MEXIQUE // Quatre sites mayas incontournables, 1ère partie

La péninsule du Yucatán, c’est un concentré de Mexique, mais pas seulement : nous sommes ici en terres mayas, pays de jungles et de jaguars, de pyramides séculaires et d’une culture autochtone unique, dont le célèbre calendrier a conduit à une petite hystérie de fin du monde en décembre 2012*. Loin d’un amalgame à la sauce Hollywood qui mélange Mayas, Incas et Aztèques, les Mayas sont une ethnie amérindienne bien vivante, qui se rappelle à notre bon souvenir un peu partout dans la péninsule avec leurs tenues colorées et leur langue qu’on entend au coin des rues.

Aujourd’hui, je vais pourtant me tourner vers la civilisation maya précolombienne, qui n’a pas encore dévoilé tous ses mystères, et dont on ne savait pas grand chose il y a encore 200 ans. Cités guerrières à l’image des cités grecques, civilisation fondée sur le maïs et immenses complexes religieux… Je vous emmène à la découverte de quatre sites passionnants pour effleurer la surface de cette civilisation mésoaméricaine qui s’étend du Mexique au Salvador en passant par le Honduras, le Belize et le Guatemala. Aujourd’hui, deux sites de l’État du Yucatán : Ek Balam et Chichen Itzá.

Ek Balam

Parce que c’est le premier site qu’on a visité et qu’il avait un vrai parfum de découverte.

Parce que c’est le seul des quatre sites que je n’avais pas vu lors de mon précédent séjour.

Parce qu’on était seuls en haut de cette pyramide, à se prendre pour les rois du monde.

Ek Balam, c’était LA découverte de cette semaine.

Ek Balam signifie le « jaguar noir » en maya, un nom évocateur qu’on comprend sans peine une fois en haut de l’Acropole, le bâtiment principal : le site est perdu dans la jungle, et on imagine avec délice les jaguars s’en donner à cœur joie dans les ruines avant l’arrivée des archéologues en… 1994. Oui, vous avez bien lu : le site n’est étudié que depuis une grosse vingtaine d’années, même si les bâtiments remontent à plus de 2 000 ans.

En parlant de l’Acropole, c’est une des rares ruines qui reste accessible à qui aura le courage de monter et surtout, de redescendre. Ni corde ni rambarde, ne sont admis ici que ceux qui ont le pied sûr et le cœur bien accroché. Les marches sont heureusement bien plates et la déclivité constante rend la descente bien moins terrifiante que celle de Coba. Mais si vous avez le vertige, la vue des escaliers depuis le sommet devrait quand même vous arracher quelques sueurs froides. Etienne n’a admis avoir le vertige qu’une fois en haut… La descente a été un peu éprouvante pour lui. Dans ces cas-là, on oublie sa fierté et on descend comme on le sent, que ce soit face aux marches ou les fesses par terre.

Le site est relativement petit et on englobe tout du regard depuis l’Acropole. Arrivés vers 8 h 30, nous avons devancé les cars de touristes et nous parvenons à être seuls quelques instants. La forêt ne montre aucun signe de civilisation contemporaine, et on se prend à s’imaginer dix siècles en arrière. À quoi pensaient les prêtres ou les dignitaires qui toisaient leur peuple de si haut ? Faisaient-ils des sacrifices à l’endroit où nous nous trouvons ? Et surtout, pourquoi avoir construit des escaliers aussi raides ?!!

De l’autre côté, la vue depuis la pyramide mineure est tout aussi agréable. Plus accessible, elle donne à voir l’Acropole mais aussi deux temples plus petits et me ravit les yeux. Les lieux sont aussi parsemés de plaquettes explicatives qui permettent d’en savoir un peu plus sur le contexte historique et architectural.

Accès 

  • transports en commun : un bus depuis Valladolid à 9 h, et probablement un bus pour rentrer l’après-midi. Pas de liaison directe avec Cancun.
  • taxi : la « station » de taxis collectifs sur trouve sur la Calle 37, entre les calle 44 et 42. Soit-disant qu’on pourrait s’en sortir pour 30 pesos par personne… On n’a pas eu mieux que 70 pesos !!
  • depuis le village d’Ek Balam, on peut marcher les quatre kilomètres le long de la grand’route… c’est ce que nous avons fait !

Tarifs : 144 pesos par adulte

Où dormir à Ek Balam :

  • à l’hôtel Genesis Eco-Oasis, bien sûr ! Voir ma chronique ici.

Chichen Itzá

Chichen Itzá la sublime… la magnifique… l’unique… Difficile de ne pas tomber dans les superlatifs de pacotille pour qualifier ce site d’une ampleur et d’une majesté hors catégorie. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, figurant parmi les Sept nouvelles merveilles du monde, Chichen Itzá, c’est le site emblématique du monde maya, celui que tout le monde connaît au moins de vue, que tout le monde a joué dans Civilization, que tout le monde attend avec impatience.

Et nous ne faisions évidemment pas exception ! Etienne avait une exigence pour ce séjour : voir Chichen Itzá. Pas difficile, mon compagnon de voyage ! Moi, j’y suis retournée sans me faire prier. Pour mieux visiter le site, mieux vaut partir tôt, pour éviter autant la chaleur que la foule – et n’ayez crainte, si vous faites la grasse mat’, vous aurez l’un et l’autre. Car la beauté du site n’est pas volée et réussit même le tour de force de faire sortir les plagistes de leur resorts l’espace d’une journée.

Pour apprécier Chichen Itzá, une fois notre ticket en main, nous avons foncé vers le Castillo, sa pyramide reconnaissable entre mille, vrombissant entre les étals des marchands qui s’installaient à peine en cette heure matinale. Sur la gauche du Castillo, quelques bancs bien placés à l’ombre, d’où nous avons pris un petit-déjeuner avec vue. Quelques petits groupes défilent déjà, mais rien d’insurmontable. Nous nous en mettons plein la vue l’espace de 45 minutes, savourant la plaine qui semble dépeuplée.

On ne grimpe pas sur le Castillo ; depuis 2007 et plusieurs accidents mortels, l’accès y est interdit. Si j’ai aimé grimper sur les temples de Cobá et Ek Balam, je dois dire que j’apprécie cette interdiction à Chichen Itzá. Elle redonne un caractère solennel à cette pyramide et la voir s’élancer vers le ciel sans personne pour la fouler la rend d’autant plus sacrée. L’autre nom du Castillo, c’est la pyramide de Kukulcán ; Kukulcán, c’est le serpent à plumes, dieu de la résurrection et de la réincarnation, divinité fort à propos qui doit se réjouir de voir son complexe religieux renaître désormais sous les auspices du dieu dollar et Instagram.

L’estomac plein, il est temps de partir dans les chemins de traverse. Le site de Chichen Itzá est immense, il n’y a pas que la pyramide à degrés. En retrait, une colonnade mystérieuse. Sur le côté, le plus grand jeu de paume de Méso-Amérique, où des équipes s’affrontaient en combat rituel et où les perdants étaient parfois sacrifiés. À côté, des bas-reliefs phénoménaux, parfois couronnés d’un iguane ou deux. Ceux-ci nous contemplent d’ailleurs souvent du haut des bâtiments, comme pour mieux nous faire comprendre que ce sont maintenant eux qui règnent sur ces vieilles pierres. Pas question de s’approcher de trop près !

Si le grand cénote est impressionnant par sa taille, sa couleur de vase radioactive n’est guère engageante. Au fond de ce cénote aux fonctions religieuses, les archéologues ont retiré des centaines d’artefacts immergés en hommage au panthéon maya – pour apaiser Ah Puch, dieu de la mort ? Ou pour demander de bonnes récoltes à Ah Mun, dieu du maïs ? Les archéologues auraient aussi repêché des os humains…

Un peu à l’écart, un site annexe qui vaut le détour : celui dit de l’observatoire astronomique, dont les bâtiments encadrent une grande place. Un peu plus loin, c’est le calme, les touristes se sont volatilisés. Ce sont finalement ces interstices que j’aime le mieux, loin du cirque des grands groupes qui tapent tous leurs mains pour vérifier l’écho des pyramides, loin des voyageurs qui prennent la pose du lotus ou sautent inlassablement pour avoir une photo rigolote. Je ne suis pas croyante mais j’aime le silence, qui m’aide à tenter de me représenter ces lieux sacrés pourtant forcément animés, jadis.

À 11 h 30, il est temps pour nous de plier bagage. Un énième groupe de touristes à shorts ananas et panamas vient de nous passer sous le nez. La chaleur se fait étouffante, nous ne souhaitons pas nous offrir en sacrifice au soleil. On dit que 25 000 personnes se massent ici pour l’équinoxe de printemps, quand le soleil couchant semble faire danser le légendaire serpent à plumes le long du Castillo. En plus du caractère monumental du complexe, c’est malheureusement ce qu’on retiendra de Chichen Itzá : une foule vorace, avide de photos et de souvenirs – pour tempérer l’agoraphobie et apprécier le site dans toute sa splendeur, je vous conseille vraiment de venir le plus tôt possible.

J’avoue, on aura quand même fait des photos débiles…

Accès

  • transports en commun : en bus ADO deuxième classe depuis Valladolid, compter 45 minutes à 1 heures, et 66 pesos aller-retour. Privilégier les bus avant 8 h 00. Pour le retour, il suffit de demander un « ritorno abierto » (retour ouvert) et de prendre n’importe quel car ADO à l’endroit où on vous pose, il y en a toutes les heures, à l’heure pile.
  • les taxis collectifs et individuels se pressent évidemment autour de la gare routière de Valladolid, mais je n’ai pas d’informations sur les tarifs.

Tarifs : 275 pesos par adulte

Où dormir à Valladolid :

  • Auberge La Candelaria, Calle 35, 201 Valladolid. De loin la meilleure auberge de ma VIE !! Sans exagération. J’ai tout aimé : les dortoirs non mixtes, les petites terrasses de toit, le jardin-jungle, le petit-déjeuner de ouf avec omelettes à la demande, le fait qu’on soit près de tout…

Réservez votre séjour à l’auberge La Candelaria

  • Autre option à Valladolid : l’hôtel Casa Quetzal, calle 51, 218 C, Valladolid. Un vrai hôtel avec un patio, véritable havre de paix à 10 minutes du centre-ville, juste à côté du Convento de San Bernardino via la célèbre calle 39.

Réservez votre séjour à l’hôtel-boutique Casa Quetzal

Comme cette chronique commence à être longuette, je vous propose de se retrouver très vite pour la deuxième partie, ça vous va ? Et vous, vous avez déjà visité Ek Balam et Chichen Itzá ? Vous avez aimé ?

Au fait ! Vous avez pensé à souscrire une assurance voyage pour le Mexique ?

*Certaines personnes *tousse tousse* *nous* se sont d’ailleurs mariées le 21 décembre 2012…

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15 thoughts on “MEXIQUE // Quatre sites mayas incontournables, 1ère partie”

  1. Oh, je me suis reconnue quand tu parles des joueurs de « civilization » XD. Je ne me lasse pas d’y jouer soit dit en passant. Je ne sais pas si j’irai un jour au Mexique alors j’aime beaucoup découvrir ses merveilles par procuration x) et puis comme d’hab, article complet, bien écrit et belles photos <3

    1. Audrey

      Merci Eden ! Etienne est un grand fan de Civilization, j’en ai entendu sur ce jeu pendant ce voyage 🙂

  2. Je garde un très bon souvenir de Chichen Itza, malgré la foule et les vendeurs de cossins. J’avais beaucoup aimé moi aussi me retirer dans les coins plus calmes pour tenter de m’imaginer tout ce qui avait pu se produire sur ce lieu sacré il y a des centaines d’années.

    1. Audrey

      Finalement, ce que j’aimerais le plus sur les sites archéologiques, ce n’est pas tant des explications architecturales (encore que…) mais voir des gens en costume d’époque, savoir de quelle couleur étaient peints les murs, bref savoir comme ça vivait là-dedans ! Même si ‘imagine que les archéologues eux-mêmes ne doivent pas forcément savoir…

  3. Je garde un souvenir merveilleux de Chichen Itza qui m’avait vraiment impressionnée. Je n’ai pas vu Ek Balam – j’avais vu Coba, Uxmal, Tulum. Je garde un souvenir ébloui d’Uxmal, ma préférée parmi les 4 que j’ai vues, et de Tulum pour sa plage fabuleuse sous les ruines ! je rêve d’aller un jour continuer l’exploration au Guatemala.

    1. Audrey

      Ah, Uxmal… mon grand regret de ce séjour : une semaine, c’était bien trop court pour faire le détour. Mais on m’en a dit le plus grand bien, mieux encore que tous les sites dont j’ai parlé dernièrement. Ce sera sûrement pour un autre voyage : continuer vers le Chiapas et retourner au Guatemala pour enfin voir Tikal. La Méso-Amérique a tellement à offrir !

  4. […] revoici pour la suite des sites mayas à voir absolument dans la péninsule du Yucatán, après la première partie qui parlait d’Ek Balam et de Chichen Itzá dans le Yucatán. Cette fois, direction […]

  5. J’avais adoré Chichen Itza et comme j’y suis allée en 2003, j’étais montée en haut. Et j’avais bien flippé car c’est vrai que question sécurité, c’était très light…

    1. Audrey

      Je comprends ! Quand je vois le type de touristes qui grimpaient sur les monuments à Coba et Ek Balam, je m’étonne même que ce soit encore autorisé tout court !

  6. […] Yucatan en solo en 2015, non ? Et bien en voici le meilleur, avant de remettre les voiles vers la péninsule du Yucatán en […]

  7. Comme pour toi, Ek Balam a été une découverte magique et inattendue (en 2012, avec ma mère lors de son séjour de 3 semaines quand j’habitais à Mérida et que nous avons fait le tour de la péninsule pour qu’elle découvre un peu le pays où j’avais élu domicile). J’en garde, avec Cobá, un souvenir impérissable.

    Chichen Itza, incontournable certes, et incroyable. Vue, vue et revue, j’y ai même passé un équinoxe de printemps en mars 2013 justement pour voir danser Kukulkan…

    Mes ruines préférées demeurent Uxmal, à tout jamais…. De l’autre côté de la péninsule…

    De bien beaux souvenirs que j’avais ratés lors de leur publication sur ton blog, je suis ravie de les découvrir aujourd’hui!

    Jul’

    1. Audrey

      On me dit énormément de bien d’Uxmal et je rêve de retourner dans la péninsule pour les découvrir, de même que Mérida et évidemment Holbox… L’équinoxe de printemps doit être ultra-bondé mais j’espère qu’il garde une part de magie.

      1. Je te souhaite de les découvrir un jour avec bonheur!

  8. Coline

    Bonjour, merci pour ce super article ! Petite question, pour le retour en taxi d’Ek Balam, est-ce que c’est facile ? Ou faut-il négocier avec le chauffeur qui nous amène à l’aller ? Merci par avance

    1. Audrey

      Comme nous avons dormi quelques jours sur place, j’avais demandé à l’hôtel de négocier pour nous, mais c’était sensiblement plus cher qu’à l’aller – manque de concurrence oblige. Si vous faites l’aller-retour sur la journée, ça vaut la peine de demander au chauffeur s’il peut vous attendre, mais il faudra lui payer son temps d’attente.

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