Parmi les activités hivernales, j’adore celles qui font la part belle à la contemplation. Promenade en raquettes dans les grands espaces gelés, rêverie paresseuse devant la cheminée en regardant les flocons tomber… Pourtant, une activité riche en adrénaline fait battre mon cœur : la balade en traîneau à chiens.
Prendre place dans un traîneau à chiens, c’est se croire dans Croc-Blanc de Jack London, c’est revivre les odyssées de Nicolas Vanier, c’est toucher du doigt, l’espace d’une heure, ce que peuvent vivre les mushers qui font la Kobuk 440 ou l’Iditarod, ces grandes courses d’attelage de centaines de kilomètres du Grand Nord.
Et si je vous disais qu’il n’y a pas besoin d’aller en Alaska ou dans le Yukon pour vivre ces sensations fortes ? À 30 minutes de Québec, Aventure Inukshuk propose tout cela, pour une heure, un jour ou plus si vous vous en sentez le courage.
Le traîneau à chiens est un moyen de transport qui existe depuis des millénaires au Groenland, en Sibérie, en Laponie… Rien d’étonnant quand on sait que l’hiver occupait alors une bonne partie de l’année. Huskys, malamutes, Alaskan et même samoyèdes sont les races de chiens de traîneau par excellence, des bêtes qui ont été sélectionnées au fil des siècles pour tirer, et qui aiment le faire ! C’est en tout cas en Alaska que s’est développé la vision sportive des traîneau à chiens, et on y trouve aujourd’hui des courses prestigieuses comme l’Iditarod, 1800 km d’odyssée à travers la taïga.
Pour notre part, nous avons choisi une équipée raisonnable : une heure et demie. Cela semble dérisoire mais même si j’aurais adoré faire plus, nous étions en pleine vague de froid polaire en cette fin 2017. Je sais qu’en France, en Belgique ou même en Suisse, on a l’impression de nager en pleine apocalypse frigorifique dès qu’il fait négatif… mais là, je vous parle de températures qui avoisinaient les -40°C avec le vent… auquel s’ajoutait encore notre vitesse. Autant vous dire que nous avons légèrement plaint les courageux voyageurs qui partaient faire une excursion de trois heures… Au bout du temps imparti, j’avais l’impression que mes orteils étaient prêts à succomber.
En attendant le minibus qui nous amène au chenil, nous sommes un peu inquiètes : une vingtaine de participants sont venus défier le froid, n’est-ce pas trop ? Heureusement, nous sommes deux par attelage, et nous sommes répartis en plusieurs petits groupes qui ne se croiseront qu’à peine. Au final, il n’y a que quatre traîneaux dans notre groupe, un vrai avantage quand on est le dernier et qu’un chien a une lanière qui lâche, ou qu’on prend un peu de retard… #vécu
Le parcours est bien rôdé, et surtout accessible à tous. Nous ne sommes pas des novices des balades avec chiens de traîneau : j’avais déjà eu la joie d’y goûter pendant mon voyage de noces en Finlande, puis par la suite en Haute-Savoie. Ma mère aussi était de la partie lors de notre équipée en Haute-Savoie, un parcours intense, à flanc de montagne, avec des passages délicats [comme ce fameux passage d’un pont sans balustrade en virage à pleine vitesse après une descente… un caillou dans le virage et je finissais dans le ruisseau gelé]. Ici, la seule difficulté est de canaliser les cinq chiens. Les bons toutous veulent courir, tirer, avaler les kilomètres, rien ne les arrête, hormis peser de tout notre poids sur le frein… et encore !
Le parcours nous emmène à travers les bouleaux. Nous traversons une grande plaine vide aussi inattendue que magique. Soudain, la perspective s’ouvre, le soleil nous éblouit, nous sommes au Klondike (ou du moins… dans l’idée qu’on se fait du Klondike !).
C’est le moment de changer de conducteur. Je passe dans la nacelle et ma mère prend les rênes de l’attelage. Pas facile de perdre le peu de contrôle que j’avais sur la meute… dans la nacelle, on se sent tellement impuissants. Mais qu’est-ce qu’on apprécie le paysage…
Si vous vous demandez d’ailleurs s’il vaut mieux être conducteur ou passager, les deux sont très différents. Quand on « guide » l’attelage, notre seule tâche est de contrôler la vitesse. Pour cela, il faut freiner en appuyant un peu pour ralentir, ou en appuyant de tout son poids pour arrêter l’attelage.Voire sauter sur le frein pour bien arrêter les chiens. Il faut aussi être vigilant, pour ne pas empiéter sur l’attelage de devant, ou anticiper les quelques reliefs. Ici, pas question de filmer (sauf en GoPro bien vissée sur le casque) ou d’admirer le paysage. Les sensations sont parfaites et même si on est loin d’être musher, on se prend à rêver qu’on a un peu d’emprise sur ce fier attelage.
Dans la nacelle, on peut se la couler douce, mais il fait froid bien plus vite, car on est parfaitement immobile. Mais quelle vue ! Et quel plaisir de glisser sans se préoccuper des chiens, à condition de faire confiance à son musher ! Le paysage file à toute allure, on peut filmer et prendre des photos, essayer de faire corps avec le traîneau dans les virages, admirer les petites pattes qui filent à toute allure… On en sera aussi bon pour quelques frayeurs, car on est vraiment au ras de la piste et tout semble aller très vite ! Je précise aussi qu’on est aux premières loges quand un chien lâche des crottes au pas de course !!
J’apprécie énormément cette activité hivernale pour son côté harmonieux avec la nature. Des chiens, un traîneau certes contemporain mais qui n’en reste pas moins dépourvu de moteur, glisser tout simplement dans les bois… Un plaisir simple et brut, celui de s’inscrire brièvement dans une tradition du Grand Nord.
Au bout d’une heure et demie, le soleil commence à se coucher, il est temps d’arrêter. Ce n’est pas nous qui donnerons les soins à nos braves destriers, mais nous prenons le temps de les remercier. Les chiens font partie d’une meute de deux cents bêtes, rien que ça ! Le vacarme assourdissant de l’excitation des chiens à notre arrivée a laissé place à un calme plus relatif une fois la balade terminée. Les chiens se sont dépensés et nous ne pouvons qu’être reconnaissantes de leur énergie qui nous a permis de vivre cette belle odyssée.
Après notre épopée dans le froid, Aventure Inukshuk n’oublie pas le réconfort après l’effort, et une bonne tasse (ou deux…) de chocolat chaud nous attend près d’un fourneau bien chaud. On aura même droit à la visite d’un adorable chiot. Les doigts réchauffés autour de notre tasse, dos au poêle, nous écoutons les aboiements du chenil en nous prenant à rêver d’avoir notre propre attelage. Un jour, qui sait ?
Infos pratiques
- Aventure Inukshuk, 131 Route De Duchesnay (Super Labyrinthe), Ste-Catherine-de-la-Jacques-Cartier G3N 0J3
- Tél. : 418 875-0770 info@aventureinukshuk.qc.ca
- Tarifs : à partir de 89,50 $ pour la balade d’une heure trente. Possibilité de faire des excursions plus longues (3 heures, expédition de deux jours…)
Je ne le dirais jamais trop : prévoyez des vêtements adaptés ! Quand on file à toute vitesse, la sensation de froid est intense et non, un jean n’a jamais protégé du froid (je le dis car certains participants avaient des vêtements assez minces, cela peut être dangereux).
Où dormir près de Québec
Nous avons passé une semaine magique à la Station touristique Duchesnay., littéralement en face d’Aventure Inukshuk Nous avons choisi une chambre dans l’auberge principale, avec vue sur le lac gelé. L’auberge comprend un restaurant, un sauna, un jacuzzi en extérieur, une grosse cheminée auprès de laquelle jouer au Scrabble… Nous y avons passé la semaine de Noël 2017, et c’était parfait. À 30-45 minutes de Québec.
Réservez votre séjour au Québec en hiver.
Pour cette chronique, nous avons été les invitées d’Aventure Inukshuk qui nous a offert cette balade en traîneau. Cette chronique contient un lien affilié. Cela ne change rien pour vous mais votre réservation me donne un coup de pouce financier. Merci !
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Quelle belle expérience que je n’ai même pas encore tentée! Après t’avoir lue, je me dois d’essayer!
Si tu aimes les chiens et l’hiver, tu vas adorer !
C’est merveilleux ! Depuis le temps que je me promets aussi de faire une excursion comme ça. Tu me donnes encore plus envie. Passe une très belle fin de semaine 🙂
Je suis sûre que tu apprécierais ! Avec le bel hiver qu’on a cette année, c’est l’occasion rêvée 🙂
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