NOUVEAU-BRUNSWICK // Et au milieu coule la Miramichi

Au fil de l’eau… Rien n’incarne autant la douceur de vivre qu’un eau paisible. Pas l’océan déchaîné, pas la mer enragée, non : un fleuve d’huile, qui coule tranquillement comme il le fait depuis des millénaires, paisible, ignorant royalement la folie qui l’entoure. Imperturbable. C’est ce calme et cette sérénité que nous sommes allés chercher à la source, aux racines d’un fleuve mythique au Nouveau-Brunswick : la Miramichi, qui est à l’imaginaire populaire ce qu’est la forêt de Brocéliande en France : un monument naturel, une aura mystique, un élément respecté et révéré, riche de folklore et de mystère. Une rivière qui a fait la gloire du Nouveau-Brunswick au tournant du XXe siècle, où vit encore l’esprit des grands de la Belle Époque, quand millionnaires et présidents américains venaient taquiner le saumon dans ses eaux fraîches. Cette semaine, c’est donc au fil de la Miramichi que je vous emmène, le long d’une partie de la route touristique de la rivière Miramichi.

Doaktown : le musée du saumon de l’Atlantique 

Il faut bien le dire : le samedi, c’est la fête à la grenouille. Nous arrivons sous une tempête de brouillard, on ne peut pas dire que la météo soit à la fête, et ce n’est certainement pas le bon jour pour s’adonner à notre rêve de trappeur canadien (même si l’authentique trappeur canadien a dû en bouffer, des jours de pluie longs comme des journées sans fromage). Qu’à cela ne tienne, nous chamboulons notre programme dare-dare. Même pas peur. Aujourd’hui, ce sera le Musée du saumon de l’Atlantique, à Doaktown.

Ce charmant petit musée a été créé en hommage à ce qui lie la plupart des habitants de la région : le saumon. Loin d’être un panthéon des pêcheurs les plus menteurs de la région, ce musée met à l’honneur une belle collection mi-artistique mi-pratique, avec de cannes à pêche anciennes, des tableaux sur le thème de la pêche, un assortiment étonnant de reproductions de poissons grandeur nature (regardez un peu cette sole immense) ! et des centaines de mouches décoratives, toutes plus colorées les unes que les autres.

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C’est moi que tu regardes avec ces yeux de merlan frit ? Ah pardon… de sole frite ?

Boiestown : le musée des bûcherons du centre du Nouveau-Brunswick

Après le saumon, les bûcherons ?J’ai dit qu’on était dans un milieu rural, non ? Au point qu’on appelle parfois la vallée de la Miramichi le Far West du Nouveau-Brunswick… En extrême-amont de notre virée se trouve un musée surprenant, qui regroupe tout ce qui touche de près ou de loin aux bûcherons. Haches. Crochets. Canots. Tronçonneuses. Cabane de trappeur. Outils agricoles. Les objets exposés sont impressionnants, et ressemblent parfois à la collection d’Hannibal Lecter… Une collection faramineuse, pour ceux qui aiment fouiner pour dénicher la perle rare, LA scie sauteuse introuvable de 1952, ou la moissonneuse-batteuse vintage de 1920. On a passé un moment rigolo, à essayer d’imaginer la vie des bûcherons de l’ancien temps, et à se dire que le confort moderne, ce n’est pas si mal.

musee bucherons miramichi

J’avoue, j’ai un faible pour l’architecture de ces deux bâtiments en forme de bûche de Noël

Priceville : le plus long pont suspendu du Nouveau-Brunswick

Une curiosité pas facile à trouver : depuis le chemin McNamee, roulez plusieurs kilomètres en gardant un œil du côté de la rivière. La seule route goudronnée qui s’y dirige vous mènera à une passerelle bien cachée… qui n’en est pas moins le plus long pont suspendu du Nouveau-Brunswick, à presque 200 mètres de long.

Un petit coin tranquille, dont l’apparente sérénité contredit le petit coup d’adrénaline à la traversée. C’est que ça tangue ! Le pont est en deux sections après un accident mortel au siècle dernier, mais cela ne l’empêche pas de vibrer au rythme de nos pas. Pour les plus téméraires ! L’endroit est aussi idéal pour un pique-nique, avec accès direct à la rivière.

priceville pont suspendu miramichi

On trouve aussi un pont couvert un peu plus loin vers l’est, mais après les pluies diluviennes de l’après-midi, la route n’était pas accessible… Dommage ! On s’est quand même arrêtés pour prendre en photo le pont métallique qui longe la route 8 à Doaktown.

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Doaktown : Storeytown Cottages

Le soir. Les averses ont cédé la place à un improbable ciel bleu. Le soleil se couche paisiblement. Nous avons pris possession de notre chambre chez Storeytown Cottages, un petit ensemble de chalets sur les rives du fleuve. Faute d’avoir réservé à temps pour avoir un de leurs délicieux petits chalets privatifs, nous avons profité d’une chambre avec vue sur la rivière. Et cheminée électrique, parfaitement (on en rêve désormais d’en avoir une, c’est dit !).

J’ai bondi de joie en arrivant : les lieux sont équipés d’un jacuzzi privatif en plein air ! Il suffit de le réserver et vous voilà prêts à profiter d’un jacuzzi pendant une heure. En été, je conseille d’y aller à partir de 18 heures, au moment où l’heure dorée tombe, car le jacuzzi est en plein dans les rayons du soleil couchant : magique !

Doaktown : descente de la Miramichi en canot

Le dimanche matin, c’est un soleil radieux qui nous accueille. Je frétille d’impatience car j’attends ce moment depuis longtemps : faire une descente en canot, on y pense depuis des mois. C’est dans notre liste du Rêve canadien, on veut ressentir l’âme des trappeurs.

Keith de Wilson’s Sporting Camp nous accueille tout sourire. Il nous explique le déroulement de notre escapade en solo depuis sa base à McNamee. La rivière est vivante, et il a à cœur de nous le transmettre. L’arpenter n’est pas qu’une bonne histoire à raconter sur un blog, pas qu’un bon moment où on se laisse flotter en sirotant de la bière. Nous avons tous un impact sur cette rivière changeante, et c’est en la respectant que nous pouvons la préserver. Nous ne pourrions être plus d’accord, et ses mots prendront une saveur particulière le long de notre périple, alors que nous nous en remettions au fleuve.

Keith nous amène à la plage de mouillage, à quelques kilomètres en amont : nous allons descendre le fleuve jusqu’au camp de base, à notre rythme. Le temps d’une photo et c’est parti. Première constatation : la rivière coule bien plus vite qu’on ne le voit depuis la rive. Le canot file, pour un peu, on n’aurait pas besoin de pagayer. Le paysage défile, rives vertes sur rivière bleu foncé, le ciel est d’un bleu vibrant, le soleil tape. Tous les ingrédients sont là. Le silence. Le calme. Jusqu’aux pêcheurs à la mouche au loin, dont nous gardons une distance respectable. Et au milieu coule une rivière… tout est là.

Red Bank : parc historique de Metepenagiag    

Le temps file trop vite et nous sommes déjà au camp de base. La prochaine fois, on ne prévoira pas une demi-journée, mais bien plus ! C’est parti pour une heure de route en aval, direction Red Bank et son parc historique de Metepenagiag. Derrière ce nom autochtone se cache un site archéologique et culturel axé sur la culture autochtone, bien vivante du côté de Miramichi, où j’ai déjà assisté à deux powwows.

Le bâtiment est un peu à l’écart, dans un méandre d’un affluent de la Miramichi, sur un site appelé le « village de trente siècle ». À l’intérieur du bâtiment, on admire avec stupeur des artefacts datant de plusieurs siècles, tout en découvrant l’histoire des Mi’kmaqs. À l’extérieur, des tipis et des sentiers de randonnée accessibles gratuitement.

L’histoire autochtone est un sujet brûlant et j’ai été ravie de pouvoir m’en approcher un peu. Patricia, qui nous a reçus, communique une vraie fierté d’être autochtone et j’ai été ravie de pouvoir parler des questions de langue avec elle.


Miramichi : Mill Cove Café

Hop ! Un petit café au centre-ville de Miramichi, et il est déjà temps de rentrer… Nous n’avons fait qu’effleurer la vallée de la Miramichi : l’île Beauxbears, le tubing, la tyrolienne, le Miramichi trail… ces sites et attractions mériteront une prochaine visite.

Infos pratiques

Accéder à Doaktown et la rivière Miramichi

Depuis Moncton, prendre la route 126 North, puis la 116 West à Harcourt, et enfin la 123 North en direction de Doaktown. Les divers attractions sont ensuite le long de la route 8.

Pour faire les choses dans l’ordre et pas faire des allers-retours comme nous (à cause de la météo), voici les sites d’amont en aval :

  • Boiestown : Musée des bûcherons, 6342 route 8, Ludlow. Compter 10 $/adulte
  • McNamee : Wilson’s Sporting Camp, 23 Big Murphy Lane, McNamee. Pour un canot pour deux personnes, gilet de sauvetage et pagaie compris, 50 $ la journée (transport en sus).
  • Princeville : passerelle suspendue
  • Doaktown : musée du saumon de l’Atlantique (236 rue Main, Doaktown. Compter 5$/adulte), pont métallique, chalets Storeytown Cottages, 439 Storeytown Road, Doaktown. À partir de 119$/nuit pour les chambres, 129-179$ pour les chalets.
  • Red Bank : parc historique de Metepenagiag, 2156 Micmac Road, Red Bank. Compter 8$/adulte, 6$/enfant.
  • Miramichi : Mill Cove Café, 144 Newcastle boulevard, Miramichi.

Si vous avez aimé cette chronique sur le Nouveau-Brunswick, voici d’autres lectures :

Cette chronique a été réalisée en partenariat avec Tourisme NB. Nous avons été les invités du musée du saumon de l’Atlantique, des chalets Storeytown Cottages, de Wilson’s Sporting Camp et du parc historique de Metepenagiag et les en remercions. Notre avis reste toutefois le nôtre !

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10 thoughts on “NOUVEAU-BRUNSWICK // Et au milieu coule la Miramichi”

  1. les photos sont magnifiques, ça donne envie d’aller s’y mettre au calme !

    1. Audrey

      Pour une semaine loin de tout, vraiment déconnecter… je pense que ce serait parfait !

  2. Bonjour Audrey- Great work. Merci ! Keith & Bonnie Wilson

    1. Audrey

      My pleasure! Thank you for having us 🙂

  3. […] de Sugarloaf, un week-end gourmand dans la Péninsule acadienne et un week-end le long de la Miramichi. Sans oublier le partenariat Tourisme NB/Petit Futé, qui m’emmène aux quatre coins de la […]

  4. […] tendance à concentrer nos efforts sur le sud-est et n’avions jamais été plus haut que Miramichi. C’est désormais réparé avec trois jours passés au parc provincial de Sugarloaf, à […]

  5. […] la rivière Miramichi en canot et en tube (bouée)… avec Indiana (fait pour le canot […]

  6. […] du canot de rivière, pour quelques heures ou plusieurs jours, le long de la Miramichi ou de la […]

  7. […] Ça me démangeait depuis longtemps d’aller un peu plus haut que Fredericton et Miramichi : avec mon van, je n’avais plus d’excuse de ne pas y aller, et c’est désormais […]

  8. […] dans le nord de la province, région qu’on ne connaît que peu. La Restigouche est comme la Miramichi : dotée d’une aura mythique, elle peuple l’imaginaire de la province par ses vallées […]

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