JAPON // Jigokudani, chez les macaques des neiges

Je ne sais pas vous, mais bercée aux magazines Géo et National Geographic, j’ai de nombreuses images d’Épinal de pas mal de pays. Les gratte-ciels de Hong Kong, les chiens de traîneau au Canada, les paysages désertiques de l’Ouest américain… Pour le Japon, mon imaginaire personnel est fait de grues qui volent sur des lacs gelés, de la sempiternelle photo entre-tradition-et-modernité d’une femme en kimono sur fond de ville futuriste, et de macaques à la fourrure gelée qui barbotent dans de l’eau chaude.

C’est sans doute ce qui m’a poussée, lors de mon deuxième voyage au Japon, à faire des pieds et des mains pour aller voir ces fameux singes. Nous étions en février, il aurait été dommage de passer à côté, d’autant plus que ceux-ci sont à proximité relative de Tokyo. Je vous raconte !

Il existe peut-être plusieurs endroits pour admirer ces fameux macaques japonais, mais j’ai choisi d’aller au Jigokudani Yaen Kôen, qui se traduit littéralement par Le parc des singes de Jigokudani. À une heure de train de Nagano, dans les Alpes japonaises, le trajet est ravissant. Nagano elle-même m’a enchantée, avec son immense rue  qui monte jusqu’à culminer au temple de Zenkô-ji. Entre deux trains, j’ai quelques heures à occuper et je flâne autour du temple, entouré de boutiques de souvenirs (oui mais des souvenirs à la japonaise… tous plus beaux les uns que les autres) et de boutiques tout court. J’adorerais retourner flâner plus longtemps dans cette ville entourée de montagnes.

Le temple Zenkô-ji, qui domine la ville


Difficile de rater les boutiques sur le chemin du temple

Pour cette escapade, j’avais choisi pour camp de base Yudanaka, et plus précisément Shibu Onsen, petit village duquel on peut accéder à pied à Jigokudani – de mémoire, c’est l’affaire de 4-5 km. Bien m’en a pris : tout est ravissant, un village absolument à croquer, avec ses maisons en bois façon Chihiro et sa dizaine d’onsen (sources chaudes) à découvrir le soir, une fois la nuit désertée. Je loge dans un minshuku, une pension traditionnelle qui fournit évidemment yukata (kimono en coton) et geta (sandales), l’attirail de mise pour aller d’onsen en onsen (n’insistez pas, vous n’aurez pas de photo).

Non mais l’eau des sources est tellement chaude qu’on y fait cuire des œufs !

Des jizô, statues bouddhistes que l’on protège du froid une fois l’hiver venu.

Si après tout ça, vous ne vous croyez pas dans Le voyage de Chihiro, je ne peux plus rien faire pour vous.

La nuit venue, alors que les rares lumières ont des allures de lanternes, la ville prend une aura féerique et on imagine sans mal oni et créatures magiques guetter au coin des rues arpentées seulement par les curistes… Sommes-nous au Moyen-Âge ou en 2010 ? Difficile à dire tant le voyage dans le temps est réaliste, et ce n’est pas ma chambre achalandée d’un futon sur des tatami qui m’aide à faire la part des choses. Je nage en pleine féerie japonaise, un rêve éveillée pour moi qui ai toujours été fascinée par le Japon traditionnel.

Le lendemain, retour au XXIe siècle. Je suis là pour les singes, il est temps d’aller leur rendre une petite visite.. Pour accéder au parc, il suffit de longer la route qui sort du village et de monter un sentier en suivant les panneaux… Rien de sorcier. L’entrée du parc est payante.

Seule sur le sentier à cette heure matinale, je savoure la balade dans la neige… Au mois de février, il fait assez froid et je suis contente d’avoir des Converse bien fourrées. Les singes nous attendent peu après l’entrée : dans une vapeur chaude, ils sont là, dans l’eau, à barboter comme prévu…

Attirés par les graines que les gardiens jettent à intervalles réguliers dans l’eau.

Ah. Là comme ça, tous mes fantasmes s’écroulent. Ils sont où, les singes du magazine Géo, qui plongent dans une eau préservée, loin du regard des humains, poussés par leur instinct ancestral comme au matin du monde ?

J’aurais dû y penser, qu’un parc à singes n’allait pas être l’endroit le plus spontané des alentours, mais cela ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Quand on veut un cliché, on se voile souvent la face… Ce n’est pas un zoo, ni un parc animalier, mais disons que les animaux sont soigneusement appâtés pour offrir à nous touristes le triste spectacle de bestioles qui pataugent non par plaisir, mais pour se nourrir.

Macaques dans la brume

Bon. Tant qu’à être là, autant profiter un peu du spectacle. Je dois dire que certains singes, sans doute déjà repus, donnent l’impression de se prélasser et je ne peux m’empêcher de me demander si la veille, je faisais la même tête qu’eux dans mon onsen. Sans doute.

Sans doute.

Le spectacle des singes vus de près a toutefois quelque chose d’envoûtant, ne serait-ce par leurs regards si… humains. Je suis d’ailleurs souvent mal à l’aise à la vue de singes, tant ils semblent proches de nous. Comme s’il ne leur manquait que la parole pour être comme nous.

Au bout d’une heure, les touristes affluent, et le lieu perd définitivement ce qui lui restait de magie. Je mets le cap sur Shibu Onsen et retrouve dans le petit village dédaigné par les visiteurs l’émerveillement qui s’est perdu en chemin. Ce sera le conseil du jour, juste pour vous de la part de tata Audrey : si vous rêvez d’aller voir les singes des neiges, allez-y, absolument, mais allez-y tôt, et surtout, arrêtez-vous à Yudanaka pour y passer la nuit. Ce serait dommage de passer à côté de l’authenticité de ce village préservé.

Les photos que vous ne vouliez pas voir : votre serviteuse en yukata trop court pour son 1m75, vous en rêviez ? Moi non plus :

Où dormir à Yudanaka-Shibu Onsen

La ville regorge de ryokan, traditionnelles auberges luxueuses qu’il serait dommage de bouder. Sachez toutefois qu’elles sont haut de gamme et donc très chères. Tout aussi traditionnels mais meilleur marché, on trouve des minshuku (pension) comme celle dans laquelle j’ai séjourné. Si j’ai un excellent souvenir de l’endroit, j’aurais bien du mal à vous conseiller. J’avais réservé par téléphone… en japonais avec mon guide de conversation (et mes deux ans de japonais à la fac quand même) !! Un grand moment, évidemment 😀 Et on m’avait changé d’établissement à l’arrivée. Autant vous dire que j’ai aucune idée du nom de l’établissement.

Réservez votre séjour à Yudanaka en ligne

Accéder à Yudanaka-Shibu Onsen

Depuis Tokyo, prendre le shinkansen jusqu’à Nagano (accessible avec le JR Pass). Ensuite, une ligne locale emmène jusqu’à la gare de Yudanaka. Compter 3 heures.

Si cette chronique rocambolesque sur le Japon vous a plu, attendez de lire celle sur ma randonnée dans l’inconnu à Takao, près de Kyoto ! Et si vous êtes plus classique, voici des idées pour admirer les feuilles d’automne à Kyoto.

Et vous, vous êtes allés à Jigokudani ? Vous en avez pensé quoi ? Sinon, vous avez déjà fait des activités dont vous rêviez et qui vous ont un peu laissés sur votre faim ? Je vous attends dans les commentaires ! Ce billet contient un lien affilié. Le prix ne change pas pour vous, mais votre réservation me donne un coup de pouce financier. Merci !

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9 thoughts on “JAPON // Jigokudani, chez les macaques des neiges”

  1. C’est un peu comme le pont aux crocodiles au Costa Rica, les animaux viennent parce qu’on les nourrit. Oui, ça casse le mythe, mais il reste le plaisir de les voir de près et ils sont bien traités.

    1. Audrey

      Tu soulèves un point intéressant : sont-ils bien traités ? Le fait de les nourrir ne les rend-ils pas dépendants des humains et ne modifie–t-il pas leur comportement durablement ? Une inquiétude serait d’habituer à la présence humaine des animaux « dangereux », qui n’hésiteront ensuite pas à attaquer l’humain si nécessaire et à payer au prix fort une attaque…

  2. Même si tu as été un peu déçue par cette expérience, il te reste le souvenir tout autour, avec ce village typique où tu ne serais sans doute jamais allée autrement… Et les photos du Japon en hiver, ça me fait rêver !

    1. Audrey

      Ce village est d’ailleurs mon meilleur souvenir du Japon ! Je n’ai malheureusement pas vu de grues sur lac gelé, mais le Japon sous la neige est de toute beauté.

  3. Trop sympa cet article, ça donne envie d’y faire un tour malgré les touristes au Parc des Singes! Je me suis tellement peu intéressée au Japon jusque là (honte à moi) que je ne connaissais pas du tout ces singes qui barbotent dans les Onsen. Merci pour l’information et les étoiles dans les yeux :)!

    1. Audrey

      Je suis ravie de t’avoir transportée un peu ! Pour ma part je raffole du Japon que je trouve très poétique, j’espère que ça te donnera envie de t’intéresser un peu à cette destination 🙂

  4. […] par an mais cela fait une éternité (huit ans, pour être précis, depuis mon dernier passage au Japon) que je n’ai pas pris de vol de plus de huit heures. Autant dire que j’appréhende […]

  5. Cet article me laisse rêveur, même si je comprends la déception concernant ces singes appâtés. Quel lieu formidable et apaisant, c’est magique. Je ne suis jamais allée au Japon, mais ça commence à sérieusement me démanger !

    1. Audrey

      On a aussi le droit d’être fasciné par des lieux touristiques ! Et si je retourne un jour à Shibu-Onsen, il y a fort à parier pour que je retourne voir ces singes. Quoi qu’il en soit, je te conseille le Japon de tout mon coeur.

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