C’est maintenant une tradition : à l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, j’ai le plaisir de souligner le travail de voyageuses-blogueuses que j’apprécie. Aujourd’hui, je leur laisse la parole lors d’un entretien croisé pour parler voyage et féminisme. Je reste fermement convaincue qu’on peut voyager féministe, voyager militant. Les voyageuses tuées parce qu’elles ont l’audace de s’affranchir d’un accompagnateur masculin et de profiter de l’un de leurs droits les plus fondamentaux – le droit de se déplacer librement -, c’est encore une réalité en 2020, tout comme les commentaires désobligeants de ceux qui voient en nous des petites choses à protéger à tout prix de la dureté du monde, sans se rendre que si le monde est dangereux pour les femmes, c’est bien souvent à cause des hommes. En 2020, voyager seule est plus courant que jamais, mais nous partons de tellement loin que cela ne signifie pas banal pour autant. J’ai eu envie de demander à plusieurs voyageuses de ma connaissance ce qu’elles pensaient du voyage au féminin et mieux encore, d’un voyage féministe, à travers une série de questions. Aujourd’hui plus que jamais, n’oublions pas que le droit de voyager est surtout une concession que la société tolère à condition que les voyageuses ne s’écartent pas trop du droit chemin qu’elle aimerait nous tracer. Il nous appartient de montrer l’exemple ; à chaque voyageuse solo, à chaque duo de voyageuses, voyageuses sans hommes, à nous toutes qui osons nous arroger le droit de circuler, nous ouvrons la voie à d’autres, et rendons le monde un peu plus favorable aux femmes.
Découvrez les voyages de Tania sur son blog Viver a Vida is Wonderful !
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Cindy : Je m’appelle Cindy, j’ai 27 ans, je vis à Toulouse et je suis passionnée (voire accro) de voyages. Je tiens depuis 2016 un blog voyage Ctraveldiaries, où je raconte mes escapades et donne des conseils pour voyager. Défendant également les droits et la parole des femmes du monde entier, j’aime me décrire comme une voyageuse à tendance féministe. D’ailleurs, une série de vidéo mêlant voyage et féminisme va bientôt sortir sur ma chaîne YouTube Ctraveldiaries ! Stay tuned…
Emilie : Je suis Emilie, 38 ans. Après avoir vécu à Londres, Paris et Manille, j’ai posé mes valises à Poitiers et je blogue depuis plus de 4 ans sur Globe-Trottine.
Lucie : Je suis Lucie, blogueuse loisir sur Mondalu. Je me définirais comme un caméléon, une voyageuse cherchant à minimiser son impact sur les destinations parcourues et adepte des voyages durables et en solo.
Mélissa : Je suis Mélissa, 46 ans, blogueuse depuis 10 ans sur Mel Loves Travel mais voyageuse depuis bien plus. Et quand je peux, je pars. Souvent seule parce que si je devais attendre les autres, je serai encore là. 😉
Tania : Je m’appelle Tania, je suis née dans les années 70 et je suis une française qui vit dans la région parisienne depuis toujours ! Je suis amoureuse du Brésil depuis toujours, une éternelle bavarde et une addict du voyage sous toutes ces formes de chez moi à l’autre bout du monde. Mon blog est Viver a Vida is Wonderful.
Tiphanya : Je suis Tiphanya, française habitant actuellement en Alsace avec mon amoureux et notre fille de 8 ans, Nine. J’ai eu l’opportunité de commencer à voyager en tant qu’enfant et j’ai donc toujours voyagé, d’abord en Europe, puis dès que j’ai eu l’âge pour partir seule, le plus loin possible avant d’apprendre le plaisir du dépaysement à portée de main. J’écris, entre autre, sur mon blog personnel Avenue Reine Mathilde où je relate nos voyages et certains points de l’instruction en famille de Nine.
Je vous invite à lire le blog de Cindy sur Ctravel Diaries !
Voyages-tu uniquement en solo/entre femmes ou parfois avec un compagnon masculin ? Qu’est-ce que voyager sans homme change pour toi ?
Cindy : J’ai expérimenté les trois types de voyages (solo, entre femmes et avec un compagnon masculin). Je n’ai pas de préférence car chaque voyage est différent et c’est bien pour cela que je choisis de voyager entre copines ou avec mon compagnon, par exemple. Voyager sans présence masculine ne change rien pour moi, mais prouve de l’extérieur qu’une femme peut voyager sans homme, et même seule !
Emilie : Je voyage essentiellement en solo ou avec des copines. Ca ne me dérange pas de voyager avec un homme, et c’est bien aussi, mais il est vrai que souvent j’ose moins dire ce que j’ai envie de voir ou faire qu’avec mes copines, j’ai tendance à me laisser guider par mon compagnon masculin. Voyager entre filles est pour moi plus fun, moins prise de tête et on est toutes sur un pied d’égalité.
Lucie : Je voyage le plus souvent en solo car je me décide à la dernière minute et que ça m’ouvre plus facilement aux rencontres locales. C’est aussi une liberté très appréciable.
J’ai récemment voyagé avec un ami masculin en Inde et j’ai pu entrevoir quelques différences avec mes précédents voyages. Lorsque je suis seule, j’ai l’impression d’être considérée dans mon ensemble, non plus comme « la femme qui voyage avec cet homme ». En effet, lorsque j’étais avec mon ami, plus personne ne m’adressait la parole, seule celle de l’homme semblait compter et j’avais juste l’impression d’être invisible alors que je connaissais mieux le pays et les coutumes que lui. Un sentiment d’injuste s’est créé dans ma tête et pourtant cela m’a permis de vraiment prendre conscience du statut qu’avait la femme dans ce pays. J’ai eu une expérience similaire en Namibie, mais cela dépend vraiment de la culture locale (impossible à appliquer à tous les pays).
A l’inverse lorsque je voyage seule en tant que femme, j’ai l’impression de pouvoir accéder à plus de facettes qu’un homme voyageant seul. Je vais être invitée à rejoindre le cercle des femmes et des hommes, même lorsque les femmes du pays n’y ont pas accès. Un homme pourra difficilement se faire inviter au sein du cercle de femmes, en fonction bien sûr des traditions locales.
Mélissa : Je voyage la majorité du temps seule mais quelque fois, je pars avec une amie, ou un groupe d’amis, ou encore en famille… quand j’étais mariée, je voyageais avec mon homme et j’avoue que de temps en temps, ça pouvait être une source de conflit dans mon couple, ces envies de voyage en solo. Mon ex avait parfois du mal à accepter que je parte seule, surtout pour le boulot. Il n’arrivait pas à comprendre que j’aie envie de me retrouver seule. Depuis toute petite, la solitude permet de me ressourcer, de recharger mes batteries. C’est essentiel pour moi suis une grande introvertie. Bien sûr, je pourrais partir avec des amis mais avec les emplois du temps, les jours de vacances restreints et se plier aux obligations scolaires pour ceux qui ont des enfants, pas facile de synchroniser les montres pour voyager. Du coup, je ne réfléchis pas trop en fait, quand j’ai envie d’aller et que j’ai le budget pour le faire, j’y vais.
Tania : Je voyage souvent seule notamment pour les grand voyages par exemple 2 fois seule au Brésil, 2 fois seule aussi au Chili , 1 fois en Thaïlande en 2012. D’ailleurs mon dernier grand voyage seule c’était en novembre 2019 avec 3 semaines en Patagonie Chili/Argentine et île de Pâques. Sinon je voyage aussi seule en France et Europe. Je voyage chaque année depuis 2008 avec ma mère pour quelques escapades. L’année dernière au programme : 3 jours à Londres, 2 jours à Venise et une semaine au pays basque.
Sinon, je voyage avec des amies qui sont en couple donc parfois des hommes dans le groupe. J’avoue que je ne pense pas du tout à la présence d’homme ou non dans mes voyages. Si il y en a il y en a mais ce n’est pas cela qui fait la caractéristique du voyage.
Tiphanya : Mes premiers voyages sans ma famille se sont fait d’abord avec des séjours linguistiques, puis seule avec une copine pour une semaine en Allemagne avant d’oser 6 semaines en Australie, techniquement seule pour rejoindre une Australienne rencontrée deux ans plus tôt. Je n’ai recommencé à voyager avec quelqu’un que 10 ans plus tard, avec celui qui était mon nouveau copain et qui est le père de ma fille à présent. Dans un premier temps, je ne me voyais pas voyager sans lui, puisque nous aimions tous les deux voyager, autant le faire ensemble.
Cependant alors que nous évoquions la fin de mes études, l’envie d’avoir un enfant et les vacances d’été, nous n’avions aucune envie d’aller au même endroit. Alors naturellement il est parti faire un stage en archéologie au Japon, pendant que je suis allée enseigner le français dans un village au Kirghizstan. Il s’est avéré que j’étais enceinte, mais cela ne changeait rien pour moi. Ainsi j’ai recommencé à voyager seule, avec des copines ou alors juste avec Nine.
Au féminin (donc seule ou accompagnée), je me sens plus en charge, plus en prise direct avec mon voyage. Soit je le suis par défaut, soit je le suis à égalité avec ma partenaire du moment. Il y a un véritable équilibre dans cette seconde figuration car nous n’avons pas l’habitude d’être ensemble et donc nous devons discuter et partager, en fonction de nos forces, de nos faiblesses, des obligations.
Bizarrement, et j’ai conscience que le problème vient de moi, quand je voyage avec mon amoureux, je me repose sur lui. Il y a les pays où de toute façon on me regarde à peine (nous avons passé pas mal de temps autour de la Méditerranée). Il y a les habitudes de la maison que nous emportons avec nous. Du coup, quand je voyage seule, je reviens boostée et confiante en moi, ce qui n’est pas le cas quand nous sommes ensemble.
Pour lire les voyages solo de Lucie, c’est sur Mondalu !
Que réponds-tu à ceux et celles qui estiment que voyager sans homme est dangereux ou inconscient ?
Cindy : Alors je répondrais que oui et non. Tout dépend déjà de sa destination. Il y a certains pays (Europe, Amérique du Nord…) où voyager sans homme ne pose aucun problème. Cependant, les pays où certaines traditions sont encore très présentes, les habitants peuvent être intrigués, voire choqués. C’est le cas notamment dans les pays où les femmes n’ont pas trop leur indépendance. Après à partir du moment où l’on ne se rend pas seule dans un quartier chaud déconseillé par les locaux, je ne pense pas que ça soit dangereux ou inconscient. Dans tous les cas, je ne pense pas qu’une femme court plus de risques qu’un homme en voyage.
Emilie : Il existe malheureusement encore quelques destinations où être une femme qui voyage peut être problématique. Je ne me suis jamais sentie en danger du simple fait qu’il n’y avait pas d’homme avec moi, même en Asie du sud-est par exemple.
Lucie : Je leur réponds que ça fait plus de 10 ans que je voyage comme ça et que je suis toujours en vie. En général, personne ne trouve d’arguments pour contrer le mien. 😂 Je rajoute aussi que l’intuition compte pour beaucoup et qu’on parle plus souvent d’intuition féminine, non ? 😉
Mélissa : Qu’il n’est pas plus dangereux de s’aventurer de part le monde que de sortir de chez soi. Je crois que la peur vient surtout du fait que les proches se sentent impuissants et loin en cas de problèmes hors, on sous-estime ses propres ressources quand on est une femme. Sans doute que nous avons été trop protégées ? Et on sous-estime aussi la gentillesse de son prochain, j’ai eu bien souvent des mains tendues en voyage. Maintenant, il faut aussi être lucide, en voyage, à un moment ou à un autre, les pépins et les mauvaises rencontres, ça arrive, comme quand on est chez soi. Ce qui est le plus difficile, c’est de savoir comment réagir dans un environnement qui n’est pas familier, loin de notre système de support habituel. J’en ai aussi rencontré des problèmes en voyage, surtout pendant mon tour du monde, mais les surmonter, c’est finalement ce qui a fait ma plus grande fierté quand je suis revenue.
Tania : J’avoue que je n’ai pas eu ce genre de remarques. Si cela arrivait je leur donnerais l’exemple des voyages que j’ai fait toute seule. Loool. Je suis toujours revenue vivante sans être agressée et sans m’être sentie en insécurité.
Tiphanya : Je n’ai jamais eu directement ce genre de remarques, pas en insistant sur le côté féminin. On m’a surtout fait des remarques sur les destinations (en particulier avant d’aller au Togo ou au Kirghizstan, on ne m’a rien dit avant d’aller au Canada…). Cependant il faut rester cohérent. Les femmes meurent sous les coups des hommes aujourd’hui, en France. Et pas seulement sous les coups d’inconnus. Le danger est partout. Mais de la même façon que j’ai l’intention de continuer à aller au cinéma seule, même le soir, à 700 mètres de chez moi, je vais continuer à aller dans des régions du monde qui me font rêver.
Emilie voyage en solo au féminin et nous en fait profiter sur son blog Globe-Trottine.
Que faire pour qu’en 2020, on arrête de penser que les femmes doivent voyager avec un chaperon masculin ?
Cindy : Haha, il faut que les femmes voyagent entre elles et/ou seules ! Il faut le montrer et en parler autour de nous. Dire qu’on peut le faire et qu’on ne court pas plus de risque qu’un homme en voyage. Je pense que les réseaux sociaux aide beaucoup à démocratiser le voyage au féminin et c’est une très bonne chose !
Emilie : Je pense que le meilleur moyen d’arrêter de penser qu’une femme a besoin d’un chaperon pour voyager, c’est sûrement de montrer qu’une femme est capable de voyager sans homme. Et le montrer aussi à nos copines. Parfois nos seules barrières sont dans nos têtes.
Lucie : Il faut que les femmes continuent à voyager seules si elles en ont envie, pour continuer à démocratiser cette image positive du féminin. Malheureusement j’ai l’impression que ce sont les femmes qui se bloquent elles-mêmes… j’ai plus de remarque de la part des femmes que je rencontre et un peu moins de la part des hommes. C’est un changement de société qui doit s’opérer pour que les femmes reprennent confiance en elles d’après moi.
Mélissa : Tout simplement arrêter de penser que c’est souhaitable, voire nécessaire d’être accompagnée d’un être de sexe masculin.
Tania : Peut-être leur donner plus d’exemples de femmes qui voyagent seules.
Tiphanya : Et si on arrêtait de penser à un voyage au masculin et un voyage au féminin. Je trouve bien plus pertinente la distinction voyager en solo contre voyager en couple ou voyager en famille, car là il y a de véritables différences.
Concrètement, comment arrêter de penser ainsi ? Je ne sais pas exactement mais toi, Audrey, tu y contribues [Audrey : ohlala j’ai fait quoi ?? Je n’ai pas fait quoi ??]. Lors de ma dernière contribution, tu concluais que c’était militant de voyager seule. À l’époque je n’étais pas d’accord, mais en fait, j’y ai beaucoup réfléchi et j’ai changé d’avis [OUF ! Mon travail a des répercussions positives 🙂 Merci Tiphanya]. Mais il faut aller plus loin que juste voyager.
Peut-être que nous, ou du moins moi et certaines femmes, devrions être fières de nos voyages, les présenter sans les minimiser. Ne pas dire « c’était facile, j’étais avec une copine / j’ai rejoins une connaissance / je parle la langue », car inconsciemment notre interlocuteur conclut que nous n’étions pas une femme quelconque mais une femme avec une valeur ajoutée et que c’est pour ça qu’on a pu le faire.
Peut-être que nous devrions aussi commencer à dire « je ne sais pas si en tant qu’homme tu pourrais en profiter autant… », retourner la question de la sécurité et quelque part de la qualité du voyage. Je pense à cette Kirghize qui m’avait invitée chez elle pour m’apprendre à travailler la feutrine. Je suis convaincue qu’avec un homme elle ne m’aurait jamais invitée.
Filez lire le blog de voyage solo de Melissa sur Mel Loves Travel !
Selon toi, y a-t-il des voyages féministes ?
Cindy : Alors je ne sais pas ce qu’on peut qualifier de voyages féministes mais en tout cas il existe des voyages au féminin, entres femmes. JDroadtrip en organise régulièrement et je trouve ce concept génial ! Il existe aussi des groupes de voyageuses sur Facebook où l’on recherche des partenaires de voyage féminins. Sinon il y a Laëtitia, du Corps, la maison, l’esprit, qui organise des voyages Féminité et Sororité à Rio avec des groupes de femmes pour découvrir la culture brésilienne et expérimenter la sororité.
Lucie : Il y a des voyages pour tout le monde. Chacun devant les vivre à sa façon 😊
Mélissa : Voyager seule est déjà un acte féministe en soi. Même si ça commence enfin à changer, ça a toujours l’air d’être un acte de courage ultime ou de la pire des transgressions quand on est une femme, vu les virulences de certaines réactions quand un fait divers implique une voyageuse solo. Pour aller un peu plus loin, je dirais de se renseigner sur des organisations, des coopératives, des associations, des commerces ou de boutiques d’artisanat tenues par des femmes, notamment dans les pays en développement où l’indépendance économique peut être un gros facteur d’émancipation.
Tania : J’avoue que je sais pas trop. Voyage féministe par les activités peut-être.
Tiphanya : On commence à voir de tels voyages apparaître, mais j’ai l’impression que ce sont des initiatives personnelles. Je pense au voyage en Europe de l’une des Deux dames en van qui a choisi d’orienter son regard vers les empreintes laissées par les femmes. C’est à dire qu’il nous faut porter le regard plus loin, ne pas s’arrêter à ce qu’on nous vend comme étapes incontournables, mais s’approprier le voyage, ses visites et même ses rencontres. À une toute autre échelle, j’ai choisi de visiter Paris sur les pas de Marie Curie. Partir à la recherche de cette femme, nous a beaucoup appris sur elle mais également sur Paris, car on aborde l’histoire d’un autre point de vue. La Sorbonne se regarde différemment quand on découvre que Marie Curie y a été la première femme professeure en 1906. C’est tellement récent !
Mais je ne pense pas que l’on doit devenir obséde.é.s par l’idée de faire un voyage féministe (ou surtout culpabiliser de ne pas le faire). On peut déjà commencer par avoir en tête que ce que l’on voit est ce que l’on veut bien nous montrer et que nous pouvons voir et comprendre plus, tous autant que nous sommes, hommes et femmes.
Suivez Tiphanya sur son blog Avenue Reine Mathilde.
Pour finir, quel conseil donnerais-tu à celles qui ont peur de voyager seules ?
Cindy : Je dirais à chaque femme qui n’ose pas voyager sans un homme à ses côtés, qu’il faut se faire confiance, connaître son corps et s’intéresser aux traditions de notre destination, ainsi qu’à la vie des populations locales (notamment la vie des femmes). Mais aussi, d’arrêter de croire à tous les préjugés et de se faire son avis par soi-même, avec des témoignages de voyageuses par exemple. Ainsi, il sera plus facile de se lancer. Et si ça peut aider aussi, se dire que d’autres femmes l’on fait avant nous.
Emilie : Je suis une fille anxieuse alors voyager en solo n’était pas une évidence pour moi. Le premier voyage seule a été libérateur, je me suis rendue compte que j’étais capable de le faire, et que ce n’était vraiment pas insurmontable. Pour un premier voyage seule, je conseille d’aller vers une destination qui vous fait rêver mais aussi une destination qui vous rassure (peut-être pas trop loin, où on parle une langue que vous maîtrisez, une ville où vous pourrez trouver toutes les commodités…). Et surtout je conseille de bien préparer son voyage en amont pour éviter les crises de panique (réserver son logement à l’avance, repérer le logement et les lieux de visites sur une carte, étudier les transports de la ville etc).
Lucie : Je leur dirais de toujours écouter leur intuition, leurs émotions car elles seront leurs meilleurs guides pour avancer. Je leur dirais qu’il n’y a aucune obligation à voyager seule… mais si l’envie est là alors le premier pas sera le plus dur et le reste suivra naturellement. Je leur dirais de faire attention car ça peut aussi devenir une addiction 😊 et que lorsqu’on voyage seule, on ne l’est finalement jamais de part nos rencontres beaucoup faciles en solo.
Mélissa : De se faire confiance et de s’écouter. De commencer petit, si on débute. Un week-end, un long week-end, une semaine, deux semaines puis de se lancer dans de plus longs voyages si l’on peut et si on en a l’envie. Ça aide à construire son assurance et sa confiance en soi et à s’habituer à sa propre compagnie aussi. Parce que de longs moments de solitude, il va y en avoir !
Tiphanya : GO !
Merci à toutes d’avoir répondu à mes questions, les réflexions qui en sont ressorties sont passionnantes, et me font aussi avancer dans ma réflexion ! Pour aller plus loin :
- un billet de Lucie Azema pour le Courrier International : Pourquoi il faut arrêter de dire aux femmes qu’il est dangereux de voyager seules
- un groupe Facebook : Voyager féministe, pour des idées de visites et sorties axées sur le matrimoine
- 12 blogs de voyageuses à suivre
- 10 témoignages de voyageuses solo
Merci pour ce traditionnel billet que je retrouve avec plaisir ! Personnellement, je me trouve en ce moment dans un genre de contradiction. Je ne me suis jamais trop limitée dans mes envies et c’est vraiment très rare que j’aie peur d’aller quelque part (la Parisienne en moi sait bien que certains endroits où je passe chaque jour sont considérés comme tout aussi craignos que de partir seule dans la jungle amazonienne). Mais en ce moment, il y a des endroits où j’ai envie d’aller, notamment parce que l’histoire récente de ces pays m’intéresse (Liban, Tunisie) et puis je me renseigne sur les droits des personnes LGBT+ dans ces pays et là l’envie disparait subitement. Ce n’est pas que je craigne pour ma sécurité personnelle, mais c’est juste que je ne vais pas me sentir à l’aise. Et ça m’énerve, parce que ça restreint mon périmètre, mais en même temps, je ne vais pas me forcer non plus. Voilà, si tu as des solutions magiques, ça m’aiderait beaucoup ^^
Si je voulais être cynique, je dirais que tu vas avoir le temps de réfléchir à tes envies de voyage encore un petit moment avant de passer à l’acte -_- Je n’ai pas de solution magique, d’autant plus que je suis globalement une flippette, et mariée à un homme de surcroît, ce qui me donne un énorme passe-droit dans plein de pays. As-tu toujours eu envie d’aller dans ces pays, ou l’envie t’a gagnée en raison de leur histoire récente ? Je dirais que les gens qui ont vécu ces événements seront là probablement encore un bon moment, puisque j’imagine que c’est eux que tu as envie de découvrir, et pas le territoire. Et dans un moment, leur façon de percevoir les personnes LGBT+ aura peut-être évolué. Je suis assez surprise pour le Liban, que je croyais relativement libertaire. La crise avec la Syrie n’a peut-être pas arrangé les choses.
Merci pour ces témoignages, c’est un peu dérangeant de voir à quel point certaines réponses sont les mêmes.
Comme toi, j’ai été assez surprise de mettre les réponses côte à côte et de voir à quel point elles convergent.
merci pour cet article et ces témoignages différents mais si intéressants
Merci Tania d’avoir bien voulu y participer !
Merci pour cet article qui en aidera plus d’une j’imagine. Pour ma part, je voyage beaucoup avec mon mari car on ne se bat pas pour les destinations ni les visites. Je ne me pose pas la question du militantisme quand je suis seule car je suis un être humain qui se déplace, c’est tout.
J’aimerais aussi qu’on nous considère simplement comme des êtres humains, mais j’ai bien peur que ce ne soit pas le cas. Ni en voyage, ni au quotidien, du reste. C’est là toute l’essence de mon combat, et c’est ce qui motive beaucoup de mes choix : agir en « être humain » et faire qu’on me reconnaissance mon « humanité » et pas simplement ma « féminité ».
Bonjour.
Le féminisme bien compris (Commentaire un peu long-merci de votre compréhension) :
L’époque à laquelle nous sommes arrivés est, de l’avis de tous ceux qui comprennent la signification des événements, une ère de révision générale.
On remet en discussion toutes les questions qui ont été agitées par l’esprit humain depuis les temps les plus reculés, avec l’espoir que, de cet examen, sortira la vérité sur laquelle on posera les bases d’un régime nouveau qui donnera à tous une vie meilleure.
Or, la base de toute réforme sociale c’est la reconstitution de la vie morale, c’est à dire des mœurs.
Pour rétablir les relations de l’homme et de la femme il faut, d’abord, remettre les deux sexes à leur place, les faire rentrer dans le rôle que la nature leur a assigné, respecter les facultés de chacun et assurer leur plein développement.
Si les bonnes relations de l’homme et de la femme ont été rompues, c’est parce que chacun d’eux n’occupe pas sa vraie place dans la société, ne vit pas suivant ses facultés.
La femme est un être avili, placé dans la vie sociale à un rang inférieur à celui que la nature lui a assigné. Son autorité est nulle, sa parole n’est pas écoutée, ses œuvres ne sont pas estimées à leur réelle valeur, tout ce qui vient d’elle est déprécié.
Or, le féminisme doit avoir pour but, avant tout, de remettre la femme à la place qui lui est due, dans la vie sociale et dans la vie familiale.
Pour y arriver il faut diriger l’opinion de façon à ce que justice lui soit rendue devant l’esprit public.
Pour que les droits sacrés de la femme soient reconnus, il faut d’abord les formuler. Et pour cela il faut commencer par étudier les conditions qui déterminent la valeur réelle des êtres et leur assigne une place dans la hiérarchie humaine.
Ce n’est pas avec des formules vaines, répétées au hasard, avec des mots vides de sens qu’on résoudra cette grave question. Ce n’est pas non plus par vanité de sexe que la femme doit parler d’elle (ainsi que les hommes l’en accusent, supposant qu’elle se met, comme eux sur le terrain de l’intérêt personnel), c’est dans un esprit de suprême justice que la femme, laissant de côté toute modestie imposée et trop facilement acceptée doit étudier les conditions qui différencient les deux sexes, au point de vue anatomique, physiologique, psychologique et moral.
C’est à elle qu’incombe la tâche de faire connaître la valeur de l’être humain qu’elle représente et l’étendue des facultés dont elle est douée.
Tant qu’elle n’entrera pas résolument dans cette voie, définissant elle-même les différences qui existent entre les deux sexes, l’ignorance qui règne en ces questions perpétuera les conflits, prolongera les luttes.
Le grand devoir de la femme est de sortir de sa passivité docile, de faire acte d’indépendance intellectuelle en commençant par étudier sa réelle nature. Elle serait coupable si elle continuait à accepter les enseignements et les conclusions humiliantes des hommes qui l’infériorisent et à s’incliner devant eux comme devant des maîtres.
C’est à cette condition seulement qu’elle saura diriger sa vie, faire l’éducation morale de ses enfants, jouer un rôle utile dans la société.
Mais cette science acquise lui impose de grands devoirs, car alors elle comprend que son intervention est nécessaire pour éclairer les autres.
Quand la femme saura quelle est sa propre valeur, c’est elle qui rétablira « LE RESPECT DE LA FEMME » et en imposera, à l’homme, le devoir.
Pour se faire respecter, il faut, avant tout, se respecter soi-même.
Cet auto-respect, c’est la dignité, sentiment qui consiste à se mettre soi-même à sa vraie place afin que les autres reconnaissent notre valeur.
Et comme la valeur intellectuelle et morale de la femme, généralisée, doit s’étendre à tout le sexe féminin, il faut que les femmes les plus éclairées, les premières initiées à cette science nouvelle, fassent respecter les autres femmes ignorantes des lois psychiques de leur féminité afin que les hommes comprennent enfin les devoirs qu’ils ont à remplir vis-à-vis de l’autre sexe, c’est aux Femmes de leur dicter l’attitude qu’ils ont à prendre envers Elles.
La femme est l’éducatrice de l’homme, et son premier devoir, pour remplir cette mission, c’est de diriger l’opinion, qui est la reine du monde, de manière à rétablir « le respect » qui disparaît de toutes les nations où la femme ne sait pas se mettre elle-même à sa vraie place.
C’est l’opinion qui règne dans le milieu ambiant qui fait le respect ou l’irrespect. Elle est mal dirigée presque partout. C’est pour cela qu’on a pu dire : « L’opinion, c’est l’erreur du plus grand nombre. » Pourquoi les femmes qui sont le nombre, et même le plus grand nombre, ne réagissent-elles pas, chacune dans sa sphère, contre tout ce qui avilit la femme : les affiches indécentes, la littérature scandaleuse, les publications pornographiques, le cinéma pernicieux, les propos malveillants tenus sur chacune pour diviser le féminisme?
Pourquoi permettent-elles que « l’opinion » soit la sanction de tous les mensonges, la force de toutes les erreurs, la ressource de tous les fourbes ?
Nous ne savons pas ce qu’il y a de plus dangereux pour notre avenir moral : les hommes qui inventent les erreurs ou les femmes qui les propagent ?
Il faut s’appliquer à changer l’opinion, à la diriger dans le sens de la vérité et de la justice, et tout le reste viendra sans efforts.
Et il n’y a pas seulement à faire l’opinion dans la vie présente. Pour rétablir « le respect de la femme », il est nécessaire de remonter dans le passé, pour chercher dans l’histoire (ou à côté de l’histoire) comment elle a été avilie, quelles furent les phases de Cette évolution lente qui la firent descendre de la Déesse antique à la prostituée moderne.
C’est toute l’évolution des passions de l’homme et des faiblesses de la femme.
En fouillant dans le passé nous trouvons que la femme a été discréditée de générations en générations, par le mensonge :
On a caché ses œuvres ;
On les a mises à l’avoir des hommes ;
On a mis des noms masculins sur des personnalités féminines ;
Des époques toutes entières ont été effacées de l’histoire pour cacher sa gloire ;
On a calomnié les grandes femmes en leur faisant une légende avilissante. Et si des hommes consciencieux cherchent eux-mêmes à rectifier l’histoire et à leur rendre l’auréole de gloire qu’elles avaient méritée, des femmes ignorantes continuent à discréditer leur propre sexe en propageant les récits mensongers. Elles se font injustes elles-mêmes pour les femmes calomniées.
Elles se montrent sévères pour celles qui veulent les réhabiliter, comme si elles craignaient de se faire complices des vices que des imposteurs ont attribués aux grandes femmes jalousées.
Elles ne savent pas que c’est leur premier devoir de s’instruire afin de ne plus jamais permettre la flétrissure de leur sexe.
Nous savons aujourd’hui que les grands mensonges historiques ont été inventés pour nous cacher l’ancienne puissance de la femme, sa position suprême dans la religion, son grand rôle dans la société, son droit maternel, base de la primitive famille.
Dès qu’elle fut vaincue dans les héroïques luttes de sexes de l’antiquité, on s’appliqua à justifier la domination de l’homme en donnant au sexe mâle toutes les supériorités et en affectant de croire à l’incapacité de la femme.
Ce système a prévalu, il règne encore. Nos savants modernes s’occupent surtout de la femme pour lui chercher des tares afin de la déclarer inférieure et de dérouter ainsi ceux qui cherchent à définir, par la science, sa véritable nature. Et dans cet ordre de choses nous voyons encore des femmes faibles s’unir aux hommes fourbes et propager leurs allégations intéressées, sans aucune vérification, avec la même foi aveugle de celles qui ont propagé les mensonges de l’histoire.
Or, nous devons avoir le respect de la vérité si nous voulons arriver au respect de la femme.
Tant que le mensonge ne sera pas extirpé de la société, la justice n’y pénétrera pas.
Ce travail est fait. Et c’est cette grande rectification de l’histoire, en remontant aux sources les plus anciennes et les plus sûres, en comparant les différentes altérations des textes qui est reproduite dans le lien ci-dessous. Il est une complète réhabilitation de la femme, en même temps qu’il fait connaître les luttes de sexes dans toutes leurs manifestations, leurs origines et leur évolution dans toutes les nations.
L’humanité est arrivée à une phase de son évolution où de grandes choses vont se décider.
Les hommes, actuellement, sont encore indécis sur le parti à prendre vis-à-vis de la femme.
Il dépend des femmes de les amener à faire, avec elles, la brillante rénovation dont elles ont rêvé, et de conjurer la crise morale qui s’accentue de jour en jour, en marchant avec franchise et résolution dans le Bien, en ayant toutes les audaces contre le Mal. L’ère des concessions est passée, elles ont fait sombrer l’humanité dans la dégénérescence des peuples. Il faut maintenant, aux femmes, un effort de volonté pour remonter la pente descendue par leurs aïeules ; il faut qu’elles renoncent aux anciens systèmes qu’employaient les femmes faibles, qu’elles renoncent aux petites ruses, aux obliques détours, aux équivoques.
Il n’est plus temps de tergiverser, il faut aller droit au but, sans hésitations et sans défaillances.
Et ce but c’est : la vérité absolue et la justice intégrale.
Cordialement.
(Mille excuses si ce message vous a importuné)
Je ne peux pas dire que je sois en accord avec votre commentaire (qui a, de loin, la palme du commentaire le plus long de l’histoire de mon blog !) mais certains éléments me parlent.
Entièrement d’accord avec vos témoignages!
Merci pour ce bel article sur le voyage et le féminisme.