Après avoir vu comment j’avais acheté mon vanounet, nous voici prêt.e.s à enchaîner sur les articles bien techniques sur la transformation d’un hybride utilitaire-van à un vrai petit camping car en bonne et due forme. Sailor Moon et ses transformations, c’est vraiment rien à côté du ravalement de façade que JCVD va se manger dans les dents.
Évaluer l’état global du van
Une fois l’euphorie initiale passée, il est temps d’examiner le van sous toutes les coutures. TOUTES les coutures. Je sais bien que j’aurais dû le faire avant l’achat, mais je suis allée à l’essentiel : tant qu’il n’y avait pas de souci structurel majeur, je le prenais, ce van. Par TOUTES les coutures, je parle des détails : les taches sur la moquette, les éventuels trous dans le plancher. Les joints qui fuient. Les fenêtres qui se ferment à 90 %.
État des lieux :
- la moquette est répugnante : je vais l’enlever. Impossible de garder ce truc moisi, rouillé, sur lequel on ne sait pas ce qui a été posé, ni ce qui c’est passé (ce n’est pas une « shag carpet », mais beurk quand même – je vous laisse chercher la traduction…)
- le revêtement aux murs, que je croyais en bon état, s’avère lui aussi à enlever. Il s’agit d’une plaque de plastique recouvert de mousse, puis de moquette. Malheureusement, la mousse est moisie au niveau du sol : hop, à la poubelle.
- les sièges arrière peuvent aller sur Kijiji : ils ont beau être en bon état, il n’y a pas de place pour eux dans le nouvel agencement. Je me suis demandée vaguement si on pouvait les garder comme siège et lit, mais ils ne se prêtent ni à l’un ni à l’autre : sans ceinture de sécurité, impossible d’en faire de vrais sièges ; et même si on peut les rabattre à l’horizontale pour dormir, ils sont vraiment étroits.
- les étagères en hauteur sont étonnamment en bon état : un petit coup de peinture et elles seront comme neuves.
- l’aération au plafond ne se ferme pas entièrement : il faudra la changer ou trouver un moyen de la réparer.
- les fenêtres semblent correctes. Pas question de les changer, mais si on peut les ouvrir, c’est aussi bien.
- les portières arrière présentent un petit espace de 5 cm une fois fermées : il va falloir trouver comment combler ce trou, sous peine d’invasion de bestioles et/ou de froid qui rentre inopinément.
- le plafond est peint un peu à la va-vite, mais il peut rester.
La moquette
Comme je le dis plus haut, la moquette est proprement répugnante. J’ai certaines barrières psychologiques et celles-ci m’empêchent de bien dormir dans un endroit que je trouve sale, que ce soit un motel miteux ou un van cradoc. Pour vous dire, je me souviens encore avec horreur du jour où j’ai emménagé dans une chambre d’étudiante et que j’ai trouvé un nid d’asticot sous mon lit… J’en ai eu des cauchemars pendant six mois.
Ici, la moquette multiplie les taches de rouille, de gras, de… je ne préfère pas savoir. Je pourrais la shampouiner mais de toute façon, puisque je veux voyager avec Indiana, la garder n’a pas grand intérêt. Vous savez à quel point un chien fait des traces rien qu’après une balade sous la pluie ? CIAO la moquette.
Pour enlever la moquette, rien de bien compliqué : suffit d’avoir des points d’attaque, trous, endroits qui se décollent naturellement, et de tirer. Fort. Avec une pince, c’est plus simple. La moquette vient toute seule, c’est assez réjouissant. Si elle vient facilement, c’est parce qu’elle est juste posée sur une plaque de mousse. C’est la plaque de mousse qui est collée à la carlingue. Ci-dessous, le vert n’est pas le signe d’une pourriture avancée mais la marque d’une peinture/colle antérieure.
À certains endroits, la moquette est collée directement au métal, comme sur les coffres de roue. Il faut tirer un peu plus fort, mais tout finit par partir… en laissant un peu de plumes derrière. J’arrache les fibres restantes à la pince, rien ne me résiste. Le résultat est loin d’être net, avec des résidus de colle et de moquette, mais les coffres sont appelés à disparaître sous un lit ou des étagères de toute façon.
Avec la mousse :
Sans la mousse :
On arrive là à l’essence du van : sa carrosserie à nu. C’est aussi à cette étape qu’on remarque certains points qui avaient fatalement échappé à notre œil de lynx, puisqu’ils étaient bien dissimulés : des trous. De la rouille. Des vis impossibles à enlever sans scie à métaux (ça tombe bien, je n’en ai pas).
Ci-dessus, le premier trou a été percé délibérément, tout comme pas mal d’autres trous qui laissaient manifestement passer des vis (notamment pour les sièges arrière). Il n’est pas le résultat de la corrosion et en soi, pas inquiétant. Le deuxième est plus préoccupant : je l’ai fait en tirant un peu trop sur une vis ; elle est venue comme dans du beurre. C’est le signe qu’il faut opérer. Pour ça, j’ai poncé légèrement au papier de verre pour retirer la peinture écaillée, avant de passer au gros des opérations : la peinture anti-rouille.
La peinture
En attendant de savoir quoi faire des vis et boulons impossibles à retirer, je les laisse en place. J’ai aussi enlevé la mousse et la laine de verre aux murs pour faire place nette, mais j’y reviendrai lors de l’épisode sur les murs.
Il est temps de passer à la peinture. Ma partie préférée ! J’ai toujours aimé peindre, et c’est d’ailleurs moi qui m’y suis toujours collée volontairement dans nos précédents appartements. L’odeur, l’impression de frais, je suis fan. Ici, c’est encore mieux : pour l’instant, pas besoin de faire dans la dentelle : je peux y aller à grands coups de pinceau sans craindre de déborder puisque tout sera caché une fois le van fini. Exit la corvée de scotch de peintre !
J’ai choisi une peinture anti-rouille blanche, mais honnêtement, elle aurait pu être fuchsia, jaune ou camouflage (si si, ça existe), peu importe puisqu’elle sera cachée par le parquet. J’ai passé trois couches sur les zones critiques pour bien sceller la rouille, et une couche sur le reste, autant pour homogénéiser l’aspect que pour faire du préventif. J’y suis allée au pinceau et au rouleau, avec deux bonnes heures de travail pour la couche intégrale.
Ahhh ça va mieux ! J’ADORE peindre.
Hop, on saute deux semaines, le temps de se faire une petite escapade franco-suisse…
En deux semaines, la peinture a eu le temps de sécher. Et de marquer les traces où le van fuit légèrement sous la pluie, c’est pratique. Il y a donc une fuite critique à l’arrière, que je soupçonne de provenir des vis des rails sur le toit. Je note mentalement ces zones pour les travailler quand on passera aux murs.
Les croix noires correspondent aux trous que j’ai bouchés avec du gros scotch grade « mammouth ».
L’isolation
Après la peinture, il est temps de passer à l’isolation. J’ai adoré cette partie du boulot où on peut travailler dans les grandes lignes et avancer relativement vite.
Pour faire simple, pour isoler correctement un van, il faut plusieurs couches qui isoleront du bruit, du froid, de la chaleur, de l’humidité… À noter, je destine pour l’instant mon vanounet à une utilisation ponctuelle : week-ends dans les tourbières, éventuellement un ou deux mois sur les routes par an. Je ne compte pas vivre dedans. Je sais qu’il y a des gens qui font ça au Canada, en Alaska, toute l’année, mais ces gens ont des guerriers. Rien ne me fera dormir dans un fourgon par -20°C. Ce qui explique que l’isolation que j’ai mise en oeuvre n’est peut-être pas la plus performante, mais j’ai fait ce que j’ai pu dans mon budget et selon l’utilisation prévue.
Je disais donc : plusieurs couches isolantes. Dans l’ordre :
- du Reflectix pour isoler de la chaleur
- de la mousse polystyrène pour isoler du froid et du bruit
- du parquet parce que c’est zoli quand même.
J’avais prévu de mettre le Réflectix après la mousse mais une fois ma plaque de polystyrène posée sur le sol ondulé, j’ai été bien prise au dépourvue : puisque le sol est ondulé, il y a des trous énormes sous mon sol. Pas bien, ça. C’est la recette parfaite pour que des bestioles viennent s’infiltrer, fonder une famille et espionner nos conversations. J’ai donc posé le Reflectix en premier, car avec sa structure de papier à bulle, on peut épouser les ondulations et combler pas mal les trous. Et puis on a l’impression d’être dans un vaisseau spatial. À ce stade, tout le sol de la carlingue y est passée, de sous les sièges avant jusqu’aux coffres de roues.
Ensuite, le polystyrène. Ce matériau du démon. Qui sème des flocons partout. Qu’à cela ne tienne, je m’en suis servie pour boucher les trous entre les différentes « lattes » de mousse – parce qu’évidemment, le polystyrène n’est pas non plus facile à couper. J’ai laissé de la marge autour des murs pour la laine de verre et les lambris.
Enfin, le parquet. Je voulais du lino mais je n’ai jamais trouvé le rayon dans mon magasin de bricolage, j’ai donc pris le stratifié le plus foncé et le moins cher. On m’a demandé si ça n’allait pas alourdir le fourgon. Au total, cela ne fait que soixante kilos de parquet pour le sol, ce qui n’est pas énorme. Il faut aussi savoir que nombre de #vanlifeurs utilisent du bois massif pour leur isolation (ceux qui vivent en Alaska, notamment), qui doit peser beaucoup, beaucoup plus lourd. Je ne m’inquiète donc pas trop pour ça, avec mes p’tites planches de stratifié d’un centimètre d’épaisseur. Autre avantage du parquet foncé : Indiana peut débarouler avec ses pattes boueuses, on ne le verra pas (mais on glissera peut-être sur les flaques qu’il aura laissées).
Pour les zones un peu biscornues, il a fallu y aller à la scie sauteuse… C’était la première fois que j’en utilisais, ce n’est pas si terrible finalement. Mais un vrai établi (au lieu de deux piles de pneus), ce serait peut-être mieux.
Le résultat :
Pas mal, non ? Moi j’adore ! Je voulais faire un décompte du temps passé mais honnêtement ce n’est pas facile car j’ai tendance à faire un peu de sol, un peu de murs, et puis hop je nettoie un peu la rouille extérieure au white spirit… Je dirais que j’ai passé une quinzaine d’heures pour le sol.
Pour le prochaine épisode, on parlera des murs. Restez dans les parages !
Trop chic ce parquet ! Beau boulot !
Non c’est du châtaignier…
—-> je sors !
Ca va être super quand ce sera fini ! Et mdr pour la shag carpet 😀
Haha ça ne s’invente pas, un nom pareil… D’ailleurs un van doté d’une shag carpet était généralement surnommé shag-wagon. Si tu connais Kill Bill, ça devrait te rappeler le fameux Pussy Wagon… Que du bon goût 😀
[…] t’avoir parlé du sol de mon van, il est temps de passer aux murs. À vrai, dire j’en ai fait une partie en […]