Quand on pense à la péninsule du Yucatán, au Mexique, on imagine souvent les complexes hôteliers gigantesques de la Riviera Maya, ces enclaves à touristes qui sont autant de désastres écologiques et humains. Ils ne sont pas une fatalité pour autant ! Si vous avez envie de découvrir la péninsule du Yucatán en autonomie, sans pour autant vous lancer dans un voyage itinérant, je vous propose un excellent camp de base : Valladolid, petite ville charmante de 50 000 habitants dans le centre de la péninsule, qui vous permettra de visiter une grande partie des plus beaux sites du Yucatán sans faire ses valises chaque matin.
Que voir à Valladolid
Valladolid (à prononcer « Vayadolide ») est une ville assez compacte qu’il est très facile de découvrir à pied. En elle-même, la ville ne prend guère plus d’une journée ou deux à découvrir si vous deviez la visiter d’une traite, mais raison de plus pour en faire son camp de base : une fois rentrés de vos visites aux alentours, vous pouvez prendre votre temps pour découvrir Valladolid doucement chaque soir.
Le Parque central
Comme toutes les villes d’Amérique latine, Valladolid s’articule autour de sa place centrale, flanquée de l’église San Servacio et de beaux bâtiments coloniaux, un immense drapeau mexicain flottant fièrement en haut d’un mât. Le meilleur moment pour apprécier le Parque central, c’est à la tombée de la nuit. Oubliez les heures du jour où le soleil frappe trop fort, où l’air est épais comme de la poix : c’est après le crépuscule qu’il faut venir au centre-ville pour le voir s’animer. Le Parque central réunit alors les habitants de tous les âges venus se promener, s’installer sur un banc, manger une crêpe mexicaine ou une glace, admirer les petites échoppes qui s’ouvrent à la faveur de la fraîcheur toute relative de la nuit… Pour admirer les bâtiments, venez la journée – mais pour les voir vivre, revenez le soir.
Le cénote Zaci
Connaissez-vous les cénotes ? Il s’agit de formations géologiques propres au Yucatan : la péninsule étant en effet presque dépourvue d’eau de surface et sa structure calcaire unique . Valladolid a la particularité d’avoir un cénote en plein centre-ville, à 10-15 minutes à peine du Parque central. Moyennant un prix d’entrée modique, il est possible de s’y baigner : parfait pour se rafraîchir quand la chaleur devient trop accablante ! Si vous ne tenez pas à vous baigner, vous pouvez simplement vous restaurer pour boire un verre au restaurant qui offre une vue plongeante sur les eaux turquoise du cénote. Selon le blog La vida au Mexique, il semblerait que ce cénote ait été un lieu rituel jusqu’à l’arrivée des colonisateurs espagnols, et en descendant au bas des escaliers en pierre, on prend toute la mesure de cette cathédrale de pierre.
Si vous lisez des avis sur des sites comme TripAdvisor, il est facile de prendre peur : le site serait sale, trop fréquenté… Je vous invite à bien choisir votre heure pour y aller (tôt ou juste avant la fermeture) et surtout à ne pas contribuer à la dégradation du site : ne pas porter de crème solaire pour se baigner, ne pas jeter de déchets n’importe où… Mais les lecteurs d’Arpenter le chemin ne sont pas comme ça, hein ? Le site est ouvert de 8 h à 18 h tous les jours. Venez avec votre maillot de bain sur vous ou changez-vous dans les toilettes du restau.
La Calzada de los Frailes
Depuis le Parque central, prenez la Calle 41 en direction de l’ouest jusqu’à arriver à une patte d’oie. Vous trouvez désormais à l’entrée de la Calzada de los Frailes, une rue de 1,2 km riche en jolie façades, petits cafés et boutiques. Un joli trait d’union entre la place central et le Couvent San Bernardino. Si en plein après-midi, cette rue a des allures de traversée du désert puisque beaucoup de boutiques ferment pendant les heures chaudes, elle retrouve tout son allant à l’heure dorée. On y trouve quelques boutiques de souvenirs au début de la rue, puis des cafés et restaurants. Voici ceux que j’ai apprécié lors de mes visites en 2015 et 2018 : les cafés boutiques Yutsil et Tres Van Bien, le café GranChan, les petites boutiques au début de la rue. Et puis les voitures, les façades colorées…
Le Convente San Bernardino
Au bout de la Calzada de los Frailes, une jolie place avec des terrasses ombragées et un édifice historique immanquable : le couvent de San Bernardino. Ce couvent franciscain dédié à Saint Bernard, qui date du XVIe siècle, est très bien conservé. De l’extérieur, il donne sur le parc Sisal, dont l’esplanade accueille parfois des concerts et autres animations.
Il est possible de visiter l’intérieur, bien évidemment, mais je n’en garde pas un souvenir impérissable. J’avais été distraite par la présence de très jeunes filles qui faisaient des photos et dont leur père (?) leur demandait de prendre des poses suggestives… Brrr, la vision d’horreur. Il paraît que le couvent a été construit sur un cénote, lui aussi, mais je ne me souviens pas en avoir vu la trace. En revanche, le site est habité de gros iguanes qui se prélassent au soleil et qui restent le temps fort de ma visite. Comme souvent, j’aime mieux l’architecture extérieure à l’intérieur quand celui-ci est dénué d’explications ou de mises en scènes (qu’est-ce que cela dit de moi, je vous le demande ?!).
Le complexe de cénotes Dzitnup (Samula et X’keken)
Ces deux cénotes très différents de celui de Zaci sont très facilement accessibles depuis le centre-ville en vélo, en taxi ou en stop puisqu’ils ne sont qu’à 6 km. Nous avons choisi le taxi pour l’aller et avons abusé de la serviabilité de deux visiteurs belges pour rentrer au centre-ville (merci à eux !). Là où Zaci était à ciel ouvert, ces deux cénotes sont souterrains, avec seulement une petite ouverture vers le grand jour. Autant vous dire que l’eau y est plus que rafraîchissante mais que l’ambiance incroyable donne envie de se baigner, à condition de ne pas être claustrophobe ! Il faut un droit d’entrée pour chacun des cénotes, mais de mémoire, une fois l’entrée payée, on peut aller et venir entre les deux librement (corrigez-moi si ce n’est pas/plus le cas). Quelques centaines de mètres à peine les sépare.
Le cénote X’Keken est relativement bas de plafond, mais offre des stalactites costauds. Il est plus fréquenté, plus aménagé avec de grandes terrasses en béton (oh, mon cœur… quelle horreur).
Le cénote Samula, celui que je préfère, est plus profond, plus singulier. La plateforme bétonnée est plus petite, déjà. L’eau est plus profonde, on ne peut pas accéder partout à cause des risques de chute de pierre, bref c’est très légèrement plus l’aventure. Si vous allez aux deux, je vous conseille de commencer par X’Keken. Ici comme ailleurs, il n’y a pas de casier pour vos objets de valeur, ne prenez que le minimum. En revanche, il y a des cabines pour se changer à la surface.
Le petit théâtre de la rue
Vous vous en doutez, comme dans toute ville mexicaine, une grande partie de l’intérêt réside dans le spectacle de la rue, dans cette agitation assez éloignée des villes tranquilles de l’Occident. Les personnes qui vendent de la cuisine de la rue assises sur le trottoir, les gens qui sortent en famille à la tombée de la nuit, le marché coloré… tout ça participe au charme de Valladolid et mérite quelques sorties au gré des rues, sans itinéraire fixe, à simplement suivre ici une jolie église colorée, là la musique d’un concert nocturne… La ville est construite selon un plan tellement rectiligne qu’il est quasi impossible de s’y perdre, alors lancez-vous !
Que voir autour de Valladolid
Les ruines maya d’Ek Balam
À 30 minutes de taxi de Valladolid se trouvent les ruines exceptionnelles d’Ek Balam. C’était le coup de coeur de mon voyage en 2018, je vous les conseille vivement ! Imaginez des ruines étudiées depuis seulement 1994, loin de tout, moins courues que celles de Chichen Itza, avec une Acropole d’où on peut voir l’ensemble du site… On peut y accéder en transports en commun mais il n’y a que deux bus ADO par jour. En taxi, comptez entre 30 et 70 pesos/personne selon vos talents de négociateur. Le site fait une excellente sortie pour la journée entière, entre les ruines, un cénote où il est possible de se baigner et la présence d’un restau maya avec des hamacs où se reposer ensuite.
Chichen Itza
Qui ne connaît pas Chichen Itza, sinon de nom, du moins de vue ? Ces ruines superstars ne sont qu’à une heure de car de Valladolid et contrairement à Ek Balam, très faciles à rejoindre en transports en commun depuis la gare routière. Le site est somptueux, immense, et incroyablement victime de son succès. Pour votre visite, sacrifiez votre grasse mat et arrivez le plus tôt possible, vous me remercierez. Surtout, une fois votre cœur d’archéologue rassasié avec la grande pyramide, faites-moi plaisir et allez explorer le reste du site, tout aussi émouvant. Les liaisons sont très fréquentes avec les bus ADO. Là aussi, prévoyez une journée entière pour cette sortie.
Pour en savoir plus, je vous invite à lire mon billet sur Ek Balam et Chichen Itza.
Les ruines maya de Coba
Pour les amateurs de ruines maya ET de sensations fortes, il y a Cobá. À environ 1 h 30 de car de Valladolid, vous trouverez un site gigantesque et moins tape à l’œil que Chichen Itza. Au bout de quelques kilomètres de marche, le clou du spectacle : Nohoch Mul, une pyramide haute de 42 mètres sur laquelle, incroyablement, il est toujours possible de monter. Je dis bien incroyablement car la pente est raide, les marche lisses et la sécurité… inexistante. Une corde pour se tenir et basta. Mais la vue et les frissons en valent la chandelle car d’en haut, la vue est imprenable sur la forêt yucatèque.
Attention, il semblerait qu’il y ait un car pour aller de Valladolid à Cobá, mais pas de car pour revenir (on saluera la logique des itinéraires ADO…). Dans ce cas, plusieurs cas de figure : trouver une bonne âme pour vous ramener, vous mettre à plusieurs pour payer un taxi, ou aller passer une nuit à Tulum avant de rentrer à Valladolid.
Pour en savoir plus, voir mon billet sur Coba et Tulum.
Où manger à Valladolid
Je vous le dis tout net, mon endroit préféré pour manger à Valladolid n’a rien de luxueux : c’est le food court juste à côté du Parque Central ! La Loncheria El Amigo Casiano fait de somptueux œufs brouillés dont je rêve encore. Pour les végétariens, demandez des « huevos a la americana » (euhh… je n’ai jamais fait d’espagnol, j’espère que c’est grammaticalement correct) pour des œufs brouillés à la tomate. Et ça coûte 40 pesos grand max.
De l’autre côté du Parque central, j’aime beaucoup le restaurant El Atrio del Mayab : pour y rentrer, il faut d’abord passer par une boutique d’artisanat de qualité qui, en plus de proposer des oeuvres d’art superbes, donne un petit côté secret à cet établissement caché. On débouche ensuite sur un jardin loin du tumulte de la rue. Ne vous arrêtez pas à la terrasse du restaurant et visitez aussi le jardin avec ses petites huttes.
Aux abords du Parque central, le bar-restaurant de l’hôtel Maria de la Luz fait des horchata sans pareilles. La horchata, c’est quoi ? Une boisson à base de riz, de lait, de cannelle, c’est délicieux, c’est rafraîchissant, ça ne m’a jamais collé la tourista, c’est ultra-local et je ne bois que ça quand je suis au Mexique. Buvez-en une à ma santé, au moins pour essayer ?
Où dormir à Valladolid
- Auberge La Candelaria, Calle 35, 201 Valladolid. De loin la meilleure auberge de ma VIE !! Sans exagération. J’ai tout aimé : les dortoirs non mixtes, les petites terrasses de toit, le jardin-jungle, le petit-déjeuner de ouf avec omelettes à la demande, le fait qu’on soit près de tout…
Réservez votre séjour à l’auberge La Candelaria
- Hôtel Casa Quetzal, calle 51, 218 C, Valladolid. Un vrai hôtel avec un patio, véritable havre de paix à 10 minutes du centre-ville, juste à côté du Convento de San Bernardino via la célèbre calle 39. On a adoré le calme de l’emplacement, loin du brouhaha du Parque Central. Rien de tel que de s’installer à l’ombre des promenoirs pendant les heures chaudes de la journée pour se reposer. À noter, le petit-déjeuner était compris.
Réservez votre séjour à l’hôtel-boutique Casa Quetzal
Infos pratiques
- Vols pour le Mexique : votre porte d’entrée pour le Yucatan sera probablement Cancun. Depuis le Canada, Air Transat dessert Cancun avec des vols directs pour environ 500-700 $/personne l’hiver.
- Quand aller au Mexique : attention, Noël et les vacances nord-américaines en mars (vérifiez quand a lieu le « March Break ») représentent la haute saison. J’y ai effectué mes deux séjours début mars et j’ai trouvé que c’était une période clémente, où il faisait chaud et beau sans canicule.
- Se déplacer au Mexique : la compagnie de bus ADO offre de très nombreuses liaisons entre l’aéroport, Cancun, Valladolid et d’autres villes comme Tulum ou Merida. Sauf à vouloir visiter des sites très excentrés, ce sera l’option la plus rentable et pratique. Sinon, il y aura toujours un taxi prêt à négocier âprement !
- Une idée d’activité autour de Valladolid : une balade en vélo jusqu’aux cénotes Dzitnup
- Avez-vous pensé à souscrire une assurance voyage pour le Mexique ?
Si vous souhaitez en lire plus sur le Mexique :
- Ma valise minimaliste pour le Mexique
- Mon itinéraire de voyage en solo dans le Yucatan
- Eco-Genesis, hôtel éthique à Ek Balam
- Découvrir les sites maya d’Ek Balam et Chichen Itza
- Découvrir les sites mayas de Coba et Tulum
Merci de raviver de très bons souvenirs avec cet article ! bonne journée.
Mais avec plaisir ! Je crois que Valladolid est LA ville sous-estimée du Yucatan et qu’on est beaucoup à être tombé.es sous son charme 🙂
bonjour est il possible de savoir si c’est une bonne idée de visiter la région au mois de juin ? point de vu météo? clareté de l’eau ? humidité ? animation de la région ? merci infiniment d’avance pour votre retour
Je n’en ai malheureusement aucune idée, mes seuls séjours là-bas ayant été effectués au mois de mars.
Ex-habitante du Mexique et particulièrement fan de la péninsule du Yucatan, je suis ravie de lire tes impressions et d’y retrouver énormément des miennes!
Cet article est excellent et je recommanderai à tous ceux qui voyagent par là-bas de s’y référer.
Un vrai plaisir de te lire, de retrouver ces sensations latines à l’évocation de la chaleur, des sorties nocturnes, de l’émerveillement devant les cenotes et ruines Mayas, des saveurs locales et de la langueur du moment.
Merci!
Jul’
C’est le meilleur commentaire du monde, je suis touchée ! Merci Jul’. Je suis triste de lire que tu n’y habites plus, j’avais toujours le rêve de venir te voir à Holbox… J’espère que tu suis ton propre chemin avec bonheur en France ou ailleurs 🙂
N’hésite surtout pas à aller à Holbox! C’est à ne pas manquer, encore un peu, avant qu’il n’y ait vraiment trop de monde…
Je suis en France pour l’instant… la suite, on verra… selon où le vent me porte et m’emporte!
Je ne connais pas du tout Valladolid et à voir les photos cela me fait penser un peu aux villes colorées de Cuba, mais les cenotes en plus ! Merci pour cette découverte
Oui tout fait, c’est bien l’ambiance de cette partie des Caraïbes !
Ah l’Amérique Centrale… Avec ton article, je deviens nostalgique de nos 4 années passées là-bas… Et je ne connais pas du tout Valladolid : manifestement, l’endroit vaut clairement le détour. A méditer…
J’espère que c’est une douce nostalgie… L’intérêt de Valladolid, c’est aussi sa situation, la ville en soi étant assez petite, mais on est très très bien placés au milieu de tout 🙂
Très jolie ville, très colorée et si elle est moins envahie par les touristes, alors c’est un vrai plus. Les grottes sont superbes, ce n’est pas en France que l’on pourrait s’y baigner, je trouve même ça moyen, surtout si elles alimentent certaines villes en eau potable (?). Les sites archéologiques sont sublimes, c’est top de pouvoir monter en haut des pyramides, si cela ne les abîme pas évidemment.
Je me demande toujours à quel point cela abîme les ruines. J’ai envie de croire que les organismes de conservation des sites ne font pas n’importe quoi, mais attireraient-ils autant de visiteurs s’il n’y avait pas la possibilité d’y monter… ?
Merci d’avoir conseillé les cenotes Xkenken et Samulah, nous les avons adorées !!