attend non loin.
Au bout d’une demi-heure, je sors de la forêt pour passer à un paysage d’alpage. La journée est plus qu’incertaine : les gnolles (nuages) sont de sortie et même si on pressent qu’elles vont bien finir par lever, pour l’instant, il faut s’accrocher à notre optimisme et se contenter des bribes de panorama glanées entre deux écheveaux de brume. Le chemin poursuit sa montée relativement raide, traversant des prairies alpines dont les vaches sont absentes pour enfin arriver à l’alpage des chalets d’Oche, notre première étape, encore dans le brouillard. De la Fétuière aux chalets d’Oche, nous mettons environ 50 minutes.
Les chalets d’Oche font une halte idéale avec leurs quelques tables et leur menu d’alpage : fromages servis à la coupe ou sous forme de généreuses ardoises, fromage blanc aux myrtilles. En plus de ces délices, je ne suis que joie en voyant qu’on peut y boire de la chèvre, une boisson peu alcoolisée très locale à base de cidre doux, de vanille et de miel, qui forme une mousse abondante et boit être bue cul sec. Mon grand-père en faisait dans sa cave et les alpagistes ont été très contents que je compare leur chèvre à celle du pépé.
Les chalets d’alpage sont des lieux hors du temps, où la marche frénétique du XXIe siècle semble assez loin. Je ne saurais pas dire de quand datent ces chalets précisément, mais ils donnent l’impression d’avoir toujours été là, et de pouvoir survivre à tout. Bien sûr, les vaches sont de moins en moins nombreuses dans les montagnes, les alpages cèdent la place aux pistes de VTT et le temps poursuit inexorablement sa course, mais ce genre d’endroit semble parti pour nous survivre à toutes. Pour les soutenir, nous nous dévouons en prenant deux verres de chèvre et en nous promettant d’acheter du fromage à la descente.
Des chalets d’Oche ou lac de la Case (1750 mètres)
Bon à savoir : même si le chalet sert de belles ardoises, il est possible de manger hors sac en terrasse, et nous sortons notre pique-nique et notre polaire pour un déjeuner sur le pouce dans le vent à l’ombre de la dent d’Oche. Alors que les esprits des montagnes exaucent enfin nos prières et que les brumes se déchirent pour dévoiler ce sommet qui culmine à 600 mètres au-dessus de nous, nous décidons de profiter du ciel bleu pour mettre le cap sur le lac de la Case, aussi appelé le lac d’Oche, à seulement 20 minutes des chalets. Depuis l’alpage, les sentiers sont légion et selon la motivation et la forme, il est possible de monter à la Dent d’Oche, au Château d’Oche, de continuer dans les vallées suivantes… Le Chablais est quadrillé de sentiers bien indiqués et toutes les configurations sont possibles.
Nous nous remettons en route en admirant les fleurs de la prairie alpine, croisant même une rare gentiane asclépiade. Gentiane rouge, gentiane jaune, fausse gentiane, elles semblent toutes réunies aujourd’hui. Le sentier commence à plat avant d’opérer une petite montée avant le lac. Le trajet est si court qu’il serait dommage de s’en priver, même si le lac a malheureusement perdu de sa superbe ces dernières années en raison du réchauffement des Alpes : une partie est complètement engorgée et il ne reste qu’une petite section en eau, que je n’ai même pas prise en photo. Si pique-niquer aux tables du chalet n’est pas une option, je vous conseille de pousser jusqu’au lac pour y trouver un endroit joli et au calme, un peu secret.
Du lac de la Case au col des portes d’Oche (1937 mètres)
Quitte à être au lac, pourquoi ne pas pousser encore un peu jusqu’au col des portes d’Oche que nous voyons au-dessus de nous ? Deux cents petits mètres de dénivelé et 40 minutes de marche supplémentaires, ce n’est pas ça qui va nous faire peur. Le soleil brille, nous avons toute la journée devant nous, c’est parti !
En montant, nous apercevons un jeune bouquetin, puis deux juste à côté du sentier. Quel plaisir de voir des animaux de montagne, même si ceux-ci sont si peu farouches que c’en est suspect ! Notre petite chienne n’en mène pas large mais nous passons sans encombre alors qu’ils sont occupés à se régaler de fleurs. Un peu plus loin, d’autres randonneurs nous informent de la présence de nombreux autres bouquetins, et effectivement, nous voyons une vingtaine de ces fiers animaux en train de se réchauffer au soleil, bien camouflés au milieu des pierres. Pas de marmottes en vue mais comment se plaindre quand on pourrait quasiment toucher ces deux belles bêtes ? Leurs cornes annelées révèlent qu’il s’agit de jeunes bouquetins et non de chamois mais qui sait, peut-être avons-nous affaire à des dahus ? Nous ne les avons vu se déplacer que dans un seul sens… 😀
Depuis le col des portes d’Oche, c’est un très beau panorama sur l’alpage d’Oche et le lac Léman d’un côté, sur la combe de Darbon de l’autre. Nous croisons de nombreuses personnes équipées pour bivouaquer ou qui s’en vont passer la nuit à l’alpage de Bise, un peu plus loin. La pandémie et le réchauffement climatique ont donné un coup de fouet à la montagne en été et c’est un plaisir de voir ces personnes apprécier le plaisir simple d’une longue randonnée.
Pierrier et panorama côté Léman
En redescendant, nos amis les jeunes bouquetins sont encore là, suivant le même sentier que nous. Ils finiront par remonter au niveau du sentier menant au Château d’Oche, un sommet vertigineux qui convient bien à leur pied alpin, déclenchant des sifflets de marmottes invisibles. Quant à nous, nous faisons une nouvelle pause gourmande aux chalets et repartons le pied plus léger grâce à un troisième verre de chèvre pour nous donner du courage. De là, nous sommes à la voiture en 45 minutes. Nous n’irons pas manger les beignets de patates mais le menu de ce soir est tout assuré grâce aux généreux morceaux de Bernex (fromage à pâte cuite qui ressemble à l’abondance) dans mon sac. De fil en aiguille, nous avons passé une belle journée impromptue sous le ciel bleu, rendue d’autant plus précieuse par cette rencontre avec les bouquetins. La partie jusqu’aux chalets d’Oche est relativement facile et je vous encourage vivement à y monter, ne serait-ce que pour goûter la chèvre !
Infos pratiques
- Distance : 8 km environ de la Fétuière au col
- Durée : 4-5 h
- Dénivelé positif : 700 mètres
- Type : aller-retour, forêt, alpages
- Difficulté : modéré
- Accès : stationnement au niveau du restaurant La Fétuière
- Chiens autorisés en laisse. Attention aux clôtures électriques, aux patous et aux vaches l’été.
- Matériel de rando conseillé : baskets ou chaussures de randonnée et bâtons de marche
Infos sur l’Alpage des chalets d’Oche
- Les chalets sont ouverts de juin à septembre, appelez au 06 87 79 36 44 pour vérifier. Plus d’infos ici.
- Si vous comptez manger ou ramener du fromage, l’alpage ne prend pas la carte bleue : prévoyez des espèces.
- Terrasse uniquement, et pas de toilettes !!
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Aller aux chalets d’Oche
- Depuis Evian, empruntez la route D21 en direction de Saint-Paul, puis Bernex, puis la route de la Dent d’Oche en direction de Pré-Richard jusqu’au restaurant La Fétuière, où vous devriez pouvoir stationner sans problème. Comptez une demi-heure de route.
- Si vous descendez des vallées, prenez la direction de Chévenoz, puis Bernex avant de reprendre les indications ci-dessus.
Où dormir à Bernex et alentours
- Je ne sais pas si le bivouac a toujours le vent en poupe, mais les abords du lac de la Case feraient un emplacement idéal.
- Cliquez ici pour réserver votre hébergement en Haute-Savoie
Et vous, connaissez-vous d’autres randonnées faciles autour d’Evian ? Je vous attends dans les commentaires ! Oyez, oyez. Ce billet contient des liens affiliés. Randonnée réalisée en juillet 2023.
C’est très beau ! Le chalet donne clairement envie de s’y arrêter pour y manger et se reposer ! Effectivement, étrange que ces bouquetins ne soient pas farouches ! 😀
Ils doivent voir tellement de randonneurs toute la saison qu’ils sont devenus indifférents ! J’espère simplement que personne ne s’amuse à les nourrir.