ÉLUCUBRATIONS // À toutes les nuits blanches sur la route

Que le voyageur qui ne s’est jamais dit que passer une nuit dans un moyen de transport ou un lieu improbable pour économiser trois kopecks serait une bonne idée me jette la première pierre. On l’a tous fait, celle-là : penser que passer la nuit ailleurs que dans un lit était l’idée du siècle.

Ne m’en veux pas, mais alors que je débarque du ferry de nuit pour les Îles de la Madeleine, au Canada, je pense qu’il est temps de revenir sur ce mythe du voyage au long cours : croire que tu vas bien dormir dans un moyen de locomotion.

Train couchette

Là, c’est quitte ou double. Tu peux tomber sur une voiture-couchette vide, parfaitement confortable et dormir du doux sommeil du bébé bercé par le ronron des roues sur les rails et le balancement apaisant de la voiture, comme je l’ai fait entre Nice et Moscou.

Tu peux aussi te retrouver entassé dans une bétaillère comme en Chine, les oreilles au ras des ballasts, incapable de fermer l’œil pendant les 17 heures que dure ton trajet dans un train évidemment non climatisé.

Train non couchette

On monte d’un cran dans la difficulté. Le train couchette, trop facile pour toi ? Essaie peu le Moncton-Montréal, 17 heures de train de nuit en station assise. Enfin, assise… En station avachie.

Si tu as de la chance, tu auras un siège isolé et la fenêtre-repose tête qui va avec. Si tu as la poisse, tu auras la banquette partagée avec un.e inconnu.e sur l’épaule duquel il serait vaguement malvenu de baver.

Avion

Il fut un temps où je pouvais dormir du sommeil du juste en avion. Même pas besoin des centaines de films disponibles : j’arrivais, je m’installais, je dormais. Mais ça, c’était avant.

Maintenant, mes varices se rappellent à mon bon souvenir dès que je bascule dans le sommeil et la seule position propice à Morphée consiste à surélever mes pieds douloureux sur la tablette, sous le regard franchement désapprobateur des hôtesses qui ne manqueront aucune occasion de me réveiller pour me dire que les tablettes ne sont vraiment pas prévues pour résister à un tel poids, voyons.

Aéroport

Ce qui m’amène à l’aéroport. Tu vois ton plan de vol, et tu te dis « pas question de payer une nuit d’hôtel quand j’atterris à 23 heures et que je repars à 7 h le lendemain matin du même aéroport, enfin ! ».

Deux cas de figure : soit tu es à Londres, et il y a des banquettes moelleuses géantes qui feraient un lit parfait, et elles sont prises, soit tu es à Helsinki/Toronto/Catane et il n’y a que des banquettes toutes dures. Ou des rangées de sièges en fer avec accoudoir. Non escamotables, les accoudoirs, sinon ce n’est pas drôle. Bonne chance.

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Ça, c’était à Helsinki, par exemple. 

Ferry

Tu te rappelles du doux balancement de ton berceau lors de ta tendre enfance ? Moi non. Et ça n’avait probablement rien à voir avec le roulis et/ou le tangage d’un ferry déchaîné, d’autant plus que pendant ta tendre enfance, tu ne dormais pas sur la moquette/les pieds sur l’accoudoir/la tête en arrière sur le hublot.

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Et là seule fois où tu peux profiter des sièges géants à Heathrow, c’est quand tu as deux heures d’escale !

Covoiturage

Sans doute le pire plan de tous. Prévoir un covoiturage de nuit pour économiser une nuit d’hôtel ? Mais à ton avis, pauvre fou, pourquoi le chauffeur a-t-il proposé un trajet nocturne ? Pour avoir le plaisir de faire le taxi à un véhicule remplis de passagers ronflants ?

Nenni : pour que tu lui fasses la conversation, évidemment. Et il annonce vite la couleur : « si je m’endors et qu’on a un accident, ce sera de votre faute, alors mettez-y du vôtre ». Et c’est donc parti pour une nuit blanche à parler de la pluie et du beau temps pendant douze heures d’affilée pour ne pas mourir d’un accident bête.

Et tu jures qu’on ne t’y reprendra plus.

Et tu jures que tu es trop vieux/vieille pour ces conneries.

Tu jures que si tu travailles dur toute l’année, c’est pour pouvoir te payer un hôtel au lieu de dormir dans une gare comme un pouilleux, bon sang de bois.

Et tu y crois dur comme fer…

Et la compagnie aérienne de ton prochain voyage t’annonce qu’elle avance tellement ton premier vol que tu vas partir au milieu de la nuit, et tu te dis que peut-être, si tu jetais un œil au site Sleeping In Airports, tu pourrais peut-être trouver moyen d’y dormir…

Et toi, tu as connus des nuits blanches mémorables sur la route ? J’attends tes anecdotes !

 

 

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5 thoughts on “ÉLUCUBRATIONS // À toutes les nuits blanches sur la route”

  1. Hahaha je me retrouves trop dans tes anecdotes et surtout dans la conclusion ! Une mauvaise nuit ça coute bien souvent plus que le peu d’économies que ça génère 😉
    Pour l’avion on n’a souvent pas le choix de le prendre de nuit et pareil il fut un temps ou je dormais dans l’avion mais ça devient de plus en plus dur (on vieillit ?!). Mais pour l’aéroport j’évite les bons plans du genre billet 100€ moins cher mais avec 8h d’escale (time is money).
    J’ai dernièrement testé aux Philippines le bus de nuit sur-climatisé (article bientôt sur SNT) et ce n’était pas mal non plus.
    je note pour les trains chinois, on y va bientôt 😉

    1. Audrey

      Alors autant une nuit dans l’aéroport, ça ne vaut pas vraiment le coup, autant 100 € moins cher ET huit heures d’escale de jour, je dis cent fois oui (chronique en préparation à ce sujet d’ailleurs… quelles blogueuses prolifiques nous sommes 😉

      Parce que j’adore me dégourdir les jambes et parce que ça fait l’occasion d’aller voir des villes où je n’irais pas forcément de moi-même (Dubaï, Singapour, Casablanca…) ! En novembre j’ai une giga-escale de 24 heures à Miami, je vais me régaler !

  2. Les bus surclimatisés au Canada, c’est pas mal aussi. J’ai fait Toronto-Ottawa de nuit (« seulement » 5 heures), je comptais dormir. J’avais jamais imaginé qu’il pouvait faire aussi froid en juillet.

    1. Audrey

      Le pays est surclimatisé non ? 😉 Comme si les gens avaient la nostalgie de l’hiver… Et quand vient l’hiver, ils mettent tous les chauffage à +25°C ! À n’y rien comprendre ! Je compatis à la douleur d’avoir passé cinq heures à grelotter, le trajet a dû être éprouvant !

  3. […] quel voyageur. Le seul mauvais plan avec cette escale, c’est quand elle a lieu de nuit. Certains aéroports, comme Heathrow, sont tâtillons et vérifient que tu as bien au moins six […]

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