Après vous avoir présenté huit livres pour voyager depuis son canapé en 2017, j’ai eu envie de recommencer. Parce qu’on ne lit jamais trop de livres, et sûrement pas jamais trop de livres de voyage. Un bon livre pour voyager, ce peut être une autobiographie, une autofiction, une fiction… C’est surtout un livre dont les pages s’envolent et les écrits restent bien en tête, un livre qui attise notre feu de l’ailleurs et donne envie de mettre les voiles. Pour m’aider dans cette tâche, j’ai demandé à plusieurs ami.e.s blogueurs de venir me parler des livres qui les transportent. Je vous présente donc un petit assortiment de romans et essais pour voyager !
Contes de l’Alhambra, Washington Irving ~Bulles de voyage
Lors de mon voyage en Andalousie, j’ai eu l’immense chance de visiter l’Alhambra à Grenade. Un lieu magnifique, chargé d’Histoire, dont se dégage une magie … magie que j’ai retrouvée dans les Contes de l’Alhambra. Ce livre a été écrit par un américain, Washington Irving, diplomate, historien et voyageur. Il est venu habiter l’Alhambra quelques mois au printemps 1829. L’américain a puisé son inspiration auprès des conteurs ou habitants de l’Alhambra hispano-mauresques. Il y ajoute une pointe de fantastique et vous envoie dans une bulle le temps d’une trentaine de contes, le temps d’une trentaine de rêves.
Washington Irving décrit les lieux de façon fidèle, il est très facile de s’y projeter pour suivre avec plaisir les différentes aventures, et c’est encore plus délicieux lorsque vous avez visité l’Alhambra (ou que la visite est prévue rapidement après lecture). Vous trouverez surement quelques descriptions clichés ou penserez que le romantisme à l’honneur, a mal vieilli, mais c’est ce qui permet au lecteur de s’enfoncer au fil des pages dans ce monde mystérieux que vous propose l’auteur. Washington Irving est le guide idéal des lieux, pensez à remettre ces contes dans le contexte temporel et laissez vous séduire. C’est certain, ces contes sont une invitation au voyage dans l’espace mais également dans le temps et l’imagination.
Ingrid, Bulles de voyages
Contes de l’Alhambra de Washington Irving, aux éditions Miguel Sanchez, traduit par André Belamich
Volkswagen Blues, Jacques Poulin ~Les Géonautrices
Anecdote : j’ai découvert Volkswagen Blues via un de mes films favoris, le film québécois « Deux frogs dans l’Ouest », où le personnage principal apprend à se connaître en partant seule à Whistler, de l’autre côté du Canada. Dans ce roman, nous suivons Jack qui décide de partir à la recherche de son frère Théo, longtemps disparu. Jack commence son voyage à Gaspé, en Gaspésie au Québec, avec son van et rencontre rapidement la Grande Sauterelle (une jeune femme de sang amérindien) et son chat.
La Grande Sauterelle se joint à Jack dans son enquête pour retrouver son frère, et ensemble, ils vont parcourir les terres d’Amériques du Nord. Commençant par suivre le fleuve Saint-Laurent au Québec, ils vont se diriger vers les États-Unis, aller à Détroit, à Chicago, traverser le pays et rejoindre les rocheuses pour terminer à San Francisco.
Chaque destination leur sera dictée par la trouvaille de nouveaux indices en ce qui concerne la localisation du frère de Jack…Et les différents événements vont leur permettre d’apprendre à se connaître l’un et l’autre ainsi qu’eux-mêmes.
Un livre magnifique lu et relu et grâce auquel il est facile de s’immerger dans le quotidien des personnages. Nous rencontrons les gens qu’ils rencontrent et voyons les paysages qu’ils voient tout au long de ce « road book » incroyable.
Candie, Les Géonautrices
Volkswagen Blues, Jacques Poulin, aux éditions Actes Sud
Les villes invisibles, Italo Calvino ~La Plume d’Isandre
Dans ce roman à la trame un peu particulière, Marco Polo dépeint au Grand Khan les villes que ce dernier a conquises, et que le voyageur est allé visiter à la demande du monarque, qui ne pouvait aller les voir. En réalité, il s’agit de villes imaginaires inventées par Italo Calvino.
Ce livre a été d’autant plus marquant pour moi qu’il est associé pour notre famille à la découverte d’une ville extraordinaire, elle aussi. En effet, lors de notre emménagement à Vienne, en Autriche, un de mes fils a choisi cet ouvrage à la librairie Hartlieb. Je le lui ai ensuite emprunté et plonger dans ce roman, m’envoler, m’émerveiller, m’étonner dans chacune de ces villes s’est fait en parallèle de nos propres explorations de Vienne, qui bien que réelle, aurait pu tout à fait être dépeinte dans le livre aussi.
Cela m’a fait réaliser aussi le caractère particulier des villes que j’ai pu connaître dans ma vie, impression encore renforcée par le fait que je chronique régulièrement des ouvrages de la collection des guides insolites. En fait, en me décrivant des villes imaginaires, Italo Calvino m’a donné à réaliser un peu plus à quel point les villes réelles peuvent receler elles aussi trésors et mystères, et avoir leur propre personnalité. Dans l’ouvrage, les villes sont classées par thèmes…mais pour ma part, je ne l’ai pas lu linéairement, je me suis plutôt plongée dans les descriptions comme si j’étais en train de visiter chaque ville. Ce n’est pas pour moi un ouvrage qui se dévore en une fois, mais où je vais pouvoir revenir pendant des années et toujours y trouver quelque chose de nouveau.
Sandrine, La Plume d’Isandre
Les villes invisibles, Italo Calvino aux éditions Folio, traduit par Jean Thibaudeau
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Le dernier Lapon, Olivier Truc ~Je Papote
Le Dernier Lapon est un polar qui vous emmènera directement en Laponie. Olivier Truc, journaliste français spécialiste des pays nordiques, raconte dans son second roman l’histoire d’un meurtre et d’un tambour sacré volé en plein cœur de la Laponie, terre des Sames.
L’intrigue n’est finalement qu’un prétexte pour décrire l’environnement et la vie des Sames dans le grand nord. Dernier peuple autochtone d’Europe, les Sames y sont à l’honneur dans ce livre. Les explications, les détails, tout y est minutieusement décrit et très bien raconté. Ce livre nous projette incontestablement dans la vraie Laponie. Pour vivre dans cette région, j’ai retrouvé pas mal de choses que je connais et que je vis au quotidien.
Si vous aimez le genre et que la Laponie est une région qui vous intrigue, Le Dernier Lapon vous en apprendra beaucoup avec justesse. Olivier Truc a écrit des suites et continue de nous faire voyager avec ces derniers romans.
Céline, Je Papote
Le dernier Lapon, d’Olivier Truc, aux éditions Métailié (2012)
Le Grand Marin, Catherine Poulain
Je ne sais pas à quel point Le Grand marin est une fiction, une autofiction, une autobiographie. Paru en 2017 seulement, il fait partie de ces classiques instantanés, auxquels on sait qu’on reviendra encore et encore. La narratrice fuit des démons (réels ou imaginaires, allez savoir) en France avec une idée fixe en tête : aller pêcher en Alaska.
Clandestine, elle parvient à se faire embaucher sur un bateau pour pêcher le flétan et à travers ses yeux, nous sommes sur le bateau, nous sommes l’équipage, nous sommes ces âmes seules au monde au milieu de la nuit et de la tempête, à pêcher des poissons au rythme d’une écriture d’une intensité rare. La première moitié du roman est éblouissante et ne laisse pas de répit. La deuxième est de facture plus classique et retombe dans la banalité du quotidien, même si on sent toujours l’appel du large frémir entre les lignes. Un premier roman magistral.
Le Grand Marin, de Catherine Poulain, aux éditions Points (2017)
La diagonale du vide, Mathieu Mouillet
Après avoir sillonné le monde, Mathieu Mouillet décide de se lancer dans un pari fou, sinon insolite : traverser la France en quête d’optimisme, à la rencontre de cette fameuse « diagonale du vide » qui coupe le pays en deux, là où le temps semble s’écouler plus lentement. Le livre alterne périple personnel et rencontres avec des habitants de ces endroits reculés, de ceux qu’on voudrait appeler la « France d’en bas », mais qui sont surtout ceux de la France de la résilience, dynamiques à leur échelle face à la désertification des campagnes.
Le regard porté par Mathieu Mouillet sur ces nombreuses rencontres est d’une grande tendresse, avec beaucoup d’humilité face à sa démarche qui lui mène parfois la vie dure, entre conditions météo peu favorables et difficultés physiques – sans oublier son cheminement intérieur. J’ai beaucoup aimé en lire plus sur les habitants, chefs d’entreprises, restaurateurs, aubergistes, fromagers, artistes, paysans, chamans parfois, et même si je ne suis pas sûre de considérer cette diagonale du vide comme un pays exotique, j’ai assurément envie de m’y attarder davantage lors d’un prochain passage en France.
La Diagonale du vide, de Mathieu Mouillet, aux éditions du Mat
J’ai été ravie de participer à cet article mais il y a un inconvenient majeur: maintenant, j’ai envie de lire tous les titres présentés !
…et mon petit doigt me dit que tu as déjà une pile à lire déjà longue comme le bras ! Merci d’avoir participé, je suis ravie de ta suggestion !
Ton petit doigt est très bien renseigné lol, est-ce qu’il fréquente mon compte instagram (où je mets de temps en temps des photos de ma PAL). Du coup, je louche entre la PAl et la liste de livres qui me donnent envie mdr…
Le Palais de l’Alhambra fait partie de mes visites préférées en Espagne. Du coup je lirais bien « Les contes de l’Alhambra » ! « La diagonale du vide me tente bien aussi 🙂
Je rêve d’y aller !! Et ce livre ne va pas arranger mes affaires ! Si tu achètes la diagonale du vide en passant par mon lien, tu me donnes quelques sous au passage, alors surtout n’hésite pas 😉
« Avant la dernière ligne droite », Patrice Franceschi.